Chapitre 33 : D'une projection dorée

[On achève la série des illustrations avec Louie. J'aurais pu y ajouter Jahia. Quelle serait sa couleur d'après vous ? Trouvez-vous que les couleurs soient bien attribuées.]

Ivanie s'était arrachée à la prise pourtant solide de Pète-sec en feulant :

— Je sais encore marcher seule, merci !

Le surveillant s'était mis en tête de la suivre en conservant une distance raisonnable là où la prof ouvrait la marche d'un pas sûr. Elle ne dévierait pas de son objectif et Ivanie ne tenta pas de la soudoyer. Elle n'avait pas l'intention de supplier. Aux yeux de ceux qui croisèrent son regard de condamnée, elle ressemblait à ces suppliciés qu'on emmenait à la potence, il n'y avait pas si longtemps.

Dans le hall, Sidoine avait assisté à la scène signée Ivanie. Quelque part, il n'était pas étonné par la manière dont elle se donnait en spectacle. Il aurait aimé qu'elle épargne à Swann le dernier acte de ce qui s'apparentait à une persécution pure et simple, mais Ivanie avait voulu s'offrir une fin digne de sa renommée. Quand il y réfléchissait, cette théâtralité s'approchait de celle de Guerlain, qui avait rejoint Swann et qui souriait toujours, comme si tout était parfaitement normal. Les adolescents reproduisaient les dynamiques des adultes et ces derniers préféraient minimiser les conséquences que cela pouvait avoir. Après tout, ils n'étaient que des enfants et les liens qui se tissaient entre eux ne pouvaient être que des jeux.

Sidoine n'avait jamais cherché à s'offrir une place dans ce genre d'instants. Il avait un faible pour la sienne, plus en retrait, d'observateur silencieux. C'était ironique, pour un garçon qui ne supportait plus le silence. Il pouvait bien blâmer Ivanie, mais il ne valait pas mieux que tous ceux qui avaient assisté à chaque élément sans s'y opposer. Ils étaient témoins, sinon complices, et Sidoine croisa le regard d'Achille. Ivanie n'était pas la seule coupable.

Sidoine abandonna sa passivité pour esquisser un mouvement, mais l'autre le devança :

— Laisse.

Achille piqua une pointe jusqu'à rejoindre la prof d'anglais qui montait les escaliers en direction du bureau du proviseur. L'adolescent n'en gravit pas les marches. Il se posta au pied de celles-ci et interpella l'adulte, en faisant fi de la présence oubliable du surveillant :

— Attendez ! Vous vous trompez de coupable !

Ivanie avait fait volteface avant même que la prof ne se penche sur la rambarde pour découvrir, deux mètres plus bas, la fière stature d'Achille.

— Je ne crois pas m'être trompée. De toute façon, ce n'est pas à moi d'en juger.

— Il n'y a pas qu'elle qui trempe dans cette histoire, madame.

L'œil dubitatif de la jeune femme, allié au regard fougueux qu'Ivanie coulait sur lui, troublèrent Achille un court instant. Dans son dos, Sidoine l'avait rejoint, l'écho de sa respiration dans son dos.

— Simon, il est dans notre classe. Vous le trouverez sur les marches, dehors.

La prof échangea une oeillade avec le surveillant qui haussa les épaules. Peu lui importait le nombre de coupables. Cette dénonciation lui paraissait sans doute un poil trop dramatique pour une vulgaire dispute d'adolescents.

— Tu penses être en mesure de me le chercher et de me l'amener ici ? s'enquit Madame Siral.

Achille crut qu'Ivanie allait s'en mêler. Elle lui adressait une œillade mauvaise, mais à la grande surprise de l'adolescent, elle ne protesta pas. Comme si l'idée de partager l'étape qui l'attendait, dont elle se serait passée, la soulageait. Elle y voyait peut-être une forme de justice et derrière son air revêche, peinte sur un visage de reine désenchantée, il y avait une once de reconnaissance.

Achille partit la tête haute et Sidoine recula avec prudence pour dégager le couloir. Pour éviter aussi le piquant des yeux d'Ivanie sur sa figure. Il n'aimait pas y voir tant d'humanité. Elle n'était pas proprement en colère, Sidoine connaissait assez ce sentiment pour le reconnaître. Elle était désespérée et la détresse rendait les hommes plus cruels qu'ils ne l'étaient déjà.

Achille, en s'éloignant, aurait aimé se passer du regard fier de Sidoine. Il ne faisait que lui répéter que cet acte tranchait avec son ordinaire lâcheté.

***

Ivanie avait enduré le monologue de Simon, qui penchait tantôt vers la plainte, tantôt vers une bordée de menaces et d'injures. Le tout, avant même que le proviseur ne passe à leur hauteur, une liasse de documents sous le bras. Ils avaient patienté sur les sièges pendant un quart d'heure. Ce qui avait semblé être une éternité.

