Somebody

Description : Yoonmin - Soft - Drame - Friendship and love  

Playlist : 

- Rain de BTS  

- I Need Somebody de Day6 

- Never say Never de The Fray 


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La pluie tombe, elle tombe sans s'arrêter sur moi. Elle est froide et ruisselle sur mon front, sur mes joues, dans mon cou, le long de mon dos. Elle mouille l'intégralité de mon manteau, faisant peser un poids de plus sur mes épaules. Elle est en parfait accord avec mon humeur et mes sentiments, comme si le ciel avait eu vent de ma situation actuelle. Mais c'est bien, au moins la pluie à cet avantage de se confondre avec mes larmes. Qui pourrait dire si les gouttes qui tombent sont salées sans y avoir goûté ?

Je n'ai pas de parapluie, ni de chapeau pour m'abriter un minimum de ce torrent qui déferle sur la ville. Je suis maintenant trempé de la tête aux pieds, mais ce n'est pas grave, cela n'a aucune importance. Je soupire et laisse l'air de mes poumons disparaître et se mêler à la vapeur s'échappant de ma bouche. Je commence à avoir froid.

Debout au milieu de la rue, la foule se presse autour de moi, certaines personnes me bousculent et ne me jettent même pas un regard, mais ce n'est pas grave, cela aussi n'a aucune importance. Je suis tel un fantôme qu'on ne préfère pas voir. Me regarder serait m'accorder de l'importance, commencer à s'attarder sur mon état et mon problème. Les gens n'ont pas le temps pour cela, ils courent sans s'arrêter d'un point A à un point B.

Cependant tout cela n'a pas la moindre importance. Ce n'est que le décor funeste d'une tragédie qui vient de se jouer, comme la scène d'introduction d'un bon film qui vient de commencer. A l'heure qu'il est, la seule chose qui a encore de l'intérêt à mes yeux, c'est cet amour qui vient de se terminer... Voilà l'histoire est déjà finie avant même d'avoir débuter. Pourquoi suis-je seul ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Pourquoi ? J'ai tellement besoin de toi... Je me retrouve abandonné sans vraiment comprendre la raison qui t'a poussé à en arriver là.

Je suis sous cette pluie, immobile. Mon corps refuse d'amorcer le moindre mouvement, mon cœur s'est mis sur pause, mon esprit est parti loin. Depuis combien de temps suis-je là, à fixer le sol en me demandant comment nous avons pu en arriver là... Je ne sais pas... Une heure, peut-être même deux. La nuit va-t-elle déjà tomber ? Je devrais vraiment rentrer.

Il y a quelques instants, avant que la pluie ne se mette à tomber, j'étais encore avec elle. Bras dessus bras dessous, nous discutions de tout et de rien, de projets, d'avenir. Et puis plus rien, elle est partie en me disant :

« Je suis désolée, je ne peux pas continuer, pardonne-moi et continue sans moi... »

C'était comme s'il manquait quelque chose, que j'avais loupé une scène lors du montage du film. Elle avait prononcé cela alors qu'il y a encore quelques minutes, elle me parlait du futur. Avais-je en face de moi la même personne qui me disait vouloir emménager et trouver notre "chez nous". Comment expliquer ce revirement de situation, ce changement soudain et brutal ? J'étais clairement paumé. Elle était entrée dans ma vie comme ça, comme la lumière qui entre dans une pièce. Et elle était partie aussi vite qu'un courant d'air.

Et j'étais toujours sous la pluie, là où elle m'avait laissé, comme un con. J'attendais qu'elle revienne mais elle ne réapparaîtra pas. Je devais me faire une raison. Néanmoins, j'avais besoin de quelqu'un. Oui j'avais terriblement besoin de quelqu'un. Une personne, n'importe qui, qui prenne ma main et m'aide à avancer, à mettre de l'ordre dans mes pensées, me guider et m'éclairer sur tout ce qui venait de se passer. Malheureusement, personne ne semblait se bousculer pour occuper le poste dans l'immédiat.

