Chapitre 8 : Fucking Poulet aux Epices


Bonjour tout le monde ! J'espère que vous allez bien. La semaine fut rude pour ma part. Je devais vous publier le nouveau chapitre du tome 12 des Chroniques mais j'ai du inverser, donc ce sera pour la semaine prochaine. En attendant, un peu de douceur parce que la semaine à venir va être tout aussi éprouvante : croyez-moi, je préfèrerais largement faire du camping avec Lorenzo Rey que d'aller en vacances chez des gens qui me font sentir mal dans ma peau. Mais bon, je vous souhaite une bonne lecture et vous dit à la semaine prochaine ! 

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- Tout va bien, c'est juste un dîner, un simple dîner. Tout va très bien se passer, Matthew va arriver, on va passer une super soirée et...par Lilith, comment je vais leur dire ça ! Geignit Magnus en se prenant la tête entre les mains.

Faisant face à son reflet du miroir de la salle de bain, l'immortel aux yeux dorés de chat tentait tant bien que mal de se résonner depuis plus d'une heure tout en se préparant pour le dîner auquel il avait convié son nouveau petit ami. Quelques jours à peine s'étaient passés depuis leur soirée au restaurant où ils avaient échangé leur premier baiser, suivi de nombreux autres. Magnus n'avait pas voulu perdre du temps, ne pouvant plus garder pour lui plus longtemps ce secret d'avoir retrouvé son époux, d' une certaine manière. Le sorcier s'était donc arrangé pour trouver une date où ses fils pourraient être tous deux présents et qui conviendrait également au Terrestre qui avait conservé certaines obligations familiales et professionnelles. Le noiraud avait expliqué à son aîné que, aussi passionné qu'il l'était par le Monde Obscur et ne pouvant trouver un poste spécifique comme Chasseur d'Ombre ou vendeur au Marché Obscur, il travaillait pour le compte de son père, effectuant certaines courses et livraison pour lui et le remplaçant dans la mesure du possible lorsqu'il quittait la ville pour quelque jour. Heureusement, ce soir-là, tout le monde pouvait être réuni sans risque d'être dérangés. L'Indonésien avait donc appelé son petit ami pour lui confirmer l'heure et la date, puis s'était empressé de mettre ses fils au courant. Sauf que, pour Max et Rafael, le Grand Sorcier de Brooklyn avait omis le détail qu'ils seraient quatre au dîner, et non pas trois comme les garçons s'y attendaient certainement. Malgré tout, Magnus avait demandé à ses fils de venir chez lui une heure avant l'heure donnée à Matthew, soit dix-neuf heures au lieu de vingt. Il pensait qu'il était prêt à faire ce repas, avait nettoyé son appartement de fond en comble sans même utiliser sa magie afin de mettre à contribution son excitation mêlée de crainte de voir sa famille à nouveau réunie. Pourtant, si au matin tout allait bien, la joie avait laissé place, au fil des heures, à une crainte pure qui le rongeait et le laissait pantelant. Le descendant d'Asmodée avait déjà changé trois fois de tenue, tant il transpirait de stress et était indécis dans les choix qu'il faisait. L'asiatique avait également cuisiné son célèbre poulet aux épices que son mari lui réclamait presque tous les weekend, du temps où il était encore en vie. Il espérait que le repas plaise autant à Matthew qu'à feu son époux. Inspirant et soupirant doucement, l'immortel à la peau caramel retrouva un semblant de calme avant de bondir de surprise en entendant la sonnette.

- C'est juste les enfants qui ont un peu d'avance, reprends-toi, mon pauvre Magnus, marmonna-t-il contre lui-même.

