🅝︎🅞︎🅔︎🅛︎ : ʟᴇ ᴠᴏʟᴇᴜʀ ᴅᴇ ᴄʜᴀᴜssᴇᴛᴛᴇs

" Dans ce pauvre village reculé de toute civilisation extérieure, la fête de Noël était en préparation. Alors que l'ambiance festive aurait dût être au rendez-vous, les villageois étaient affolés. Leur petite tradition risquait de tomber à l'eau et tout cela à cause d'un délinquant qui se pensait sans doute malin. Cependant, ils avaient beau faire mine de rien sur l'identité de ce malfrat, tout le monde avait deviné de qui il s'agissait. Marco Bott, le fils du vieux Denis, le chasseur.

Cet enfant de neuf ans n'était pas inconnu du village, durant cette année le peuple avait déjà eu affaire au gamin. Ils avaient beau laisser couler à chaque fois, ce soir du 24 décembre ce fut trop pour eux. Marco avait dépassé la limite, le vol de ces chaussettes ne se ferait pas pardonner. Cette tradition de Noël se trouvait être très importante pour les villageois et tous les habitants le savaient bien. Personne ne prendrait donc le risque de ruiner cette fête au vu de lourdes conséquences. Et le pauvre enfant ne s'attendait certainement pas à ce qui allait lui arriver durant cette nuit qui fêtait la naissance du Christ.

La nuit tombait, tous les habitants se réunissaient sur la place du village. Beaucoup s'échangeaient des regards, se demandant ce qui allait arriver au garçon. Et ce fut le sujet de cette réunion, excluant le concerné et son père. Pendant ce temps-là, le jeune Marco attendait que son père rentre de la chasse. Il devait ramener le sacrifice pour fêter le Christ, à minuit.

«- Marco ! Mon chéri, je suis rentré, annonça le père du garçon en ouvrant la porte de leur petit cabanon.

- Papa ! Regarde, regarde ! J'ai trouvé tout plein de chaussettes de Noël ! Tu disais que nous ne pourrions pas en avoir cette année encore mais j'en ai trouvé, comme ça Dieu nous enverra son aide dans cette chaussette ! S'exclama Marco en sautant partout, sous les yeux effarés de son père.

- Mon dieu... Mon fils, où as-tu eu ces chaussettes ?

- Ben... Je me suis dis que nous pourrions les emprunter aux autres... Comme tous les ans ils ont l'occasion de recevoir l'aide de Dieu, cette année ce n'est pas grave si ils ne le font pas, non ?

- Marco, qu'as-tu fais ! Nous allons avoir des problèmes ! Sais-tu combien cette tradition est importante pour le village ? Enfin, que t'est-il passé par la tête ? S'énerva le vieil homme.

- Je... Je suis désolé papa, dit-il en éclatant en sanglots. Je ne fais que des bêtises, je suis désolé !»

Lorsque l'on toqua à la porte, le vieux Denis paniqua et dans un élan de protection, il prit son fils dans les bras et l'emporta dans le grenier, pour l'enfermer.

«- Marco, s'il te plaît cette fois écoute moi. Ne sors et ne descend sous aucun prétexte. Tu ne sors pas tant que je ne viens pas te chercher, ordonna-t-il.

- O-...Oui... Je t'aime papa.

- Moi aussi mon fils, dit-il en souriant et il lui fit un baiser sur son front.»

Rapidement, il descendit les marches des escaliers et ouvrit la porte.

«- Bonsoir, que voulez-vous ? La fête de Noël va commencer ? Demanda le chasseur faisant mine de rien.

- Denis, nous cherchons votre fils. Après une réunion du village nous avons décidé que Marco ne serait pas pardonné de son vol. Il sera donc le sacrifice de cette nuit, annonça une femme.

- Excusez-moi ? De quel droit vous permettez-vous cela ? Mon fils n'a rien fait ! Partez maintenant.

- Nous emporterons votre fils de gré ou de force, s'il le faut, déclara un homme tout en pointant son arme vers le père.»

Le vieux chasseur prit peur et tenta de s'enfuir mais malheureusement, l'homme au fusil tira et ce fut trop tard...

De son côté, Marco pleurait de plus belle. L'enfant avait entendu le coup de feu et sentait que son père était en danger. Il voulait sortir mais ne souhaitant pas décevoir son père, il restait immobile tentant en vain d'être silencieux.