Alors je me suis mis à marcher dans cette ville qui me paraissait tellement inhospitalière à présent, je ne savais pas où j'allais, j'avançais sans réfléchir. Mes pas me guidèrent inconsciemment à l'écart du centre et de la foule devenue oppressante.

Je me retrouvais à présent devant un café, dans une petite rue où cohabitaient appartements et petites boutiques de quartier. La devanture était simple, une fenêtre, large, qui laissait aux occupants du lieu le loisir d'observer la rue. L'enseigne semblait datée d'une autre époque et le temps avait commencé à faire son œuvre sur les lettres auparavant dorées. La pluie n'allait pas s'arrêter tout de suite, alors d'un geste las, j'ai tourné la poignée et poussé le chambranle, une cloche tinta contre la porte. L'endroit était sombre, des banquettes en cuir marron, des fauteuils de club de la même couleur et des tables basses en bois délavé constituaient le mobilier. Un comptoir qui faisait aussi office de bar occupait l'un des murs. Une petite musique comme celle que l'on entend dans les ascenseurs glissait doucement en fond sonore. Je ne voyais personne, le café était désert, pas de serveur en vue non plus.

Le fond de la salle me parut l'endroit idéal pour continuer à ruminer ce qui venait de se passer. Je m'assis donc dans un fauteuil, tellement moelleux qu'il serait difficile de m'en extraire. C'est à ce moment-là que le serveur fit son apparition dans mon champ de vision.

« Bonjour et bienvenu, je peux vous servir quelque chose ? demanda-t-il. »

Il était aussi grand que moi, et avait des cheveux très foncés avec des reflets plus clairs. Il avait un visage qui inspirait la confiance, empreint de politesse et gentillesse. Il portait une tenue comme les serveurs de café dans les films, composée d'une chemise et d'un beau tablier noir noué à la taille, sur un pantalon à pinces. Tandis que j'étais en train de le dévisager de la tête aux pieds, il se racla la gorge, interrompant le fil de mes pensées.

« Pardon ?

- Est-ce que je peux vous servir quelque chose ?

- Excusez-moi... bredouillais-je soudain conscient de mon impolitesse.

- Il n'y a pas de problème, vous ne semblez pas dans votre assiette, prenez votre temps, je reviens plus tard si vous voulez.

- Non c'est bon, un café je vous pris.

- Tout de suite. »

Il s'inclina, calant son plateau sous son bras et il repartit me laissant seul au fond de la salle. J'étais perdu dans mes pensées quand il revint cette fois avec son plateau plein, il posa mon café sur la table basse devant moi ainsi qu'une part de gâteau au chocolat et l'addition.

« Mais ... dis-je en pointant du doigt le gâteau.

- Offert par la maison, vous semblez en avoir besoin.

- Merci.

- Je vous en prie. »

Il allait faire demi-tour mais se ravisa pour venir s'asseoir dans le fauteuil en face de moi.

« Vous sembliez complètement perdu en passant la porte. Vous êtes trempé en plus...Est-ce que tout va bien ? me demanda-t-il.»

Le café était désert et j'étais bien le seul client, il pouvait sûrement se permettre cela en plein service. Il m'avait demandé cela d'un ton si compatissant que je ne pus m'empêcher de baisser la tête vers mes chaussures. Je faisais donc si pitié que cela... Pathétique.

« C'est compliqué...»

Que pouvais-je dire d'autre, je ne comprenais pas vraiment, moi-même la situation... Je n'allais pas lui déballer comme cela, l'histoire tragique de ma vie sentimentale si brutalement interrompue...

« J'ai tout mon temps, il n'y a personne pour l'instant, a-t-il ajouté en souriant et jetant un regard à la salle vide.

