25.
2 MOIS APRES
Le vide s'était installé dans ma vie. Je ne voyais plus la bande. Je n'avais pas eu la moindre nouvelle d'Ayden. J'allais au lycée parce que mon bac approchait. Je n'avais pas la force de travailler, de faire quoi que ce soit. Je ne rentrais plus chez ma mère, Téa était en couple avec Tom et passait le plus clair de son temps avec lui. Matt m'appelait chaque jour me demandant si j'allais mieux. La réponse était la même depuis cet accident.
Ce jour où j'avais tout perdu. Prononcer son nom m'était devenu une torture. On m'arrachait à vif mon cœur à chaque fois qu'une allusion était faite à son sujet. Il avait le monopole de mes pensées ce qui me rendait folle. Les nuits, je passais mon temps à cauchemarder ou à ne pas dormir. Je ne mangeais plus et avais perdu quelques kilos selon mes amis. Les secondes parurent des heures et chaque jour était un coup de poing en plus dans la plaie ouverte de mon cœur. Il n'avait rien laissé. Pas un message, pas une photo, rien auquel m'attacher.
J'en oubliais cette odeur qui m'avait tant fait frémir. Et rien que d'imaginer son sourire, ses yeux, me donnait des vertiges et la nausée. J'avais perdu tout espoir. Il m'avait juste laissé une lettre d'adieux si l'on peut nommer ça ainsi. Y était inscrit en écriture grossière et écrite rapidement :
« Morgan,
Je suis désolé de te laisser comme cela, mais tu seras plus heureuse sans moi. Mon secret est dangereux et je ne peux pas que tu souffres, je veux que tu sois heureuse sans moi. Apprends à vivre comme tu le faisais avant.
Ayden »
Ses mots que j'avais appris par cœur me poignardaient à chaque lecture. La solitude me pesait mais je ne voulais voir personne qui me rappellerait un souvenir, ou un moment avec lui. C'était trop dur.
Un soir de février Matt m'appelait. Il était joyeux ces temps-ci. Il était toujours avec Jeanne.
- Morgan, j'ai une surprise pour toi dans une dizaine de minutes. Viens juste avec un sandwich, une bouteille d'eau et des affaires de rechanges.
- Quoi ? Pourquoi faire ? J'ai des devoirs à réviser Matt.
Il ignorait ma réponse et je me forçais à m'habiller. Normalement, pas de maquillage tenue noire chaussures noires. J'étais dans le deuil de mon cœur mort.
Comme promis, Matt vînt me chercher quelques minutes après et m'annonçait que nous partions en excursion deux jours. Il ne voulut pas me dire où, mais je sentis son regard se poser sur ma tenue et j'avançais, montais dans une espèce de van où toute la bande m'accueillit avec joie et compassion.
Je détestais ce regard de pitié. Cela me répugnait. Je fis un mince sourire et me plongeait dans la vue du paysage en faisant mine de dormir avec mes écouteurs et ma musique préférée, « Run - Daughter ».
Pendant plus de deux mois elle devenait une sorte de drogue. Certes c'était une musique mais je m'envolais. Je n'étais plus dans ce monde quand je l'entendais. Personne ne me parlait durant tout le trajet. Tom, qui conduisait nous annonçait que nous étions bientôt arrivé et j'ouvris les yeux m'étant assoupit quinze minutes tout au plus.
La mer s'étendait à perte de vue. Cela m'apaisait malgré mes camarades qui poussaient des piaillements d'ahurissement. Nous mangeâmes tous sur la plage. L'atmosphère s'était apaisée et j'arrivais à peu près à communiquer avec tout le monde sans difficultés. Plus loin, je remarquais un énorme rocher. Je m'y aventurais et escaladais la surface rocailleuse en trébuchant légèrement. Le danger et l'adrénaline.
Face à la mer, je me sentais libre. Le sable tombait de mes pieds à chaque pas sur le rocher. Je m'assois. Je remis ma musique et sentis les larmes couler. Les larmes n'arrivaient plus à couler depuis qu'il était partit. Je ne voulais pas vivre sans lui.
Puis, dans un élan, je me levais et criais. J'ai hurlé son prénom des dizaines de fois. Je me suis abîmée la voix en exprimant tout ce que j'avais sur la conscience. Puis une fois terminé, la bande me regardait au loin puis détournait le regard. Quelques secondes après une vague de douleur m'assaillit le cœur et je sautais du rocher.
Le torrent de larmes continuait de se déverser sur mes joues poisseuses par la faute du sel. Je couru, je tapais dans les vagues glacées, j'avançais vers les profondeurs de la mer. Je voyais flou et sentais les petits cailloux transpercer la chair de mes pieds. Je ne m'arrêtais pas, je fonçais.
Une fois assez loin, je remarquais avec joie que j'étais seule. Je m'aperçus que je ne voyais plus le fond. Je plongeais vers le fond de la mer, en bas, des courants glacés me transportèrent dans toutes les directions. Le souffle commençait à se faire rare.