Secouant la tête et levant les yeux au ciel face à ses réactions qu'il ne comprenait plus lui-même, le sorcier quitta la salle de bain en vérifiant une dernière fois dans le miroir qu'il était impeccablement présentable et s'en alla ouvrir à ses fils qui devaient s'impatienter derrière la porte, bien qu'ils aient toujours le moyen d'entre d'eux-même sans attendre que leur Ayah ne leur ouvre. Dans l'entrée, l'Indonésien se détendit enfin alors qu'il ouvrait à ses fils. Max et Rafael étaient restés les mêmes, malgré le siècle écoulé. Âgés respectivement de cent vingt-deux et cent vingt-quatre ans, les deux frères avaient toujours l'air de n'en avoir que dix-huit et vingt et un. Max avait toujours la peau bleue d'une magnifique couleur scintillante et ses cornes éclatantes avaient poussé sur son front pour finir par s'enrouler autour de ses tempes comme celles de son parrain. Rafael, lui, était un cas à part. Le jeune homme avait en réalité une quarantaine d'années quand il avait lié sa longévité à celle de Max. C'était la puissante de la magie de ce dernier qui l'avait ramené à une apparence de vingt-et-un an. Malgré tout, excepté ce détail, l'Argentin n'avait pas non plus changé d'un iota. Avec sa peau brune comme celle de son Ayah et ses longs cheveux sombres méchés de fushia, il arborait toujours ce style unique et androgyne qui avait fait sa marque de fabrique. Pourtant, au niveau du caractère, et mise à part son agacement régulier hérité de son sorcier de père, il était la copie conforme de son Dad. Toujours présent pour les autres, remplissant son devoir de guerrier de l'Ange et de directeur d'Institut à la perfection, le Chasseur d'Ombre aux yeux chocolat aurait rendu fier Alec, ça Magnus en était plus que certain. Heureux de les recevoir chez lui comme autrefois malgré sa crainte du tournant que pouvait prendre cette soirée, l'asiatique serra ses enfants contre lui et les fit s'installer en refermant la porte derrière lui. Main dans la main, les époux se dirigèrent vers le salon et échangèrent un long regard ponctué d'un haussement de sourcils curieux en avisant la quatrième assiette que leur père avait dressée sur la table. Captant leur regard, Magnus déglutit difficilement et décida de faire diversion tant que ses cadets prenaient place dans le canapé.

- Qu'est-ce que vous buvez, les enfants ? lança-t-il d'un ton exagérément enthousiaste pour masquer son léger malaise.

- Une coupe aux fruits, s'il te plait, Ayah, lui sourit le plus jeune qui prenait chaque fois le même cocktail, toujours sans alcool.

- Un Blue Virgin pour moi, Ayah, gracias, répondit à son tour l'Argentin avec un clin d'œil complice à son compagnon. J'aime tout ce qui est bleu.

Le sorcier à la peau bleue gloussa tendrement et lui vola un baiser en gardant sa main dans la sienne. Magnus sourit tendrement en les voyant toujours aussi amoureux, comme lui et Alec l'avait toujours été, jusqu'au dernier souffle du noiraud, et il se servit un Gin sec avant de revenir auprès de ses fils, s'installant face à eux pour leur offrir leur verre.

- On trinque ? Proposa Rafael en levant son cocktail.

- Oh, bonne idée ! Approuva Max en haussant le sien. C'est toujours plus festif quand on trinque. Alors, à quoi ? Ayah, une idée ?

- A la quatrième assiette, peut-être ? Renchéris le Chasseur d'Ombre en dardant son regard chocolat sur son père qui hocha simplement la tête avec un sourire contrit avant d'entrechoquer leurs verres. Alors, c'est pour qui cette assiette ? Insista l'Argentin alors que Max, dans son innocence la plus pure, hochait vivement la tête pour en savoir plus sur cette personne mystère qui était aussi invitée ce soir.

Les deux jeunes burent une gorgée de leur cocktail mais soupirant en voyant que leur père ne faisait que jouer distraitement avec le sien du bout des doigts, le regard dans le vide. Max, grâce à son extrême sensibilité, pouvait sentir le mal-être mêlé d'espoir de son aîné. Secouant la tête, il posa une main délicate sur son bras et Magnus releva ses yeux larmoyant vers ses fils qui sentirent la panique les gagner lorsqu'il fondit en larme sous leurs yeux. Ne sachant trop quoi faire, ils enlacèrent leur père qui pleura un moment sur leur épaule avant de se redresser en reniflant, détournant les yeux, la lèvre tremblante. Magnus n'avait jamais été pudique sur ses sentiments, au contraire, et il avait appris à ses fils, tout comme il l'avait fait pour son mari, qu'il n'y avait aucune honte à ressentir de la joie, de la peine, de la jalousie, ou même à pleurer devant les autres. Pourtant, c'était tout autre chose, et il espérait que ses fils comprendraient son désarroi. Après tout, qui sait, peut-être trouveraient-ils que c'était mal, qu'il remplaçait leur père, même si quelque part, Matthew et Alec n'avaient l'air de former qu'une seule et même personne en apparence. La gorge nouée, l'Indonésien concéda douloureusement à relever les yeux vers ses enfants.

