Chapitre 32 : D'un pétale jaune rosé
[L'illustration dédiée à cette chère Swann. Avec ses cheveux longs, du coup]
Le conseil de classe avait eu lieu la veille et, aux yeux de beaucoup, la semaine ne pouvait pas plus mal commencer.
D'abord, parce que le conseil de classe incluait un envoi des bulletins juste avant les fêtes de fin d'année. Ensuite, parce que les retombées de la réunion, qui s'était achevée tard dans la soirée du lundi, n'étaient en rien encourageantes.
Des avertissements qui visaient autant le comportement des élèves que leur implication en classe, des discours alarmants de la part des professeurs, qui rappelaient aux lycéens l'importance des cours, même si cette année était moins décisive que la terminale, et qui martelaient à toutes fins utiles la précarité de l'avenir qui les attendait. Comme si la majorité des adolescents n'en avait pas conscience.
Ivanie ne savait pas ce qui l'avait tant irritée : le conseil de classe, ses notes qui flirtaient avec la moyenne, l'avertissement comportement qu'elle avait reçu, ou encore l'insistance avec laquelle ses profs avaient cru bon de lui rappeler qu'elle ne brillait dans aucune matière. Le conseil de classe avait donné un bref aperçu de ce que son bulletin ne ferait que souligner. Son travail était inégal, mais toujours médiocre, elle ne s'investissait pas suffisamment. En somme, la liste des reproches était longue.
Le discours qui l'attendait, lorsque ses parents en seraient informés, le serait tout autant.
Pour couronner le tout, Simon avait jugé bon de quitter sa chambre au beau milieu de la nuit, après avoir profité de sa compagnie. Il lui avait tout juste glissé à l'oreille, en guise d'au revoir :
- Oh, et tu vois ta pote, Célia ? Bah je me la tape aussi.
Elle n'aurait pas dû s'en émouvoir. Après tout, elle n'éprouvait rien qui s'apparente à de l'amour pour ce garçon et son comportement la répugnait chaque jour davantage. Ivanie savait qu'elle était mal placée pour juger ses actes là où les siens étaient au moins aussi répréhensibles. Cependant, elle le fréquentait depuis assez longtemps pour savoir qu'il ne se heurtait à aucun scrupule et qu'il y prenait un plaisir qu'Ivanie ne partageait pas. Pour tout cela, elle aurait aimé ne pas regretter son départ, ne pas ressentir la morsure de la solitude.
Après cela, les ombres avaient été trop nombreuses, rampantes dans la chambre, pour qu'Ivanie referme l'œil.
Elle avait quitté la maison plus tôt que prévu. Elle ne supportait plus le vide. Elle ne supportait plus d'être ce creux, ou ce trop-plein, elle ne savait plus trop. Des fois, le regard que les adultes posaient sur elle, comme sur un bel objet qu'on aurait oublié de douer d'une fonction, l'épuisait. Elle se sentait aussi vide que l'image qu'elle devait renvoyer. Ce matin, Ivanie avait envie de vomir cet entrelacs d'émotions, comme un nœud coincé à la base de sa gorge. Il lui donnait envie de tousser, de le sortir de là, mais Ivanie avait beau faire semblant depuis longtemps, elle n'était jamais parvenue à s'en débarrasser.
Et aujourd'hui, cette ombre l'avait suivie jusqu'ici.
Ses amis viendraient à l'heure, peut-être un peu en retard. Le constat était d'une simplicité affligeante : elle était seule. Du coin de l'œil, elle vit approcher une connaissance avec laquelle elle avait sympathisé. Ivanie se rectifia : elles n'avaient pas exactement sympathisé, mais cette fille, dont le nom lui échappait, cherchait à tout prix à se frayer une place aux côtés des têtes dirigeantes. Si Ivanie aimait cette idée de hiérarchie, elle aimait que les rôles soient fixes, attribués. Pour s'offrir une place sous le soleil, il fallait le mériter. C'était autant une bénédiction qu'une malédiction.
La fille ne lui adressa pas même un regard. Elle alla saluer en revanche une adolescente d'une autre classe, qui devait faire figure de rivale, bien qu'Ivanie ne s'en était jamais souciée. Elle sourit très largement, non sans négliger l'air de provocation qui maquillait son visage, plus que la quantité de fond de teint qui lui faisait comme un masque en plâtre sur ses traits.
