Chapitre 3

Je sors le premier du taxi. Sacoche à l'épaule, j'avise la façade de l'hôtel.

L'hôtel est étrangement positionné à Ottawa. Il est entouré d'arbres qui nous abritent des rayons du soleil. Des sons se mélangent. Des voix, des rires et de l'eau. Je me vois déjà dans une piscine, cocktail en main.

Le bâtiment de deux étages est moderne. L'entrée est décorée de plantes fleuries qui donnent une touche féminine. La porte est vitrée, les murs jaune pâle.

De là où je suis, j'aperçois mon ami à la réception.

Je me tourne et présente ma main à Marion. Elle la saisit, le sourire aux lèvres. Ses yeux verts détaillent à son tour l'hôtel.

— C'est magnifique !

Le travail de Guigui et son père est fascinant. Ils ont eu raison de croire en eux.

Guigui m'a envoyé des photos au fil de la construction du bâtiment. Des années qu'ils sont sur ce projet. J'ai vu un terrain vide, rempli de plantes. Puis, les bases, les erreurs et les problèmes causés par les intempéries. Finalement, j'ai vu les pièces vides meublées et décorées.

Je suis fier de Guigui

Il a trimé bien cinq ans pour ça. Le voir accomplir son rêve me rend fier.

Un employé sort nos valises. Il porte une tenue de travail que je reconnais. Guigui a travaillé avec des couturières pour faire une tenue unisexe. Il m'avait envoyé trois modèles. J'avais choisi celui-ci. Un t-shirt et un pantalon aux tissus doux et fins. Parfait pour l'été. Pour ce qui est de l'hiver, ils ont une veste chaude et un pantalon plus épais.

La couleur noire est sobre. Le logo de l'hôtel est Doré.

Il ressort bien, positionné au niveau du pectoral gauche. C'est net, précis. Le travail des couturières est parfait.

L'employé nous interpelle. Son accent canadien m'amuse.

Je l'imite dans ma tête.

"Je porte vos valises dans vos chambres."

Je retiens un rire.

L'homme nous salue et part avec nos affaires. Il disparaît dans l'hôtel.

Marion agrippe mon bras, après avoir placé son sac à main sur son épaule gauche.

Nous nous sourions, contents et détendus.

Bras dessus, bras dessous, nous entrons dans le somptueux hall. Il est baigné dans une luminosité incroyable, grâce aux vitres. Nous scrutons les moindres détails. Tout est parfaitement placé. Plantes, fauteuils, décorations. Le hall est grand. En face de la réception se trouvent des sièges. Quelques clients sont assis, attendant sûrement leurs tours.

— Romain ! s'écrit Guigui heureux. Il ne manquait plus que toi. Ça m'étonne. Toi qui es toujours premier et as horreur des retards.

Mon ami contourne la banque. Il porte lui aussi la tenue de travail qu'il a choisi. Un badge est accroché à son tissu. Sur le papier blanc est écrit Guigui Tsamère, Directeur Général.

Le client qui était adossé au bois, range ses papiers dans son sac et s'en va.

— Salut. On a eu quelques soucis dans la voiture.

De nature inquiète, il fronce les sourcils.

— Merde, c'était grave ? s'inquiète mon ami.

— Non. Marion a été malade dans le taxi. Le contrecoup de l'avion. On a dû s'arrêter à plusieurs reprises.

Cette dernière me flanque un coup de coude dans les côtes. Je fais mine de souffrir. Elle adresse un large et faux sourire à mon ami.

Guigui plonge ses prunelles dans les siennes. Un fin sourire étire ses lèvres.

— Bonjour. Ravi de vous rencontrer, Madame. Romain m'a beaucoup parlé de vous.

— Bonjour, répond-elle en souriant. Moi de même. Il m'a vendu votre hôtel comme un petit paradis ! Oh, il a parlé de moi ? En bien, j'espère ?

Il lui fait un clin d'œil.

— Plus que bien !

Marion me coule un regard qui en dit long. Je lève une épaule.

Que veut-elle que je dise ? Que oui, j'ai parlé d'elle à tous mes amis ? Que je rabâche ce que je ressens quand je lui parle, quand je la vois ?

