17.
Le mercredi après-midi, personne n'a cours. Je décide donc de passer voir Louis à sa chambre. Ne répondant plus à mes messages depuis mon arrivée à l'internat, je commençais à m'inquiéter. Arrivée au deuxième étage, les chambres se succédaient, je regardais les indications « couloir bleu », « couloir vert », « couloir rouge ». La chambre de Louis était la 01 dans le couloir vert. La similitude des chambres entre les garçons et les filles était flagrante. Les mêmes portes, les mêmes numéros. Je toquais à la porte. Personne ne me répondit. J'allais partir quand quelqu'un ouvra la porte. Quoi ? C'est qui cette fille en peignoir ? Je rentrais en furie dans la chambre, peu importais leur tenue.
– C'est quoi ce délire Louis ?
– Non, mais attend, Morgan ! Je vais t'ex...
– Non tu vas rien m'expliquer du tout ne me parle plus jamais d'accord. Tu es tellement débile. Tu me prends littéralement pour une conne et tu veux que je te comprenne ? Tu as cru quoi ? Je ne suis pas ton petit chien qui va revenir à chaque fois que tu fais une connerie ! Tu me fais pitié là dans ton lit. Couches avec toutes les filles que tu veux je m'en fiche.
Sur ses mots, je partis en courant, en prenant soin de pousser la fille qui me regardait dans l'encadrement de la porte. Je suis vraiment idiote à avoir cru qu'il pouvait m'aimer. Tellement naïve... Je sentais les larmes qui coulaient sur mes joues et ma vue se brouilla. A l'intersection des couloirs, je bousculais quelqu'un et tombais. Super journée !
– Tu ne peux pas faire attention ?
- C'est à toi que je pourrais dire, ça, tout va bien ?
Je connaissais cette voix. Je me retournais et vis la personne que j'avais bousculé, qui attendait une réponse.
– Oui, excuse-moi Ayden. Je ne t'avais pas vu... Je... dois y aller.
– Attends, Morgan ?
Je ne répondis pas. Je ne voulais pas lui parler. J'avais encore les mots de Lily, de Téa dans la tête. Pourtant, une décharge électrique me parcourut le corps dès qu'il me lâcha du regard. Je m'arrêtais en plein milieu du couloir. Ma poche vibra. Je sortis mon téléphone : « Maman ». Je décrochais.
« – Allô ?
– Oui, ça va maman ?
– Oui, j'ai quelque chose à te dire Morgan.
– Oui ?
– Je suis officiellement divorcée de ton père, il vit avec une autre femme.
– Quoi ?
– Tu as très bien compris. Je dois te laisser Jules m'appelle. Je dois le coucher pour sa sieste. »
Elle avait raccrochée.
***
Le lendemain, je n'allais pas en cours. Je prétextais un mal de ventre. Stupide, mais efficace. Trop de choses n'allaient pas dans ce maudit internat, Ayden, Louis, Thomas, Rebecca et mes parents. Je veux simplement vivre une vie normale. Je me posais assise sur la fenêtre, seule. Téa était en cours et la chambre était dans le noir. Je pris une cigarette dans le paquet de Téa.
Elle ne fumait plus mais gardait son paquet en cas « d'extrême urgence » comme elle le disait si souvent. Je pris son briquet et l'allumais. Chaque bouffée de cette clope me faisait du bien. Une drogue. Mais je savais que je pouvais m'en passer. Je fermais la fenêtre et restais allongée dans mon lit toute la journée à lire, être sur mon téléphone et écrire sur mon journal. La dernière sonnerie de la journée retentit. Téa rentra des cours excitée comme une puce.
– Morgan, je viens d'avoir une idée géniale ! Cela pourrais faire du bien à tout le monde d'oublier les soucis du quotidien, d'effacer les tensions entre tout le monde.
– Ah bon ? Et c'est quoi ton idée « super géniale ? »
– Ne fait pas ta rabat-joie ! Une fête, je vais organiser une fête.
– Et en quel honneur ?
– Pour ton arrivée dans l'internat.
– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée Téa...
– Je ne te demande pas ton avis, c'est déjà tout organisé. C'est ce soir dans la carrière de la forêt.
– Et on sort comment ?
– Tu n'auras qu'à me suivre.
***
L'euphorie était à son sommet. L'excitation, la complicité avec Téa. On enchaîna les tenues toutes plus pourries les unes que les autres. Téa a fini par trouver une tenue assez basique, jupe noire taille haute et haut blanc dentelé. Un simple collier avec la bague de sa grand-mère et des escarpins blanc. Moi, n'ayant que des tenues simple, je réussi à trouver finalement une robe blanche avec un genre de tutu mais discret. Mes cheveux blond bouclés et des talons assez hauts blancs. Une ceinture argentée coupait et affinait ma taille. Quand je sortis de la salle de bain, Téa écarquilla les yeux. Gênée, je baissais le regard consciente de ce qu'elle allait me dire.
