Chapitre 4 : Ma Merya et l'Améthyste (Part. 1)
« Je me sens totalement exclue du groupe. Même mon propre frère, Thomas, ne me parle presque plus. Il reste avec Scarlett. Mes pouvoirs grandissent et je suis capable de nombreuses choses. Je peux également lire les pensées des gens. » K. L
Ce renard qui est en train de me parler serait vraiment ce Thomas dont nous sommes en train de parler ? Non. Ça serait trop bizarre. Je décide de l'ignorer et de continuer mon cours, certes, également étrange.
Prudence pose alors une question fondamentale sur ce « Thomas Stein ». Oui, une question qui la plupart du temps, n'a pas réellement de réponse facile. Une question très difficile pour certaines personnes qui ne voient que la partie émergée de l'iceberg.
- Qui est Thomas Stein ? Demande-t-elle en me regardant en particulier.
Un silence pesant s'installe alors. Ce sujet semble être tabou. Les élèves se scrutent les uns les autres n'osant pas répondre.
Un bras se lève alors. C'est Willelmina Blake, ma colocataire. Tout le monde la regarde, comme si ce qu'elle s'apprêtait à faire était prohibé. Mais je suppose juste qu'ils n'osent pas se tromper sur l'histoire de leur école.
- C'est l'un des... des... (elle ne trouve plus ses mots et cherche désespérément dans sa mémoire) quatre fondateurs de cette école. Il est l'élément Terre. Et, il est mort...
- Faux, chuchote le renard derrière moi.
- Exact ! S'exclame Prudence.
Si ce renard est réellement Thomas Stein, le professeur est loin de la vérité. Pourquoi croient-ils tous qu'il est mort ... ? Et moi qui commence à faire des hypothèses loufoques. La magie, ça n'existe pas ! Et les animaux ne parlent pas !
Tu HA-LLU-CI-NE.
Pendant ce cours, nous ne parlons que de Thomas Stein et le sujet de la discussion est très attentif à ce qu'il se raconte. Prudence nous avertit que nous devrons apporter notre Merya (il me semble) au prochain cours de Jeudi.
... Notre Merya ?
- C'est quoi un/une Merya ? Je demande timidement.
Les élèves me regardent bizarrement. Une kyrielle de noms d'oiseaux retentissent : « Stupide », « Abrutie », « Ignare» fusent pour me transpercer de plein fouet.
- Ah.
C'est la seule chose que le professeur dit. Ah. Pourquoi « Ah » ?
- Et donc, comment je fais ? Je n'ai pas de Merya.
- Ah oui, et bien tu dois aller voir Madame Dupré. Elle t'aidera à trouver ta Merya.
J'acquiesce bien que je n'ai absolument rien compris. Enfin, si. J'ai compris que je dois parler à cette Madame Dupré, alors que je ne sais absolument pas où elle se trouve.
La sonnerie stridente retentit et me fait sursauter. Un « Driiiiiiiiing» assourdissant qui reste dans les oreilles pendant quelques fractions de seconde. Cette fois, je préférerais ne pas arriver en retard pour une fois. Je me dépêche de rattraper Willelmina sans qu'elle ne s'en rende compte. Je n'aime pas demander de l'aide aux gens. Et, oui, je sais, c'est une attitude plutôt orgueilleuse.
Je réussis, grâce à Willelmina, à être à l'heure devant la salle d'Alchimie. Et, cette fois, aucune téléportation. Toute ma classe, section Eau, s'arrête devant une salle qui ne m'est pas inconnue. En effet, c'est dans cette même salle que, un peu plus tôt dans la journée, je fus aspirée par téléportation jusque dans l'arrière cour de l'école. L'exacte copie de cette fameuse salle. Sauf qu'elle n'est pas au même endroit. Alors, je devrais croire Nathaniel. Les salles se téléporteraient réellement.
Je secoue la tête pour revenir sur terre. Oui, peut-être. Mais c'est une technologie dans ce cas. Et ce n'est aucunement magique.
- Entrez ...! Je vous dis d'entrer !