— Je note ta trahison, sifflé-je entre mes dents.

Guigui lève les yeux au ciel. Il sait que je plaisante.

— S'il a d'autres trahisons à me faire part et qui me concerne, je suis toute ouïe.

Elle ne perd pas le nord ! C'est d'ailleurs bien ce qui me captive chez elle.

Ça et sa mentalité.

Son élocution m'a rendu faible. Si j'ai matché pour son physique et sa biographie sur l'application, lui parler n'a rien changé. J'ai eu un coup de cœur pour elle. Pour son intelligence, son timbre de voix.

Guigui rigole en secouant la tête.

— J'en ai pleins en stock, annonce Guigui, mais je ne dirai rien. Je suis désolé.

Son menton glisse sur sa droite. Il avise un couple de personnes âgées entrer dans son établissement.

— Nous en parlerons ce soir, au restaurant. Je vous laisse les clés de votre chambre. Mon travail m'appelle. Je n'ai pas envie que mon père me trouve en train de glander.

C'est vrai, il est en plein service. Son père, Julien, est à cheval sur le travail. Sur tout, d'ailleurs. Tout doit être parfait. Pas un mot de travers, ni de mauvais regard. De prime abord, il semble méchant.

Et c'est le cas !

Julien est froid, agressif. Il aime Guigui, ça c'est sûr. Mais il a tellement peur de le perdre qu'il adopte une attitude extrême. Je me souviens au lycée de ses interdictions. Pas de copines, de bonnes notes. Guigui se devait d'être parfait. Pas un seul pas de travers.

Si les exigences de son père ont payé pour l'hôtel, je doute que Guigui continue ainsi. Il finira par tomber amoureux ou désira de nouvelles choses et se rebellera.

Ce sera une étape douloureuse pour les deux hommes.

Une étape qui pourra briser leur lien.

Mais je suis convaincu que tout se terminera bien. Julien n'est pas idiot. S'il aime son fils, il voudra le meilleur pour lui. Le déclic ne s'est juste pas encore produit.

Ce que je comprends !

Il a perdu sa femme à la naissance de Guigui. Depuis, il gère tout. Il a élevé son fils, lui a donné un toit. Il n'a jamais baissé les bras et abandonné. Il a tout fait pour lui, encore plus durant le deuil.

Guigui repasse derrière le comptoir et scrute son écran d'ordinateur. Le téléphone sonne, il répond tout en attrapant une clé dans le tiroir de son meuble.

"Chambre 28". Nous le remercions en silence. J'attrape la clé, tandis qu'il répond.

— Bonjour... Le petit-déjeuner est compris dans le prix. Et nous avons un restaurant.

Au loin, sa voix disparaît. Marion et moi contemplons la vitre sur un petit chemin de sable. Des arbres offrent de l'ombre. Sur un écriteau est noté "Plage".

Je savais la mer proche de l'hôtel, mais pas à ce point !

Un petit chemin de sable nous sépare de l'eau.

— Je pensais avoir ma propre chambre.

Je baisse les yeux. Marion resserre mon bras et me tire vers elle.

— C'est toi qui as demandé une chambre pour deux ?

Démasqué.

Je préfère passer pour un idiot en disant la vérité, que mentir. Elle s'en rendra de toute façon compte. Et je n'aime pas mentir. À part pour les anniversaires surpris, cadeaux et protections, cela ne sert à rien.

— Oui. La saison est complète et...

Mon excuse l'amuse.

Elle balaye le vent de sa main.

— T'as bien fait.

Nous nous engouffrons dans le couloir. Une porte avec un écriteau "Escaliers" est à notre droite. À notre gauche, un ascenseur. Le couloir continue. Une dizaine de portes fermées sont numérotées.

Notre chambre n'est pas là. Elle est sûrement au deuxième étage.

— Escalier ?

— Non, ascenseur ! réplique-t-elle.

Bien sûr, j'aurais dû m'en douter.

Elle avance, appuie sur le bouton qui clignote et attend. Les secondes défilent. L'ascenseur arrive et nous pénétrons dedans. Je presse le bouton numéro 2.

— C'est quoi le planning ?