- Si vous insistez, ai-je répondu en soupirant. »

Je lui ai donc tout raconté, du début jusqu'à la fin. De notre rencontre il y a trois ans, à notre rupture il y a trois heures. De nos fous rires, à mes larmes sous la pluie. Il n'a pas posé de questions, ne m'a pas interrompu, il écoutait, absorbé par ce que je racontais. C'était un parfait inconnu, pourtant je sentais que je pouvais lui faire confiance et m'ouvrir à lui. Il n'allait pas me juger, il était juste là pour écouter ce que j'avais à dire, comme un journal intime à qui on raconte sa journée. Les mots glissaient de ma bouche comme ils pourraient glisser sur le papier. Il était comme la page qui accueillait sans juger les trémolos de mon âme égarée.

Je me suis arrêté de parler pour boire une gorgée de café, avant que celui-ci ne soit trop froid. Il me regardait à présent, avec attention, comme s'il posait un regard nouveau sur moi.

« Cela ne doit pas être facile. Je suis passé par là moi aussi, il y a quelques semaines. Je comprends... On croit que c'est la bonne personne et puis du jour au lendemain, rien ne va plus. Le rêve s'effondre et on en vient à tout remettre en question.

- C'est exactement cela, je repasse en boucle le film dans ma tête et me demande où est-ce que j'ai merdé... Pourquoi suis-je seul ? Pourquoi cela m'arrive-t-il ? demandais-je, sans forcément attendre une réponse de sa part.

- Cela ne sert à rien de retourner le problème dans votre tête, c'est vous faire du mal inutilement, elle est partie, il faut avancer et continuer. Tourner la page.

- Elle m'a dit exactement la même chose... Mais continuer et avancer vers quoi ? Je ne peux pas effacer d'un coup trois ans d'amour de ma vie... Elle était le centre de mon univers. Je suis perdu sans elle.

- Vous tournez vers l'avenir et la future rencontre qui vous permettra de vous dire qu'elle n'était pas la seule et unique lumière. Mais la première et non la dernière. Vous allez retomber sur vos pieds et une fois la crise passée, vous allez vite vous apercevoir que d'autres personnes vous entourent.

- Et vous y arrivez ? A avancer ? Tourner la page ?

- J'y travaille tous les jours. »

Tout était dit, j'avais trouvé ici une personne qui comprenait ce que je traversais et qui était là pour m'écouter. Une oreille attentive et bienveillante. Peut-être était-ce de la simple politesse de sa part, quoi qu'il en soit, je lui en était reconnaissant. Nous sommes restés assis, tous les deux, sans dire un mot de plus, moi terminant mon café et mon gâteau, lui, jetant parfois un coup d'œil vers l'extérieur. La pluie battait toujours son plein, je ne comptais donc pas partir tout de suite et en profiter pour commander un deuxième café.

Au même moment, un groupe d'étudiants arrivèrent, tout aussi trempés que je l'étais. Il s'est alors levé, et est parti les accueillir.

J'ai tranquillement terminé mon deuxième café et finalement je me suis levé à mon tour. Je suis allé au comptoir pour régler ma note. Nous n'avons échangé qu'un bref mot pour nous dire au revoir mais je l'ai regardé une dernière fois dans les yeux essayant de lui faire sentir toute ma gratitude pour ce moment délicieux. Il a souri en retour, semblant lui aussi me remercier silencieusement et je suis sorti sous la pluie qui ne voulait pas s'arrêter.

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Quelques jours étaient passés depuis ma rupture, j'étais enfin en vacances, les examens du premier semestre étant terminés et je n'avais plus rien à faire de mes journées à par errer dans mon appartement, désespérément vide maintenant. J'étais comme un lion en cage, chaque élément de décoration, chaque moment de la journée, me faisait penser à elle et ma profonde solitude actuelle.

