Chapitre trois.

( MARIGOLD ✶ Minehead. )

     Voilà l'orage.

Les bourrasques s'emmêlent dans le sable et le font voleter dans l'air autour de deux silhouettes aux contours un peu flous ( viennent-elles d'apparaître ? Non, ce n'est pas possible, ça n'a aucun sens ; à moins que ? ). Elles se tiennent la main, les silhouettes, se tiennent au milieu de la plage.
Les bourrasques se prennent les pieds dans les vagues, les joues de Marigold sont désormais mouillées d'embruns.

En effet, le soleil ne brillait pas à Minehead.

ㅡ Tu crois que quelqu'un nous a vu ?

ㅡ Y a peu de chances. Garde ta baguette à la main, on sait jamais.

Non, le soleil ne brille pas ; rien de bien surprenant. Nos deux héros ont les pieds dans l'eau, voilà une poignée de mouettes qui rient dans le ciel blanc ( de qui se moquent-elles ? De Marigold, de Remus ? Est-ce que c'est Alastor qui les as envoyées ? ).

ㅡ Tu sais au moins pourquoi t'es là ?

ㅡ Ouais. Un groupe de mangemorts a été aperçu ici il y a quelques jours. Une semaine, une semaine et demi tout au plus. Je dois savoir pourquoi.

La raison de la venue de Remus semble lui échapper ( comment traquer les allées et venues d'un nuage de fumée ? ). C'est l'orage qui répond aux questions de Marigold, parce qu'il avance à grands pas et que sa curiosité s'étend au large. Le voilà qui gronde.

( La scène continue, se déroule dans un théâtre en plein air et suit son cours. Les spectateurs ont aussi les pieds dans l'eau ; bientôt, les gouttes pleuvront sur leurs joues. )

ㅡ Faut trouver un endroit où s'abriter. ( Hochement de tête, Remus est d'accord. À la bonne heure! )

La vérité, c'est que Marigold est mal à l'aise. Elle est toujours là, debout à côté de Remus. Elle n'est pas vraiment face à lui, juste un peu tournée... Suffisamment pour l'observer tandis que ses yeux à lui sont rivés vers les habitations un peu plus loin. Elles sont toutes blanches sur la colline ( elles sont assorties aux nuages, est-ce que c'est un hasard ? ). Une tour perce le ciel.

C'est une bien jolie nature morte que voilà. Leurs cheveux battent contre leurs joues rougies ( le vent se lève, le sel se colle à leurs peaux ) ; et la scène continue. Un peu morne, comme le temps.

ㅡ Vient. Il me semble que Dorcas m'a parlé d'un petit bistrot qui ferait chambre d'hôte.

Enfin! Marigold serre les doigts de Remus ( dans sa main gauche uniquement. La droite tient toujours sa baguette dans la poche de son manteau ), la sorcière aurait bien besoin d'un peu de réconfort.

( Pourquoi ça, pourquoi ça ? Demande l'audience. Ils ne savent pas, alors la question est légitime. L'héroïne ne sait pas pourquoi, elle non plus. C'est une énumération qui doit continuer ; un monologue interne qui n'appartient qu'au narrateur. Le Prologue sait tout. )

ㅡ Excusez-moi, il vous reste des chambres ?

ㅡ Tout dépend, vous avez de quoi payer ?

ㅡ Quelle monnaie acceptez-vous ?

La femme au comptoir dévisage les héros. Elle ne sait pas qui ils sont, n'est qu'un personnage dont on ne connait pas le nom.

ㅡ Je prend ce que vous avez à me donner. Des livres, n'importe. Pas de monnaie étrangère.

ㅡ On n'a pas de livres sur nous, Marigold intervient. La femme pose un regard appuyé sur elle. Un drame se cache-t-il dans ses cheveux mouillés ?

ㅡ Alors comment comptez-vous payer ?

ㅡ On a des gallions.

Elle lève un sourcil, la femme. Des gallions, dit-elle ? Pourquoi pas. Après tout, d'autres sorciers sont venu, il n'y a pas longtemps. Elle pourrait se racheter un balai.

ㅡ Quinze gallions pour la chambre.