Je lui annonce le programme. Plage, glace et restaurant. Cela l'enthousiasme. Elle trépigne d'impatience. Puis, ses sourcils se froncent. Elle aborde un air intrigué.

— On doit les attendre pour aller à la mer ?

Sa question m'étonne. Vu sous cet angle, oui, ça paraît absurde.

— Euh, non. Enfin, nous sommes en vacances en groupe. Mieux vaut faire les activités ensemble. Sinon nous serions partis que tous les deux.

Elle opine du chef silencieusement.

Demain matin, nous visiterons la ville. Nous serons guidés par Guigui. Pour l'après-midi, c'est simple ; plage. Un programme qui m'enchante.

Nous trouvons notre chambre facilement. Nos affaires nous attendent sur le grand lit double qui trône au milieu de la pièce.

Le drap est bleu, les taies d'oreillers bleu pastel. Deux carrés de chocolat ont été déposés. Marion en attrape un entre ses doigts et le déballe.

Je souris à cette vision et m'assieds à côté de ma valise verte.

— Tu veux faire une sieste ? proposé-je.

Marion lève une épaule, embarrassée.

— Ça dépend quel genre de sieste tu me proposes.

Son sous-entendu m'arrache un rire. Pour appuyer ses mots, elle s'allonge sur le lit en écartant les bras. Son invitation est explicite.

Pourtant, je ne me jette pas sur elle. Du moins, pas encore. J'ai besoin de pisser.

Je me lève et me dirige dans la salle de bain.

— Bon, bah ce sera une vraie sieste, suppose-t-elle agacée.

Lèvres scellées, je ferme la porte derrière moi. La salle de bain est petite. Elle contient une douche, un évier, des toilettes, un porte-serviette et une poubelle. Des serviettes blanches sont pilées sur le porte-serviette.

La pièce sent le propre.

Je lève la cuvette et libère mon membre. Une fois terminé, je nettoie mes mains et retourne dans la chambre.

Marion est allongée. Ses paupières sont fermées et sa poitrine se soulève lentement. Sa robe jaune aux motifs floraux est relevée sur ses cuisses.

J'avance. Sa respiration est douce. Elle dort. Cela ne fait aucun doute.

Pas question de la réveiller. Si elle s'est endormie, c'est qu'elle en a besoin.

Je m'installe à ses côtés. Du moins, comme je peux. Elle a pris toute la place. Je me retrouve serré, sur le bord du lit gauche.

Elle est toute petite, fine et prend toute la place. C'est fascinant !

Au fil des minutes, je m'ennuie. Je saisis mon cellulaire et vogue dessus. De nouvelles notifications apparaissent. Je les inspecte toutes et réponds à mes abonnés.

Une heure et quelques passes. Marion se réveille enfin. Elle s'étire, me fout au passage un coup à l'épaule, tout en bayant.

— Oh, je me suis assoupie.

— Tu as dormi comme un bébé, remarqué-je amusé par ses traits tirés.

Elle paraît gênée. Ses iris verts glissent sur mon téléphone. Je le dépose sur la table de nuit.

— Désolée.

— Ne t'en fais pas. T'en avais besoin.

Elle acquiesce, avant de se lever. Sa robe retombe. Ses cuisses nues sont désormais couvertes, pour mon plus grand désarroi.

— Si tu es partante, on peut filer à la mer tous les deux. Ils nous rejoindront.

Marion sautille sur ses pieds. Elle est heureuse et tape dans sa main. Sa joie de vivre est contagieuse. Un vrai rayon de soleil !

— Super ! Je vais me mettre en maillot.

Telle une fusée, elle prend ses affaires et s'enferme dans la salle de bain.

Lorsqu'elle ressort, je la contemple. Son maillot de bain rouge se marie bien avec sa peau hâlée et ses cheveux châtain clair.

Sa poitrine généreuse attire mon regard. Je me perds dans son admiration. Pour marcher jusqu'à la plage, elle enfile une robe rose légère. J'étudie le moindre de ses mouvements.

— Tu as prévenu tes amis ?

Je fais un oui de la tête, captivé par son corps. Niles ne m'a pas répondu, mais Isaure et Pete, oui. Ils n'y voient aucun souci.

