Chapitre 21 : Renaissance
Tous les enfants ont beaucoup discuté entre eux pendant le déjeuner, quelques affinités ont fini par éclore au fil de la conversation. Mais cet échange est interrompu par un oiseau blanc arrivant d'un orifice situé en haut de la pièce. Cette colombe, symbole de la paix, révèle l'identité de son expéditeur : Welbus, dieu de l'Ordre, et maître du royaume d'Eklimur.
Elle se dépose sur le trône de l'Empereur et dépose une lettre. Ce dernier l'ouvre, se saisit de la lettre avant d'apposer son blason sur l'enveloppe et la remet à l'animal qui s'envole.
L'Empereur lit la lettre et annonce :
- Mon frère Welbus, vous invite pour le dîner de ce soir. Je vous téléporterai ne vous en faîtes pas pour le déplacement.
Talis intervient :
- Navré monsieur l'Empereur mais je ne peux pas être téléporté et le royaume d'Ekmar est trop loin pour être atteint d'ici ce soir, même en volant.
- Riber m'a parlé de votre cas, dans ce cas nous vous hébergerons et nous expliquerons le problème à Welbus.
- Je préfère rester avec Talis, ajoute Elem, Welbus m'a déjà vu, il sera plus utile que je reste chercher des informations avec Talis ici.
- Et moi, enchaine Coraline, mon apprentissage avec Riber va bientôt commencer, il serait plus convenable de rester pour suivre ma formation.
- Bien, je comprends, je le dirai à Welbus. Allez-vous préparer, vous partirez dès que vous serez prêt.
Elem, Talis et Coraline, se dirigent avec Riber et William, Marine et Mordred eux vont se préparer.
William se pose et de sa fenêtre regarde en contrebas les guerriers s'entrainer. Il admire beaucoup ces gens, capables de donner leur vie pour une cause.
- Qu'est-ce que tu regardes ? demande une petite voix derrière lui.
William se retourne et aperçoit Mordred, alors habillé avec une chemise de coton et un capuchon bleu.
- Les gens en bas s'entrainent dur pour sauver des vies, explique William.
- Et tu veux être comme eux ? demande Mordred assez perspicace.
- Peut-être.
- Maman me disait qu'il ne fallait pas dire peut-être, car le dire c'était admettre que l'on pouvait échouer.
William sourit devant la sincérité de ces propos :
- Ta maman avait raison. Mais des fois dire « peut-être », est une façon de rêver, de se laisser imaginer une autre vie.
- Vivre ses rêves et ne pas rêver de sa vie, disait ma maman. Pourquoi rêver ? Pourquoi pas le vivre ?
- Parce que c'est parfois difficile de réaliser ses rêves, des fois on ne s'en sent pas capable, on se dit que ce n'est pas pour nous...
- ... et on laisse les autres décider de notre vie, complète Mordred. J'ai toujours voulu être un grand scientifique, je n'ai jamais douté de moi parce que ma maman disait que douter c'est connaître l'échec avant de le subir.
- Ta maman devait être quelqu'un d'extraordinaire Mordred, elle t'a dit de belles choses.
Mordred acquiesce quand Marine arrive dans la pièce :
- De quoi parliez-vous ? demande-t-elle
- De rien, répond William.
- Ce n'est pas vrai, William veut être un chevalier et il pense qu'il ne peut pas l'être.
Marine sourit devant la sincérité de Mordred.
- Peut-importe, nous y allons, annonce Marine.
Les enfants prennent quelques affaires et se rejoignent dans la salle de réception.
- Vous êtes prêt ? demande l'Empereur.
Tous acquiescent et il les téléporte à Eklimur.
D'un coup ils sont téléporté chez Welbus, ou plutôt à quelques kilomètres. L'Empereur a sûrement cru qu'un peu de marche leur était profitable. Cependant de son emplacement, le trio a une superbe vue sur la ville de Welbus.
Située en contrebas d'une plaine et non sur une colline comme l'Empereur, sa ville était bien différente, aucuns remparts ne la protègent. Une tour blanche trône au centre de la ville parfaitement circulaire. Ils descendent de la colline et arrivent devant l'entrée de la ville : aucun garde les intercepte, c'était une ambiance totalement différente de celle de l'Empereur. Une immense avenue menant à la tour leur fait face. Sur ses côtés la ville est composée d'étroites ruelles. Leur chemin vers la tour est assez périlleux. L'avenue est noire de monde, ce n'est pas facile pour se frayer un chemin. De chaque côté de l'avenue, des commerçants promeuvent leurs produits en criant et en agitant de grosses pancartes.
