22.
- J'ai tout inventé par colère et désespoir. Je suis consciente de ce que je lui ai infligé. C'est pour cela que j'ai décidé qu'il devait retrouver sa vie d'avant. Sans moi évidemment. La vie continue, et personne ne contrôle les sentiments. Actuellement, je ne reviendrais plus en classe avec vous, je suis virée de ce lycée et Ayden est un garçon des plus gentils et il n'a jamais commis de viol ou je ne sais quoi.
Alors là, si je m'attendais à ça. Je regardais Téa qui réagissait comme moi. Et puis tous les morceaux des puzzles se rassemblèrent d'un seul coup. Toutes les paroles d'Ayden, les messages implicites. Je ne l'ai pas cru. Il disait la vérité et personne n'a cru en lui.
Elle se retournait vers la prof, qui sûrement avant était au courant de tout le discours de Lily.
– Je vous laisse la place madame. Au revoir tout le monde, oubliez-moi ainsi que toute cette histoire. Tout sera plus simple pour tout le monde.
Elle partit le sourire aux lèvres, laissant la classe ahurie de cette révélation. Je croisais le regard d'Ayden. Je ne savais pas exactement ce qu'il ressentait, mais je me sentais tellement mal auprès de lui. J'ai fait une grosse erreur de jugement et j'avais faux sur toute la ligne. La prof le remarquait et nous posait une disserte sur le mensonge. Super. Je crois que le sujet est bien tombé et que je vais avoir ne très bonne note !
A la fin de ce long cours, Ayden sortit le dernier sous les regards des gens au regard soudain compatissant. Dire qu'il y a une heure à peine, tout le monde ne s'approchait pas de lui. Les ignorants, je me dirigeais vers lui, assez vite, puisqu'en me voyant, il accéléra subitement la cadence. Le suivant dans le couloir pour ne pas attirer la conversation, je le pris à part dans un coin du lycée.
– Je ne sais pas si tu viendras, mais ici, nous ne pouvons pas parler convenablement. Ne dis rien. Rendez-vous à la clairière, ce soirs après le repas du soir de l'internat, je t'attendrais une heure pas plus. Je vais être en retard.
Je ne sais pas d'où me venais ce soudain élan de prise d'initiative mais je sus que c'était la meilleure chose à faire. Fière de mon action, je passais la journée à réfléchir à dire les bonnes paroles, car ce soir, je ne pourrais pas faire la maladroite. Pas sur ce sujet-là. J'appréhendais, viendrait-il ? Et si s'était une mauvaise idée ?
***
23h
J'attendais dans la clairière, debout face à la lune.
J'attendis.
Longtemps.
Encore, et encore.
Quelle idiote d'avoir cru qu'il viendrait. Pourquoi se déplacerait-il aussi loin de toute manière. Je ne suis rien pour lui. Et je me rendis compte, que ce n'était pas réciproque. Il est quelque chose pour moi, je ne sais pas encore quoi, mais je sais qu'il fait désormais partit de ma minable vie.
J'allais partir quand des mains se posèrent sur mes yeux. Cette odeur je la reconnaîtrais entre mille. Je ne bougeais pas. Profitant de ses mains délicates sur mes paupières. Celles-ci se retirèrent et je me retournais. Le vent soufflait sur mes cheveux me les mettant dans les yeux. Je ne les enlevais pas, aveuglée par celui qui se trouvait devant moi.
Il n'était pas habillé comme le matin même en français. Il avait un pantalon noir avec une chemise blanche ce qui faisait ressortir son sourire et le bronzage naturel de sa peau. Face à moi et les bras ballants, il s'avançait encore plus près de moi et prit mes mains dans le siennes. Le contact de sa peau brulante sur ma peau glacé me fit frémir. Il le remarquait et s'approchait de mon visage. Je fermais les yeux et il effleura ma joue en me susurrant :
– Merci.
Il recula et en silence nous nous installâmes sur l'herbe fraîche. Quelle idiote, j'aurai dû prendre une veste, j'ai froid. J'en ai marre, on dirait les vieux films où l'héroïne espère la veste du garçon, je souriais intérieurement de cette pensée.
– Je ne pensais pas que tu viendrais.
– Je suis heureux de te surprendre alors. Qu'avais-tu de si important à me dire ? Il est tard, tu n'es pas fatiguée ?
– Non, je tenais à... m'excuser, je ne t'ai pas cru pour le mensonge de Lily. Je suis vraiment désolée et...
- Ne t'excuse pas.
Il me prit la main, son autre main se posait sur mon visage glacé et grelottante, je ne pouvais pas détourner le regard.
– Tu es glacée ! Prend ma veste.
Je ris et ne pus protester. Cette odeur sur sa veste, je me promis de mémoriser celle-ci.
– Merci...
– Ne t'excuses pas Morgan, je ne t'en veux pas. Le plus important c'est que tu saches la vérité sur moi, je ne suis pas ce que tu crois.
– Je suis aussi désolé pour ton père...
– Qui t'en a parlé ?