Nous entendons une voix provenir du bureau. Nous ne voyons personne. Néanmoins, nous nous exécutons et les élèves s'installent dans la salle de classe. Quant à moi, je tiens à me présenter à mon professeur d'Alchimie. Après tout, c'est la première fois aujourd'hui que j'arrive à l'heure par mes propres moyens (ou presque). Donc, je cherche le professeur qui nous a ordonnés d'entrer mais, personne n'est visible. Aurait-il un pouvoir d'invisibilité ? Voilà que je recommence. Mais non ! Il doit juste être caché.
Je descends de l'estrade où se trouve le bureau du professeur encore inconnu à mes yeux, et m'assois à côté d'une fille brune, appuyée contre le mur, ayant un visage typé asiatique. Ses yeux, étrangement, sont verts foncé. Elle doit sûrement avoir des parents de différentes nationalité. Elle s'appelle Xiao Wu.
Attendez...Comment se fait-il que je connaisse son nom ? Elle n'a même pas parlé. Je crois que « Xiao Wu » lui irait bien comme prénom. Même si elle ne doit sûrement pas s'appeler comme ça.
Je me tourne vers l'arrière de la salle de classe et, j'aperçois un homme vêtu d'une longue cape noire. On dirait la mort venu des profondeurs du Styx pour ramener des ombres avec lui aux Enfers....Il ne manquerait plus que la grande faux pour terminer le déguisement. Mais mon imagination vagabonde un peu trop là. Je n'arrive pas à voir son visage car il est caché par une large capuche en velours.
Il s'installe à son bureau en faisant bien attention qu'en traversant l'allée de pupitres, il ne puisse toucher personne. Serait-il légèrement hypocondriaque sur les bords ? S'étant installé, il fait un large geste de la main et une traînée de poussière, il me semble, s'évapore dans les airs devant son bureau. Il scrute les alentours pour trouver une éventuelle menace et, voyant qu'il n'y a que nous, il retire sa capuche.
C'est bête qu'il soit habillé avec cette cape affreuse... Il a un très beau visage : un nez droit, une bouche large, un teint bronzé et des yeux sombres. Cependant, il reste très étrange quand même car se cacher sous une cape en velours noir n'est pas habituel. Ce professeur s'ajoute donc à ma liste de personnes bizarres. Depuis le début de cette journée, je n'ai rencontré que des professeurs particuliers. Et ne parlons pas des matières. Monsieur Deelight, avec son Étude des Monstres ; Prudence Firestone, avec ses Métamorphoses et enfin, ce monsieur dont j'ignore le nom, et son Alchimie.
Cette journée n'en finit pas.
Le professeur se lève très doucement et discrètement pour annoncer le thème du jour :
- L'Alchimie. Voilà ce que nous allons faire dans mon cours. De la Théorie à la Pratique. Pour ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Monsieur Stevens. J'enseigne dans cet établissement depuis déjà neuf ans. J'étais également élève à Moonlock's dans le temps. Je sais ce qu'est la vie dans cette école peu normale.
Quel euphémisme ! Une école peu normale ?! Dis plutôt qu'elle n'est carrément pas normale !
- Enfin, passons. Je vais vous demander d'apprendre les formules d'Alchimie par cœur. TOUTES les formules d'Alchimie. Vous devez absolument les connaître sur le bout des doigts. Bien évidemment, ce que j'entends pas « Toutes les formules d'Alchimie » ; ce sont les formules basiques et celles qui ont un rapport avec votre élément. Cela ne sert strictement à rien si vous apprenez une formule composée de Feu alors que vous ne manipulez pas cet élément.
Un bug neuronal me prend de plein fouet, une nouvelle fois. Comment peut-on manipuler un élément ? OK. Je suis dans la section Eau. Et OK, de l'eau s'est mise à bouillir la nuit de mon arrivée quand je me suis concentrée dessus. Mais de là à dire que nous pouvons contrôler des éléments?
Je veux partir de cet endroit. Je me demande même si ce ne serait pas un asile psychiatrique. C'est vrai, peut-être qu'ils ont créé cette « école » pour contrôler ces personnes bizarres. Mais pourquoi, moi, Artémis Storm, je serais ici alors ?
