Bonus - Chapitre 2


Cody crève d'envie de se frapper la tête contre un mur. Un joli mur en briques bien dures pour s'exploser le crâne. Non mais sérieux, qu'est-ce qui lui a pris de faire ça ? Pourquoi venir ici lui a-t-il paru être une bonne idée ?

Et c'est où « ici », vous demandez-vous ? Eh bien, ici, c'est un sex shop.

Un sex shop...

À quoi pensait-il, bon sang ? Eh bien il va vous dire à quoi il pensait. Il pensait à la queue de son mec dans son cul. Oh ça va, hein ! Il est vulgaire s'il a envie. En même temps, il n'y a pas trente-six façons de le dire. Vous préférez : « Il souhaite atteindre la félicité physique en partenariat avec son petit ami » ? Si vous voulez. C'est joli, c'est poétique et ça ne reflète absolument pas ce dont il a envie.

Ce que cherche Cody, c'est quelque chose pour vaincre sa peur. Bon, venir dans un sex shop et se retrouver avec des kilomètres – il exagère s'il a envie – de sex toys sous le nez, ce n'était peut-être pas une bonne idée en fait. Ça pourrait éventuellement être rassurant s'il n'était pas présentement devant un rayon qui offre une sélection d'objets de tailles impressionnantes.

Cody penche la tête sur le côté et observe un gode qui doit faire la taille de son poing. Rien que d'imaginer ce truc s'approcher de lui, il a envie de se mettre en PLS et de pleurer toutes les larmes de son corps en appelant son père à l'aide. Drama queen lui ? Pfff, n'importe quoi.

Bon, clairement il n'est pas dans le bon rayon. Peut-être même qu'il n'est pas au bon endroit du tout. Pourquoi ne parle-t-il tout simplement pas avec Mike ? Ce serait quand même beaucoup plus simple et certainement moins traumatisant. Il y a quand même de grandes chances pour qu'après ça, Cody rêve qu'une armée de sex toys géants lui coure après pour lui sauter dessus. Ça promet des réveils étranges.

Un long frisson parcourt son échine et ça suffit pour le décider à partir. Alors qu'il se retourne, il tombe sur la dernière personne qu'il s'attendait à trouver dans ce genre de magasin. Il pensait y rencontrer Kaspian. Noclas ou Carlos, à la limite – quoique ces deux-là sont toujours des écureuils – mais certainement pas...

— Monsieur Latimer.

— Ma... madame McDonnald ?! ne peut s'empêcher de s'exclamer Cody.

On peut l'excuser, non ? Ce n'est quand même pas commun de tomber sur la doyenne hyper stricte de son université dans ce genre d'endroit. Et puis, le regard du vampire dévie sur l'objet que tient la chimère et il a soudain peur que ses yeux sortent de leurs orbites.

Là, dans un emballage d'un joli vert, se trouve un gode qui annonce fièrement être une reproduction de l'engin de Hulk. Oui, le personnage de bandes dessinées qui fait trois mètres de haut, au moins du soixante-quatre en taille de chaussures et dont le membre est forcément proportionnel au reste de sa personne.

Cody a soudain la sensation d'être un personnage de dessin animé. Vous savez, celui dont la mâchoire tombe sur le sol et finit par se barrer en hurlant de trouille. Ou celui qui s'arrache les yeux pour ne plus voir ce qu'il a devant lui. Si on insiste vraiment, il peut même être les deux en même temps. Ça ne le dérange pas.

— M-mais... V... vous..., bégaye-t-il.

— Monsieur Latimer, je n'apprécie pas d'être jugée sur mes activités personnelles, dit la doyenne sur un ton guindé très bizarre au vu du lieu où ils se trouvent. Surtout quand vous êtes ici pour les mêmes raisons que moi. La différence, c'est que moi je suis célibataire. Passez une bonne journée, monsieur Latimer. Mon bonjour à votre père.

Cody ramasse sa mâchoire sur le sol, récupère ses yeux et dégage du magasin comme si le feu venait de s'y déclarer. Quand il monte dans sa voiture, la panique a cédé la place à l'embarras le plus pur qui soit. Sérieusement, il n'y a qu'à lui que ça arrive ce genre de truc. Pour une fois qu'il décide de sortir des sentiers battus...

Quoique, quand on y réfléchit bien, c'est la deuxième fois. La première, c'est quand il est allé chasser. Donc en fait, si on établit le bilan de ses bonnes idées, la chasse et le sex shop ne sont définitivement pas dedans. Il en revient donc à son idée géniale et révolutionnaire : aller parler à Mike.

Cody vérifie sa montre. Bon, l'Alpha sera à la Tanière d'ici une heure, ça laisse le temps au vampire de cogiter sur la façon dont il va pouvoir dire ce qu'il veut et, surtout, de paniquer tranquillement avant.

Youpi...

***

Mike rentre de cours et s'arrête net dans l'entrée de la Tanière. Il renifle l'air en fronçant les sourcils. Oui, il sait que c'est un comportement très canin. Il s'en fiche, figurez-vous. C'est un loup-garou, donc il a forcément des attitudes pas très humaines. Ça ne le dérange pas.

Pour l'instant, son comportement n'est pas sa première préoccupation. Par contre, le fait que la nervosité et l'angoisse de Cody imprègnent toute l'atmosphère de la maison, ça oui, ça l'interpelle. Ça l'inquiète même fortement.

Grâce à son nez, il suit l'odeur de son vampire et arrive devant la porte de sa chambre. Mike fronce encore plus les sourcils. Cody devrait être en cours normalement et ça ne lui ressemble pas de faire l'école buissonnière comme ça.