Il était sur la défensive et retirait sa main de la mienne. Consciente que j'avais appuyé sur un point sensible, je ramenais mes jambes contre ma poitrine comme une enfant. Je m'en voulais d'avoir parlé de ça qu'est ce qui m'a prise ? Idiote.
– Je suis désolée, je ne voulais te rappeler cela... Il vaudrait mieux que je m'en aille.
Je m'apprêtais à me lever mais une main de fer me fit comprendre que je ne bougerais pas. La pression de sa main sur mon poignet était légèrement trop forte.
– Reste, ne t'en veux pas. Mon père s'est suicidé... il est sûrement plus heureux là où il est. Je ne voulais pas que tu saches cette partie de ma vie... Elle n'est pas joyeuse et je ne veux pas voir ce regard de pitié et de compassion dans tes yeux.
– Promis.
Le silence s'installait pendant plusieurs minutes, nous contemplèrent la magnifique pleine lune qui s'offrait à nous. La chaleur se répandit par une vague. Lorsqu'il tournait la tête vers moi. Je sentis son regard de feu se poser sur mon visage. De nouveau, il prit mon visage entre ses mains. Ses yeux étaient emplis d'une émotion que je ne réussis pas à distinguer.
Il se rapprochait de moi, son souffle chaud sur mes lèvres. Son regard... Je me perdis dans ses iris et mon cœur manquait un battement quand il posait ses lèvres, doucement, contrôlé. Je lui rendis ce geste au goût sucré, un tourbillon de baisers survînt. Nous nous reculâmes l'un de l'autre. Il mordit sa lèvre inférieure et je vis sa lèvre blanchir puis retrouver sa rougeur normale. Je m'allongeais près de lui, il passa sa main dans mes cheveux, ce qui me relaxait. Il avait le don de me faire oublier les problèmes de la vie.
J'étais dans ma bulle, oubliant tout ce qui nous entourait et le froid perçant de la nuit. Contre lui mon corps brûlait, j'aurais tellement voulu que le temps s'arrête. Je sentis le sommeil me gagner et je me fichais totalement de quelle heure il était où de ce qui se passerait après, je voulais absolument profiter du moment présent, car je savais que tout cela n'était qu'éphémère.
Des bras de fer me soulevèrent et je compris qu'il me ramenait dans ma chambre. Je me laissais faire, profitant de son odeur et de sa chaleur. Quand il me posa sur une surface absolument molle, j'ouvris les yeux. Je n'étais pas dans ma chambre et Ayden était à côté de moi. Je me relevais en m'asseyant.
– Tu veux que je te ramène à ta chambre ou tu veux dormir avec moi ?
Je lui répondis par un léger baiser. Il sourit et se glissait sous la couette avec moi. Face à face, je m'endormis la première et tombant dans le sommeil, la dernière chose dont je me rappelle c'est d'avoir sentis ses lèvres se poser sur mon front.
***
Tout était en désordre, ma mère allongée par terre, Jules n'était pas là. Gabriel avait une arme dans les mains, je sentis une douleur froide puis chaude sur mon ventre. Du liquide rouge coulait sur mes mains...
Je me réveillais en haletant, la main sur mon ventre sentant encore la douleur de la balle transpercer ma peau. Des tremblements me secouèrent et les larmes qui avaient coulé dans mon cauchemar reprirent de plus belle. Ayden, que j'avais réveillé me prit dans ses bras. Un peu trop fort car ma respiration coupée de hoquets se faisait de plus en plus rare. N'entendant que la moitié de ses paroles je me concentrais sur mon souffle.
– Je suis là, je suis là. Calme-toi, tu ne crains rien, Jules et ta mère vont bien.
Comment pouvait-il savoir ? Avais-je dis des paroles dans mon sommeil qui l'avait mis au courant ? Je me rallongeais, la tête posée sur son torse. Je savais que désormais il me serait impossible de dormir.
***
Le lendemain, je me confiais à Téa. Elle était au courant de tout. Elle, de son côté, continue de parler à Tom en commençant à avoir des sentiments. Malgré le fait qu'il soit avec Justine, il se rapprochait dangereusement d'elle. Je ne le laisserais pas faire du mal à Téa.
Nous sommes mercredi après-midi et j'ai prévu de passer le temps avec Téa en faisant du shopping. Comme avant. Jeanne s'était jointe à nous et Ayden me donna rendez-vous au bar du centre-ville pour apprendre à connaître mes amies. Nolan, Thomas, Matt et Tom sont partis en ville faire du bowling. J'achetais plusieurs robes de soirée, des nouvelles baskets et des accessoires pour mes tenues de tous les jours. Il me restait assez d'argent pour aller prendre un verre, parfait. Il était 16h, nous nous dirigeâmes donc en direction du bar. Ayden n'était pas encore arrivé. Nous patientâmes quelques minutes lorsque le bel Apollon se montra. Toujours avec une allure décontractée. Quand il me vit, il m'afficha un grand sourire. Je ne sais toujours pas le lien que l'on a tous les deux, c'est très étrange.
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