Chapitre six.

( CAMILLE ✶ Gardenstown. )

     Cours, cours petit lapin! C'est une comptine bien macabre que voilà. Camille court et les herbes hautes de la colline comme des fouets meurtrissent ses mollets. La robe qu'elle porte ne cesse de remonter sur ses chevilles, sur ses jambes nues ( c'est parce qu'elle court, sans s'arrêter, et l'élan l'emporte. Là voilà qui tombe. )

ㅡ Cours, cours petit lapin!

Alors Camille se relève et court.

Avec un peu de chance, les mangemorts à sa poursuite n'iraient pas fouiner chez elle. Oh, mais la chance n'est pas de ton côté, petite Camille! Si le sort était avec elle, ils ne blesseraient pas Marjorie et Abigail. Les deux moldues devaient déjà dormir, dans leur lit, sous leur drap brodé ( Prions que personne ne vienne les déranger ). Marjorie avait-elle attendu près de la fenêtre jusqu'à voir Camille rentrer ? Eugénie Fenton ne rentrerait pas.
Elle avait passé la journée sur sa colline, occupée à lire dans l'herbe verte ; à observer l'horizon ( quand la brume finirait par arriver ? ). La brume s'était posée en début de soirée. La sorcière avait au moins pu profiter du coucher de soleil sur les flots. Maintenant, la brume la poursuivait.

ㅡ Je suis toujours derrière toi, petit lapin!

La brume semble s'amuser et Camille a le souffle court. Pourquoi fallait-il qu'ils envoient Thorfinn Rowle à sa poursuite ? Derrière eux, Rabastan Lestrange est à la traîne.
Oh, notre sorcière sait qu'elle finira par mourir ce soir. Mais son cœur dans sa poitrine bat encore, alors elle doit courir. Si elle a de la chance, ils mettront un terme à cette farce d'un seul coup, d'un seul sort qui la frappera dans le dos ; jeté lâchement.
Camille n'a pas peur de la Mort ce soir ; les deux hommes derrière elle sont porteurs de bien plus de malheur. ( Elle s'efforce d'utiliser sa baguette. C'est un geste désespéré, des sortilèges vains qui n'atteignent pas leur cible ).

ㅡ Que crois-tu faire ainsi ? Qui penses-tu blesser ? On va t'attraper!

La colline ne pouvait-elle pas la protéger ? Elle était si haut désormais que les fenêtres des maisons éclairées ressemblaient à de petites étoiles dorées. Étaient-elles tombées là de leur plein gré, au creu de la roche et au bord de la mer ; ou les vagues les avaient-elles déposées sur la berge au fur et à mesure des années ?
Camille a chaud, tout d'un coup ( le sang afflue dans ses joues rebondies, ses cheveux blonds s'emmêlent ; aucune petite fille n'aurait jamais voulu jouer avec une telle poupée de porcelaine ).

Voilà une étoile qui se décroche du ciel pour Camille, il est l'heure d'un dernier vœu! Car le visage de la sorcière heurte le sol avant l'astre aux reflets verts ( lâches, peut-être, mais ils ne l'ont pas raté ).
Fin de la course, on arrête de chanter ( finie la comptine et les jeux dans l'herbe ; les fougères portent tendrement le visage poupon de l'anglaise ). Quelqu'un récupérera-t-il le livre qu'elle a laissé derrière elle, le châle qu'elle a laissé s'envoler ? Sauront-ils alors qu'ils étaient siens, porteront-ils son odeur jusqu'à leur nez ?

ㅡ Pourquoi t'as fait ça ?

ㅡ J'en ai eu marre de courir derrière cette pétasse. J'allais pas faire ça toute la nuit. ( Thorfinn Rowle s'énerve, Rabastan Lestrange n'a pas encore rangé sa baguette ). Calme-toi, Thorfinn. On a fait ce qu'il fallait. ( Baguette contre baguette, la bataille n'est pas finie... Serait-ce une mutinerie ? )

Camille n'a rien à dire. On devine sa silhouette, juste un peu plus loin ( et personne ne le sait alors, mais ses yeux sont posés sur les vagues. Dans la mort, rien ne change vraiment ).

ㅡ Allons, rentrons. Le Maître ne voulait pas l'interroger, de toute façon.

La brume disparaît alors. C'est aussi simple que ça, aussi rapide que ça. Et peut-être qu'un petit curieux à sa fenêtre se demandera quel nuage d'orage est-ce là, celui qui vient de s'envoler de la colline de la plus étrange des façons. Il y pensera en allant se coucher, quand ses parents moldus embrasseront son front lisse et borderont son lit d'enfant. Mais il ne dira rien. Il ne comprend pas.

( extrait d'une lettre ✶. )

     Est-ce que tu t'en rappelles ? Je ne te poserais pas la question, au vu des circonstances actuelles, si je n'étais pas persuadée que la réponse ait une importance. ( Elle a son importance ). Le Ministère n'est plus neutre dans ce combat ( l'a-t-il jamais été ? ) et je n'ai que peu d'amis dans ses couloirs ; c'est l'ironie du sort.
     Je sais que tu te souviens de ce jour-là. Ce n'est pas vraiment mon cas ; mon cerveau me joue des tours ( aujourd'hui, tout est gris dans mes souvenirs et les vagues de la mémoire s'agitent et les couvrent de brume ). Tu te souviens de moi, c'est tout ce qui compte je crois. Personne ne se souvient de moi, désormais. Moi aussi, je suis couverte de brume, ils ont tous oublié qui j'étais ( peut-être leurs souvenirs à eux leur font défaut, aussi ? Ils me traitent comme si je les avais tués ).

     J'espère que tu pourras m'aider. Peut-être les réponses se trouvent-elles au Département des Mystères ?

Affectueusement,             
     Marigold Mevant.      

( CAMILLE ✶ Gardenstown. )

C'est une fin bien macabre que voilà. Camille meurt et les herbes hautes de la colline comme des bras câlinent ses mollets. La robe qu'elle porte est toujours remontée sur ses chevilles, sur ses jambes nues ( c'est parce qu'elle a fini de courir, et dans sa chute, l'élan l'emporte. Là voilà qui gît. )

On aurait peut-être dû la prévenir des risques ; juste une fois de plus. On aurait peut-être pu envoyer quelqu'un pour lui tenir la main ( mais le public sait que cela a été fait, Peter n'était pas là par hasard ).
Qui finira bien par la découvrir ? ( Le téléphone sonne en bas de la colline... Camille ne répond pas. )

( Le vacarme continue. )

Oh, ce récit prend une toute autre tournure. On demande à ses personnages de mettre leurs problèmes entre parenthèses. Bientôt, ils sauront. Recevront-ils un appel ponctué de sanglots ? Apercevront-ils le visage d'un camarade dans les cendres froides de la veille ? Qui le leur dira ? ( Mais pour l'instant, ils n'ont pas besoin de savoir. Ils dorment tous dans leurs lits ou dans des draps qui ne leur appartiennent pas. On les laisse rêver, juste un instant de plus ㅡ car le jour aux lueurs roses finira par étendre ses bras sur la colline et dévoiler le crime commis sous les yeux de Diane ; et que le jour aux lueurs orangées leur demandera de se déplacer pour contempler la triste réalité. Que Dieu les garde d'un instant de paix ).

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top