Prenant une profonde inspiration – qui lui remet une nouvelle dose d'émotions négatives dans les narines – il ouvre la porte et manque trébucher sur... Euh... Sur rien en fait. Rappelons quand même qu'un Alpha loup-garou est censé être gracieux, agile et doté de sens surdéveloppés. Mike ne semble pas être au courant, excusez-le.

Bref, Mike manque de s'étaler par terre comme un clampin qui a trop bu, tout simplement parce que son petit ami l'attend, nu sur le lit. En soi, ce n'est pas ça qui dérange beaucoup le loup. Ce n'est pas la première fois qu'il voit Cody dans son costume de naissance après tout. Non, ce qui a failli l'envoyer au tapis, c'est l'expression d'horreur absolue que le vampire porte sur son beau visage.

Alors, que les choses soient claires, si Cody ressemble à quelqu'un qui vient de se faire prendre en flag avec la main dans le pantalon, c'est parce que c'est exactement ce qui se passe. Bon, en l'occurrence, il n'a la main dans aucun vêtement puisqu'il est nu – suivez un peu enfin ! – mais quand même. Mike ne pensait pas entrer dans sa chambre et voir son petit ami avec deux doigts entre les fesses.

— Mais qu'est-ce que tu fais ? s'exclame Mike avant de grimacer.

Franchement, il aurait pu éviter d'avoir l'air d'un père outragé qui surprend son enfant avec une cigarette au bec, non ? Cody doit penser exactement la même chose, puisqu'il répond sur un ton plus que sarcastique :

— Je mange un yaourt, ça se voit pas ?

Cody retire ses doigts en grimaçant et s'enroule dans la couette. Mike soupire et vient s'allonger sur le lit à ses côtés.

— Chaussures, grogne Cody.

Mike lui jette un regard incrédule, mais comme en plus de la nervosité et de l'angoisse, il y a maintenant des traces de gêne dans l'air, il se dit que c'est cette gêne qui rend Cody si agressif. Donc il enlève ses chaussures et se réinstalle. Un silence pesant règne pendant de longs instants dans la chambre, puis l'Alpha se décide enfin à le rompre.

— Tu veux bien m'expliquer ?

Il essaye d'être le plus gentil et patient possible, mais n'est pas sûr d'y parvenir.

Cody se trémousse à ses côtés, mal à l'aise, puis finit par marmonner :

— Je voulais juste voir ce que ça faisait...

Mike sourit, indulgent, avant de se pencher sur son petit ami pour l'embrasser lentement. Sans savoir réellement comment, il se retrouve allongé sur Cody et le baiser devient bien plus passionné, bien plus enfiévré, et ça ne s'arrête pas là. La couette doit déranger Cody, puisqu'il la vire à coups de pied pendant que Mike s'écarte juste assez longtemps pour que la pièce de literie soit jetée au sol.

Les baisers reprennent, plus frénétiques, mais cette fois Mike est directement en contact avec la peau de son vampire. Il y a quelque chose d'incroyablement érotique dans le fait qu'il soit complètement habillé et pas Cody. L'Alpha décide de profiter de cette nudité pour explorer Cody avec sa bouche.

Alors qu'il fait lentement son chemin le long du corps du vampire, léchant et mordillant la moindre parcelle de peau à sa disposition, Mike entend soudain un lourd martèlement à sa porte.

Les deux hommes se figent avant de grogner en chœur.

— Je vais les tuer, promet Mike dans un grondement.

— Je vais t'aider, répond Cody sur le même ton.

Sauf que lorsque Mike ouvre la porte, il se retrouve face à un Scott désemparé.

— Je suis désolé, dit aussitôt le jeune loup, mais c'est une urgence absolue. Carlos, ou Noclas, je sais jamais qui est qui, s'est fait mordre par un chien.

Mike grogne à nouveau et il meurt d'envie d'attraper Scott et de le secouer comme un prunier. Sérieusement, pourquoi, mais pourquoi vient-il le faire chier avec ça ?! Surtout maintenant ! Pourtant quelque chose dans l'attitude de Scott l'empêche d'afficher son mécontentement. Aussi, au lieu de s'énerver, Mike demande :

— Et tu me dis ça, parce que... ?

— Euh, parce que Carlos et Noclas sont toujours des écureuils ? répond Scott, l'air peu sûr de lui.

Merde !

— Merde ! s'exclame l'Alpha avant de se tourner vers Cody.

Celui-ci ne lui laisse pas le temps de parler.

— Va t'occuper de ton Bêta. Je reste ici, promet le vampire.

— Je fais au plus vite, assure Mike en sortant précipitamment de la pièce.

Quand Mike revient à la Tanière à deux heures du matin, il a envie de tuer tout le monde. D'abord, il va dépecer la sorcière qui refuse de rendre leur apparence à Noclas et Carlos tant qu'ils ne se seront pas excusés. Sauf qu'ils ne peuvent pas le faire tant qu'ils seront des écureuils. C'est comme cette satanée histoire du serpent qui se mord la queue. Ensuite, Mike va éviscérer le propriétaire de ce satané chien qui a regardé son animal/cabot/clébard attaquer une pauvre bête sans défense en rigolant. Et pour finir, il va buter tout le personnel de la clinique vétérinaire qui a pris cent vingt mille ans pour s'occuper de Noclas – Mike arrive à les différencier, simplement parce que Carlos est beaucoup plus drama queen – alors que la salle d'attente était vide.

Ce qui veut dire, bien évidemment, que lorsqu'il rentre, Mike trouve Cody endormi. Il reste un instant à le regarder dormir, parce que le vampire est beau à couper le souffle dans son lit. Puis Mike se love doucement contre son petit ami pour ne pas le réveiller, en se disant que ce n'est que partie remise.

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