L'intrus avait déjà disparu... Three posa la chaise et soupira.
- Edward... Qu'est-ce que tu nous caches ?

Dans la chambre du majordome, l'équipe de One fouillait les dossiers. Peu après, l'autre groupe arriva, en sueur.
- Alors, du nouveau ? demanda Four, un livre à la main.
- À part de l'horreur, rien de spécial, répondit la blonde, collée à Seven.

Six tomba sur une boite scellée. Il y avait forcément quelque chose d'important dedans.
- Peut-être un téléphone ou une télécommande qui ouvre le portail à distance, s'exclama Four. Il nous faut la clé du cadenas.
- Tu veux trouver ça où ? demanda le nouveau. On ne croise même pas Mother qui doit sûrement nous chercher. Alors tomber sur la clé qui va nous sauver, permet moi de douter.

Le garçon au bonnet fit quelques pas vers l'adolescent insolent.
- Je suis de ton côté depuis le début. Ne me fais pas regretter d'avoir voulu être ton ami.
- Je ne dis que ce que je pense.
- Mais tu fais pleurer les filles, répondit One en le plaquant contre le mur. Je peux te tuer ici même, fils de pute...

Insulter sa mère récemment décédée était de trop. Seven poussa un grand hurlement et commença à étrangler l'aîné. Seulement, le garçon lui mit un violent coup de genou dans les testicules afin de le mettre à terre. Il ne frappa pas son visage cette fois-ci car il l'avait assez déformé les premières fois.

Il donna des coups de pieds répétés dans son ventre et Four ainsi que Three avaient décidé de ne pas intervenir. En larmes, allongé au sol, le garçon regardait ses camarades sortir. Puis il tourna la tête afin d'avoir les yeux rivés vers le lit. En-dessous, il y avait quelque chose qui le fixait. Une sorte de femme avec les articulations brisées.
- AU SECOURS, hurlait le pauvre orphelin.

Personne ne vint l'aider. La créature immonde tournait sa tête à 360 degrés. Les craquements lui donnaient des frissons et la peur le paralysait.
- MOTHER EST LÀ ! À L'AIDE !
Si personne n'était venu, c'est parce qu'il pensait crier. La peur lui présentait de nombreuses options : partir en courant, devenir ami avec la chose, hurler et il voyait tout ça se réaliser sans que cela ne soit vrai.

Il avait beau vouloir appeler les autres, il était impossible pour lui de faire sortir un son de sa bouche. Sous l'emprise totale de la peur, il s'évanouit. Pendant ce temps, Four et One cherchaient la clé dans la pièce où Mother était enfermée.
- Regarde, il y a une boite de pizza. Edward lui en a commandé une !
- On marche dans sa pisse, sa merde et sa bouffe, dit One rebuté. Comment elle pouvait vivre ici ? Tu m'étonne qu'elle soit énervée.

Four se tourna brusquement vers son ami.
- Et si elle était comme nous ? Peut-être qu'elle veut juste s'enfuir ! Edward devait la séquestrer.

Two retourna dans la chambre et s'approcha de Seven qui dormait encore.
- Ça va aller, chuchota-t-elle. On va s'en sortir...
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Four en s'approchant d'elle. Tu l'embrasse ?
- Je veille juste sur lui.
- D'accord.

Il s'assit sur le lit, à côté d'Edward qui commençait à empester. Le garçon saisit la boite et l'ouvrir avec la clé trouvée dans le "grenier".
- Merde... C'est ni un téléphone, ni une télécommande.
Ce n'était qu'un journal. Two l'attrapa et l'ouvrit, intriguée.
- Le passé d'Edward à Dank Shell...
Elle sauta plusieurs pages et en choisit une au hasard.

"Je ne pensais vraiment pas m'y faire et pourtant, me faire appeler Twenty était plutôt amusant. C'était peut-être le seul auquel je me suis adapté."

Four en avait eu la confirmation. La photo qu'il a vu dans l'album était bien celle de leur majordome.

"Notre mère ne pouvait pas tous nous garder alors chaque dimanche, à partir de minuit, nous jouions tous ensemble. On devait se cacher en passant par les conduits d'aérations, les égouts ou encore dans la cave... Si elle nous trouvait, on était envoyé dans l'orphelinat le plus horrible du pays."

Seven ouvrit les yeux. Il entendait la douce voix de Two lire les lignes les plus importantes. One, Three et Six arrivèrent.