ㅡ Quinze gallions ? Marigold s'apprête à se mettre en colère ( ne la blâmez pas, public. Elle est souvent en colère, ces derniers temps. On dirait qu'un drame se cachait bien dans ses cheveux ㅡ Silas est mort et il l'a tué ; alors c'est un fratricide. )

ㅡ On vous prend la chambre.

Heureusement que Remus est là! Il presse les doigts de Marigold entre les siens ( c'est une invitation au calme ).
La femme les observe encore, ne rate pas une miette de ce petit jeu. Elle attrape une clef au hasard, un bout de bois gravé y est accroché. Elle la leur tend.

ㅡ Voilà. La chambre 23. Vous devez libérer la chambre demain matin, à dix heures dernier délai, ou payer une nuit supplémentaire avant neuf heures. On prépare des oeufs et du chocolat le matin, le prix est pas compris dans le tarif de la chambre. Des draps sont dans le placard.

ㅡ Merci.

Remus entraîne Marigold à sa suite. Ils sentent toujours une paire d'yeux les suivre alors qu'ils montent les marches tordues ( quatre séries d'escaliers les attendent ).  Remus de propose de porter leurs sacs, alors Marigold monte la première, clef à la main. L'un d'eux manque trébucher, on ne retiend que le bruit de la chaussure sur le bois déformé ; pas le propriétaire qui aurait pu se blesser.

ㅡ Est-ce que tu te rends compte ? Quinze gallions... c'est indécent. Cette putain de clef ne rentre même pas dans la serrure.

ㅡ Respire un grand coup. Tu peux réessayer. Pour les gallions, c'est pas grave. Certains frais sont pris en charge par Dumbledore.

Marigold marmonne quelque chose. Du genre, il a intérêt. Elle n'est pas en très bon termes avec Dumbledore, depuis quelques temps. Peut-être devrait-elle ravaler sa colère ? La porte s'ouvre enfin.
La chambre est poussiéreuse, sans beaucoup de charme. Le Chaudron Baveur, c'était du grand luxe à côté. Voilà Remus qui pose leurs bagages sur le lit aux draps usés, s'assoit sur le matelas.

ㅡ J'espère que la pluie s'arrêtera au plus tôt. Il y a peut-être des indices, là-dehors, des preuves qui vont disparaître.

ㅡ On finira par trouver ce dont tu as besoin. Tu pourras apporter à l'Ordre des informations, et c'est le principal. Pas vrai ? On fera en sorte que tu rentres pas bredouille.

( Lupin soupire, Mevant joue avec les boutons de son manteau. Il est usé, alors il laisse passer la pluie ; et les épaules de son pull en laine sont humides. Marigold pose sa main sur l'épaule de Remus, maintenant. )

ㅡ Demain, on trouvera quelque chose.

Elle dit ça pour Remus, pour lui seulement. Au fond d'elle, elle est heureuse que la pluie tombe à torrent. Les nuages pleurent depuis qu'ils sont à l'abri, et les gouttes se fracassent sur les carreaux sales avant de poursuivre leur course jusqu'au bord de la fenêtre. Les preuves s'en vont à la mer, alors l'Ordre n'aura rien à faire, rien d'autre à faire qu'attendre.

Oh! Elle se sent mal de penser ça. Nauséeuse parce qu'elle sait ce que l'Ordre du Phénix aura à attendre ㅡ une nouvelle attaque, un énième meurtre. Alors, il faudra disséquer la scène de crime. Étudier chaque goutte de sang sur le bitume, explorer parmi les chairs pour espérer y entrevoir une lueur de vérité.
Combien d'innocents devront encore mourir pour que de grands hommes puissent en tirer du pouvoir ? Ils jouent avec, parce que les cadavres ne sont vraiment plus que des marionettes. Marigold pense à son frère. Elle pense à Marlene, aussi. Sa copine l'a-t-elle appris, depuis ?

Les nuages pleurent et les gens meurent ; la Terre tourne toujours. Le soleil ne brille pas sur Minehead, il ne brille plus sur le monde ; alors comment sommes-nous censés savoir quand demain se lèvera ?

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