Je pris donc la décision de retourner au café le lendemain, le surlendemain et tous les jours suivants. Au fond de moi, j'en avais besoin, pour changer de décor, afin peut-être de me changer les idées. Je ne savais pas où aller. Le cinéma, seul ? Non merci. Le parc avec ce froid et ce mauvais temps ? Ce n'était pas envisageable. La bibliothèque après mes heures de révisions intensives ? Je ne pouvais même plus la voir en peinture. Faire un tour dans les magasins ? Pourquoi faire, je n'avais besoin de rien... Non, le café était définitivement l'endroit le plus accueillant et le plus adéquat en ce moment.

Chaque jour, aux alentours de quinze heures, je poussais la lourde porte, je m'installais sur un des fauteuils club au fond de la salle, je buvais une boisson chaude et surtout je lui parlais.

Au fil de nos discussions, plus ou moins longues selon l'affluence, j'appris qu'il était le seul employé, le patron ne se montrait jamais. Il était à peine plus âgé que moi et avait abandonné ses études après avoir échoué à deux reprises au concours d'entrée de son école. Cela l'avait définitivement refroidi. Il enchaînait les petits boulots et depuis quelques mois il s'était enfin posé ici. Il n'y avait pas vraiment foule, malgré les vacances. Le café se trouvait dans une rue reculée, loin du centre-ville et ne bénéficiait malheureusement pas du nom de ces grandes chaînes, qui vous servent cinq cafés en un rien de temps dans des gobelets en plastique... Je ne savais pas vraiment comment j'avais fait pour le trouver la première fois que j'étais venu. Mes pas m'avaient mené à cet endroit sans que je m'en aperçoive. C'était écrit, je devais me retrouver là, je devais le rencontrer.

J'aimais l'ambiance de ce petit café sans prétention, la carte offrait un choix suffisant de pâtisseries et boissons pour varier les plaisirs. L'odeur du vieux cuir et du café emplissait la pièce, il y faisait toujours bon pour se permettre d'enlever sa veste. La musique d'ambiance, au contraire d'être irritante, aidait à se détendre davantage. C'était toujours différent, passant du simple fond orchestral à quelques titres plus récents. Si c'était lui qui décidait de la musique, il avait définitivement bon goût.

Au cours de ces après-midis, trop courts à mon goût, nous parlions de sujets très divers, nos centres d'intérêts, le quotidien, nos projets pour le futur, notre famille... Mais jamais nous ne parlions du passé, parce que tout cela était fini. C'était derrière nous. Il avait tourné la page et je faisais doucement de même grâce à lui. En allant tous les jours au café, j'en avais appris plus sur sa vie que sur celle de mes amis que je côtoyais depuis plusieurs années. C'était tellement facile de lui parler. Nous nous sommes trouvés beaucoup de points communs comme la musique, la lecture. Il était comme mon double, nous partagions les mêmes points de vus, les mêmes opinions sur divers sujets plus ou moins sérieux... Ces moments passés dans le café avec lui étaient ma bulle d'oxygène de la journée, je ne pensais plus au passé, à tout ce qui était arrivé. J'avais l'impression de revivre, d'avoir trouver un but le matin en me levant. Le voir et lui parler, c'était tout ce qui comptait. Yoongi était une douce parenthèse dans ma vie. Une parenthèse que je n'avais pas envie de refermer. Je voulais juste ajouter des virgules à cette longue phrase qui avait commencé cette après-midi là sous la pluie.

Malheureusement, les deux semaines de vacances sont passées sans que je m'en aperçoive. Et le quotidien ainsi que les cours, les allées et retours, les amis, les sorties sont revenus au galop... J'avais moins de temps pour aller au café. Néanmoins, le week-end, je n'avais qu'une hâte, c'était de m'y rendre pour l'y retrouver. J'avais l'impression qu'il m'attendait lui aussi, qu'il guettait mon arrivée derrière son comptoir. Je rêvais peut-être, mais penser cela me réconfortait. J'avais envie de croire que ce qui nous liait, était plus qu'une seule relation serveur/client. Après tout, je lui avais raconté tellement de choses, je lui avais dévoilé mes secrets, mes envies, des choses que je n'osais pas forcément déclamer et n'avais même pas dit à mon ancienne copine. Il en avait fait de même. Un lien de confiance nous unissait.