"Je suivais souvent Eleven. J'aimais beaucoup ce garçon qui avait sa cachette secrète. Cela faisait des mois qu'il jouait à ce jeu. Il savait comment éviter notre mère. Cependant, un jour, à l'aube, alors que le jeu allait se terminer, on entendait des hurlements de notre chambre."

One fixait le corps de leur majordome en essayant d'imaginer la scène. Des frissons parcouraient le corps des adolescents qui avaient peur de ce qui a bien pu se passer.

"On était tous regroupés dans la chambre B des garçons. Par la fenêtre, nous observions Nine courir jusqu'au portail, terrifié. Derrière, se trouvait notre mère, une machette à la main. Elle devait penser que nous étions tous cachés et que personne ne la verrai mais nous étions bien là, à voir notre camarade se faire égorger..."

Two laissa tomber le journal. Le garçon au bonnet le ramassa et regarda la demoiselle reculer.
- C'est horrible... Elle devait les tourmenter...
- Comment Edward a bien pu reprendre l'orphelinat ? demanda Three.

"Elle n'allait jamais acheter de viande en faisant ses courses. Nous avons compris pourquoi quand Thirteen recracha le piercing de notre ami... Mother nous nourrissait avec nos camarades qu'elle n'envoyait pas dans un autre orphelinat... Elle les tuait."

One prit le livre des mains du garçon et s'en alla.
- Assez ! Cela ne nous aidera pas à fuir !
- Qu'est-ce que tu fous ? s'ecria Six.
- Quoi, tu te range de leur côté ?
- Arrête de jouer au con ! On veut juste en savoir plus !

Il lança le journal et se retira.
- Regardez, s'exclama Three. Il y a le règlement. On va enfin savoir pourquoi Mother est en colère !
L'aîné hurla de peur et interrompt leur discussion. En panique, Six et Three allèrent le rejoindre. Seven fronça les sourcils.
- Il veut juste attirer l'attention.
- Mais s'il y a vraiment quelque chose, ajouta Four, il est en danger ! Allons au moins vérifier !

Avec précipitation, Seven heurtait les murs dans sa course jusqu'à arriver dans leur salle à manger où était servi le repas : entrailles d'humain à l'urine. Dans un plat rempli de liquide jaune baignaient les organes de leur majordome.
- Il n'y a pas de question à se poser, dit One en tremblant. Seven, je pense qu'Edward n'était pas un persécuteur. Tu avais tort... Mother est notre ennemie.

Three attrapa le journal et décida de trouver la page où était inscrit le règlement mais il tomba sur quelque chose de beaucoup plus intéressant.

"Elle est morte ici. C'est Five qui l'a tuée. Pendant de longues années, je repensais à ce qu'on a vécu sans pouvoir recevoir de l'aide. On a trouvé la télécommande du portail et on s'est enfuis avec ces horreurs pesant sur notre conscience. Il fallait que moi aussi, je me venge. J'ai décidé de la remplacer et d'élever des orphelins afin de les rendre heureux. Il était hors de question qu'ils subissent ce qu'on a vécu."

Ces lignes confirmaient le fait qu'Edward n'était pas méchant. Two tomba sur ses genoux et pleura en repensant à la mort de leur "père". La suite du texte était ce que les enfants cherchaient à savoir.

"Dans la salle des punitions, j'ai dessiné un cercle avec une craie et j'ai décidé de l'invoquer afin de la torturer à mon tour... Pendant des jours et des jours, je prenais le contrôle et finalement, j'ai compris... Je ne serais jamais plus fort qu'un esprit. Mother établit ses règles dans l'orphelinat et me força à les faire respecter. Je n'ai pu en parler qu'à mon premier enfant... Je n'avais pas le courage de le dire aux autres."

Ils se tournèrent tous vers One.
- Alors comme ça... Tu étais au courant ?
Seven le frappa au visage et éclata sa tête sur la table. Il la maintenait, collée sur le mobilier. Le type aux cheveux d'argent se débattait. Il saisit un couteau parmi les couverts et planta le nouveau.

Le blondinet hurla et recula en posant ses mains sur l'arme qui perforait son rein gauche. Three et Six s'assirent à ses côtés afin de prendre soin de lui.
- One, dit le garçon au bonnet. Je ne veux plus voir ta sale gueule. On est tous contre toi cette fois alors va t'en et veilles à ce qu'on ne te revois plus.

Four attrapa un couteau.
- Parce que sinon, c'est moi qui te tuerais.