17 mai 1565
J'étais un être indépendant et fier. Pourtant Hella avait réussi à faire plier ma volonté. Je fulminais. Personne ne pouvait me dicter ma conduite. Même mon père n'y était jamais parvenu. Une femme ne pouvait réussir là où il avait échoué. Il me fallait me rebeller, lui montrer qu'elle ne pouvait plus avoir d'emprise sur moi. Mais, à présent que j'avais accepté ma nature, mes appétits avaient décuplé. Je savais étancher ma soif dans les bas-fonds de la ville. Mais m'unir à ces femmes pitoyables qui trainaient dans les rues, il en était hors de question.
Alors je jetai mon dévolu sur l'une des servantes du manoir. Une petite vierge d'à peine dix-huit ans, à la peau rosée, à la chevelure flamboyante et aux yeux de biche effarouchée. Je l'observai chaque jour par la fenêtre quand elle étendait le linge. Le mouvement de ses bras dénudés. Ses courbes généreuses que je devinais à travers sa blouse. Son fessier offert quand elle se penchait pour attraper un vêtement. Je m'imaginai m'enfoncer en elle, la faire crier au gré de mes coups de reins. En bien plus encore. Mes pensées s'égaraient dans les méandres sombres de mon désir.
Un jour, alors que je la croisai dans les couloirs, je décidai de satisfaire enfin mes envies. Pour un sujet futile, je l'attirai dans un salon. Elle me suivit, en toute confiance. Ma voix se fit miel, mes paroles douces et flatteuses. Mon regard brûlant glissait de sa bouche entrouverte à sa poitrine alléchante. Ses pupilles mordorés et dilatées ne me quittaient plus. Elle se laissait envoûter. Mes doigts frôlèrent la courbe de sa mâchoire. Son cœur se mit à battre plus fort. Je me rapprochai d'elle, lui susurrant à son oreille mon désir. Son souffle devint erratique. Quand je posai la main sur son bras, des frissons parcoururent sa peau. Elle était prête à me céder alors je n'hésitai pas. Je l'allongeai sur le sofa et me penchai sur elle.
Ses paupières battaient vite. Elle avait peur. Pourtant, elle ne me repoussa pas quand j'entrepris de défaire son corsage. Déflorer une vierge avait toujours été un plaisir. Leur faire découvrir le plaisir de la chair était jouissif. Elle soupira quand je refermais ma bouche sur son téton dressé. J'étais un sculpteur. Je la façonnai selon ma volonté. Par moi, elle découvrait des délices interdits. Elle gémit quand je remontai son jupon, jusqu'à découvrir sa toison rousse. L'innocence de ses gestes. La rougeur de ses joues quand elle prit conscience de ce que son corps lui procurait. Tout me galvanisait. Mes doigts glissèrent en elle avec facilité. Elle se cambra, ferma les yeux. Ses inspirations désordonnées échauffèrent rapidement mes sens. Il me fallait assouvir à présent mon besoin. Je me redressai pour la dominer. Ses yeux de biche me fixaient intensément. Ils suivirent le trajet de mes mains quand elles firent passer ma chemise par-dessus ma tête. Ils ne les quittèrent pas quand elles descendirent plus bas. Ils se fixèrent sur ma proéminence masculine tandis que je détachai ma ceinture. Ils s'écarquillèrent quand je découvris mon sexe tendu.
Je crus un instant qu'elle allait renoncer, mais il suffit que je prononce une parole. Son regard accrocha à nouveau le mien et elle s'apaisa aussitôt. Doucement, ma main glissa sous sa fesse et souleva sa jambe pour me donner accès à son intimité. Je m'y glissais alors avec délice. Lentement. Progressivement. Jusqu'à sentir sa virginité céder. Puis j'accélérai. Elle s'accrocha aux bords satinés du canapé et grimaça. Mais je continuai. Toujours plus loin, toujours plus vite. Ses cris me portaient. Je me mis à grogner. Je comblais enfin cet appétit qui me torturait depuis plusieurs jours. Mon regard dévia alors sur la base de son cou et je ne pus résister. Je plantai mes crocs dans sa tendre chair et étouffai sa plainte en la bâillonnant. J'explosai alors entre ses cuisses tandis que son liquide vital arrivait enfin dans ma bouche.