Et je n'arrivais pas à remonter, mes membres gelés étaient pris de crampes et la profondeur m'assourdissait les oreilles. Je crois qu'à ce moment, je compris que je ne remonterais pas. Je ne pouvais plus me battre. Rien ne me retenait. Ayden était partit, il ne reviendrait jamais. Je n'avais plus aucune raison de me battre. La dernière bulle d'air s'échappait de mes lèvres et enfin je fus libérée de ma douleur. Libre, je me laissais transporter dans le courant qui s'intensifiait. Me gorge salée ne me brûlait plus. Avant de fermer les yeux je vis son visage, son sourire, ses yeux. Je réussis à former un « Je t'aimais ». En refermant ma bouche, j'avalais de l'eau et sombrais dans les profondeurs de l'océan.
Personne n'était venu me sauver.
Point de vue d'Ayden •
Je suis tellement heureux de la revoir, je vais lui faire la plus belle des surprises. Quand j'arrive sur le parking, j'entends crier mon nom, je reconnu sa voix. Je la reconnaîtrais entre mille. Pourtant cette voix était cassée.
Je me précipitais vers la bande. Ils m'accueillirent tous en me disant que c'était le bon moment pour venir. Je n'aurais juste qu'à me cacher dans les herbes hautes et quand elle reviendra manger, je pourrais de nouveau l'embrasser. Euphorique la bande se dirigeait vers le rocher où se trouvait... Elle n'est plus là. Dans un élan de panique nous nous lançons à sa recherche. Je ne perçois pas ses murmures. Etrange.
Elle avait dû remonter en haut pour aller à la voiture. Téa qui pleurait me fit signe que non. D'instinct, j'enlevais mes chaussures, me retrouvais en caleçon, les autres me prièrent de ne pas y aller.
Et si j'avais la plus belle des conneries ? Si elle avait voulu partir ? M'aimait-elle à ce point ? Aussi fort ? Aussi fort pour ne plus pouvoir vivre sans moi ? Soudain son murmure m'arrivait au cerveau, un très douloureux murmure. « Je t'aimais ». J'accélérais et me mis à courir vers l'eau. Je savais où elle se trouvait. Arriverais-je trop tard ? Quand je plongeais pour la rattraper, je vis son corps au fond de l'eau. Je descendis du plus vite que je le pus. Elle était face au ciel, les yeux fermés. Elle coulait lentement.
Des rayons transperçaient l'eau formant des rayures à peines visibles. Peu importait le sel qui infectait mes poumons, il n'y avait plus qu'elle qui comptait à présent. Je ne pouvais pas la perdre. Pas maintenant, pas aujourd'hui, ni demain. Jamais je n'envisagerais ma vie sans elle. Elle ne se trouvait qu'a quelques centimètres de moi. J'attrapais son poignet frêle et inerte.
La longueur ne fut pas longue tellement je m'efforçais d'aller vite. Une fois sur le sable, Matt et Tom m'aidèrent à transporter Morgan.
Je lui fis un massage cardiaque. Elle était pâle, presque bleue et je ne sentais qu'un très faible pouls. J'appuyais de toutes mes forces pour faire remonter l'eau de ses poumons.
- Ne me laisse pas Morgan, j'ai besoin de toi, bats-toi !
Elle ne respirait plus. C'était terminé. Je continuais d'appuyer sur son cœur pour le faire repartir. En vain. A bout, j'abandonnais. Je hurlais son prénom. Et éclatais en sanglots sur sa poitrine glacé, tout le monde s'écartait d'elle.
Téa s'évanouit.
Tous étaient pétrifiés.
Posant ma main tremblante sur son visage, je l'embrassais une dernière fois. Ses lèvres gercés et violettes à cause de l'eau restaient et resteraient à jamais froides. Je m'allongeais près d'elle, comme si nous dormions ensemble. Ses mains dans les miennes. Mon seul amour était partit. J'avais tué Morgan.
Quand tout espoir était perdu, je me relevais, et n'ayant plus d'envie de rien, je m'éloignais d'elle. Elle était seule.
Quand je lui tournais le dos, j'entendis un bruit sourd. Je me stoppais net. Elle crachait. Je me retournais vers elle et en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, je me précipitais vers elle. Je continuais le massage sur sa poitrine. Elle ouvrit les yeux rougit par le sel. Ses beaux yeux.
Elle me sourit et je la serrais dans mes bras.
Les larmes coulèrent de mes yeux et tout le monde accourut vers Morgan.
Contre moi, je la portais sur la couverture du pique-nique. M'étant assis, je la réchauffais grâce à la chaleur de mon corps. Peu à peu, elle retrouvait sa chaleur corporelle normale. Téa m'apportait ses vêtements de rechange et je la rhabillais. Je l'embrassais et elle s'endormit dans mes bras.
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