11.
Pendant presque les deux semaines qui suivirent, les cauchemars se succédèrent. Je ne dormais quasiment plus et perdais les maigres forces que j'avais. Je n'allais plus au lycée, je ne mangeais plus, plus d'appétit, ne dormait plus, trop de cauchemars. Le paradis m'avait officiellement laissé tomber.
Je demandais à Louis de passer plus tard. Quand il arriva, j'étais épuisée du moindre effort que je faisais.
- Il faut trouver une solution, cela ne peut plus durer, je ne peux plus, je suis à bout de force. Je ne mange plus, ne dors plus.
Ma mère rentra dans ma chambre un plateau à la main contenant deux sandwichs aux crudités.
– Tenez. Essaye de manger Morgan, tu ne tiendras pas éternellement comme ça sans manger.
Je hochais la tête mais je n'avais pas faim. Elle sortit de ma chambre, dépitée.
- Regarde là, la pauvre, imagines-toi, voir ta fille se laisser mourir. J'aimerais bien savoir si tu la laisserais faire.
- Non évidemment.
- Alors fais un effort, pour nous. Je parle de moi et de ta famille, Morgan.
On toqua à ma porte encore une fois, contre toute attente, Jules entra le sourire aux lèvres, du chocolat en coin de la bouche. Il tenait son doudou à la main. Il s'assit sur mes genoux puis je m'allongeais pour qu'il soit plus à l'aise. Il finit par s'endormir. Je me forçais à manger. Louis mangeait près de moi, il était anxieux.
– Morgan ?
– Oui ?
– Pendant ton coma, j'ai parlé avec tes parents et leurs ai expliqué que je venais d'entrer dans l'internat de ton lycée. Après longue réflexion, ils en ont conclu que le mieux serait que tu rentres dans l'internat pour les cours. Jules te prends tout ton temps libre, et tu n'as pas beaucoup d'amis ici.
- Donc si je comprends bien, même si je proteste, je n'ai pas le choix c'est ça ?
– Je crains que non. Tu sais, c'est pour ton bien et puis, je ne serais pas très loin. Juste à côté simplement dans un autre bâtiment, voisin au tien.
Je réfléchis quelques secondes. Qu'avais-je à perdre ? Je lui répondis :
– Mais je serais avec qui là-bas ? Comment ça se passe ?
Louis riait aux éclats. Cela me faisait peur cependant, comment aller se passer notre relation là-bas ? Notre couple allait-il tenir longtemps. Je savais que Louis n'étais pas une relation longue, mais je voulais profiter chaque instant de mon insouciance et de ma liberté.
Des étoiles dans les yeux, il mangeait son en-cas avec de la salade qui dépasse ce qui est assez comique. Mais je me retiens de rire par respect. L'appétit vînt peu à peu puis je réussis malgré tout à finir mon sandwich. Ma mère repassait en fin d'après-midi, elle prit Jules qui dormait toujours dans mes bras. Puis sortit de ma chambre.
Louis devait rentrer. Lundi serait notre journée de rentrée à l'internat, alors il me laissa. Il devait lui aussi se reposer. Il m'embrassait et me quittait à contre cœur.
J'étais encore une fois seule, je réfléchissais à mon avenir. J'avais tout raconté à ma mère pour la soirée, mon amitié avec Justine définitivement rompue, et son meilleur ami... Enfin plutôt petit ami depuis deux ans. Je m'endormis en pensant à Gabriel, ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu. Il passera sûrement dans la semaine pour prendre des nouvelles ou du moins ses affaires. Il dormait souvent chez sa nouvelle copine Amélie. Je ne la connaissais pas mais j'étais heureuse de savoir que mon frère avait trouvé quelqu'un d'autre que la famille et ses amis dans sa vie.
***
En ce beau jour d'hiver, certes il y avait de la neige, mais le paysage était magnifique. J'étais assise sur ce banc, recouvert de milliers de flocons de neige. J'attendais Louis. Les enfants étaient en train de mettre des cailloux pour faire des yeux sur leur bonhomme de neige plus grand qu'eux.
La neige, poudreuse continuait de tomber, immobile sur le banc, j'étais grelottante.
Dans deux jours je rentrais à l'internat avec Louis. J'avais repris des forces depuis que Louis m'encourageais, et je songeais à tout ce qui m'arrivais d'incroyable ces derniers temps. Benjamin, mon déménagement, Louis, Tom. Mais aussi la fin de l'amitié fusionnelle entre moi et Justine. Et mon accident, pourquoi tout cela m'arrivait-il ? Pourquoi tant de choses impensables en environ cinq mois ?
Des pas se firent entendre, le craquement de la neige, le froissement de manteau d'hiver approchait, je n'osais pas me retourner, je savais que c'était lui. Il me mit les mains sur les yeux et me demanda :
- Qui est-ce qui t'aime le plus dans ce monde ?
Je fis l'innocente.
- Humm je ne sais pas...
- Aller devine !
- Tom ?
- Non, pas lui, il ne t'aime probablement pas autant que moi
- Louis ?
Il ne dit rien, je sentis ses mains s'appuyer sur mes yeux et j'avais deviné qu'il essayait de faire le tour du banc. Il se trouvait à présent face à moi, je me levais. Toujours les yeux bandés. Il retira ses mains et me prit par la taille. Je riais de nouveau, lui me regardais fixement.
- Tu ne résisteras pas Louis, là maintenant, si on suit le contexte des choses, tu es obligé de m'embrasser.
- Qu'est ce qui te fait croire que je vais le faire ?
- Mon instinct.
Il recula et me balança.
- Puisque c'est soit disant le contexte, je ne vais pas le faire, viens on rentre, il fait froid.
Je ne dis rien, déçue. Il avait dit ces paroles sur un ton glacial. Le chemin du retour fut compliqué. Je ne parlais pas et restais froide. Je pense qu'il ne le vit pas mais j'étais extrêmement déçue et vexée. Avant de rentrer chez lui, je m'arrêtais.
- Je... Je suis fatiguée... Je vais rentrer bisous à demain ?
- Non, je suis désolé mais ce soir, tu rentres chez moi. Tout est prévu, ne gâches pas tout maintenant.
- Comment ça tout est prévu ?
- Tu verras...
Que m'avait-il encore préparé ? Excellente question.
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