Notre nouvelle !
On raconte qu'il y a plusieurs millénaires, une prophétie fut prononcée dans une planète lointaine, nommée Potentia. Cette planète portait bien son nom, qui signifiait "la puissance" en latin, car ses habitants possédaient des pouvoirs magiques : ils pouvaient se métamorphoser en certaines créatures et éléments. Certains habitants de Potentia avaient aussi le don de prononcer des prophéties, qui n'étaient pas très compréhensibles, mais qui finissaient toujours par se réaliser.
C'est ainsi qu'il y a plus de 3000 ans, un grand prophète annonça que la prochaine jeune fille née aux croisement des deux lunes Ja et Ne aurait un destin glorieux, combattrait les ténèbres, et brillerait à tout jamais.
Il faut savoir que Ja et Ne ne se croisaient qu'une fois tout les 100 ans, durant environ dix minutes. Mais, me direz-vous, c'est assez probable qu'un enfant naisse durant ces quelques minutes, après tout, sur Terre, environ cinq enfants naissent chaque seconde. Mais ce n'est pas aussi simple que cela. En effet, tout les 100 ans, peu de temps avant le croisement des lunes et pour une raison inconnue, la température de Potentia augmentait considérablement, et causait bon nombre de morts, notamment celles de beaucoup d'enfants, avant même qu'ils n'aient pu voir le jour. Il était donc très difficile de donner naissance à un bébé à cette époque de l'année. Pourtant, cet exploit était réalisable, car, quelques siècles plus tard, deux modestes paysans, nommé Emily et Dan, donnèrent naissance à leur fille au moment où les chemins des deux lunes se superposaient et où la chaleur grimpait jusqu'à son point culminant.
Cette fille était très belle : Elle avait de courts cheveux roux, et de magnifiques yeux marrons, les mêmes que ceux de sa mère. Sa peau laiteuse faisait penser aux deux astres qui l'avaient vus naître.
Ses parents, aux anges, l'appelèrent Jane, en l'honneur des deux lunes qui avaient fait de leur fille une enfant si spéciale. Mais, ce que personne n'avait prévu, pas même le prophète, c'était qu'un autre enfant sortit du ventre de la mère six minutes plus tard. Et oui, Jane avait un frère jumeau, que ses parents appelèrent Eden, prénom qui était également celui du prophète ayant prédit l'honorable destin de Jane.
Malheureusement, la mère de la jeune fille mourut en donnant naissance à son frère. Son mari s'effondra sur le moment, mais se reprit rapidement. Il fallait qu'il protège ses enfants. C'est ce que sa femme aurait voulu. Bientôt, le monde entier apprendrai que sa fille était celle de la prophétie, et elle serait alors assaillie de toutes parts par des organisations ennemies redoutant qu'elle cause leur perte. Le groupe que Dan craignait plus particulièrement était celui dont les membres se faisaient appeler les Invisibles. Ce nom n'était pas choisit au hasard ; il provenait du fait que tout les Invisibles savaient se métamorphoser en air, ce qui était un exploit très compliqué à réaliser, même pour les plus grands métamorphes.
Le père des deux enfants prit donc une décision : il rassembla le peu d'argent qu'il lui restait, et les inscrivit à Morpho School, pour trois an d'apprentissage, que les enfants commenceraient dans quelques années. Mais avant le début de la scolarité de Jane et Eden, un drame arriva : Des personnes encapuchonnées débarquèrent dans leur modeste maison, et saccagèrent tout sur leur passage. Dan, entendant le bruit, comprit que les Invisibles étaient dans leur domicile, et qu'ils cherchaient Jane. L'homme ordonna donc à sa fille de se cacher avec son frère. Les deux enfants, les larmes aux yeux, entrèrent dans un placard et refermèrent doucement la porte. Ils entendirent des pas se rapprocher, et retinrent leur souffle. L'œil collé à l'entrebâillement de la porte, Jane observa la scène qui se déroulait au dehors. Son père barrait le passage au groupe d'hommes.
— Donnez-nous votre fille, grogna l'un d'eux, et il ne vous sera fait aucun mal.
Dan ne broncha pas, près à tout pour que ses enfants aient la vie sauve. Voyant qu'il ne leur obéirait pas, l'homme dégaina alors une longue lame dorée, et attaqua sans relâche le père de Jane. La jeune fille se recroquevilla dans son placard. Son père continua de se battre, malgré les entailles de la lame sur sa peau. Soudain, l'homme transperça Dan de son arme. Celui-ci s'effondra en crachant du sang. Jane, n'en pouvant plus, sortit de sa cachette.
