* Une semaine après *

Les yeux dans le vide, j'enfile ma robe noire, mes talons noirs et remis une couche de mascara. Je me regardais dans le miroir, les yeux rougis par les larmes. A bout de force, de nerfs, je mis mes écouteurs dans mes oreilles. J'écoutais en boucle les chansons d'Imagine Dragons, Kodaline ou encore Jason Walker. Les larmes ne coulaient plus tellement je n'étais plus moi-même.

Comment avait-on pu en arriver là ? Comment ai-je pu croire que je pouvais être heureuse ? Tous ces mensonges. Je lissais machinalement ma robe toutes les 30 secondes et respirais fort, comme pour me convaincre que tout irait bien. Tout en sachant que c'était faux. Elle était partie. Brisé.

Je me retournais, m'arrêtais puis fis face au miroir. La musique toujours dans les oreilles. Je tapais dans le miroir. Il se brisait, ce qui me fit rire. Je riais. L'ironie de la situation. Mon cœur était comme ce miroir.

Une voiture m'attendait dehors, je ne me souviens même plus qui conduisait. Je ne me souviens plus du chemin qui me conduisit à l'église. J'arrivais, certaines personnes inconnues me prirent dans leurs bras. La cérémonie avait commencé. J'arrivais en retard, les mains coupées par le miroir. Je ne sentais même pas la douleur.

Au bout de cette allée se trouvait un cercueil, une simple boîte en bois. Je m'approchais. Tout me monde me regardait. Je croisais les parents de Matt, ceux de Jeanne. En pleurs. J'avançais, encore. Matt se leva et me prit dans ses bras avant que je n'aille plus loin. Je ne l'avais pas vu depuis son anniversaire.

– Merci d'être venu Morgan.

Je ne répondis pas. Il m'entraînait avec lui. Je m'assis, sans un mot. Le prêtre commençait son discours. Je ne me souviens même pas avoir entendu le son de sa voix. Je fixais le cercueil, comme si s'était impossible. Comme si tout cela n'était jamais arrivé, comme si tout allait redevenir normal.

Tout le monde se leva, et défila devant le cercueil. L'église était à présent vide, et Matt m'accompagnait en me tenant le bras. Nous arrivâmes face au corps. Face à elle. Si belle. La mort garderait sa beauté. Matt déposait une fleur, embrassait sa main et partit. Ne pouvant plus supporter de la regarder, il se mit à courir. Me laissant seule avec elle. On m'attendait dehors maintenant. Je regrettais d'avoir respiré un grand coup car toute la pression, l'émotion, les larmes et la tristesse sortirent de mon corps et je tombais à genoux face à elle.

– Je...

Je sanglotais.

– Je suis vraiment désolée, tout est de ma faute.

Le souffle me manquait.

– Adieux... Jeanne.

Les yeux baignés de larmes. Je me relevais avec difficulté. Il y avait une silhouette sur le perron de l'église au loin, une fille. Je pensai à Téa, qui avait elle aussi perdue une amie chère. Je fermais les yeux. Les rouvris. Il n'y avait plus la fille. Juste un homme. Matt je suppose. Ayden est partit, deux jours après...

J'avançais sans savoir où. J'étais à présent sur le perron. Quelqu'un arriva derrière moi et me prit la main. Je me retournais. C'était Ayden.

– Ayden ?

– Je suis là.

Je pleurais, mes jambes ne me soutenaient presque plus.

– Ca va aller je suis là, on va y arriver d'accord ?

Le cercueil fut scellé et mis dans le corbillard. Les gens suivirent le convoi funéraire. Le cimetière n'étant pas loin, nous y allâmes à pied. Une fois devant le cercueil dans la terre. La foule restait silencieuse quelques minutes. Jeanne pouvait partir en paix. Je suffoquais, je n'avais presque plus de souffle. Ayden qui était derrière moi m'aidais à marcher et sortir d'ici. Je scrutais la foule cherchant Téa ou Matt des yeux. Le seul visage que je vis... non, c'est impossible. Je crois qu'elle m'a souris. Mes jambes se dérobèrent sous mon poids et je tombais à terre, fermant les yeux sur le ciel bleu. Je ne réussis juste qu'à murmurer :

- Lily

• Point de vue d'Ayden •

Elle s'arrêta net, fixant quelque chose, ou plutôt quelqu'un dans la foule.

- Morgan ?

Elle ne m'entendait pas tellement elle était obsédée par ce qu'elle voyait. Puis elle s'écroulait en murmurant :

– Lily...

Quoi ? Lily ?

– Morgan ? Réveilles-toi ?

