15 septembre 2016
Cela fait des jours que je reste assis dans ce fauteuil à observer l'extérieur, en espérant que quelque chose se passe. Cette fille a foutu le bordel dans ma tête. Elle a rouvert des blessures que je croyais définitivement fermées. J'ai eu beau me montrer froid, elle a su réveiller une partie de mon âme que je croyais morte définitivement.
La sonnette me sort de ma torpeur. Je me traine jusqu'à l'interphone.
- C'est moi.
Sans donner de réponse, j'ouvre le portail et retourne à ma place. Bientôt, la porte d'entrée s'ouvre et se referme, mais je ne daigne même pas jeter un coup d'œil vers la nouvelle arrivée. Je l'entends se rapprocher, s'asseoir sur la table basse. Elle sait qu'il est risqué de me perturber quand je suis dans cet état. Alors, elle attend que je me préoccupe de sa présence. J'aurais préféré ne pas avoir à faire appel à elle, mais les contractions de mon abdomen me crient que je ne peux faire autrement.
Lentement, je détourne le regard. Elle porte le trench que je lui ai offert et je sais qu'elle n'a rien mis dessous. Vêtement hautement pratique pour ce que nous nous apprêtons à faire. Je m'enfonce dans l'assise du Louis XV et d'un geste de la main, lui intime de se déshabiller. Avec une lenteur calculée, elle défait la ceinture. Le tissu crisse sous ses doigts. Elle attise mes sens, provoquant mon appétit. Ses doigts teintés de rouge défont les boutons, les uns après les autres. La bête en moi se met à gronder.
Une épaule, puis l'autre. Le manteau glisse dans un mouvement sensuel. Dans un son étouffé, il tombe au sol, étalant son étoffe sombre tel une flaque de noirceur égale à celle de mon âme. Sa peau laiteuse m'appelle. Le tracé bleuté de ses veines m'attire. Je sens pulser le sang à l'intérieur. D'un mouvement brusque, je lui saisis les hanches et la hume. Quel parfum délicat. La luxure, la tentation, l'envie. Mon souffle frôle son épiderme. Elle frissonne, manque une respiration. Je laisse monter doucement son désir. Son goût n'en sera que meilleur.
Ses tétons se tentent. Sa croupe se cambre. Sa bouche entrouverte laisse échapper un souffle saccadé. Ma bouche reste en suspens, parcourant sa peau avec délectation. Je la sens perdre patience. Je veux la faire perdre pied. Je sens ses doigts qui luttent pour ne pas me toucher. Elle sait qu'elle n'en a pas le droit. Je suis le seul qui décide. Celui qui donne, celui qui prend. Si elle veut obtenir ce qu'elle est venue chercher, elle doit résister. Et je ne lui facilite pas la tâche. Bien au contraire. Lentement, mes doigts remontent le long de son échine, s'enfoncent dans sa chair tendre, l'obligent à se cambrer selon mon bon plaisir.
Soudain, je lui happe un sein. Elle laisse échapper un hoquet. Je le relâche. Elle geint de dépit. Mon appétit devient de plus en plus pressant. Je l'oblige à s'allonger sur mes genoux, s'offrant à moi tel un agneau au grand méchant loup. La bête hurle, réclame son dû. Ma main longe sa cuisse, frôle ses côtes, dégage son cou de ses mèches cuivrées. Ma langue y trace une courbe sensuelle, tandis que mes doigts se referment sur son sein. Elle halète, prête à sombrer dans les tourments du plaisir.
Mes dents raclent sa mâchoire, titillent son oreille. Puis, d'un coup, mes crocs se plantent dans sa jugulaire. Elle pousse un cri de surprise. Tout son corps se crispe. Je la resserre contre moi, tandis que le sang parvient enfin à mes lèvres. Je gronde, je grogne telle la bête immonde qui m'habite. Mes entrailles accueillent le liquide vital avec délectation. Je n'en pouvais plus. Ce manque était en train de me vriller l'esprit. Doucement, elle se laisse aller, enivrée par les sensations que je lui procure. Son sang a un goût corsé teinté de pêchés. Un véritable nectar.