- Est-ce que vous faites des contrôles surprises ? Demande un élève de, je suppose, section Terre installé au fond de la salle.
Le professeur sursaute brièvement puis réalise des exercices de relaxation. Il inspire, expire, inspire... jusqu'à ce qu'il réponde à la question précédemment posée avec beaucoup de difficultés.
- Et bien... Cela dépendra de votre...euh...comportement.
- Donc vous en faites ? Renchérit un autre élève de la section Eau.
... Grand moment de silence. Un ange passe. Ce silence dure bien trop longtemps. J'ai l'impression que ça dure des décennies... Vous connaissez le calme avant la tempête ? Et bien...
- Vous abusez Monsieur ! Crie une fille de la section Terre.
- Ouais !! C'est vraiment dégueulasse ! Continue Alison.
La fille à côté de moi, celle que j'appelle Xiao Wu, est très calme. Elle est même trop calme. Aucune expression, quelle qu'elle soit, ne se lit sur son visage. Il me semble qu'elle est loin de nous, dans ses nuages, très haut. Elle est là physiquement, mais absente psychiquement. Je suis son regard : elle fixe un point précis au plafond. Un globe d'or aux rouages d'argent. Mais... il n'y a absolument rien à part ce globe doré.
Je tente une approche.
- Xiao.. ?
Elle ne répond pas. Elle ne doit pas s'appeler comme ça. Néanmoins, je réessaie.
- Xiao Wu.. ?
- Hai ? ( はい ? / Oui.. ? en japonais)
Oh purée ! Elle parle finalement ! Et elle a répondu au prénom « Xiao Wu ». Son prénom que j'ai appris je ne sais comment.
- Tu te sens bien.. ? Ça va ? Je lui demande gentiment.
- Oui, je vais bien. Mais, je ne comprends pas pourquoi il y a autant de Stélényas aujourd'hui. D'habitude, elles n'apparaissent qu'à la saison des neiges.. On est en septembre. Il ne va quand même pas neiger en septembre... Si ?
Cette fille est complètement folle. Aurait-elle pris une drogue qui fait halluciner ? Ce ne serait pas étonnant remarque.
Une heure de cours vient de passer à une seconde prés. Nous avons parlé de cette nouvelle année à venir. Du danger d'avoir des mauvaises notes, des pièces qui se téléportent (ce que je trouve franchement incroyable quand même, ils doivent avoir une technologie très avancée pour réussir à faire ça), et surtout de la montre-gousset que tous les élèves ont dans leur poche (celle que Nathaniel a mentionné).
- Cette montre-gousset vous sert de boussole en quelque sorte..., explique Monsieur Stevens. Appuyez sur le bout de votre montre pour vous téléporter à votre cours ou à l'endroit où vous devez être... Mais aujourd'hui, la pièce va se téléporter toute seule. Nous allons être téléportés avec elle. Bon, préparez-vous à être téléportés ! Attention (il regarde sa montre et compte), 3, 2, 1.
La sonnerie retentit dans toute la pièce. Les murs résonnent et des vibrations parcourent les cloisons de pierre. Et voilà que ça recommence. Les meubles se désintègrent d'une teinte bleutée claire. Ils s'évaporent tels des hologrammes numérisés et je sens que je pars avec eux. Les autres élèves aussi d'ailleurs. Ils ont l'air habitués à ce genre de phénomène. Xiao Wu, quant à elle, est carrément aux anges. Elle admire ses mains qui partent en minuscules éclats argentés.
- Sugoi ! (すごい ! / Incroyable !) Lâche-t-elle tellement l'émerveillement est grand.
Nous sommes dans le néant pendant quelques micro secondes et retombons dans un atelier de chimie. Des plans de travail en bois massif, des globes aux rouages d'argent, bronze et d'or. De petites poupées, comme vaudou, sont placées sur des étagères en fer. Il y a aussi plusieurs alambics disposés sur chaque table. Des matériaux de chimie : métaux en tous genre et petites sphères de cristal renfermant de l'eau, du feu (je ne sais pas comment cela est possible vu que le feu nécessite de l'oxygène...), de la terre et de l'air.