- J'ai...J'ai quelque chose à vous avouer..., commença-t-il en soufflant pour trouver ses mots et se donner du courage. J'ai...J'ai invité quelqu'un à venir manger avec nous ce soir, pour que vous fassiez sa connaissance.

- Qui c'est, Ayah ? On dirait que tu vas nous faire une syncope, tu sais que tu as le droit d'inviter qui tu veux, pas vrai ? Le rassura Rafael en prenant sa main dans la sienne. Si tu penses que ça nous embête, détrompe toi, il n'y a aucun souci.

- Tu as peur de notre réaction, je le sens, et pourtant tu ressens beaucoup d'amour, chuchota Max en secouant la tête. Dit-nous ce qu'il se passe, Ayah.

- Tout d'abord...Je veux que vous sachiez que je vous aime très fort et que ça ne changera rien. J'aime aussi votre père, souffla-t-il en jouant distraitement avec les alliances accrochées à son cou, et je ne cesserai jamais de l'aimer. Tout ce qu'on a vécu est gravé dans ma mémoire et ça ne changera pas, d'accord ?

- On le sait ça, Ayah, mais tu commences à me faire peur, tu es malade ou...? S'enquit Rafe en fronçant les sourcils.

- J'ai...j'ai rencontré quelqu'un, lâcha l'immortel comme une bombe. Je suis amoureux et...Je l'ai invité ce soir pour qu'il vous rencontre..., avoua-t-il alors qu'une larme coulait sur sa joue.

Alors qu'il se tordait nerveusement les mains à s'en faire mal dans l'attente d'une quelconque réaction, l'Indonésien sentit son cœur se fendre en voyant les yeux de ses enfants se charger de larmes. Max et Rafael échangèrent un regard entendu en laissant couler ces dernières sur leurs joues et Max s'éclaircit la gorge en prenant les mains de son père dans les siennes.

- Tu te rends compte qu'on attend ça depuis des années, Ayah ? Sourit fébrilement le plus jeune en serrant ses mains.

- Je comprend que vous m'en vouliez, c'est juste que...Attend, qu'est-ce que tu viens de dire ? Souffla l'asiatique en secouant la tête, laissant couler ses propres larmes.

- Qu'on attendait ça depuis longtemps, répéta Rafael dans le même état d'émotion que son frère. Ayah...On en avait parlé avec Dad, quelques temps avant sa mort...Il voulait que tu continue de vivre et d'être heureux, même lorsqu'il ne serait plus là. Tout ce que Dad voulait, c'était ton bonheur, et nous aussi. Depuis des années on te voit aller mal, même si par moment ça va mieux...Alors que tu ais rencontré quelqu'un, que tu goûtes à l'amour à nouveau...On ne pouvait pas espérer mieux. C'est vraiment une super nouvelle, Ayah.

- On est vraiment heureux pour toi, et on est fier de rencontrer ton petit ami, assura Max en essuyant ses larmes. Comment il s'appelle ?

- Il s'appelle Matthew, sourit doucement le Grand Sorcier de Brooklyn. Il est gentil, doux, drôle et charmant. Mais attendez, il y a quelque chose que vous devez savoir avant qu'il n'arrive. Tout d'abord, c'est un Terrestre, mais il possède la Seconde Vue. Ensuite, plus délicat, il...vous devez savoir qu'il est...

- Il est quoi, Ayah ?