Ivanie avait ensuite enduré le discours du proviseur. Elle avait oscillé entre l'idée qu'elle l'avait sans doute mérité – ce qui représentait un rude retour à la réalité – et un refus net de revenir sur ses positions. Les deux parts de ce qu'elle était, la couverture qu'elle proposait et qui lui plaisait tant, et la véritable Ivanie, rongée par une sensibilité qu'elle ne s'expliquait pas, n'auraient pas pu être mieux représentées. Elle avait cependant laissé le proviseur détailler leurs fautes, en usant de termes compliqués, sans doute pour rendre l'erreur plus grave qu'elle ne pouvait l'être.

Ivanie avait enduré le mensonge de Simon.

Non, il n'avait pas la plus petite idée de ce dont on l'accusait.

Non, il n'avait jamais adressé la parole à Swann, pas plus qu'il n'avait approché Guerlain, dont le nom s'était imposé, en raison des injures qu'il avait subies.

Non, il n'avait pas encouragé un harcèlement de masse à s'instaurer dans la hiérarchie bien établie du lycée Charlemagne.

Non, il n'avait jamais attribué de surnoms à des camarades et il n'avait rien de spécial à raconter au sujet des dernières semaines, si ce n'était qu'il appréhendait l'arrivée de son bulletin.

Ivanie avait enduré l'idée que la faute puisse être entièrement sienne. Elle ne l'avait pas acceptée pour autant, mais force était de constater que Simon l'avait joué plus finement qu'elle. Tout l'accusait, et en premier lieu ce qu'elle avait fait dans les toilettes, moins d'une heure plus tôt. Tout l'accablait et si Ivanie devait être tout à fait honnête, elle avouerait qu'elle n'avait guère eu besoin de l'aval de Simon pour verser une bouteille d'alcool sur le crâne de Swann. Elle avait souvent agi seule, même si le garçon l'y avait encouragée, comme au commencement.

Ivanie avait enduré la contribution de Swann. La manière dont elle avait évité soigneusement ses regards et les détails pudiques qu'elle avait donnés. Elle avait été écoutée d'abord seule, puis en compagnie des deux autres avant d'être autorisée à s'en aller. Ses mots, la façon dont elle avait conté les propres actes d'Ivanie avait été difficile à endurer. C'était comme prendre conscience de la portée de ses gestes.

Finalement, Ivanie avait quitté le bureau la première. Le proviseur souhaitait interroger Simon avant de donner sa sentence. Il avait évoqué la possibilité d'un renvoi temporaire, d'un conseil de discipline, des rendez-vous obligatoires chez le psychologue scolaire, et bien entendu, la mise dans la confidence des parents. Si Swann désirait porter plainte, sans être certaine que cela aboutirait à quoi que ce soit, la situation pourrait se dégrader encore, car le statut de mineur ne protégeait pas de tout. Le proviseur avait lourdement insisté sur l'idée que leur comportement indécent et cruel remettait en question la réputation de l'établissement.

Et Ivanie aurait presque eu pour Swann, qui avait refermé les doigts sur ses cuisses à ces mots, un élan de pitié. Tout cela pour qu'on s'attarde davantage sur l'image du lycée que sur elle. Le proviseur n'avait pas eu l'air de réaliser combien cette remarque n'était pas correcte.

Ivanie renonça à attendre Simon. Le verdict ne serait pas donné avant que ses parents ne soient informés. Quoi qu'il arrive, ils sauraient avant qu'elle ne remette les pieds à la maison, même si elle courait jusqu'à chez elle pour espérer s'enfermer à temps dans sa chambre.

Swann discutait avec Madame Siral, au bout du couloir, et Ivanie eut un mouvement vers elle. Comme si elle souhaitait venir la voir et le regard de la prof l'en dissuada. Son attitude s'était un peu adoucie à son égard, peut-être était-ce la contribution de Sidoine, qui s'était bien passé de pousser l'audace jusqu'à témoigner devant le proviseur. Ivanie s'éloigna en veillant à ne pas approcher Swann de trop près.

Après la révolte s'installait une sorte de résignation. Elle quitta l'enceinte du lycée comme une reine abandonnerait son château aux mains d'ennemis. La comparaison était aussi douteuse que l'émotion qui l'étreignait. Elle comprenait que ses actes étaient inexcusables, mais, paradoxalement, quelque chose en elle refusait d'accepter la peine qu'elle encourait. Il n'y avait pas eu de punition exemplaire pour les coupables, ceux qui bousculaient Swann dans les escaliers, renversaient sa trousse, inscrivaient des insultes sur le tableau avant que la prof arrive.

