4 avril 1563
Je suis né durant l'été de l'an quinze cent trente-sept. De cette époque, je n'ai que peu de souvenirs. Tout s'est effacé au fil des années, des siècles. Reste la réminiscence de quelques sensations, de sentiments de bonheur et d'insouciance. Le souvenir le plus clair est celui de ce jour d'avril quinze cent soixante-trois. Ce jour où tout a basculé, celui où je suis passé de la vie au trépas, du paradis à l'enfer.
Ce jour-là, j'étais invité à un énième banquet. J'étais alors un jeune damoiseau de vingt-cinq ans, persuadé de tout savoir, de tout maîtriser et que jamais rien de fâcheux lui arriverait. Sauf que je me trompais amèrement et j'allais bientôt m'en rendre compte.
J'ai eu la chance de naître noble, l'enfant unique d'un duc de surcroît. Autant dire que tout m'était dû et j'en profitai largement. La Nature m'avait bien fait, pour le plus grand malheur des demoiselles qui croisaient mon chemin. J'usais et j'abusais de mes charmes pour obtenir d'elles ce que je voulais. Ma réputation n'était plus à faire, mais, de par mon statut social, j'étais intouchable, mon père, le Duc Vacaresco de Varsovie, faisant disparaitre le moindre problème qui pouvait menacer sa progéniture.
Ce soir d'avril, j'étais donc en train de parcourir la salle à la recherche de la prochaine jouvencelle que j'allais pouvoir attirer dans mes filets. Avec mon meilleur ami, Sergeï, nous faisions souvent des paris et trouver une nouvelle victime de nos jeux futiles et risqués devenait de plus en plus difficile.
Soudain, Sergeï me donna un coup d'épaule et me montra une direction du menton. Une jeune femme avait attiré son attention. Ses cheveux blonds comme les blés tombaient en de lourdes boucles sur ses hanches fines. Ses grands yeux aigue marine et sa peau d'albâtre lui donnaient un air de poupée russe.
- Je crois que nous avons trouvé ton défi de ce soir, cher ami, ironisa Sergeï.
- Bien trop facile, fanfaronnai-je. Cela se voit tout de suite que c'est une pucelle effarouchée. Elle a dû passer toute sa vie dans un couvent.
- Raison de plus, Achille. Tu vas devoir la convertir, en faisant d'elle la pire des dépravées.
Notre rire résonna dans toute la salle, attirant l'attention sur nous, y compris celle de la demoiselle en question. Je pris donc le pari et le laissai pour alpaguer ma nouvelle proie.
- Bonsoir, gente dame, commençai-je, en la saluant d'une révérence élégante. Je me présente, Achille Vacaresco, futur Duc de Varsovie. Il ne me semble pas que nous ayons été présentés. C'est fâcheux.
Les joues de la jeune fille rosirent légèrement en voyant que je m'adressai à elle. Elle me rendit la révérence, un sourire léger sur les lèvres. La robe qu'elle portait était très sobre, pourtant mon esprit ne peut s'empêcher de l'imaginer nue, s'offrant à moi toute entière.
- Je m'appelle Hella Olsen, fille du Comte de Lund. Je suis de passage. Mon père m'envoie au couvent de la ville de Torun en attendant mon mariage.
Son visage reflétait une telle innocence qu'un instant, j'hésitai à honorer mon pari. Mais le regard langoureux qu'elle me lança alors fit disparaitre tous mes scrupules. J'allais aisément gagner une bourse pleine d'or et quelques minutes de plaisir.
- Permettez-moi donc de vous inviter à danser avant qu'il ne me soit plus possible de le faire.
Elle hésita quelques secondes puis me tendit sa main menue, en gloussant légèrement. De fil en aiguilles, danse après danse, nous nous rapprochâmes. De verre de vin en verre de vin, je réussis à l'éloigner de la foule, jusqu'à une petite pièce isolée. J'étais grisé, elle était ivre. Sans chaperon pour la surveiller, elle était vouée à tomber entre les griffes d'un jeune loup. Je me félicitai d'être celui-là. En tous cas, c'est ce que je croyais alors.