— Papa ! s'écria-t-elle, les yeux remplis de larmes.
— Adieu, mes enfants, lui répondit simplement son père, avec un maigre sourire.
Puis il prononça une formule magique, dont les mots resteraient à jamais gravés dans la tête de sa fille : Sacrificium ! Cette formule est un sort puissant qui permet de se sacrifier pour protéger les êtres que l'on aime, mais nous n'avons à ce jour aucunes indications nous permettant de comprendre au mieux comment fonctionne ce sort.
Puis du corps de Dan émergea un pluie de couleurs qui éblouit la jeune fille. Celle-ci ferma les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, elle se trouvait à genoux, la main dans celle de son frère, et le cadavre de son père à ses pieds. Du haut de leurs douze ans, les deux enfants venaient d'assister à la mort de leur père.
Jane leva alors les yeux, et constata qu'elle ne se trouvait plus chez elle, mais dans un grand bâtiment avec de très hauts plafonds, ornés de nombreuses sources de lumière. L'instant d'après, elle se rendit compte qu'un groupe d'élèves s'était formé autour d'elle et son frère. Ils la dévisageaient avec un mélange de curiosité et de dégoût, sans aucun doute dû au mauvais état de ses vêtements et du cadavre qui gisait à coté d'elle, et qui dégageait une odeur pestilentielle.
Soudain, un vieil homme à la longue barbe grisonnante sortit de la foule et s'adressa aux deux enfants :
— Vous êtes bien Jane et Eden ? leur demanda t-il avant de s'adresser aux deux hommes se trouvant derrière lui. Nettoyez le corps, s'il vous plaît.
— Euh... Excusez-moi ? Vous êtes... ? s'interrogea Jane.
— Voyons, mon enfant, je suis le Directeur de cette école, et un ami de feu votre père.
Comprenant soudain la réalité qui s'imposait à elle, la jeune fille s'exclama :
— Nous sommes à Morpho School ?
— Oui. Montrez-leur l'établissement, dit-il en s'adressant cette fois-ci à quelques enfants un peu plus âgés que Jane.
Il se tourna à nouveau vers Jane :
— Je vais vous mettre directement en classe avancée, j'ai eu vent de vos prouesses par votre défunt père.
Sur ce, il repartit, n'attendant visiblement pas de confirmation de la part de la jeune fille.
***
Cela faisait déjà quelques heures que Jane était partie visiter l'école. Elle avait eu le temps de se lier d'amitié avec les trois enfants qui l'accompagnaient : Maxime, Matthieu et Axel, qui seraient dorénavant ses camarades de classe.
Ils discutaient tranquillement de leurs projets à venir, lorsqu'un cri retentit. Jane aurait reconnu ce cri d'entre tous ; c'était celui de son frère. Affolée, elle courut dans la direction d'où provenait l'appel, tout en s'époumonant :
— Eden ! EDEN !
Elle essuya ses larmes qui lui brouillaient la vue, courant aussi vite qu'elle le pouvait. Elle entendit ses amis l'appeler, mais décida de les ignorer, de ne pas leur répondre, afin de ne pas gâcher son souffle. Dans sa course, une pensée fit malgré tout son apparition, et la jeune fille se hâta de se métamorphoser en guépard, pour que la force de l'animal augmente sa vitesse. Les cris d'Eden se faisaient de plus en plus proches, et le cœur de Jane battait à tout rompre.
C'est alors qu'elle les aperçus. Ses ennemis. Ils étaient une vingtaine environ, tous vêtus d'une cape noire, la capuche rabattue sur leur visage. Les Invisibles. Ils étaient accompagnés d'un couple de dragons, un mâle et une femelle. Sans même entendre les cris de son frère — les Invisibles l'avaient sûrement assommé —, Jane avait deviné que le garçon était retenu prisonnier dans la gueule de la dragonne, car elle savait que les dragons étaient très affectifs : il suffisait de leur donner à manger pour qu'ils vous obéissent. Mais si une autre personne donnait de la nourriture à un dragon mâle, il ne serait plus loyal envers la première personne lui en ayant donné, tandis que les dragonnes restaient fidèles à leur premier maître, et étaient également des adversaires redoutables. Jane s'apprêtait à fondre sur l'ennemi sans réfléchir, comme à son habitude, quand une main la retint, posée sur son épaule. La jeune fille se retourna, bouillonnant de fureur, prête à repousser cet adversaire si lâche qu'il l'attaquait par derrière, mais elle découvrit que c'était en réalité Maxime qui la retenait.