Mordred s'échappe du groupe et s'approche d'un étal et remarque de jolis coquillages, Il a toujours aimé la mer, ça lui rappelle ses vacances avec ses parents. Voyant Mordred intéressé par ses objets le marchand arrive et annonce :
- Bonjour jeune homme, qu'est-ce qui t'intéresse ? Je te les fais moitié prix si tu veux.
- Désolé mais je n'ai pas d'argent, je regardais juste explique Mordred.
Mais le marchand n'est pas prêt d'abandonner sa cible aussi facilement, il enchaîne :
- Si tu veux je te l'offre en échange du médaillon que tu portes à ton cou.
Mordred saisit son pendentif avec une clé au bout, hors de question, c'était la dernière chose que sa mère lui avait offert.
- Navré mais je ne veux pas le donner.
- Il doit être précieux, tu pourrais avoir autant de coquillages que tu veux, ajoute-t-il en croyant manipuler son faible et influençable client.
- Monsieur, j'ai dit non !
Alors pris d'une grande colère, il se précipite sur Mordred voulant lui voler son pendentif :
Mais une ombre se place entre les deux, et intercepte le marchand : c'était William.
- Laissez-le ! s'écrit-il.
Le marchand ne faisant pas le poids contre un jeune homme de la taille de William, abandonne son geste et s'excuse platement avec beaucoup d'hypocrisie.
- Tu vas bien ? demande William à Mordred.
- Oui, merci beaucoup.
- De rien, on y va, Welbus doit nous attendre.
Marine rejoint le duo et demande ce qu'il s'est passé, Mordred lui explique et Marine dit :
- Ne t'écarte pas, nous sommes bientôt arrivés.
En effet le trio arrive devant la grande tour blanche, ils y entre et croisent un elfe qui les intercepte:
- Vous devez êtres, Mordred, Marine et William ? demande-t-il
- C'est ça, approuve William.
- Je me présente, je suis un serviteur du roi. Vous êtes attendus.
L'elfe les conduit devant un grand miroir. Tout compte bien observé, le trio s'aperçoit que la salle en est pleine. Avec un nombre important de personnes entrant et sortant des miroirs.
L'elfe passe sa main devant l'un d'eux et la surface du miroir revêt une texture liquide.
- Veuillez me suivre je vous prie, demande-t-il
Ce dernier entre dans le miroir sans aucune appréhension, ce qui était loin d'être le cas de ses invités.
- J'y vais en premier propose William.
Il traverse le miroir, suivit par Marine en tenant la main de Mordred.
Les enfants arrivent dans une petite pièce plutôt sympathique, qui fait penser à un salon de thé à l'anglaise. Cinq fauteuils sont disposés autour d'une table basse, avec une boisson fumante dans des verres. Les meubles ainsi que les fenêtres ont un côté très art-nouveau. Cela est étonnant étant donné l'ambiance médiévale de Zeilor.
Un vieil homme se tient devant eux, le regard vide, les joues creuses on ne peut estimer son âge tant sa mine était affreuse et son teint pâle. Il annonce d'une voix éraillée :
- Bienvenue mes chers enfants, je suis Welbus le dieu de l'Ordre, l'Empereur m'a averti de l'absence de certaines personnes, cela est bien dommage mais je peux comprendre.
- Vous avez l'air âgé pour un dieu ? demande Mordred sans quelconque diplomatie.
Un sourire faiblard naquit sur la face du dieu qui lui répond avec gentillesse :
- Sais-tu pourquoi l'on m'appelle l'ange originel ? demande Welbus.
- Non, répond Mordred.
- Alors je vais vous montrez, venez.
Le groupe emprunte un escalier qui les mène au sommet de la tour. La hauteur de cette dernière donne le vertige.
- Aujourd'hui est un jour spécial. Il y a cents ans, jour pour jour, je me tenais à cette place dans le même état qu'aujourd'hui, vieux et faible. J'ai choisi la vie d'un mortel contrairement aux autres dieux qui ne craignent pas la vieillesse.