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Un samedi après-midi, après avoir souffert à cause d'un devoir de biologie, je suis retourné au café afin de souffler et me changer les idées. J'étais en retard par rapport à d'habitude, à cause d'un accident sur la voie de métro. Je pensais ne jamais pouvoir arriver. Je n'avais pas envie de le décevoir et lui faire croire que je ne viendrais pas. Implicitement, le rendez-vous était pris entre nous chaque semaine. Le soleil était haut dans le ciel, le vent soufflait légèrement, il faisait encore frais pour un mois d'avril. Les quelques cerisiers sur le chemin étaient en fleurs, malgré le retard, c'était une magnifique journée et surtout j'allais le retrouver. Mes pas me guidaient sur ce chemin qui était devenu si familier maintenant quand je me suis arrêté net. Quelque chose clochait, ce n'était pas comme d'habitude. Les lumières à l'intérieur du café n'étaient pas allumées, les chaises qui d'habitude attendaient devant pour faire office de terrasse improvisée, n'étaient plus là. Et scotché sur la porte une feuille à moitié déchirée avec écrit dessus :

« Fermeture définitive, merci à notre aimable clientèle pour toutes ses années de fidélité. »

Je crus d'abord à une mauvaise blague, cela ne pouvait pas être possible. En une semaine le café aurait fermé et il ne m'aurait même pas prévenu... C'était vraiment trop gros pour que cela se passe comme cela. Il y aurait eu des signes, il m'aurait prévenu à l'avance la semaine dernière que le café fermait ou était en difficulté financière... Je ne savais pas quoi faire. Je me suis assis contre la porte, passant une main dans mes cheveux puis sur mon visage et je sortis mon téléphone de ma poche.

Un deuxième coup de massue s'abattit sur moi quand je m'aperçus que je n'avais pas son numéro de téléphone pour le contacter... En réalité, je ne connaissais même pas son nom de famille. Nous savions pratiquement tout l'un de l'autre mais jamais nous n'avons eu l'idée de nous présenter. Ce lieu était notre lien, c'était notre point de rendez-vous. Tout ce que nous avions construit ces deux derniers mois tournait autour de ce café. C'était mon refuge et Yoongi n'existait dans ma vie qu'à travers celui-ci. Jamais ils ne nous étaient venus à l'esprit de nous voir en dehors de cet endroit, d'échanger davantage qu'autour d'une tasse fumante. Notre rencontre était comme une évidence qui n'avait pas besoin de plus.

Mais maintenant je me retrouvais sans aucun moyen de le contacter... Je regrettais presque de ne pas m'être montré plus entreprenant, plus curieux, plus avide de le voir. Qu'allais-je faire maintenant ? Attendre devant la porte, tenter de contacter le propriétaire via les renseignements...

Je n'étais pas encore totalement désespéré, il y avait encore tout le mobilier à l'intérieur. Les fauteuils où je m'étais assis, les tables basses, le comptoir, la caisse et les nombreuses tasses et bouteilles alignées sur les étagères. Le patron et peut-être même Yoongi allaient revenir pour tout enlever. J'avais encore un moyen de le revoir. C'était ma seule chance, mon seul espoir. Je devais m'accrocher à cela car même si au fond de moi, la peur et la tristesse commençaient à s'insinuer, je ne pouvais pas me résigner aussi vite. Je suis donc revenu le lendemain, une lueur d'espoir au fond du cœur, malheureusement sans succès.