— Qu'est-ce qu'il y a ? leur demanda-t-elle, en proie à une rage sans bornes.
— Avant d'attaquer sans réfléchir, tu devrais les écouter. Je crois qu'ils veulent te demander quelque chose, lui répondit calmement Maxime.
En effet, la personne positionnée légèrement devant le groupe d'ennemis et qui semblait être leur chef, se racla la gorge, puis enleva lentement sa capuche, révélant ainsi un visage au teint blafard, couvert de cicatrices, des cheveux blancs, et de gros yeux globuleux, sombres comme la nuit. Un frisson de dégoût parcouru le corps de Jane et de ses amis.
L'homme entama d'une voix rauque :
— Jane...
La manière dont il prononça son nom fit frémir la jeune fille.
— Jane, répéta-t-il, si tu veux que ton frère ait la vie sauve, accepte de mourir sans faire de résistances...
— Pas question, l'interrompit Matthieu. Elle ne mourra pas !
— Le choix revient à la petite, répliqua froidement l'homme.
— Je ne suis pas peti..., commença Jane.
— Chut ! souffla Axel, agacé.
Puis il reprit d'une voix forte :
— Non, ce choix ne lui revient pas, car, même si elle décide de mourir, nous l'en empêcheront !
À ces mots, tous les amis de Jane poussèrent un cri de guerre, ce qui redonna un brin d'espoir à la jeune fille. L'homme aux cicatrices, lui, étira ses lèvres putréfiées en un sourire cruel, puis éclata d'un rire machiavélique. Renversant la tête en arrière, il émit un gloussement abominable qui fit trembler les murs de la grande école, puis, retrouvant son sérieux, il déclara :
— Tant pis pour vous. Je vais devoir tous vous décimer !
Puis il sortit de sous sa cape une énorme lame dorée, ressemblant à un couteau de cuisine dont on avait triplé les dimensions. Le bout de l'arme, légèrement courbé, était maculé de sang.
— T... toi ! bredouilla Jane, à la vue de l'arme.
— On se connaît ? répondit l'homme avec nonchalance.
— C'est toi qui a tué mon père ! C'est cette arme qui lui a transpercé le corps ! explosa la jeune fille, montrant la lame qui luisait dans l'atmosphère sombre de la pièce.
— C'est vrai... dommage qu'il se soit sacrifié pour toi. Cela aurait été plus simple de te tuer dans ta jeunesse.
Jane, n'en pouvant plus, se jeta sur l'homme, mais Maxime la retint à nouveau.
— On va s'occuper de lui et des autres, toi, Jane, affronte le dragon mâle. On délivrera ton frère une fois la bataille terminée !
Jane regarda le dragon qu'ils lui désignaient. Il était grand, avec des dents pointues. Sa couleur noire indiquait sa grande puissance. Mais enfin, ce n'était pas cela qui allait l'arrêter. Une fois qu'on a vu la mort, on devient un peu plus insensible. Du moins, c'est ce qu'elle espérait...
Elle chercha de la nourriture dans ses poches, afin de nourrir l'animal, mais ne trouva rien. Elle allait devoir l'affronter.
Elle décida de se transformer en un majestueux oiseau, un aigle, parce que tout individu qui se respecte sait que le seul point sensible du dragon n'est autre que ses yeux. Sans eux, il ne peut pas voir, et son énergie Magique s'échappe, le tuant à petit feu. Ce qui fait que le dragon est très difficile à tuer, c'est la proximité avec sa bouche, et donc le feu qu'elle produit.
Jane décida de s'approcher, d'abord doucement, sans faire de bruit, ce qui était plutôt facile, puisqu'elle volait. Son coeur battait à tout rompre. S'il la remarquait, cela diminuerait ses chances de le tuer de moitié. Malheureusement, ce que la jeune fille craignait arriva. Il se tourna vers elle, l'ayant repérée on ne sait comment. Il cracha du feu, que Jane parvint à éviter de justesse, mais carbonisa au passage quelques-unes des magnifiques plumes de l'animal dont elle s'était métamorphosée. Le dragon, voyant rouge, se rendit à peine compte qu'il avait seulement réussit à la mettre en colère, et Dieu seul savait que mettre en colère la jeune fille était une mauvaise idée. Très mauvaise, même...
Lui, c'est sûr, elle ne le laisserait pas s'en sortir vivant.