Aujourd'hui plus que jamais, Ivanie haïssait qu'on caricature ainsi les coupables. L'idée que les rôles se soient inversés, du collège au lycée, n'était plus si plaisante. Elle se sentait trop épuisée, trop impuissante, pour tenir son rôle de méchante reine.

— Hé ! Qu'est-ce que tu fous ? Attends-moi !

Simon courut rejoindre Ivanie et passa son bras au-dessus de ses épaules. Ce geste aurait pu être adressé à l'un de ses homologues masculins, mais il n'y avait aucune trace de réelle affection dans cet échange. La main de Simon descendit jusqu'à la taille d'Ivanie qu'il crocheta alors qu'elle se raidissait.

— T'as une idée de ce qu'on va prendre ? J'devrais m'en sortir avec un avertissement ou une connerie du genre. Toi, par contre...

Il avisa la mine déconfite d'Ivanie. Elle s'efforçait toujours de garder la face.

— Ils vont payer, t'inquiète pas. Œil pour œil, dent pour dent. Tu t'occupes de Swann, je me réserve cette tête de con d'Achille. Il s'est bien foutu de notre gueule ! Tu savais qu'il vivait chez un oncle ? Il a plus de contact avec sa mère depuis un bail. Il paraît qu'elle veut plus entendre parler de lui. Pour Guerlain, j'ai des potes qui seront ravis de refaire le portrait d'une tafiole. Reste Sidoine... On fait quoi ? Tu veux qu'on partage ?

Ivanie s'écarta brusquement de Simon. Elle s'arracha à son étreinte et une moue dégoûtée découpait son profil au nez marqué. L'envie de tempêter revint, brutale, impérieuse.

— Ça suffit, déclara-t-elle, sobrement. On en a assez fait.

— Tu te fous de ma gueule ? On va laisser s'en tirer comme ça ? Il t'arrive quoi, Ivanie ? Tu veux aussi aller présenter tes excuses à la bridée pour avoir récuré les chiottes avec sa face jaune ?

Simon avait avancé sa main vers Ivanie pour la retenir et la sienne claqua le bout de ses doigts d'un violent revers. Elle considéra l'adolescent avec mépris. C'était la première fois que le dédain qu'elle renvoyait n'était pas en fait dirigé vers elle-même. Elle aurait pu vomir au visage de Simon tout ce qu'elle ne lui avait jamais dit. Au lieu de quoi, elle cracha, du bout des lèvres :

— Va te faire foutre, Simon.

Avant de savourer la stupéfaction qui réduisit à néant le peu de contrôle que Simon asseyait sur ses émotions, Ivanie se retourna pour prendre le chemin de sa maison.

Plutôt que de rentrer directement, Ivanie erra dans les rues d'Obernai. Elle glissa un regard sur le charme pittoresque des maisons agglutinées les unes contre les autres, dans un assemblage incohérent qui offrait toute sa spécificité à l'architecture alsacienne. Elle déambula au milieu des passants, se perdit pour toujours finir par retrouver son chemin et celui-ci la mena inexorablement au pas de sa porte. Elle gravit les marches, le cœur au bord des lèvres. L'envie de se défiler était grande, mais déjà, un premier message de son père lui ordonnait de rentrer dans les plus brefs délais. Pas de repli possible. Même si elle reportait au lendemain la confrontation, elle n'y échapperait pas, alors autant en finir.

Ivanie poussa la porte, très doucement, en priant pour que le grincement ne rameute pas chaque membre de la maison. Le gémissement du battant ne s'éleva pas bien haut, mais il hérissait, le long de ses bras, un frisson. Elle referma derrière elle, délaça ses bottines, retira son béret et son écharpe, tous les deux d'un jaune moutarde, et s'apprêtait à trouver refuge dans la cave. La famille y avait stocké le vieux piano d'Ivanie. C'était sans compter l'intervention indésirable d'une silhouette qui se fondait presque dans le décor.

— Ivanie, la héla Louie, adossée au mur comme si elle surveillait la porte d'entrée, et sa sœur s'imaginait que ce devait être le cas.

— Tu es venue commencer le festival ? Je t'en prie, fais-toi plaisir, grinça Ivanie.

Louie jeta sur sa sœur un regard peiné. Elle paraissait mille fois plus enfantine qu'elle, avec son baggy qui recouvrait ses chaussons violets. Plutôt que de lui confier un mot d'encouragement, qu'Ivanie aurait balayé d'un revers de la main, elle dit :

— Ils t'attendent dans le salon.

Louie escorta sa sœur jusqu'au salon où leurs parents patientaient. La mère se rongeait les ongles et le père trépignait, comme impatient de vomir ses reproches sur sa dernière-née. Ce fut lui qui commença les réjouissances, tandis que sa génitrice s'épouvantait.

