XV

je peux pas m'en empêcher, au fond de moi, j'aimerais savoir

si de temps en temps tu ouvres les tiroirs de ta mémoire et que tu jettes un œil à nos photos

je sais pas, je peux pas m'en empêcher c'est tout

tu y arrives, toi, à te dire que plus jamais on s'assiéra sur des murets, plus jamais on regardera la ville en pleine nuit ? 

et puis tu sais je suis prête à faire un trait à tout ça si seulement tu m'accordais dix minutes, que je puisse m'excuser, pour de vrai, pas comme je le faisais avant, avec des mots qui sonnent creux et qui sont pleins de poison, vraiment, que je puisse te dire à quel point je m'en veux, des fois ça me tient éveillée la nuit, je regarde le film et je me demande, mais comment j'ai pu faire ça, vraiment, c'était moi, ça ?

j'ai pas d'excuses

mais j'aimerais quand même que tu les entendes, mes excuses

je le dis souvent c'est de la merde de faire son deuil quand personne n'est mort. ça passe, oui, ça finira par passer, mais quand ? t'es partout, dans plein de musiques, dans plein de souvenirs, il y a des mois comme ça, paf, c'est juste toi, alors qu'est-ce que je suis censée faire ?

je sais pourquoi j'y arrive pas, c'est parce que je me dis que si j'attends assez longtemps, tu finiras bien par me donner un signe ; si j'attends assez longtemps, peut-être que tu m'enverras une autre lettre qui annulera la première, peut-être que tu me diras que toi non plus tu arrivais pas à arrêter d'ouvrir les tiroirs.

ça fera bientôt quatre ans et j'ai toujours une partie de moi qui prend en note

tout ce que j'aimerais pouvoir te raconter. 

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