Au rez-de-chaussée, dire qu'il n'y avait qu'un peu de sang était un euphémisme. En effet, le vieux Denis ne s'était pas pris qu'un coup de fusil en plein poumon mais aussi un coup de couteau par derrière. Celui-ci gisait désormais au sol dans une mare de sang, tandis que les habitants s'attelaient à la recherche du petit Marco. Et malheureusement pour l'enfant, ses pleurs avaient trahi sa position. Tous se rendirent donc au grenier, et l'homme le plus costaud se mit en avant.

«- Je vais enfoncer la porte, écartez-vous !»

Une fois chose faite, Jacques, l'homme de quarante ans, se rua sur la petite porte du grenier et la cassa d'un coup sec. Elle ne devait pas être très solide. Le garçon qui se trouvait à l'intérieur hurla de peur et tenta de se réfugier dans une pièce caché mais il se fit rattraper par trois hommes et une femme. Marco pleurait, criait, appelait son père et était effrayé. Il ne comprenait pas. Qu'avait-il fait de mal ? Le petit brun voulait simplement aider son père et lui faire plaisir. Mais une nouvelle fois, ce qu'il avait entrepris de faire pour son père s'était mal fini. Cette fois-ci ce fut un vrai carnage.

Après s'être fait attacher les poignets, ils portèrent l'enfant tout en passant devant la scène de crime. Marco ne fut pas épargné de la vue de ce massacre, son visage se crispait et sanglotait de plus en plus fort. Il appelait une nouvelle fois son père, s'excusant, le suppliant de se réveiller... Mais rien à faire, son père restait au sol, inanimé.

Durant le reste de la soirée, Marco fut enfermé dans une pièce sombre chez le meunier. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait, que faisait-il ici ? Quelques heures plus tard, il entendit du bruit. La boulangère, Anne-Lise et le boucher, Daniel, venaient d'ouvrir la porte de la pièce qui se trouvait être une grange. Affolé, le garçon se pressa de demander ce qu'il se passait.

«- Le village n'a pas pardonné le vol des chaussettes de Noël, Marco. Tu sais très bien qu'elles sont très importantes pour le village, c'est une tradition que tu ne peux pas enlever. Malheureusement tu vas être puni, déclara Anne-Lise avec peine. Tu seras servi comme sacrifice à minuit.»

Les yeux de l'enfant s'écarquillèrent, et la panique le prit de nouveau. Il voulait simplement aider son père et lui permettre de réaliser son rêve. Son père voulait se rendre à la capitale pour avoir une vie meilleure mais aussi pour que Marco ait une meilleure éducation. Et celui-ci pensait que Dieu pourrait les aider.

Soudainement, les deux adultes s'emparèrent de l'enfant mais il se débattit. Afin de pouvoir le transporter plus facilement sur la place du village, le boucher l'assomma.

Le garçon sur les épaules, Daniel jeta un regard sévère à la boulangère, la réprimandant sans doute de son comportement quelques minutes plus tôt. Puis, sans détour il sortit de la grange et se dirigea vers la fête qui battait son plein. En effet, malgré le petit incident survenu il y a plusieurs heures, la joie de Noël était de retour.

«- Gilles ! J'en fais quoi du gosse ? Demanda le boucher tout en criant pour se faire entendre.

- Attache le sur la chaise à côté du feu ! Répondit le concerné tout aussi fort, buvant une pinte.»

Sur ces mots, le vieil homme ne réfléchit pas plus et ni une ni deux il avança vers la dite chaise pour déposer l'enfant, délicatement. Il observa alors la grande horloge et constata qu'il ne restait plus que cinq minutes avant minuit. Plus que cinq minutes avant que le rituel commence. Il lança alors un signe au musicien du village et celui-ci l'ayant vu, acquiesça.

Frédéric était un jeune homme de vingt-quatre ans très doué pour jouer du tambour ainsi que du tam-tam. Il s'occupait donc naturellement de la musique lors de ce genre d'événement. Alors qu'il jouait une musique festive traditionnelle, il changea brusquement de musique ce qui réveilla Marco et fit réagir les habitants. Le peuple du village se réunit alors autour du feu et ils firent une ronde.

«- Très chers habitants ! Il est bientôt minuit et vous savez tous ce qu'il va se passer ! Tout d'abord ouvrons les festivités puis le sacrifice arrivera et enfin nous danserons, jouerons et sauterons au dessus du feu comme chaque année !»

Tout le village cria de joie, manifestant leur hâte que minuit arrive. Mais avant cela, ils tournèrent en rond, en chantant des chants traditionnels. Tout cela ressemblait étrangement à une secte d'un point de vue extérieur.

