Chapitre 12

Le sang sortait abondamment de la jambe de l'aîné. Il hurlait, pleurait et se dandinait.
- One, dis-nous où est ce putain de livre, le suppliait Two. Tu sauveras autant de vies que tu as ôtées.
- Je n'ai tué personne...
Le troisième arrivant attrapa le garçon par le menton, les dents serrées, puis lui cracha au visage.
- Mother était en colère à cause de toi depuis le début. Seven est arrivé comme un petit ange parmi nous et tu l'as tué à cause de ta propre connerie.

L'enfant au bonnet enleva la lame de la main de son ami.
- Cela ne sert à rien de parler avec lui.
Sur le point de le poignarder, Four prit une grande inspiration. Alors, One accepta de leur donner l'information.
- Je l'ai jeté... Je suis désolé...
- Ne me dis pas que...

Three recula.
- Tu l'as envoyé en bas ?
- Oui. Ce livre vous a énervé et j'avais peur de vous perdre alors je m'en suis débarrassé.
Two s'assit contre un mur.
- Il n'y aura donc aucun moyen d'arrêter Mother, soupira Four.
- Il y en a un qu'Edward m'a donné, pleurait le plus vieux. J'vais me sacrifier et donner mon sang.

L'adolescent expliqua qu'il était possible d'arrêter cette malédiction en sacrifiant la personne qui a transgressé les règles. Mother allait tous les tuer sauf lui s'il ne s'en occupait pas.

Ce qu'il disait n'était pas fiable mais arrivés à un point de non retour, les enfants ne pouvaient qu'essayer.
- Sinon, déclara Two, on peut y aller.
- Dans le vide ordure ? Mais on ne pourra pas en sortir...
- One n'aura qu'à y aller et on trouvera un moyen de l'aider. Il a tué Seven et je lui en voudrais pour toujours mais on fait tous des erreurs et comment ne pas devenir fou avec ce qui se passe ici ?

Four croisa ses bras et s'adossa à un mur.
- Le conduit est trop grand, il ne fera jamais voler le livre si haut. Sacrifions-le...
La lame s'enfonça au plus profond de la gorge de l'aînée qui cracha beaucoup de sang. La pointe du couteau sortait par sa nuque.
- Je...
Impossible pour lui d'en rajouter. Il arbora seulement un sourire et versa une dernière larme. Aucun de ses amis ne put l'entendre mais avant de succomber à sa blessure finale, il implora Mother de les laisser vivre et demanda pardon à sa famille.

Mother n'intervint point. C'était peut-être enfin terminé. Les enfants s'étaient débarrassés de la malédiction de Dank Shell et ils allaient enfin pouvoir partir loin. Tandis que la demoiselle fouilla la cave peu après, les deux garçons discutèrent.
- Qu'est-ce que tu feras quand tu sortiras ? demanda Three.
- Je creuserais des tombes pour nos frères et Six. Puis j'irais vivre loin de ce pays.
Il versa quelques larmes en pensant aux morts injustes.
- Je trouverais une gentille femme. Je ferais un enfant avec elle et on fondera une famille heureuse.

Three attrapa les bras du garçon et le tira vers lui afin de lui faire un câlin.
- Je l'appellerai Seven, pleurait Four.
- Eh, les gars !
Two criait derrière le conduit.
- J'ai trouvé la clé ! Rejoignez-moi dehors !

Heureux, les frères se mirent à courir dans l'obscurité, les mains devant eux afin de ne pas tomber.
- Et toi, tu vas faire quoi ? demanda Four.
Lors de sa course, l'adolescent torse nu réfléchit et esquissa un sourire.
- Je penserais à mettre des vêtements...
Two entra pendant ce temps dans la voiture et inséra la clé dans la fente prévue pour. Avec la télécommande, elle ouvrit le portail et fut aveuglée par la douce lumière du soleil. La brise extérieur vint caresser sa peau lorsqu'elle baissa la vitre.
- Enfin... Tout est fini...

Elle attendait devant l'établissement, impatiente et perturbée. Elle se regardait dans le rétroviseur. Son visage était taché de sang. Comme ses bras et ses habits.
- Je t'aime, Seven...
Elle l'imaginait sur la banquette arrière. Le garçon était avec elle, seul, dans le véhicule. Il souriait en la regardant. Rien n'était réel mais elle souhaitait se persuader qu'il allait revenir en leur faisant une surprise.
- Je t'en prie... Seven...

