36.

Pendant 1 semaine j'ai cherché à comprendre, j'ai cherché à retrouver un sens à la fac, un sens à ma vie. J'étais dans le déni. Mais sans lui, tout ça n'a plus de sens. Je ne me vois même pas aller à l'anniversaire de Tom. Je me souviens de la fois où il avait frappé Thomas. Je l'avais soigné. Tous les jours c'est comme si son fantôme était là.

J'ai réalisé qu'il ne reviendrait pas. Je ne me maquillais plus, je ne sortais plus. Je passais mes journées avec mon pyjama dans mon lit sur mes séries ou sur un livres pour penser à autre chose. J'ai cherché une raison à son départ. J'ai cherché, sans savoir quoi au final. J'étais perdue. Téa et Tom ne savaient rien de son départ. De la fin d'Ayden et Morgan. Ma mère, Jérôme et Jules non plus. J

e suppose que Gabriel, lui savait. Néanmoins, les messages anonymes augmentaient, plus d'un par jour. Toujours plus humiliants, me confortant dans mon état actuel.

« Il est partit, bien fait pour toi pauvre conne. »

Si Gabriel s'amusait à m'envoyer des messages, mais ça ne me faisait rien. Un verre de vodka à la main, je trinquais à ma vie de merde.

Je ne mangeais plus et passais mon temps à boire. Je buvais pour oublier. Je sortais juste pour aller au bar, je fumais et fréquentais des lieux pas très nets et sécurisés.

La deuxième semaine fut encore plus dure. La troisième par contre n'était pas difficile... c'était plutôt le vide, le néant. Je dormais toute la journée. Relisais la lettre. Buvais. Fumais. J'avais cassé un miroir en me regardant. Je portais un bandage par la même occasion. J'avais abandonné, comme si cette vie n'était pas la mienne.

Comme si je ne pouvais pas vivre sans lui. Il n'est plus là, mais il est plus présent que s'il n'était jamais partit. Je revois Thomas. J'ai appris qu'il vivait dans le coin et passe la plupart de mon temps avec moi. Il sait tout sur tout, dans les moindres détails. Demain il y a l'anniversaire de Tom et Thomas y va aussi. Il m'emmène mais je ne veux pas qu'on nous voit ensemble, nous ne sommes que meilleurs amis après tout.

Je mets une robe noire courte, des chaussettes de la même couleur assez hautes pour cacher mes genoux mais laisser voir la moitié de mes cuisses. Des bottines à talons similaires à ceux des motards. Maquillage aussi très noir, un smoky eyes avec du liner et du mascara ainsi qu'un rouge à lèvres bordeaux foncé. Je mets un ras le cou noir avec des perles. Du parfum, mon sac, des cigarettes, et je monte dans la voiture pour partir avec mon acolyte.

Nous arrivons la bas, la fête est déjà bien avancée et les gens étaient déjà bien bourrés.

J'étais apprêtée pour une « bonne soirée » entre pote. La musique se faisait déjà entendre et je me souviens qu'à ce moment précis, malgré mon état qui empirait, un sourire se dessina sur mon visage.

Nous rentrâmes. Il y avait effectivement de la musique très forte. Je commençais déjà à danser depuis de nombreuses chansons. Je ne sentis plus le poids que je ressentais depuis que tout a basculé dans ma vie. Tous ces évènements, la mort que j'ai frôlé à de nombreux moments dans ma vie. Je ne me souviens plus exactement à quel moment tout à dégénérer. Je me souviens de ce sentiment très fort, le manque, la perte de celui dont j'étais amoureuse. La nostalgie m'envahit, le ressentit le souffle des gens près de moi, dansants.

Nous étions tous sur la piste, dans le noir seulement éclairé par les lumières rouges, bleues et vertes. Seulement moi je n'étais pas avec eux, j'étais sur un autre monde. N'ayant pas consommé de drogue ni d'alcool, c'était très différent des autres soirées. Je ne sais même plus combien de temps je suis restée dans cette période de vide, de souvenirs, de nostalgie. Une chanson se terminait et laissait place à une musique d'anniversaire. Il était donc déjà temps de souffler les bougies de Tom.

Je me souviens de Thomas qui dansait avec une fille. Les souvenirs avec Ayden remontèrent de plus belle. La pensée de son prénom de brûlait les yeux. Une larme coulait silencieusement sur mon visage. Je vis le livre d'or de loin.

Qu'est-ce que je faisais là ? Il fallait que je parte d'ici. Je déposais un mot en m'excusant de ne pas avoir fait tout ce qu'il fallait. Désolée de ne pas avoir été à la hauteur de ce que les gens attendaient de moi.

Les larmes coulaient et je me rendis compte qu'il était enfin temps de partir d'ici, de ce monde. Je pris la porte en marche rapide et me mis à courir sous les lampadaires jaunes. Ma vue était brouillée. Je m'arrêtais. Je m'assis sur un banc et m'effondrais en pleurs.

• Point de vue de Thomas •

Un peu après avoir soufflé les bougies d'anniversaire, je taquinais un peu une fille que je ne connaissais pas et vis Morgan, qui, au loin, semblait ailleurs. Elle détournait son regard habituellement vide depuis la mort de Jeanne, depuis le départ d'Ayden. Je la vis écrire sur un livre, essuyer du revers de sa manche, une larme. Elle fit une pause. Puis dans un élan, pris la porte pour sortir. J'écartais le gens devant moi pour passer. Pourquoi était-elle partie si précipitamment ? Voulait-elle prendre l'air ?

Je lis le mot.

Non, elle ne pouvait pas faire ça. Je me mis à courir en criant son nom.