- Mais pourquoi ? demande William
- Car jeune homme, il faut être faible pour devenir fort, être paysan pour devenir seigneur, être ignorant pour devenir instruit, et être mortel pour devenir immortel. Retient bien cela. Les autres dieux place le pouvoir avant tout, moi j'y place la connaissance, l'humilité et l'amour. J'ai vécu des centaines de vies, j'ai été paysan, artisan, meunier, boulanger, chevalier, bourgeois, forgeron avant de devenir seigneur, je n'ai pas imposé mon statut pour l'être, je l'ai mérité. Ainsi je mérite de mourir...
Il s'avance sur le bord de la tour avant de sourire. Et il se jette.
Les trois enfants crient de terreur ! Et se précipitent au bord du précipice.
Mais ce qu'ils voient dépasse tout ce qu'ils auraient pu imaginer.
Welbus ne s'est pas du tout écrasé au sol, au contraire, il s'éclaire d'une lumière blanche intense. Et remonte en s'envolant, vers les cieux.
Alors à contre-jour on peut apercevoir de grandes ailes derrière son dos, et une auréole lumineuse flotte au-dessus de sa tête.
Il se précipite vers le sol et frôle les toits des bâtiments. Les habitants admirent ce spectacle qui n'a lieu que tous les cents ans.
Soudain de nombreuses sphères de lumières apparaissent autour de Welbus qui continue à voler tel un oiseau majestueux. Ces sphères explosent et laissent apparaître des centaines d'anges. Telle une nuée de cygnes, ils effectuent des envols synchrones et parsèment le ciel de lumières divines.
William en est époustouflé, il n'a jamais rien vu d'aussi beau.
Il avait tellement envie de les rejoindre mais ce rêve était inaccessible. Il se rappelle cependant de la Mordred qui lui avait dit quelques heures plus tôt : Vivre ses rêves et ne pas rêver de sa vie.
William prend soudain conscience qu'il n'aura aucune autre chance comme celle-là.
Il doit tenter, il doit essayer.
Il récite alors :
« Laisse-moi faire partit de ceux
Qui planent dans les cieux
Laisse-moi m'envoler
Abandonner la terre
Rejoindre les airs
Laisse-moi m'abandonner
A ces nuages de cotons
A ces lointains horizons
Je n'ai pas peur du vide
Je me sens léger et libre
Laisse-moi voler comme un oiseau
Je me laisse tomber
Je me laisse porter
Laisse-moi aller toujours plus haut
Voler vers les cieux
Voler comme eux »
Soudain William se court et saute de la tour. Pendant un instant, il tombe, il doute, et s'il n'en était pas capable ? Et s'il ne pouvait pas...
Mais ces doutes disparaissent dès qu'il se sent remonter. Sa magie le soutient et le fait voler. Il rejoint les autres anges. Il a l'impression de n'être qu'un moineau parmi ces divinités mais il s'en fiche, il profite juste de ce moment magique dans tous les sens du terme.
Il voit défiler la terre sous ses yeux, il sent l'air lui caresser la peau, et l'espace d'un instant il vit à fond ce moment. Car n'est-ce pas cela le bonheur ?Réaliser ses rêves et profiter du moment présent.
Les anges se dispersent formant comme un feu d'artifice de lumière quand ils disparaissent.
William se dépose sur la tour suivit de Welbus. Ce dernier était redevenu jeune et frais, le regard brillant il avait retrouvé sa jeunesse d'antan. Ses cheveux lumineux lui descendent dans le cou, il n'était vêtu que d'une toge blanche laissant ses muscles puissants à l'air.
- ... Pour revivre, fini Welbus.
***
Le soir, le chat se faufile dans un magasin en passant par la fenêtre alors entrouverte, il va faire un tour dans les provisions. Et récupère un objet.
Il se téléporte et apparaît au lit de Mordred. Il saute sur le matelas sans faire de bruit et dépose l'objet auprès du visage de Mordred.
Quand Mordred se réveillera il sera content, du moins c'est ce qu'espère le chat. Mais pourquoi donc fait-il cela ? Il n'est pas censé le faire, mais c'est plus fort que lui. Il regarde une dernière fois le regard de son fils et disparait dans un éclat bleu.
Mais cela réveille Mordred qui découvre près de son oreiller un très joli coquillage. Il le saisit, le sert contre lui et repense à ses parents avant de se rendormir.
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