Si cette rivalité ridicule n'avait jamais atteint Ivanie, cette manière de jubiler, de se pavaner, lui ricocha en pleine figure. Cette attitude aurait pu être la sienne, mais cette fois, c'était à son tour d'être seule.
Ivanie avait une valeur de groupe. Seule, elle était moins attrayante. À moins que son heure de gloire fût révolue, comme on s'efforçait de lui faire comprendre ? Peut-être que tous ces appels à la modération étaient, en fait, une manière de lui transmettre l'idée que son règne touchait à sa fin. Cette perspective gifla Ivanie si brusquement qu'elle y perdit son souffle.
Elle s'adossa au mur, un peu secouée. Son cœur s'était emballé et un bout de migraine battait déjà contre ses tempes. L'éclairage du hall était violent, les bruits diffus qui rampaient jusqu'à elle irritaient ses nerfs, et elle eut chaud malgré le courant d'air qui traversait les couloirs. Elle parvenait à endurer les sons les plus entêtant, les conversations qui se superposaient au point de façonner un langage intraductible, pour la place qu'elle s'était réservée. À quoi bon le supporter si elle n'y gagnait rien, si le royaume qu'elle avait conquis ne la reconnaissait plus comme sa reine ?
La porte du hall s'ouvrit et Ivanie aperçut Swann. Aucun bonnet ne couvrait sa coupe courte, à croire qu'elle avait accepté de l'arborer fièrement. En étudiant sa démarche, Ivanie lui trouva quelque chose de plus affirmé que la veille, que la semaine passée, qu'au début de l'année.
Comme si l'élève la plus studieuse, la plus insipide de la classe était capable de changer.
En plissant les yeux, elle dut reconnaître que ce n'était pas juste son imagination. Swann évoluait pour le mieux et cette idée lui parut insoutenable. Elle lui tordit l'estomac et l'acidité de celui-ci brûla son œsophage.
Swann bifurqua pour tirer la porte des toilettes. Un groupe de garçons passa à côté d'elle, la frôla presque sans qu'elle ne se déporte et décide soudain de raser à nouveau les murs, mais aucun d'eux n'émit le moindre commentaire. Les ondes des actions d'Ivanie se lissaient. Bientôt, il n'en resterait plus rien.
Elle s'arracha au mur contre lequel elle s'était adossée et elle manqua de laisser échapper une grimace. Comme si son dos avait adhéré à la surface au point d'y laisser son ombre, plus grande que l'était celle de la plupart des gens. Ivanie aimait à penser que la manière dont elle brillait ne faisait que rendre ce spectre plus plus puissant, à la nuit tombée. Elle se dirigea à son tour vers la porte des toilettes.
Il y eut une diversion. Le portable d'Ivanie vibra dans la poche arrière de son jean. L'écran allumé lui indiquait un message de Nina, une de ses proches amies, même si le terme ne seyait pas exactement à ce qu'elle représentait aux yeux d'Ivanie. Un substitut à l'image de son message pour tromper la solitude.
Meuf, t'es déjà là ? J'arrive dans dix minutes, mais j'ai Julie devant moi. Tu me crois si je te dis qu'elle a foutu des imprimés léopard avec une putain de jupe prune ? Et elle a mis des ballerines roses, avec un tutu. Je suis morte, là !
Ivanie s'était immobilisée à un pas de la porte des toilettes. Ce message l'avait interrompue comme pour l'implorer de renoncer. L'espace d'un instant, contaminée par les croyances superstitieuses de Louie, sa sœur hésita. Un éclat de rire remonta jusqu'à elle et sa main abaissa la poignée pour entrer.
Ivanie jeta un œil suspicieux dans les toilettes. Elle n'eut pas à se demander par quel angle attaquer, puisqu'elle tomba directement sur Swann. L'adolescente consultait le miroir, puis passa ses doigts dans ses cheveux courts pour dégager son regard. Elle offrit sur un plateau de quoi persifler.
- Tu admires quelque chose ?