Ses yeux se mirent à parcourir la pièce pour s'arrêter sur une peinture accrochée au mur. Celle-ci représentait une femme nue, allongée dans l'herbe, dans une pose lascive très suggestive. Je posai alors mes mains sur ses épaules et lui susurrai à l'oreille.
- Elle est magnifique, n'est-ce pas ?
- Elle est tellement... enfin, ce n'est pas très convenable, bafouilla-t-elle.
- Regardez-la bien. Elle a l'air si heureuse, si comblée. Pensez-vous réellement que Dieu nous aurait confié un corps, capable de tant de voluptés, sans pouvoir en jouir comme bon nous semble ?
A ces mots, je laissai glisser mes doigts sur le tissu recouvrant ses bras, caressant sa nuque de mon souffle. Je pris sa main, la porta à ma bouche et déposa un baiser léger sur son poignet. Elle frissonna, mais ne me repoussa pas. Je continuai donc, écoutant sa respiration s'accélérer.
- Ma douce Hella, laissez-moi vous donner ce petit bonheur que ce corps, façonné par Dieu, peut vous procurer.
Ma main caressa son ventre et elle s'abandonna dans un soupir. Je la retournai face à moi et déposai un baiser léger sur ses lèvres. Mes bras entourèrent sa taille pour la soulever et l'asseoir sur le bureau, juste à côté. Elle hoqueta de surprise. Je l'empêchais de penser en l'embrassant de plus belle. Ma langue lui caressa les lèvres qui s'entrouvrirent, me laissant un passage étroit dans lequel je m'engouffrai avec plaisir. Elle geignit, s'accrochant au rebord de la table. Mes mains glissèrent le long de ses jambes, à la recherche du jupon que je fis remonter jusqu'en haut de ses cuisses dévoilant sa peau si douce et étonnamment froide. Je quittai ses lèvres et m'agenouillai entre ses jambes. Elle me regardait, incrédule, se demandant ce que je m'apprêtais à faire.
- Je vais vous donner ce que votre mari ne vous donnera jamais. Laissez-moi le privilège d'être le premier et sûrement l'unique homme à faire cela.
Je rapprochai ma bouche de ses cuisses. Ses yeux s'écarquillèrent. Doucement, je posai les lèvres sur son fruit défendu. Elle aspira bruyamment et serra les jambes. Je les écartai à nouveau, glissant cette fois-ci ma langue entre ses lèvres. Ses doigts se crispèrent sur le bois, son dos se cambra, sa tête bouscula en arrière. Hella se laissa faire. J'accentuai mes assauts contre sa petite fleur. De mes anciennes conquêtes, j'avais beaucoup appris. Notamment comment faire jouir une femme pour qu'ensuite, elle vous laisse satisfaire votre appétit. Soudain, son corps se tendit un peu plus, sa main agrippa mes cheveux. Dans un cri rauque, elle jouit contre ma bouche. Je délaissai son antre désormais satisfait pour m'occuper de sa bouche encore avide. J'y glissai ma langue, encore chargée de ses effluves intimes. Elle l'accueillit avec avidité. Sa langue guida même la danse. Puis elle entreprit de m'embrasser sur la mâchoire, sur le cou. J'étais satisfait. Elle commençait à céder à la tentation de la chair. Bientôt, je pourrais moi aussi jouir entre ses cuisses.
C'estalors que je sentis une douleur fulgurante dans mon cou, là même où sa bouches'était posée. Elle était en train de me mordre ! Je voulus me dégagermais Hella m'enserra la taille de ses jambes que je croyais frêles. A mon grandétonnement, elle avait une force incroyable. J'étais piégé. Je voulus crier,mais il était déjà trop tard. Mon sang s'écoulait beaucoup trop vite dans sagorge. Bientôt mon cerveau s'embruma, bientôt toute volonté de combattrem'abandonna. Je restai là, spectateur de ma propre agonie. Cette femme me tuaità petit feu et je ne faisais rien. Au contraire, je m'enfonçais dans unedélicieuse sensation de bien-être. Lentement, mes sens commencèrent às'éteindre. Le toucher, l'ouïe et enfin la vue. Je sombrai dans un néant quej'avais cru, sur le moment, éternel.
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