Rei Todoroki - 507 mots

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L'impuissance semblait coller à la peau de Rei comme une ombre qui ne s'effaçait jamais. La peur, elle, donnait à la lugubre maison une odeur de désespoir. Elle la sentait, à chaque couloir qu'elle traversait. La terreur. Celle de le croiser dans un mauvais jour. Celle d'affronter ces pupilles céruléennes. Et elle la ressentait, dans ses os, dans sa chair.

Alertée par les pleurs accablants de son dernier né, elle s'engagea sur le chemin effrayant de la ligne verte. Au sol, Shouto crachait sur le sol les relents de sa douleur. Elle n'en pouvait plus. La mère qu'elle avait souhaité être n'avait jamais pu voir le jour. À la place, elle n'était qu'impuissante face à ces scènes répétées.

« Maman ? »

Les pleurs de son petit garçon, plié en deux devant la montagne de muscles enflammés, éveillaient toujours quelque chose en elle. Cette envie de fuir à tout prix. Cet instinct de survie immoral. Ce désir de ne pas prendre part à cet enfer.

« Maman, tu as dit que tu allais me sauver...

- Shouto ? »

À genoux devant ce petit ange qui subissait trop tôt les affres du monde, l'horreur la berça dans sa résilience. Le visage tourné vers elle, ses yeux clairs transperçaient son âme. Ses veines semblaient prêtes à sourdre la surface de sa peau, pour répandre sur le sol le sang de sa progéniture. Le sang d'un enfant qui devait grandir vite. Trop vite.

« Pourquoi tu m'as menti ? »

Un liquide fangeux, à l'apparence épaisse et noire ; s'écoula sur ses joues. Ses yeux, sombres comme la mort, pleuraient ce sang impur. Cette apparence était affreuse. Ce n'était plus Shouto. C'était un monstre.

« Maman, à cause de toi, je suis mo- »

Ses yeux s'ouvrirent sur le plafond monotone de sa chambre. Le souffle saccadé, elle se redressa, pendant que le désespoir se glissait dans son ombre. Son corps tremblait. Sa respiration chavirait. Ses larmes la noyaient. 

« Maman, je deviens folle... Pleurait-elle au téléphone, dans cette cuisine vide. Je ne peux plus le supporter. »

À côté d'elle, l'eau qui chauffait émettait un sifflement désapprobateur. Tout était saccagé, en Rei Todoroki. Sa voix, ses doigts, ses espoirs. Les sanglots qu'elle retenait semblaient se fondre dans la masse informe qui se projetait derrière elle.

« Chaque jour, les enfants lui ressemblent de plus en plus... Parfois, le côté gauche de Shouto... Me dégoûte. Je ne peux plus l'élever... Je sens que je ne devrais-

- M-Maman ? »

La terreur. Elle vint enserrer son cou pendant qu'elle se retournait. Ses écailles lacérèrent sa peau. Tout en elle devint angoisse, quand elle croisa les prunelles de son enfant. Puis, ses yeux devinrent noirs comme la mort. Des larmes d'un sang corbeau dégoulinèrent sur ses joues, jusqu'au sol. L'eau faisait siffler la théière. La peur teinta l'odeur de la mère pour l'éternité.

Elle se réveilla dans cette maison des enfers, dans laquelle la terreur était reine. L'impuissance était devenue une seconde peau, par laquelle transpirait les affres de ses angoisses. Et jamais, ô grand jamais, elle ne sortit de ce cauchemar.