Du côté de Marco, ce qui se passait n'était pas du tout drôle. Il avait bien compris que ces dernières minutes étaient les dernières de sa courte vie. Et elles n'étaient jamais passées aussi vite. Lorsque minuit sonna à l'église, le chef du village demanda le silence et s'approcha de l'enfant de neuf ans. Ce dernier avait peur, il pleurait de nouveau et n'osait pas regarder les habitants du village. Pour lui tout ce passa très rapidement, il fut poussé au milieu d'un rond dessiné, du bois autour de lui. Une femme s'approcha alors avec une branche en feu puis la jeta sur le sol, près de Marco. Le bois autour de lui prit donc feu, se propageant ensuite de plus en plus, faisant évanouir le garçon. Les dernières choses qu'il pu entendre étaient des cris de joie avant qu'il ne sombre pour toujours dans l'obscurité.

Pendant ce temps, le village continuait la fête, sautant par dessus le feu et fêtant la naissance du Christ.

Le voleur de chaussettes, Marco Bott, venait de mourir, rejoignant son père. Du moins c'est ce que l'on croyait car certains auraient dit avoir sentit son esprit dans le village."

«- Et voilà Jean, c'était la fin de l'histoire ! Déclara une belle femme au chevet de son fils de huit ans.

- Maman, cette histoire est-elle vraiment arrivée dans le village ?

- Personne ne le sait mon coeur, mais peut-être était-ce vrai. Après tout, l'auteur est une certaine Anne-Lise. Est-ce qu'il s'agirait de la boulangère de l'histoire ? Dit-elle en lui lançant un clin d'œil.

- Moi j'espère pas parce que c'est trop triste pour le garçon. C'était cruel ! S'indigna le châtain.

- Je trouve aussi mon cœur, allez couche-toi sinon le père noël ne passera pas, dit-elle en lui faisant un bisou sur le front.

- Bonne nuit maman, à demain !»

La nuit tombait et l'enfant était sur le point de s'endormir. Cependant, il entendit un bruit qui provenait du salon. Heureux et bien réveillé, il sauta de son lit pensant qu'il pourrait enfin voir le père noël. Jean se dépêcha donc de descendre tout en restant discret pour ne pas alarmer ses parents. Malheureusement pour lui, une fois arrivé dans le salon, il n'y avait pas de père noël mais bien la présence des cadeaux. En revanche, il n'était pas seul. Le châtain remarqua qu' un petit garçon de son âge se trouvait près de la cheminée.

«- Que fais-tu ?»

Surpris qu'on lui adresse la parole, le brun sursauta et se retourna vers son interlocuteur, les larmes aux yeux.

«- Je... Je voulais voir si Dieu nous avait aidé cette année. C'est pour réaliser le vœu de mon papa. Je suis sûr que Dieu ne m'a pas oublié, il sait que je suis là et que je l'attends, déclara-t-il.

- Ton père ? Dieu ? Mais c'est le père noël qui met des cadeaux dans les chaussettes non ? Renchérit Jean, légèrement perdu.

- Le père noël ? Non. C'est Dieu qui nous met des cadeaux pour nous aider. Mais je n'ai jamais pu avoir de chaussettes quand j'étais avec mon papa donc Dieu n'a jamais pu nous aider...

- Comment t'appelles-tu ? Moi c'est Jean.

- Marco... Mon papa me manque, sanglote-t-il de plus en plus fort.

- Attends, ne crie pas trop fort, tu vas réveiller mes parents... Si ton papa te manque pourquoi ne pas aller le retrouver ? Demanda-t-il, pensant qu'il s'agissait peut-être du Marco de son histoire.

- J'ai essayé, mais je ne sais pas où il est !

- Moi je sais, tu dois aller tout là haut dans le ciel et même que Dieu pourra t'aider là bas.

- C'est vrai ? Je peux le retrouver ? Dans ce cas, merci beaucoup Jean, j'y vais tout de suite !»

Alors que le petit de huit ans n'avait même pas eu le temps de répondre, le brun s'était déjà envolé vers le ciel. Ses larmes ne coulaient plus et il semblait enfin heureux. Il fit un petit coucou au garçon qui l'observait depuis sa fenêtre et s'envola vers la lumière lumineuse qui l'attendait.

De son côté, Jean n'en croyait pas ses yeux et ne pouvant contenir sa joie d'avoir vu un esprit il courut dans sa maison pour aller voir sa mère.

«- Maman tu croiras jamais ce que j'ai vu !»

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