– T'es magnifique Morgan ! Là, Louis aura les boules !
– Quoi ? Tu as invité Louis ?
Je soupirais. Téa a toujours eue ce don pour réconcilier les gens même si ils ne sont pas forcément d'accord avec elle.
– Oui, Maëlle sa nouvelle copine.
– Pourquoi t'as fait ça ?
– Tu verras, on va bien s'amuser. Il y aura Nolan, Lily, Jeanne, Thomas, Rebecca, Matt le copain de Lily, Tom, Justine.
– Génial, tous les gens que je déteste le plus au monde sont là ! Merci Téa, je crois que ce n'est pas une bonne idée que je vienne.
– Ah non, tu ne vas pas recommencer tes bêtises ! Aller maquilles-toi et on y va.
Toute molle, je me fis « belle ». Nous partîmes en douce. Personne ne nous a vus, trop facile. Arrivée dehors, on entendait la musique au loin.
La forêt était brumeuse et le temps était ensoleillé. Le chant des oiseaux se faisait entendre de tous les côté et ce malgré le fait que la nuit soie tombée. Cela restait néanmoins agréable. Les feuilles des arbres effleuraient le duvet de ma peau. J'essayais de me frayer un chemin parmi les fougères et les nombreuses sortes d'arbres. Puis, je débouchais sur une clairière lumineuse. Là se trouvait tous les invités sans exception.
Ils s'aperçurent de ma présence et me convièrent à la fête. Finalement, ce n'étais pas si mal de s'amuser un peu, d'être heureuse et célibataire. Toutefois, des questions envahissaient ma tête à propos du mystérieux Ayden, je ne sais absolument rien de lui, mis à part son passé et ce qu'il a fait à Lily.
Pour oublier tout cela, rien de mieux qu'un petit remontant. J'entrevois sur une table, des verres remplis d'alcool. Je n'ai jamais bu d'alcool de ma vie, un verre ne devrait pas faire de mal !
Téa s'approcha de moi en me voyant prendre un verre de vodka. Elle cria pour se faire entendre à travers la musique qui était assourdissante.
- Morgan ? Tu fais attention hein ! L'alcool n'a rien de bon quand on veut, durant une soirée, tout oublier !
– Oui, ne t'en fais pas, un verre n'a jamais fait de mal à personne que je sache ?
Elle s'en alla, non convaincu de ma réponse. Les danses et les verres se multipliaient. Ma vue était de plus en plus brouillée et le fait de s'abandonner sur la musique me plaisait. Puis, la douce mélodie de la musique s'arrêta. Je cherchais ce qui avait arrêté ou du moins, pourquoi !
– Morgan, tu n'es pas très fraîche, je t'avais prévenue ! L'alcool ce n'est pas très bon pour toi, tu ne tiens pas plus de deux verres. Regardes-toi, tu tiens à peine debout ! Viens, on rentre.
Sous l'emprise de l'alcool, ma réaction s'amplifia. Tout le monde me regardait me ridiculiser sur la piste de danse, sans musique. Alors, quand Téa prit son bras pour me rejoindre notre chambre, tout dégénéra.
– Lâche-moi ! Vous êtes qui vous ? Hein ? Pour faire la fête il y a du monde hein ! Mais quand c'est pour vraiment aimer, là, plus personne n'est vraiment là. Qui a été là quand ma mère m'a annoncé qu'elle allait divorcer avec mon père ? Quand ma soi-disant meilleure amie s'est jouée de moi ne me faisant sortir avec son mec juste pour le fun. Et qui a été là quand je me suis battue avec toi Thomas hein ! Tout le monde regardait et personne ne disais rien. Toi Téa tu n'es juste là que pour te faire une amie pour combler le fait que tu n'aies aucun ami ! Louis tu n'es qu'un pauvre connard comme toi Tom, Thomas. Rebecca, tu ne te rends même pas compte que ton mec drague toutes les filles du lycée ! Lily ? On ne sait pas qui tu es vraiment tu t'es faites violée ou alors c'est un pure mensonge ? De toute façon vous n'êtes qu'une bande d'incapables, égoïstes et de prétentieux. Je me casse de là et si vous me retrouvez morte sur un chemin, faite pas de chichi, faite ce que vous m'avez toujours fait !
Tout le monde me regardait, sans mot. Certains avaient les yeux rivés au sol, d'autre se retenaient pour ne pas bondir sur moi et me cribler de coups. Certaines pleuraient mais je m'en contrefichais. Je criais, pleurais, riait et finit par essayer de partir. A l'instant même où je voulais juste gifler tout le monde ici présent, je vacillais et mes jambes tremblotantes succombèrent sous mon poids. Je m'évanouis en sentant la terre du sol et l'odeur de l'herbe humide sur mon visage sale.
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