— Tu as été virée du lycée pour deux semaines, Ivanie, et tu peux t'estimer chanceuse que la fille que tu as brutalisée n'a pas l'intention de porter plainte. Il a failli être question de conseil de discipline. Est-ce que tu t'es seulement demandé jusqu'où ton inconscience pouvait te mener ?

Ils ne pensaient pas à Swann, mais à Ivanie, et cette perspective ne la réjouissait pas le moins du monde. Cet intérêt n'était pas celui dont elle avait tant besoin. Cette reconnaissance était putride.

— Non, mais qu'est-ce qui t'es passée par la tête ? Tu es une imbécile, Ivanie. Tu n'as pas idée de combien on a honte, papa et moi ! Déjà que tes résultats sont épouvantables, tu ne trouves rien de mieux que de t'amuser à jouer la brute. Qu'est-ce qu'on va faire de toi, hein ? Dis-moi...

Ils ne demandèrent pas à Ivanie pourquoi. Pourquoi elle agissait ainsi. Elle n'était pas sûre de trouver une réponse aussi claire qu'elle l'aurait voulue.

— Le proviseur a parlé de t'envoyer chez le psy.

Dans un coin de la pièce, Louie scellait ses lèvres, non sans difficulté. Elle avait toujours assisté à ces disputes sans lever le petit doigt pour Ivanie. Par lâcheté, essentiellement.

— Tu es malade, Ivanie ? Tu veux finir chez les fous ? Mettre la tête d'une camarade dans les toilettes, non, mais à quoi tu penses, parfois ? C'est...

— Maman.

Ivanie s'était laissé pourrir de reproches sans piper mot. Ce n'était pas elle qui prenait la parole, mais Louie, animée par un courage vacillant.

— Les psychologues sont des médecins. On ne rechigne pas à envoyer un enfant chez le généraliste quand il ne se sent pas bien. Considère que les psychologues sont au moins aussi importants, auprès de n'importe qui, des personnes qu'on dit folles, mais qui souffrent juste de troubles ou de maladies, ou des personnes qu'on dit normales.

Ce recadrage coupa les deux adultes dans leur élan l'espace d'un court instant. Ivanie cilla à peine, le dos droit, aussi immobile qu'une statue de cire.

— Mince, Ivanie ! Qu'est-ce qu'on a raté avec toi ?

Les poings serrés, figée au milieu du salon, le sang d'Ivanie bouillonnait dans ses veines. Il y avait ce nœud d'émotions, logé au creux de sa gorge, qu'elle n'arrivait pas à avaler. Il y avait cette rage qui la consumait, sa propre complexité qui la dépassait, et cette scène qui ne faisait que se répéter. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait été disputée par ses parents, où la comparaison avec sa sœur s'était imposée. Cette fois encore, elle finit par se dévoiler :

— Ta sœur n'a jamais eu le moindre problème. Toi, tu es...

— Je ne suis pas malade, trancha Ivanie.

Elle décolla son regard du néant qu'elle avait contemplé pour étudier ses parents. Elle ne pensait pas qu'on puisse haïr des êtres et les aimer autant. Elle aurait tout donné pour qu'ils expriment enfin de la fierté à son égard.

— Vous me rendez malades.

Elle avait déjà fait demi-tour. Elle ne voulait pas qu'on la retienne, elle voulait que ces mots résonnent en eux comme ses émotions ricochaient en elle. Sur le seuil de la porte, elle ajouta, avec une force qui la surprit :

— J'ai toujours voulu que vous soyez aussi fière de moi que vous l'êtes de Louie.

Elle quitta la pièce, mais n'alla pas bien loin, elle pila devant les escaliers. Elle entendit très distinctement sa sœur la rejoindre.

— Je suis désolée, lui dit-elle, d'une voix chevrotante. Tu vaux tellement mieux que ça.

Ivanie s'effondra sur elle-même. Un cri s'étrangla dans sa gorge sur le nœud d'émotions. Louie lui prit la main et la serra dans la sienne, de toutes ses forces, avant d'enlacer ses épaules pour ressentir chaque soubresaut.

Chaque sanglot qu'Ivanie ne savait plus taire. 

Un chapitre sensiblement plus calme si je peux dire. Disons qu'il conclut l'intrigue du point de vue d'Ivanie avec les conséquences auxquelles elle n'essaie pas d'échapper. 

J'espère que le "va te foutre" à l'attention de Simon vous aura soulagé autant que ça a été plaisant à écrire ;)

On peut lancer le compte à rebours : plus que... trois parties avant la fin, incluant l'épilogue. Si vous trouvez que ça a été trop rapidement (déjà, ça me touche beaucoup), sachez que ça me fait toujours très drôle d'achever un roman sur Wattpad. C'est un second adieu en quelques sortes. 

N'y pensez pas trop. Si vous êtes attachés à cette histoire, profitez-en encore un peu. On se retrouve très bientôt !

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