Tous les soirs après mes cours, pendant une semaine, je suis revenu au café afin de voir s'il y avait quelqu'un, une trace de vie, un changement, n'importe quoi... L'angoisse commençait sérieusement à s'emparer de moi. Je rentrais un peu plus désemparé à mesure que les jours s'égrainaient. Et si cette rencontre était censée s'arrêter là. Et si nous étions destinés à ne plus jamais nous revoir lui et moi... Plus les jours passaient, plus j'avais l'impression d'avoir rêvé cette parenthèse douce et sucrée, dans mon existence plutôt terne et salée. Yoongi était une lumière, ma lumière, la deuxième à être apparue dans ma vie. Il ne le savait probablement pas, je n'avais rien fait pour lui faire comprendre. Voilà une des raisons, la plus importante, pour laquelle je devais absolument le revoir. Mais il y en avait tellement d'autres, lui parler encore et encore, sans nous arrêter, partager des moments avec lui en dehors de ce café, boire un chocolat chaud dans mon canapé, blotti dans ses bras. Nous n'avions pas encore eu de moment de proximité comme cela, mais au fond de mon cœur, j'espérais qu'il en mourrait d'envie autant que moi.

Et puis aussi, lui dire qu'il avait raison, grâce à lui, j'avais continué à avancer vers la prochaine rencontre. C'était Yoongi, cette prochaine rencontre. Est-ce que j'étais destiné à devoir l'oublier lui aussi, comme elle auparavant, pour continuer à avancer toujours plus loin, vers une autre personne qui n'était pas Yoongi ?

Non, je ne pouvais pas... Je n'avais pas envie. Pas encore, c'était trop tôt. Maintenant que je ne pouvais plus le voir tous les jours, je réalisais que j'avais besoin de lui ma vie, plus longtemps qu'un simple moment dans mon après-midi.

▥▥▥▥▥▥▥

Samedi, une semaine après cet événement, j'étais à nouveau devant le café... En sortant de chez moi, je me suis dit que c'était la dernière fois que je revenais. Après cela, je chercherai un autre moyen de le retrouver. Même si l'espoir et les chances diminuaient grandement, d'ailleurs existaient-elles encore ? Etais-je têtu, un peu, désespéré, légèrement, fou d'amour et d'angoisse, très certainement...

J'étais devant la porte, cette même porte que j'avais poussé tant de fois et qui aujourd'hui ne s'ouvrait plus... Il n'y avait personne, pas la moindre lumière. Le mobilier était maintenant telle une présence fantôme de tout ce qui s'était passé dans ce petit café. L'affiche était toujours là, légèrement humide, l'encre avait bavé... Personne n'était donc passé. Je reculai légèrement afin d'englober la totalité du bâtiment de mon regard. Je n'arrivais même plus à réfléchir.

La pluie s'est alors mise à tomber... Quelle ironie ! Je n'avais bien-sûr pas de parapluie...

En quelques minutes, je me suis retrouvé mouillé de la tête aux pieds, dégoulinant. La pluie, froide, coulait sur mon visage que j'ai redressé pour regarder le ciel, maintenant cotonneux de nuages gris. Quelle horrible sensation de déjà-vu. Je n'ai pas résisté bien longtemps, les larmes ont coulées toutes seules pour venir se joindre aux gouttes qui tombaient sur moi... J'étais de nouveau au milieu de la rue, seul... Si c'était une blague, elle était vraiment de mauvais goût. Une fois, on pourrait penser à de la malchance, deux fois... C'est plutôt de l'acharnement. Qu'avais-je fait dans mes vies antérieures pour mériter pareil destin !

Je ne suis pas resté silencieux cette fois, s'en était trop !