Swann sursauta. Pas beaucoup, mais juste assez pour trahir sa surprise. Elle avait entendu quelqu'un arriver, mais elle s'était promis de ne pas être sur le qui-vive. Cela s'inscrivait dans une longue liste de résolutions. Ivanie la défiait d'un regard dur et Swann faillit détourner le sien. Lorsque l'autre la rejoignit, elle fut tentée de reculer. Elle n'en fit rien.
D'une voix mal-assurée, elle s'entendit déclarer :
- Ça ne prend plus.
Sauf que cela ressemblait plus à une supplication qu'autre chose.
- Oh, tu crois ? grinça Ivanie.
- Arrête. Arrête ça.
- Parce que tu me le demandes ? Tu crois que ça marche comme ça ?
Je suis la méchante, tu avais oublié ?
Le savoir, agir comme tel, ce n'était pas exactement comme le lire dans les yeux de quelqu'un. Il y avait de la peur dans le regard de Swann. Son courage était encore balbutiant et elle ne tiendrait pas longtemps. Elle commençait seulement à se façonner une image qui lui plaisait et Ivanie savait qu'elle n'en était qu'au début. Surtout, elle se répugnait de deviner, en Swann, un double de ce qu'elle avait été.
- Tu sais pourquoi ça a été toi ? Tu étais parfaite pour ça, parfaite, mais surtout, tu me rappelais, moi. Personne le sait ici, à part Guerlain, mais j'étais la fille dont on se moque. La chialeuse, parce qu'on avait qu'à me dire un mot et je pleurais. On trouvait des prétextes pour me faire chier. Mes cheveux, ma peau, mon poids, et après mes formes. Les garçons se lançaient des paris stupides. C'était à celui qui réussissait à me toucher les seins, à me toucher les fesses, et puis les insultes.
- Et tu as décidé de te venger ?
Cela aurait été si risible... Les raisons d'Ivanie n'étaient pas meilleures.
- J'ai décidé que plus personne ne me verrait d'assez près pour voir la chialeuse.
Car elle existait toujours. Elle était restée là, comme un spectre fait d'ombres, qui s'éveillait lorsque le jour déclinait.
La meilleure solution pour que personne n'aperçoive ce double, c'était de se rendre inatteignable, et force était de constater que cela avait payé.
Swann posait sur Ivanie un regard consterné, comme si elle était folle, comme si ce discours n'était qu'une manière de s'excuser. Pourtant, Ivanie n'avait jamais cherché à minimiser ce qu'elle avait fait. Elle assumait ses actes et les regrettait, en être soucieux d'entretenir son propre paradoxe.
- J'ai été comme toi, cracha Ivanie. Je sais exactement ce que ça fait, alors arrête... Arrête de me regarder comme si je comprenais pas ! Je ne suis pas Louie, je ne lui arriverai jamais à la cheville, en rien. Elle est plus brillante que moi, toi aussi, tu es comme elle, et comme la moi que j'ai abandonnée. Tu as pas idée d'à quel point ça me dégoûte.
- Pourquoi tu me racontes tout ça ? s'enquit Swann, qui s'était tassée contre les lavabos où se devinaient des résidus de papier toilette gorgés d'eau.
Ivanie s'humecta les lèvres. Elle avait encore envie de tempêter, de vider son sac. Elle n'avait jamais prononcé ces mots et le besoin qui lui pétrissait les entrailles était presque maladif.
- Tu as une réputation sans tache, je pourrais...
- Raconter tout ça à qui veut l'entendre ? Il y en aurait pas mal qui apprécierait cette version de l'histoire.
Pourtant, Ivanie savait de source sûre que la vérité était rarement la version privilégiée. On prenait celle qui arrangeait le plus, quitte à la remanier à sa façon.
- Tu diras rien, éluda Ivanie, avec force.
D'un geste vif, elle attrapa les cheveux de Swann à leur racine, comme elle l'avait fait à l'occasion de la soirée de Guerlain, et ouvrit la porte des toilettes. Elle tira Swann à l'intérieur, qui se débattait en vain pour lui échapper, et le loquet claqua pour lui retirer toute possibilité de fuite.
J'y veillerai.
***
Madame Siral avait pénétré dans les toilettes avant d'en ressortir aussitôt, blême. Elle avait vu Swann entrer, suivie par Ivanie, alors qu'elle s'apprêtait à monter les escaliers. Elle avait attendu, tentée par l'idée de poursuivre son chemin, puis avait songé à la responsabilité des adultes, dans toute cette affaire. Elle était revenue sur ses pas.