Niles dort, Isaure profite du calme pour scroller les réseaux sociaux et Pete lit un magazine.

— Ils nous rejoindront après, déclaré-je.

— Tu veux dire dans dix minutes ?

Elle arque un sourcil et adopte une mine moqueuse.

— Très drôle. Je file me changer.

J'attrape ce dont j'ai besoin. Ma serviette de plage, mon maillot de bain mes lunettes de soleil et ma crème solaire.

Un petit tour rapide dans la salle de bain, et nous quittons la chambre. Pour le trajet, j'ai mis un short gris et un Marcel bleu ciel.

Nous passons devant l'accueil. Guigui m'adresse un rapide signe de la main, avant de répondre au téléphone. Il est débordé, mais son sourire ne dépérit pas.

— Je pensais qu'il bossait avec son père.

— C'est le cas. On devrait le voir ce soir au restaurant.

Julien Tsamère médusera Marion. Si Guigui est ouvert, attentionné et gentil, son père est le contraire. Enfin c'est le genre qu'il se donne.

Sur le petit chemin de sable, nous discutons de mes amis. Elle me pose des questions sur Pete. Son comportement de la veille ne l'a pas échappé. Il lui reste même en travers de la gorge.

Temps que ce n'est pas mon ami qu'elle a en travers de... Merde ! J'éloigne cette pensée immonde en secouant ma tête.

— Tes amis ne voulaient pas de moi ? Ça me met mal à l'aise.

Je retiens Pete et ses conneries ! Voilà qu'il a incrusté une bêtise monstrueuse dans sa tête.

Je dépose mon bras à sa taille. Légèrement penché, je lui dévoile la vérité.

— Ils ont voté. Ils étaient tous d'accord. Même Pete était heureux que je fréquente de nouveau une femme.

— Carrément, heureux !

Elle roule des yeux.

— Je t'assure ! m'exclamé-je. Il n'est pas méchant, tu sais. Il lui faut du temps. Il a beaucoup souffert dans la vie.

— Il n'est pas le seul à souffrir. Ç'a été aussi mon cas, plus jeune. Mais ce n'est pas une raison pour être désagréable.

Son ton est sec. Je retiens ma respiration une fraction de seconde. J'ai conscience que la discussion glisse sur un chemin délicat.

— Tu marques un point.

Sa réponse est déroutante. Qu'a-t-elle pu vivre étant jeune ? Ma curiosité est exacerbée. Je m'enquis de son passé.

— Tu as vécu quelque chose de grave ?

— Je ne souhaite pas en parler. Pas maintenant, du moins. C'est encore douloureux.

Elle bafouille, ses doigts tremblent. Elle n'est pas à l'aise. Je n'insiste pas.

— Oh, tu entends ça ?

Le bruit des vagues s'écrasant sur le sable caresse mes oreilles. Nous avançons, impatients.

La mer apparaît. La plage est bondée. Des dizaines de personnes sont allongées sur des serviettes de tailles et couleurs différentes. Les grains de sable chauds chatouillent mes pieds. Nous longeons la côte, main dans la main. Les mètres s'allongent. Nous trouvons un coin tranquille. Enfin, façon de parler. C'est juste une zone où nous pouvons poser nos affaires ; sans sentir la transpiration du voisin, ou entendre un gamin hurler dans nos oreilles.

Le vent frais souffle sur nos chairs. Le bruit des vagues m'apaise et m'excite à la fois. Mon imagination créer une multitude de scénarios.

Moi, portant et jetant Marion dans l'eau. Puis, seuls, dans un petit coin de paradis, liant à nouveau nos corps.

Nous nous installons. Mais très vite, la mer nous appelle. Marion est la première à plonger. Elle sort la tête de l'eau et me fait un signe de la main.

— Qu'est-ce que tu attends pour retirer ces vêtements ? Que je le fasse ?

J'acquiesce du menton. Marion passe la main dans ses cheveux bruns.

— D'accord, lance-t-elle en me dévorant du regard.

Ni une ni deux, elle quitte l'eau et traverses les mètres qui nous séparent. Face à moi, ses doigts attrapent le bord de mon haut et le retirent avec précaution. Je me laisse faire sans broncher. J'apprécie même ce traitement de faveur.