Le professeur nous demande de nous asseoir sur les bancs qui longent les plans de travail.
- Bien, nous allons pratiquer l'Alchimie. Bien évidemment, vous aurez besoin de votre Merya. Vous avez tous votre Merya, bien sûr ?
Encore ce ou cette Merya... Prudence m'a dit que je devais aller voir Madame Dupré. Dois-je dire au professeur que je n'ai pas de Merya ? Vaudrait mieux.
- Monsieur ? Dis-je en levant la main timidement. Je n'ai pas de Merya.
- Hm. En effet, c'est problématique. Mais ne t'inquiète pas, ça arrive toujours en début d'année à quelques élèves. Il faut que tu aille voir Sydney.... Dupré. Le professeur des objets magiques. Elle trouvera quelle est ta Merya.
Monsieur Stevens est rouge comme une pivoine. Il n'arrive pas à prononcer le nom de Madame Dupré correctement.
- Tu la trouveras sûrement dans son atelier..., rajoute-t-il voyant ma détresse quant à cet endroit labyrinthique.
- D'accord. Mais, excusez-moi, je ne connais pas encore les lieux car je ne suis arrivée que hier soir.
- Je te comprends... Oh oui. Je te comprends (ça sent le vécu). Même moi je continue de me perdre de temps en temps... Ahem ! Xiao !
Xiao, qui était encore dans la lune, se réveille soudainement et rejoint le professeur.
- ..Oui .. ?
- Peux-tu accompagner Mademoiselle Storm dans l'atelier de Sydney ?
Elle ne répond pas et se contente de tendre sa main pour que je la prenne. Elle a peur que je me perde ? Quoi que, me connaissant, je pourrais me perdre même en étant attachée à une corde reliée à mon point de départ. Je me désespère toute seule, je n'ai besoin de personne pour ça.
Xiao nous fait passer par des passages que, bizarrement, avec toutes les fois où je me suis paumée, je ne connais pas. Des couloirs et des couloirs de tableaux et de miroirs. Ces miroirs toujours aussi effrayants, plein de poussière sur leur cadran doré. Et puis aussi, des traces de tableaux enlevés qui, désespérément, ont été remplacés par de la veille tapisserie.
Mon accompagnatrice ouvre une porte en verre, et nous traversons un couloir couvert de millier de plantes verdoyantes. Ce couloir, plutôt large, me fait penser à une minuscule serre. Des arcs de fer blanc structurent la passerelle transparente. Sûrement un kilomètre plus tard, nous arrivons dans le jardin de Scarlett, d'après Nathaniel, toujours magnifiquement fleuri. Je pense que nous ne sommes pas très loin maintenant. La forêt qui nous fait face ne m'inspire guère la sécurité... Xiao, quant à elle, continue son chemin dans cette forêt peu rassurante.
Ne pense pas à ça. C'est une jolie forêt... Jolie. Rassurante.
Trop tard. Je commence à me faire des films. Normalement, dans les forêts, il y a des loups, des renards, des serpents, des ARAIGNEES ! Des insectes de tout genre que vous ne voudriez jamais rencontré de toute votre existence de mortel. Je déteste les insectes ! Et ne me parlez pas des araignées.
Enfin, j'essaie tout de même de garder mon calme. Ça fait un petit moment que nous sommes dans cette lugubre forêt. Qu'est-ce qu'un professeur fait dans un endroit pareil ?! Quand je vous dis qu'ils ne sont vraiment pas normaux.
- Nous sommes arrivées. Bonne chance pour la suite, dit Xiao en me faisant un clin d'œil malicieux avant de se téléporter.
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Note de l'auteure :
Merci énormément d'avoir lu cette partie du chapitre 4 en entier ! Ça me fait vraiment plaisir ! :D
Vous ne trouvez pas étrange qu'Artémis puisse connaître le nom de "Xiao Wu" alors qu'elle ne l'a même pas prononcé ? Mais comment cela se fait-il alors ?
Est-ce que le personnage de Xiao Wu vous intéresse ? (il sera approfondi dans le Bonus n° 4 !)
PS : Si vous avez aimé, n'oubliez pas de voter ^^ *yay*
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