Elle était allée chercher du renfort auprès d'un surveillant. Elle n'appréciait pas forcément la compagnie de Pète-sec, même si son excès de zèle pouvait s'avérer utile. Il passait par là et la jeune femme, qui enseignait que depuis quelques courtes années, n'avait guère le temps de se rendre au bureau de la vie scolaire. Le cœur battant, elle espéra pouvoir compter sur la réactivité de Pète-sec, mais ses explications n'obtinrent pas le retour escompté. Il ne prit pas les choses en main, mais se contenta de demander :
- Quelles élèves, vous avez dit ?
- Ivanie et Swann, elles sont en première, mais je ne crois pas que ça soit le sujet, s'impatienta la prof.
- Elles sont toujours à l'intérieur !
- Oui, et on sera assez de deux pour les déloger.
Elle jeta une œillade au surveillant et pesta entre ses dents.
- Essayez au moins de me suivre.
Elle s'arma de courage. Ce genre de situations étaient aussi peu communes pour elle que pour lui. Elle s'était souvenue des aveux de Sidoine et elle avait une sorte de responsabilité qui pesait sur ses épaules. Il fallait bien que quelqu'un se charge de mettre un terme à ce jeu sordide. Comme beaucoup, elle aurait préféré que ce rôle en incombe un autre qu'elle.
Elle ouvrit la porte des toilettes en grand et s'immisça à l'intérieur. Elle ordonna :
- Ivanie, Swann, vous ouvrez cette porte !
Il eut un instant de latence. Un instant de silence interminable et une voix étranglée s'éleva :
- Ouvre.
C'était Swann et elle s'adressait à Ivanie.
- Soit tu ouvres, Ivanie, soit je fais arracher cette porte et j'envoie la note à tes parents.
La prof se trouva plutôt inspirée. Elle espéra surtout qu'Ivanie ne devinerait pas les quelques trémolos de sa voix.
Derrière le battant, qui ne devait pas être bien solide, Ivanie hésitait. Elle avait de hideux hurlements qui lui pesaient sur la langue et elle dut puiser dans ce qu'il lui restait de dignité pour les garder pour elle. Le loquet sauta et Ivanie croisa son reflet dans le miroir. Une mèche de cheveux lui gouttait le long du front et la colère qu'elle dégageait était monumentale. Elle ne sut pas si c'était plutôt son visage, sa rage, ou encore la position de Swann qui arracha un hoquet de stupeur à sa prof d'anglais.
Swann était agenouillée à même le sol et Ivanie lui tenait la tête à quelques centimètres à peine de la cuvette des toilettes. Si elle avait gardé ses cheveux longs, la pointe de ceux-ci aurait trempé dans l'eau qui tapissait le fond des w.c. C'était le but, que le visage de Swann s'y enfonce. Comme l'alcool lors de la soirée et l'eau des douches, le lundi suivant. On avait interrompu Ivanie quelques secondes avant qu'elle achève son geste. Elle aurait pressé la figure de Swann dans la cuvette et elle aurait sans doute même appuyé sur le bouton de la chasse d'eau.
Parce qu'Ivanie n'avait aucune mesure et, dorénavant, plus la moindre limite.
- Ivanie, lâche ta camarade. Vous sortez toutes les deux !
Ivanie tenait parfois tête à un prof, mais lorsque la situation s'envenimait, elle ne jouait pas de bravoure et elle préférait battre en retraite. Aujourd'hui, elle était allée trop loin. Elle-même en avait conscience et cela ne la rendait pas plus vulnérable. Ivanie agissait exactement comme si elle n'avait rien à perdre. Elle tenait toujours une poignée de cheveux de Swann dans sa main et sa prise ne permettait pas à l'autre de se relever.
Elle savait reconnaître la peur pour lui être tout aussi familière. La prof la craignait et ce pouvoir qu'elle détenait, même infime, regorgea Ivanie de sa toute-puissance. Enfin...
Pète-sec observait la scène, un peu hébété. Il remarqua plutôt une présence masculine, qui fonçait vers lui. Il fit obstacle de son corps et se dressa en figure d'autorité pour adopter une attitude qui lui était bien plus familière :
- Pas de garçons dans les toilettes des filles !