• Point de vue de Morgan •

Je continuais mon chemin. Je marchais tranquillement sur un chemin de pierre. Je suis seule dans la forêt, avec comme seule éclairage, la lune. Je n'ai pas pris mon téléphone. Je n'en vois pas l'utilité de toute manière. Je ne sais plus combien de temps j'ai marché, rêvant, profitant de la légère brise qui caressait les feuilles des arbres.

Je connaissais cet endroit. J'avais besoin de tout relâcher, de pleurer un bon coup. J'entendis mon prénom. Thomas. J'essayais de ne penser à rien. Muette. Je voulais rester seule. Tous ces messages, la mort de Jeanne, Ayden... Tellement de choses sont remontées à la surface. Trop de choses. La goutte d'eau qui fait déborder le vase.

Je me suis mise à courir dans la forêt, les larmes ne coulaient pas mais j'étais essoufflée. Je ne sais plus combien de temps je suis restée comme cela à courir à en perdre haleine, à m'en couper le souffle, mais je m'arrêtais sur une route. Plus loin, il y avait un pot de fleurs, je le reconnus car toute petite je venais régulièrement avec mes parents.

Le pont de la forêt. Avec des copines, nous venions régulièrement pour jeter des bouquets de fleurs de la forêt que nous avions cueillis on « offrande » à la nature et aux animaux. J'ai toujours aimé les animaux. Alors c'était notre secret quand nous étions plus petites. Une fois arrivée, je m'installais sur le bord de la rambarde comme je l'avais tant fait durant les années précédentes. La fin me semblait étrangement proche.

J'avais néanmoins gardé mon Ipod avec mes musiques pour avoir les pensées occupées. Je mis mes écouteurs dans mes oreilles à fonds et me laissais emporter par cette chanson que j'avais tant de fois écoutée. Je respirais mieux, les larmes ne coulaient plus. J'étais apaisée.

Enfin.

J'estimais que pouvais partir, il était temps. J'allais me lancer, mon choix était fait. Le vent léger qui fouette mon visage, une dernière fois, une grande bouffée d'air. Je fermais les yeux.

• Point de vue de Thomas •

Je la vie sur le pont, elle allait sauter. Je la connais, par cœur. Je criais son nom, encore et encore, mais elle avait ses écouteurs. Je couru vers elle. Elle n'était plus qu'à quelques centimètres de moi. Puis elle lâchait la rambarde de fer rouillée.

• Point de vue de Morgan •

Je me laissais aller. C'est comme si on m'avait soulevée et je me sentie plus légère. La sensation de liberté était si douce. Mais quand j'ouvris les yeux, le visage de Thomas m'apparut. Etait-il mort lui aussi ?

– Morgan, Morgan réveilles-toi !

Cette voix semblait si réelle.

– Morgan, tu es bien avec moi, réveilles-toi, tu n'es pas morte !

Quoi ? J'ouvris les yeux, descendis de ses bras. Je vacillais. Pourquoi avait-il fait cela ? Pourquoi m'avait-il encore une fois extirpée de ce rêve ? Le cauchemar recommençait. Il me prit par les épaules.

– Morgan?

– Pourquoi ?

Je criais, je pleurais, le poussais. Il tombait par terre.

– Morgan ne fais pas ça attend.

Je hurlais.

– C'est fini, laisse-moi partir. Je m'agrippais à la rambarde, me mit à genoux face à la rivière. L'eau coulait si silencieusement en bas. La chute ne serait pas longue.

Thomas n'eut pas le temps de se relever pour me rattraper. Je me levais.

– Regardes-toi Morgan! Tu crois vraiment que ça en vaut la peine ? Descends ! Pense à tes parents, ton petit frère !

Alerté par mes hurlements Téa courut vers nous. Je devais être pitoyable avec mon maquillage coulant et ma tenue. Tant pis je me lance.

– Morgan, ne fais pas ça ! Je ne t'ai pas tout dis...

– Si c'est une entourloupe pour ne pas que je saute, tu te fourres le doigt dans l'œil Téa. Partez ! Tous. Maintenant !

– Lily est là. Elle veut te voir. Elle dit que c'est important.

– Quoi ?

– Morgan, elle retient Tom. Si tu n'y vas pas elle va le tuer. Va la retrouver s'il te plaît.

Je descends et, accompagnée de Téa et Thomas je me dirige vers le hangar où personne ne venait, sauf Lily à première vue. Je poussais la porte. Lily avait une arme braquée sur. Non. Pas ça. Non.

– Ayden ?

– Je suis désolé Morgan.

Je ne comprenais pas ce qui se passait. Tom se trouvait derrière Ayden, Téa laissait échapper un cri de terreur.

– Ne bougez pas ou je le but. Compris ? Maintenant, asseyez-vous sur les trois chaises !

Elle était étonnement calme. Me voilà dans une grange avec la fille qui me veut le plus de mal sur cette Terre. J'ai vraiment la poisse.

Une fois assise, elle nous attachait les mains et les pieds. Elle nous mit aussi un bandeau sur la bouche, nous empêcher de parler. Je vis Ayden, les yeux rougis par la fatigue. Couvert d'ecchymoses et malheureux comme les pierres. Tom qui était entre l'inconscience et le monde réel ne savait plus où il habitait. Il était complètement perdu le pauvre.

Lily s'approchait de moi, me fixait, sourire aux lèvres avant de, sans me lâcher du regard, fermer la porte à double tour et mettre, par la même occasion, la clé au fond de sa poche. Elle fit un détour par Téa qui détournait le regard, rouge de colère, les larmes aux yeux et morte de peur. Satisfaite de son effet, Lily revînt vers moi. Elle mit son doigt glacé sous mon menton pour que mon visage lui fasse face.


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