Je la ramenais vers une voiture. Tout cela était tellement éprouvant pour elle. En plus j'étais parti quelques jours pour lui préparer une surprise mais je crois qu'elle ne l'a pas pris de cette manière. Elle a cru que je la laissais tomber. Son manque de confiance en soi a fait qu'elle n'a pas pensé une minute que quelqu'un puisse penser à elle et soit sincère avec elle. Je savais qu'elle n'avait pas dormi la nuit dernière. Je la connaissais par cœur.

Elle s'était endormit comme un bébé. A bout de force.

On ne rentrerait pas à la maison ce soir, je lui ferais la surprise plus tôt que prévu. Il fallait qu'on parte un peu de Bordeaux. Il y avait des valises dans le coffre prêtes pour le lendemain mais j'avais avancé le départ.

• Point de vue de Julia •

Je me suis sentie très lourde durant de longues heures. Je ne savais pas où j'étais ni avec qui. La fatigue m'a emportée.

J'ouvris les yeux et la forte lumière du soleil m'éblouissait. Est-ce possible de rêver les yeux ouverts ? Au loin j'entendais le bruit calme des vagues s'étalant sur le sol. Le vent ramenait l'odeur du sel par la grande fenêtre que je réussis à distinguer. La maison où nous étions me paraissait vraiment très imposante. Si je pouvais entendre le bruit des vagues c'est que nous étions partis de Bordeaux. L'air était doux et la chaleur parvînt à se faire ressentir la chaleur sur les quelques centimètres de mon corps qui étaient dénudés de tous tissus. Ayden était près de moi, guettant chacun de mes mouvements. Il me caressa la joue en silence, joua avec une de mes mèches de cheveux. Il adorait faire ça. Je souriais quand il m'embrassait.

– Bonjour.

Il m'embrassait de nouveau et reposait sa tête sur son oreiller, face à moi.

– Comment tu te sens ?

– Ironiquement bien. J'ai dormis longtemps ?

– Oui, depuis que tu as fait ton malaise hier dans l'après-midi jusqu'à maintenant 10h30.

Les souvenirs de la veille restaient flous dans ma tête et la réalité que j'avais oubliée pendant 5 minutes me revînt tout doucement. Mais douloureusement. L'enterrement, l'église, Jeanne, la foule. Je me stoppais net.

Lily.

– Lily.

La surprise d'Ayden se lut et je pus sentir une certaine inquiétude dans ses yeux.

– Tu as dit la même chose hier en tombant...

– Lily était là hier. Ayden crois-moi je te dis qu'elle était là. En chair et en os. Je sais que tu peux lire dans mes pensées mais si je pouvais te faire lire dans ma mémoire visuelle je te promets que toi aussi tu n'en reviendrais pas.

– Morgan c'est impossible tu...

– Non je ne délire pas ! J'ai vu Lily. C'était elle ! Elle me souriait.

– Tu en es sûre ?

– Certaine. Je peux te le jurer sur tout ce que tu veux.

Silencieuse, je me blottis dans ses bras comme pour me rassurer. Ça marchait. Je me sentais mieux malgré mon cœur vide. Les souvenirs revenaient aussi clairs quand le drame s'était déroulé.

*Flash-back*

Nous nous sommes tous endormis. Je n'avais révélé ce secret à personne ce soir-là. Ayden veillait à cela de toute manière. Le matin, nous nous sommes réveillés à 5 au lieu de 6. Nous avons cherché dans la maison, dans le jardin, dans les rues voisines. Jeanne n'était plus là. Ayant très peur, j'ai tout raconté de A à Z à Tom, Téa et Matt au sujet des messages anonymes, du harcèlement et de tout le stress que cela a engendré. Ils ont compris tout de suite ce qui venait de se passer. Nous appelâmes la police. Ils nous ont dit de rester tous ensemble dans la maison et de ne pas se disperser. Ils ont fini par la retrouver dans la forêt, une balle en plein cœur. Je ne pensais pas que cet anonyme m'en voulait à ce point-là. Maintenant nous étions tous en danger et tout ça c'était de ma faute. Il n'y que moi qui recevais ces messages. Je ne pensais pas que toute cette histoire en arriverait là. Le message était clair désormais. Le soir même, j'en reçu un autre.

« Je t'avais prévenu. Qui sera le prochain sur la liste ? »

Je ne parlais pas de cette histoire à la police, jugeant que cet anonyme passerait à l'attaque dès que j'aurais parlé de cette histoire à quiconque.

Ayden était partis après avoir appris la mort de Jeanne. Il ne m'a pas dit où il allait. Ou alors il me l'a dit et je ne m'en souviens plus. Cette semaine est vide dans ma tête, je ne me souviens pas de tout...