- Vous en faites pas, je suis un cas particulier. Vous demanderez à Monsieur Schmitt.
Guerlain essayait en vain de passer la défense établie par le surveillant. Il ajouta, une touche de sarcasme dans la voix :
- Après tout, je suis pas exactement un homme, si ?
Il réussit à se faufiler dans les toilettes. En passant à la hauteur de la prof, il lui demanda, sans vraiment attendre de réponse :
- Vous permettez ?
En deux enjambées, il fit face à Ivanie et n'eut aucun mal à soutenir son regard. Elle tenait bon, mais quelque chose lâchait prise, tapie au fond d'elle. Il la connaissait, il savait qu'elle ne tarderait plus à capituler.
- Tu la lâches, lui intima-t-il, en détachant chaque syllabe.
- Non.
- Ivanie, Ivanie...
- Je me passe de tes commentaires.
Guerlain se garda de lui signaler qu'elle n'était pas moins lamentable qu'à la soirée.
- Le spectacle est fini, lâcha-t-il.
Ivanie lâcha Swann, aussi simplement que cela. Il avait raison, après tout...
Il était grand temps de rendre son costume.
Pète-sec s'activa enfin. Il tendit le bras pour sortir Ivanie en premier. Il ne s'occupa pas de Swann, les victimes ne l'intéressaient pas. En revanche, il traîna l'autre derrière lui comme un trophée hors des toilettes tandis que Guerlain s'agenouillait devant Swann. Il chassa le vertige qui le déséquilibra, repoussa une mèche de cheveux humide de ses yeux et demanda :
- Toujours en vie ?
- Je suis... Je suis pas sûre.
Il l'aida à se relever, vertèbre par vertèbre et elle se retint à lui pour ne pas vaciller.
- Désolé pour le retard, Anne.
Dehors, Ivanie se débattait mollement pour échapper à la prise du surveillant. L'issue était prévisible, le revers l'était autant. Elle n'était pas surprise. Elle savait qu'elle n'était pas en position de se plaindre de quoi que ce soit, mais elle avait mal.
Elle se sentait exactement comme lorsque le soleil disparaissait, que ses rayons cessaient de la bénir et que les ombres revenaient s'enlacer autour d'elle. Elle se sentait plus mal encore que cela. La nausée lui retourna l'estomac et elle crut qu'elle allait vomir.
- Le bureau du CPE ? proposa Pète-sec, avec la tête de circonstance, animé par un désir du devoir caricatural et qui venait tout juste de réapparaître.
- Non, trancha la prof d'anglais, d'une voix ferme. Le bureau du directeur.
Ivanie s'arracha à la poigne du surveillant, avec fougue, et coupa la parole à la prof qui s'apprêtait à la recadrer, encore. Elle était lasse des adultes moralisateurs, de l'incompréhension, de ce rôle de méchante. Elle avait pourtant tenu à l'endosser, une dernière fois.
- Allez-y, appelez mes parents, virez-moi de l'établissement, faites ce que vous faites toujours ! Avec un peu de chance, mes parents se souviendront de mon existence !
Quoi qu'ils fassent, Ivanie savait qu'ils ne pouvaient rien pour elle.
Encore une fois un très long chapitre. J'espère qu'il ne vous aura pas trop choqué... J'ai hésité à mettre un Trigger Warning alors n'hésitez pas à me le signaler si ça vous semble nécessaire.
C'est un chapitre très costaud et il n'a pas été facile à écrire (bon, pour être tout à fait honnête, on est pile dans les chapitres que j'aime écrire, impactants et durs). Les actes d'Ivanie sont évidemment impardonnables et c'est assez dur d'offrir son point de vue sur les événements sans donner l'impression que je la défends. Disons que j'explique, je n'excuse pas. Elle a des raisons d'agir et ça ne justifie en aucun cas la violence de son comportement, disons que ce sont des travers psychologiques que je voulais aborder. J'espère ne pas avoir été maladroite. N'hésitez pas à me donner votre avis à ce sujet. On reste évidemment respectueux ;)
J'espère que le chapitre vous aura plu malgré tout. Passez une belle semaine !
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