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Le sachet de petits pains dans la main, je monte les escaliers jusqu'à mon appartement.
Les monter en portant cet homme n'avait pas été simple. Non pas que la force me manquait. En fait ce qui manquait c'était la discrétion.
Mais Ely avait veiller à ce qu'aucun voisin ne sorte jusqu'à notre arrivée à ma porte d'entrée.

Arrivée devant celle-ci, des voix me parviennent soudainement.
Celle de mon fils à qui j'avais demandé spécifiquement de ne pas sortir de sa chambre.
Mais une seconde me parvient, plus grave.
Ne voulant pas paniquer, je me laisse quelques secondes immobiles pour percevoir la voix. Il a allumé la télé ??

- Ma maman elle est trop forte d'abord ! Et elle t'a même boté les fesses !
- J'ai remarqué...

N'attendant pas une seconde de plus, j'ouvre brusquement la porte pour découvrir l'homme assit sur mon canapé en pleine conversation avec mon fils.

Sans réussir à garder davantage mon calme, je grogne sourdement et menace ce dernier, les iris dorées.
Ely qui avait sursauté à mon entrée ne se fait pas prier pour se précipiter derrière le fauteuil.

Mais le Crinos étranger dans mon salon ne semble plus plus réactif à ma menace et lève une main en l'air, l'autre toujours appuyé contre le bandage de son torse.
- Tout doux madame Maman. Je ne suis pas transformé et je ne suis pas de ceux qui s'en prennent aux enfants sous forme humaine.... Et j'ai...accessoirement trop envie de vomir là tout de suite.

Faisant signe à Ely de venir me rejoindre, je reprends le contrôle de moi même, ne laissant pas le Crinos en moi reprendre quoi que ce soit en main. Il n'est pas une menace.
Je dois me forcer à cohabiter au moins jusqu'à ce que ses blessures soient soignées comme il se doit.
Ignorant comme je peux le désaccord de mon côté loup, je glisse les petits pains à Ely.
- Va à table..
- Merci maman.
- Je t'avais dit de ne pas sortir de ta chambre.
- Pardon...

La tête baissée, mon fils part prendre son goûter après avoir jeté un dernier regard à l'homme dans le salon.
Celui-ci semble plus concentré sur la nausée que lui provoque la douleur pour lui rendre son regard.
Je l'ai donc bien amoché.
Mais malgré cette observation, pas une once de culpabilité ne se fait sentir en moi.
Les Crinos s'attaquent et ne le regrettent pas.

Sous forme lupine, nous pourrions nous entretuer et repartir sans le moindre remord.
Au fond de nous, nous le savons. Ce qui nous fait cohabiter au mieux actuellement, c'est notre part humaine.
Je fais taire cette sensation désagréable qui me pousse à entrer en conflit avec lui et m'approche pour jeter un oeil aux soins que je lui ai apporté.

Plus de saignements mais la blessure peine à se refermer.
- Comment est la douleur ?
- ... Douloureuse ?
- Je demande si tu as besoin d'un anesthésiant...
- Non merci, le trafic de Crinos ne m'a jamais servi et ne me servira jamais.

J'essaye tant bien que mal de ne pas montrer mon agacement grandissant et m'assoit en face de lui.
- Comment t'appelle-tu ?
- Rajad.. Et toi Madame Maman ?
- ....
- Je t'ai donné mon prénom !

Je grogne sans me retenir le moins du monde et marmonne.
- Nana...
- Nana ?

Son regard tantôt agacé se change et reflette une soudaine lueur de curiosité.
- Tu n'es pas d'ici... Tu as un accent et tu as un nom traditionnel... Et ton enfant... Est un humain...

Stoppant tout mouvement, je lui jette un regard inquiet et sur la défensive. Mon coeur accélère, la peur refait surface.
Mais son murmure parvient enfin à mes oreilles.
- Je les emmerde...
- Pardon ?
- Les lupus. Je les emmerde...
- Je.. J'ai.
- Je dirais rien... Promis.

Retenant les larmes de peur qui menacent de sortir à tout moment, je reprends ma respiration et le remercie du regard. Malgré mon esprit Crinos inlassablement sur la défensive, sa réponse ôte un poids conséquent de mes épaules.
Je ne le connais pas, nos loups intérieurs ne seront jamais autre chose qu'en conflit, mais je lui fais confiance.
Sans pouvoir l'expliquer, je le crois.
Car c'est un Crinos. Que si il blessait du monde il n'aurait lui non plus pas de procès.
Que si il devait avoir un enfant humain, lui non plus n'aurait pas la chance de prouver qu'il peut en prendre soin.

Que si il voulait être porte parole des Crinos, lui non plus ne pourrait même pas entrer dans le dôme.
Alors cette part commune en moi le crois quand il promet de taire mon existence et de préserver ce qu'il reste de ma famille.
Car si nos parts Crinos ne peuvent se supporter, nos parts humaine se savent unis par notre espèce, unis par nos épreuves, nos peines.

- Merci...
- .. Entre monstres... C'est normal.

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