Là, je me figeais. Il avait un goût tellement fade. J'aurais cru retrouver cette saveur exquise dont je me délectai si souvent. Je restai un moment ainsi, reprenant mon souffle, analysant mes sensations. J'observai cette fille qui m'avait offert sa virginité. Sa poitrine se soulevant si vite, à cause des affres de ma morsure mêlés aux voluptés de la jouissance. Ses cheveux roux bouclés, étalés en corolle tel un soleil couchant. Tout me plaisait. Pourquoi avait-elle un goût si insipide alors que les vauriens des rues comblaient ma gourmandise ? je me retirai, elle gémit. Evanouie sur le sofa pourpre, elle était encore plus belle.
Je me mis à faire les cent pas, incapable de rassembler mes idées. Qu'avais-je fait ? Pourquoi n'étais-je pas comblé comme j'aurais dû l'être ? J'enrageais de ne point trouver de réponses. Je savais pertinemment qui les avait. Je pestai une nouvelle fois à voix haute, me rhabillai et soulevai la jeune fille dans mes bras. Serrée contre moi, elle semblait dormir, mais je connaissais parfaitement l'état dans lequel elle était plongé. Je l'avais moi-même expérimenté. Arrivé à ma chambre, je la déposai sur le lit, lui jetai un dernier coup d'œil avant de sortir en fermant la porte à clé. J'arpentai alors d'un pas rageur le manoir en hurlant à pleins poumons le nom de celle dont je voulais à tout prix m'affranchir.
Hella apparut alors, au détour d'un couloir, observant le jardin à travers une fenêtre.
- Mon cher Achille, qu'est-ce qui vous met donc de si mauvaise humeur ?
J'inspirai profondément afin de mettre de côté ma fierté.
- J'ai besoin de toi.
Son sourire s'élargit et elle vint vers moi, en ondulant des hanches. Je comblai l'espace qui nous séparait, glissait son bras sous le mien et l'obligeai à accélérer la cadence. Arrivés à ma chambre, je la poussai à l'intérieur, en prenant soin de refermer à clé derrière moi.
- Il faudrait revoir tes manières, Achille. Tu perds en courtoisie.
Je me contentai de gronder, tandis que je lui indiquai les raisons de sa venue. Hella jeta un coup d'œil à la jeune fille endormie sur le lit et soupira.
- Ah ! Les excès de la jeunesse ! Tu n'as pas pu t'empêcher de te servir dans le personnel de maison.
- Ce n'est pas la peine de me rappeler à quel point j'ai manqué de discernement.
- Pourquoi ne pas l'avoir tué ?
Cette femme était vraiment sans cœur. Cette enfant était innocente. Elle ne méritait pas un tel sort. Autant tuer la vermine ne me gênait plus, autant massacrer des âmes pures m'était inconcevable.
- Tiens donc. Tu ne veux pas te salir les mains avec le sang des innocents. C'est un peu tard pour les regrets. Soit tu la tues, soit tu la convertis.
Ces idées étaient l'une comme l'autre impensables. Et puis, la saveur âpre de son sang marquait encore ma langue.
- Tu te demandes pourquoi elle avait un goût si fade, n'est-ce pas ? C'est parce que son âme n'est pas entachée par le péché.
Hella s'approcha de moi et plongea son regard dans le mien.
- Peut-être pourrais-tu la pervertir d'abord. Tu verras, son sang s'adoucira. Puisque tu ne sembles pas prêt à en finir avec elle, je t'accorde le droit de la garder quelques temps, comme je l'ai fait avec toi. Elle sera sous ta responsabilité. Amuse-toi bien.
Elles'éloigna aussitôt. Mon regard la suivit un instant, jusqu'à ce qu'elle refermela porte derrière elle. Je précipitai alors pour tourner la clé dans la serrureet revins m'asseoir, face au lit. Qu'allais-je bien pouvoir faire d'elle ?
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