Elle attire les regards. Deux vacanciers observent son petit jeu. Je les ignore.

Elle est concentrée. Ses doigts baissent la fermeture éclair avec agilité. Elle retire mon vêtement, me libérant enfin.

— Voilà, c'est mieux ainsi.

Sa langue se faufile sur la lèvre supérieure. Elle la lèche en mâtant mon corps imposant.

— Oui, beaucoup mieux ! Merci. Le dernier à l'eau à un ga...

Je n'ai même pas terminé ma phrase que Marion file à vive allure jusqu'à la mer. Elle entre sans se retourner. Je suis à la fois amusé et déçu.

Je viens de perdre. Et en beauté !

Le soleil tape sur ma peau. J'ai chaud, malgré le petit vent. Je déambule entre les vacanciers. L'eau claire entre en contact avec mes pieds. Elle est tiède.

Contrairement à toutes attentes, le reste du groupe nous rejoins une heure et demie après. Durant ce laps de temps, Marion et moi nous sommes baignées et embrassés. Je l'ai laissé me couler. C'était drôle de jouer avec elle.

Le temps s'est déroulé affreusement vite. Mais je sais que nous nous retrouverons seuls bientôt. Ce soir, dans notre chambre.

***

Guigui nous salue. Il baise les mains des deux femmes et serre les mains des hommes.

Nous sommes à table, dans le restaurant de l'hôtel. Nos repas nous ont été servis. Nous attendions avec impatience notre ami.

Ce dernier se joint à nous. Il s'installe en bout-de-table, à droite de Niles et à gauche de Marion.

— Alors les potes, comment trouvez-vous l'hôtel ? nous questionne Guigui.

Nous lui envoyons une pluie de compliments. Son travail a porté ses fruits. L'hôtel des Trois Flots est splendide.

— Merci ! Je sais que tout est parfait. Surtout grâce à moi.

— C'est du super boulot, complimenté-je, sincère. Et ça a l'air de plaire.

Je désigne les tables alentours. Elles sont toutes prises. Les clients discutent et mangeant dans la bonne humeur. C'est beau de voir ça.

— Merci, mec. Mais, stoppons là les compliments, même si j'en raffole. C'est l'heure de manger ! Bon appétit.

L'entrée présentée devant moi me donne envie. J'ai opté pour une salade de pâtes.

Nous dégustons notre repas. Les plats s'enchaînent. L'appétit se tarit. Le dessert, une succulente part de Forêt noire, me rassasie pour de bon.

Ce dîner a été copieux. Il conclut bien la journée.

— Bon, je dois ramener mon père sur terre.

Guigui se lève, une moue accrochée à ses lèvres. Il est déçu et le montre. Son père est resté enfermé dans son bureau. Il ne nous a pas rejoints. Il est sûrement débordé.

— Il pointera bien le bout de son nez avant la fin des vacances ! suppose Isaure.

Isaure, tout comme Marion, n'a jamais rencontré son père. Tout ce qu'elle sait à son sujet est ce que je daigne raconter. Quant à Niles et Pete ; ils l'ont déjà croisé une fois. Pete, pendant le déménagement pour Guigui et son père. Nous leur avions prêté main forte. Et Niles durant un appel vidéo avec Guigui.

— Tu ne m'avais pas dit qu'il était tout le temps sur ton dos ? Demandé-je.

Il acquiesce sombrement.

— Depuis plusieurs jours, il se fait tout petit. Je le vois de temps en temps m'examiner pendant que je bosse. Avant, il était collé sur moi âge 24... H24, pardon. La fatigue pointe le bout de son nez.

Il rigole en se levant.

— Je file. Si vous avez le moindre problème, appelez-moi. Et ne tardez pas, les enfants. Demain, on décolle à neuf heures. Soyez en pleine forme, car je ne vous ferais pas de cadeau !

Je sens que la visite de la ville va mal se terminer. Cette inquiétante impression noue mon estomac. La dernière fois que j'ai eu cette sensation, mes parents ont retrouvé le cadavre de ma sœur.

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