Three ouvrit la porte et hurla de joie en courant jusqu'à la sublime voiture et s'arrêta aussitôt en fronçant les sourcils. Quelqu'un arrivait vers eux. Un type en vélo.
- C'est quoi, ça ?
- Bordel... déclara Four. Il est revenu.
La grille s'ouvrît afin de le laisser entrer. Five sauta sur ses frères en pleurant.
- Vous m'avez manqués !
- Pourquoi t'es parti de chez ces femmes ?
- Je ne les aime pas. C'est vous, ma famille.

Two s'appuya sur le volant avec ses bras et sursauta, surprise par le klaxon.
- Tu n'aurais jamais dû.
- Que s'est-il passé ?
Three se racla la gorge et s'installa dans la voiture.
- On t'expliquera. Two, t'es sûre de vouloir conduire ?
Four resta dehors.
- On devrait peut-être prendre une dernière douche ici. Prendre des vêtements blancs et fuir cette vie. On serait moins suspects. Personne ne croira à l'histoire de Mother alors il vaut mieux éviter les problèmes supplémentaires.

Three et Five prirent leur douche ensemble tandis que Two et Four s'installèrent sur le lit de Seven, sans matelas.
- Pourquoi ? pleurait la demoiselle. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ces deux putes arrivent ?
- De qui tu parles ?
- Si aucune des deux n'était venu prendre Five... One n'aurait jamais prononcé le nom de Flora.
L'enfant au bonnet n'écoutait déjà plus la blonde. II regardait avec effroi le fond de la pièce.
- Four ? Tu m'écoutes ?
- Ma belle...

Il fixait encore le coin.
- Cours et enfuyez-vous avec les gars. Je vais retenir Mother.
Sans regarder le monstre, elle ouvrit grand ses yeux.
- Dis-moi que c'est une blague...
- Edward ne le savait sûrement pas mais il n'y a aucun moyen de la vaincre. On appelle pas un esprit pour le renvoyer dans l'au-delà. Dank Shell est condamné. Je suis gravement malade et je risque de ne plus vivre très longtemps alors autant que ce soit moi qui y passe.
Il sourit et saisit délicatement la main de Two.
- Promets-moi de revenir un jour et de tout brûler... Personne ne doit jamais plus habiter ici.

C'était tout ce dont la belle blonde se souvenait après tant d'années. Devenue boulangère, elle se levait chaque matin en pensant à l'amour de sa vie. Jamais elle n'a daigné regarder un autre garçon. Seven s'était sacrifié pour elle.
- Salut...
Un homme en costard entra dans la boutique.
- Three... C'est toi ?
- T'as changé ma sœur ! Viens dans mes bras...
Elle lâcha ses billets et abandonna le compte de sa caisse. Sans hésitation, elle lui sauta dessus en pleurant.

Peu après, ils discutèrent quelques instants.
- Alors, qu'est-ce que tu deviens ?
- Ben, sourit le garçon, je vais me marier !
Heureuse, elle poussa un cri de joie et leva les bras.
- Félicitation ! Je suis invitée ?
- Five sera mon témoin et tu seras en effet invitée.
- Merci, Ethan. Ça me touche beaucoup.
- Maya, ne t'en fais pas. C'est normal.

Un client entra alors dans la boutique. Il portait une casquette et un bandage autour du cou.
- Bonjour, murmura-t-il avec difficulté.
La blonde se dirigea vers sa caisse et alla servir l'homme au comportement étrange. Three fronça les sourcils en l'observant et le regarda s'éloigner.
- Qu'est-ce que tu as ? demanda Maya.
- Il est vivant, ce fils de pute...

L'intrigante personne marchait dans la rue dos à eux. Il n'était pas venu ici pour acheter un simple croissant.
- Qui es-ce ?
- One... Il est revenu...
Two réagit alors au fait que le client venait de laisser un mot sur le comptoir. Elle l'attrapa et sourcilla.
- Four est mort pour lui. Si elle est revenue, c'est de sa faute ! Il n'a pas succombé à ses blessures !
- Lis ce qu'il a écrit !

Elle déplia le bout de papier et sentit un pincement au cœur :

« Ce n'est pas fini. Elle viendra vous hanter aussi. C'est elle qui choisi les règles, après tout... »

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