Soudain, je l'entends. Avant même qu'elle ne saisisse la poignée de la porte, j'entends son cœur qui bat si vite. J'entends le flot de ses pensées, confus, désordonné. Elle entre. Malgré moi, je suis soulagé de savoir qu'Elle est en vie mais je ne veux pas croiser son regard. Elle va encore me plonger dans mon passé. Un passé que je fuis avec tellement d'obstination. A cause d'Elle, j'ai dû y repenser, frôlant de peu la noyade dans ce trou sans fond de sentiments inutiles. A cause d'elle, j'ai dû y faire face. Je ne veux plus y être encore confronté. Elle est bouleversée par ce qu'Elle voit. Soit, je vais lui en donner pour son argent.
Le sang qui coule dans ma gorge me revigore, me rend plus hardi. Ma main glisse vers l'entrejambe de ma soumise. Regarde, Ivy. Regarde ce que je ne donnerai plus. Mes doigts s'insinuent en elle. Elle frémit, soupire, vibre sous mes caresses. Lui donner du plaisir est le cadet de mes soucis, mais si cela peut décourager Ivy, l'obliger à partir, je suis prêt à ce sacrifice. Mes va-et-vient ne sont pas tendres, ils sont efficaces. Rapidement, elle atteint l'orgasme, enserrant mes doigts dans sa prison de chair. Ivy est choquée. Elle est horrifiée par ce qui se déroule sous ses yeux.
D'un geste lent, je me retire, la laissant prendre toute la mesure de son aversion pour moi. Puis je lève la tête et croise son regard. Son regard bleu glacial, aussi froid qu'un iceberg quand elle est en colère, comme c'est le cas à ce moment-là. Pourtant, j'y vois aussi une flamme incandescente. Celle du désir, de la convoitise, du vice. Ivy me veut. Elle brûle d'envie que je la possède. Elle me désire, et elle me hait.
Sans ménagement, je repousse le corps qui vient de s'offrir à moi. Seule Ivy a de l'importance. Mon regard glisse sur chacune de ses courbes. Je me fais violence pour ne pas lui sauter dessus. Pourquoi est-elle revenue ? la voir ici, en face de moi, en sachant tout ce qui s'est passé, est une véritable torture. Je me lève et me rapproche d'elle. J'avance avec prudence, mesurant chacun de mes gestes. Je m'arrête à quelques centimètres. Nos corps se frôlent presque.
J'ai envie de poser mes lèvres sur les siennes, de laisser ma langue effleurer chaque parcelle de son épiderme. J'ai envie de goûter à nouveau son sang au goût si particulier. Si intense. Une véritable drogue. J'enivre les humains, je les fais vibrer de désir, mais Ivy est passée maîtresse en cet art subtil me concernant. Mes doigts s'enfoncent dans sa chevelure ébène. J'ai envie d'humer son parfum, mais je risque d'être grisé et ne plus pouvoir me contrôler. Je la sens frémir, prête à me céder. Mais je ne veux pas. Elle doit partir.
- Que fais-tu là, Ivy ?
Ma phrase se fait plus suppliante que je ne l'aurais voulu. Son regard change aussitôt. Le désir s'évanouit, faisant place à un sentiment que j'exècre. La pitié. La fureur m'envahit aussitôt. Je m'éloigne d'elle, lui tourne le dos pour masquer ma colère.
- Tu dois t'en aller. Tu n'as plus rien à faire ici.
Ivy encaisse le coup.
- Il fallait que je te voie.
- Pourquoi ? lui réponds-je, sur un ton tranchant.
- On m'a dit qu'un conflit se préparait entre vampires et lycaons. J'ai besoin de savoir si c'est vrai.
Unrire sarcastique m'échappe au moment où je me laisse choir dans le fauteuil. Lavie est décidément ironique. Nous ne sommes que des pions entre ses mainsinvisibles qui nous placent et nous déplacent à leur guise, torturant nosesprits, nos âmes selon son bon plaisir. Ivy est comme les autres. Elle s'estservie de moi et elle continue à le faire. Et cela ne risque pas de changer.
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