Ils remplirent cartons sur cartons d'affaires qui, dans le garage, attendraient un futur vide-grenier pour être définitivement oubliés. Logan soupira de lassitude lorsque le dernier d'entre eux rejoignit ses frères .

« Merci Logan, c'est très bien comme ça. », conclut sa mère en entassant divers effets les uns sur les autres.

Il se contenta d'acquiescer. Diane et Éric semblaient s'être remis de cette histoire, enfin sembler...

Véritablement, il y a des pertes qu'on ne comble jamais. Le jeune homme comptait les jours avant de retourner chez sa tutrice bien qu'une sensation d'inaccompli persistait ici.

Cette sensation d'inaccompli qu'il ressentait à chaque fois qu'il passait devant cette chambre rose  vide de vie et maintenant dénudée de ses meubles.

Occupant actuellement la chambre d'ami, Logan était parti y chercher un carnet rescapé du grand ménage. Il était simplement  nommé : à d'Angélique, défense d'y toucher.

« Tu sors après?, lui demanda Éric.

- Ça dépend, pour le moment je vais me mettre à la lecture», répondit-il simplement.

Assis près de la table du living, Logan se mit à feuilleter le carnet dont les lignes étaient noircies d'une écriture ronde et féminine. Ce Ryan, elle y faisait toujours pratiquement allusion : canard, suceur, crevard... Un certain Manuel y figurait aussi mais dans des termes plus élogieux : poète, ouvert d'esprit, une âme charitable.

Écrire vrai est-ce écrire beau ? Logan ne saurait s'exprimer sur le sujet, néanmoins ces mots sur le papier jaune à carreaux avaient su le toucher.

Il ne faisait aucun doute qu'Angélique était une junkie ou au moins une fumeuse occasionnelle : elle en parlait tout le temps, sur chaque page, chaque phrase. Cette récurrence de propos cadençait trop le texte pour sonner faux.  

Logan instinctivement regarda derrière lui. Ses parents étaient-ils au courant ?  Oui, non, peu importe.

Il esquissa tout de même un sourire lorsqu'il se rendit compte que malgré tout, il se comportait comme l'aurait fait un frère en fouillant dans ses affaires. Ce n'était actuellement pas le seul élément qui les liait...

Angélique était un peu comme lui : une fille mal sauf que pour le sortir, elle avait détourner ce spleen contre sa propre personne.

 Le jeune homme passa les mains sur son visage aux traits tirés.

«Pourquoi je fais tout ça?»

Ce matin il était allé au poste de police pour... pour il ne savait même pas quoi. L'enquête avait été vite bouclée selon l'officier qu'il avait interrogé et rien ne pouvait étayer une quelconque thèse autre que celle du suicide : analyses toxicologiques positives à certaines substances illicites, pas de violences sexuelles perceptibles, témoignage d'un élève ayantassisté directement aux faits etc. 

A quoi bon chercher du sens ? Pourquoi chercher un sens ? Si ça trouve, Angélique voulait juste...

Ses circonvolutions furent interrompues par la sonnerie de téléphone, un numéro de fixe inconnu.

Sans hésitation aucune, Logan se saisit du combiné  dans l'attente de réponses qu'il cherchait tant à trouver :

« Allô  ? Logan à l'appareil.

- Bon-bonjour Logan. C'est Viola.»