« Pourquoi suis-je seul ? Pourquoi ? J'ai tellement besoin de toi...Pourquoi es-tu parti sans rien me dire ! Tu m'as laissé comme elle, seul, tu étais ma lumière ! Alors toutes ces belles paroles ce n'était que du vent ! Je ne sais pas si je dois t'en vouloir ou si au contraire je dois te pardonner et passer à autre chose ! ai-je hurlé de toutes mes forces vers le ciel qui allait laisser mes questions sans réponse... »

Baissant la tête pour regarder le sol, j'observais à présent mes chaussures autour desquelles une flaque d'eau s'était formée, remplie de toutes mes larmes et ma tristesse. Je me laissais aller à ma peine, mon cœur s'était brisé sans même que je n'ai eu le temps de l'offrir à nouveau. Mes épaules s'affaissaient davantage sous le poids de mon chagrin. J'avais froid. Alors que mon désespoir était à son maximum. Une main se posa sur mon épaule. Sûrement un passant inquiet ou excédé de voir un mec hurlé n'importe quoi, au beau milieu de la rue. Je ne me suis même pas retourné. Je n'avais pas envie de me confronter à un regard rempli de reproches.

« Je vais m'en aller, ne vous en faites pas... Excusez-moi pour le dérangement... ai-je déclaré en reniflant et essuyant mes yeux.

- Cela m'embêterait beaucoup que tu partes, alors que je viens ici dans l'espoir de te voir... »

Mon sang ne fit qu'un tour en entendant les premiers mots prononcés par l'inconnu. Mon souffle se coupa, mon cerveau explosa. Prudemment, afin que tout ne disparaisse pas à nouveau, je me retournai.

Il était bien là devant moi... Non ce n'était pas vrai, j'étais en train de rêver. Afin de vérifier que tout ceci n'était pas un tour de plus de mon esprit, je posai une main sur son épaule, sur sa joue. Celle-ci était chaude et douce sous ma paume humide. C'était la première fois que je me permettais de le toucher de cette façon et il ne m'avait pas repoussé, au contraire, un sourire s'étira sur ses fines lèvres.

« Je pensais que c'était fini, que nous n'allions plus nous revoir... ai-je difficilement prononcé, encore sous le coup de l'émotion.

- Je me doute, je n'ai pas pu revenir ici depuis la fermeture du café, je suis désolé, tout s'est enchaîné beaucoup trop vite. Je n'avais pas ton numéro pour te prévenir... a-t-il répondu.»

J'ai doucement secoué la tête de droite à gauche. Je n'avais pas envie qu'il s'excuse. Ma colère avait disparu, ma tristesse aussi. Ce surplus d'émotions négatives avait laissé sa place à de l'apaisement. Ce n'était pas si grave que ça, il était là, c'était tout ce qui comptait à présent. Les détails n'avaient plus d'importance. Mes mots ne sortaient pas, ils se bousculaient aux portes de mes lèvres sans parvenir à faire une phrase correcte. Cela pouvait attendre... En réalité nous n'avions pas besoin de mots à ce moment pour nous comprendre, après toutes ses heures de conversation nous nous connaissions bien.

Je l'ai regardé et j'ai tendu la main vers lui, il était temps de faire les choses correctement :

« Enchanté, je m'appelle Jimin, Park Jimin, ai-je déclaré.

- Enchanté, moi c'est Min Yoongi, a-t-il répondu en me souriant et en prenant ma main, qu'il a serré très fort, réchauffant tout mon être. »

Il tenait dans son autre main un parapluie qu'il a ouvert pour nous protéger de la pluie. Cette fois, la roue avait tourné, j'étais sous la pluie, certes. Mais aujourd'hui, personne ne m'avait bousculé, ignoré, abandonné, seul sous les gouttes. Non, quelqu'un m'avait rejoint pour me protéger du torrent qui s'abattait dans le ciel.

Depuis le début, Yoongi avait raison, elle était la première lumière, certes, mais pas la dernière. Non, une deuxième était entrée dans ma vie, un jour de pluie pour faire apparaître un arc-en-ciel et plein de merveilles.


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Deuxième OS publié pendant ces vacances. Je l'ai écrit il y a bientôt deux ans maintenant. Je l'ai retravaillé pour vous en offrir un version plus complète, plus détaillé, au départ il ne faisait que 2000 mots et j'étais passé à côté de beaucoup de choses. 

J'espère qu'il vous aura plu ! A bientôt ! ~ 

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