Le dragon cracha de nouveau du feu, mais, ayant compris sa tactique, elle l'évita. C'est là que tout allait se jouer. Il fallait au dragon une dizaine de secondes pour pouvoir recracher du feu, et Jane comptait exploiter cette faille au maximum. Elle s'approcha dangereusement de ses yeux et de sa bouche. Le dragon commença à comprendre. Il bougea sa tête très vite, comparé à sa taille. En moins de deux secondes, Jane esquiva son attaque, et mit toutes ses forces dans le coup qu'elle donna de son bec. Un de ses yeux - le droit - se creva. Plus qu'un, et il mourrait. Profitant du fait qu'il était légèrement assommé, elle fit de même avec son œil gauche. Le dragon s'affala, couché sur le ventre, la vie s'échappant lentement de lui. Il ferma ses paupières, et reprit une dernière fois son souffle. Son corps tressauta, puis, plus rien. Comme pour lui dire adieu, un grand silence se fit.
Jane se tourna alors vers ses amis, qui étaient en train de combattre tant bien que mal pour sauver son frère. Bien qu'imaginant qu'ils pourraient réussir à abbatre le tueur de son père, la jeune fille ne voulait pas les laisser faire. Elle voulait qu'il meure, certes. Mais de ses mains, et seulement des siennes.
Elle s'avança courageusement vers lui, sans savoir réellement ce qu'elle faisait. L'envie meurtrière qu'elle avait eu il y a quelques instants lui fit peur. Peur que se soit sa vraie personnalité. Peur qu'elle ne puisse pas retourner en arrière. Mais, à présent, il était trop tard. Trop tard pour faire marche arrière, trop tard pour reculer. Quoi qu'il en coûte, elle le tuerai. Elle décida de se transformer en un majestueux lion, et montra les crocs, bien que sachant qu'elle n'arriverait pas à le battre. L'assassin de son père s'était transformé en air. Depuis le début, il ne faisait que jouer. Jouer avec elle. Avec sa peur. Avec ses amis. Avec son frère.
Elle s'était promise de le tuer. Elle n'allait pas renoncer. Pas maintenant qu'elle était si près du but. Son devoir était de protéger son frère. Même si elle devait y perdre la vie. Jane prononça alors un mot. Un seul. Le dernier mot. Celui qui allait tout changer. Le mot qui avait été prononcé par son père quelques heures auparavant :
— Sacrificium !
La jeune fille entendit ses amis crier son nom. Elle entendait également son frère, qui avait dû être libéré grâce à son sort. Elle sentit toute leur souffrance, toute leur tristesse. Sa vie défila devant ses yeux.
Les quelques moments de joie passés avec son père se gravèrent dans sa tête. La seule image de sa mère qui provenait d'une photo prise lorsque celle-ci était encore jeune.
Les soirs où son frère venait la voir dans sa chambre, pour lui confier ses problèmes. Les nuits passées à le rassurer, le consoler. Ses rires. Ses colères. Sa joie. Sa peine. Jane s'était toujours sentie responsable de son frère. Même s'ils avaient le même âge, Eden était un garçon sensible, qui avait constamment besoin de protection. Jane lui avait toujours offert la sienne. Elle ne se souvenait pas lui avoir déjà dit "non". Ils avaient tout partagé ensemble. Son frère, c'était sa moitié, son envie de vivre. S'il mourrait, elle ne s'en remettrai pas.
Alors, elle avait fait le choix de se sacrifier, faisant disparaître avec elle les Invisibles, et sauvant ses premiers et derniers amis, ainsi que la seule famille qui lui restait, son frère.
Ses amis et son frère pleurèrent devant son corps inerte. Elle s'était sacrifiée pour les sauver. Eden, désespéré, s'écria :
— Non ! Elle ne peut pas être morte ! Impossible ! Elle était destinée à briller à jamais...
Il est vrai, ce destin, personne ne l'avait imaginé. Pourtant, d'une certaine manière, le prophète qui avait annoncé son grand avenir ne s'était pas trompé, car, à sa mort, Jane se transforma en constellation. Les étoiles qui la composaient brillèrent à jamais, et, chaque soir, elle combattait les ténèbres, comme l'avait prédit le prophète. Son histoire fut transmise à travers Potentia par son frère, puis parvint - on ne sait comment - jusqu'à notre planète, la Terre. L'histoire de Jane devint un conte qu'on racontait aux enfants pour leur rappeler la force de l'amour et du sacrifice.
Nombre de mots : 2794.
Nombre de mots du résumé (sans compter le fait que la nouvelle a été écrite avec Danseusepatate) : 55.
Encore merci du concours !
Alice et Katie.
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