Magnus ouvrit la bouche pour répondre et leur expliquer qu'il était la copie conforme, si ce n'est la réincarnation, de leur Dad, mais il fut interrompu par la sonnette qui retentit une nouvelle fois dans l'appartement. Trop tard, Matthew venait d'arriver. L'Indonésien sentit une bouffée d'angoisse l'envahir et son regard, emplis de détresse, passa de ses enfants à la porte. Voyant son père incapable de bouger, Rafael secoua la tête et se décida à aller ouvrir au dernier invité, qui allait commencer à s'impatienter. L'Argentin s'apprêta de son plus beau sourire pour faire bonne impression au nouveau petit ami de son Ayah et il ouvrit la porte en redressant la tête, fier, le dos droit. Pourtant, lorsqu'il avisa l'homme qui attendait devant chez son père, toutes couleurs quittèrent son visage à la peau brune et il cligna des yeux plusieurs fois, sous le choc. La gorge du Chasseur d'Ombre se noua et les larmes lui montèrent sans qu'il ne puisse grand chose pour les empêcher de couler. Alec, son père, son papa, son Dad, disparu depuis cinquante ans, était là, devant lui, lui souriant timidement comme s'il n'avait jamais vieilli, comme si sa mort n'avait été qu'un affreux cauchemar duquel il se réveillait enfin. Face à lui, Matthew arborait un petit sourire fébrile et timide. Le Terrestre s'était fait beau pour l'occasion, tout de même stressé de rencontrer les fils immortels du sorcier dont il commençait peu à peu à tomber amoureux. Il se sentait intimidé d'être un simple Terrestre, malgré sa Seconde Vue, au milieu de ces membres, éminents d'après ce qu'il avait entendu dire, du Monde Obscur. Ses cheveux corbeaux étaient encore et toujours attachés par son éternelle queue de cheval, ses yeux cobalts étaient brillant d'excitation et ses joues quelque peu rougies par son stress. Il avait fait le choix de porter une chemise noire aux coutures bleues, brodée d'un magnifique dragon chinois, bleu lui aussi, dans le dos, ainsi qu'un jean sombre qui était taillé pour lui. Dans ses mains aux longs doigts fin comme ceux des pianistes, une bouteille de champagne et un bouquet de lys blanc. L'actuel directeur de l'Institut de New York sentit un sourire ému étirer ses lèvres. Les lys avaient toujours eu une symbolique forte dans leur famille et que son père s'en souvienne était un véritable baume pour son cœur. Le jeune homme laissa couler ses larmes et sourit pleinement mais, avant qu'il ait pu dire à son Dad à quel point il était heureux de le voir, Magnus arriva derrière lui et posa une main sur son épaule.

- Pequeno, je te présente Matthew. Matthew, voici mon fils aîné, Rafael, souffla-t-il pour faire les présentations.

- Matthew..., répéta le plus jeune en secouant la tête, se remémorant que cet homme n'était pas son Dad mais un Terrestre avec qui sortait son père. Enchanté, oui, pardon pour ma réaction j'ai eu une absence.

- Je suis heureux de te rencontrer aussi, assura le noiraud en souriant. Ne t'en fais pas, ton père m'a déjà expliqué que j'avais quelques traits en commun avec ton père. Sache que je ne suis pas là pour le remplacer, je tiens juste à connaitre votre famille et voir si...si ça nous mène quelque part, ajouta-t-il en rougissant, les yeux levés vers l'asiatique.

Magnus sourit doucement et laissa son invité entrer, déposant un baiser au coin de ses lèvres, encore trop timide pour l'embrasser réellement devant ses fils. A l'intérieur, Max se releva pour voir le nouvel invité et, tout comme son frère, il dut braver ses larmes menaçantes et afficher un sourire aussi doux que possible pour ne pas le faire fuir à toutes jambes. Il avait compris, en ressentant la réaction de son époux, que Matthew avait toutes les ressemblances possibles avec leur Dad, aussi s'était-il préparé mentalement durant les quelques minutes de répit qui lui avaient été accordées. Tandis qu'il se levait pour le saluer, il vit d'ailleurs l'Argentin s'éclipser discrètement pour sécher ses larmes et reprendre ses esprits avant de revenir parmi eux comme si de rien n'était. Max sourit donc comme il le put et discuta avec le nouvel arrivant pour se présenter. Tout comme Rafael, il ne voyait que son Dad disparu. Notamment aidé par sa magie et la pureté de son âme, il voyait à travers lui comme au travers d'un charme. Il s'agissait d'Alec, pour lui, aucun doute n'était permis. Et pourtant, pourtant cet homme n'était pas exactement son père. Ses mains n'étaient pas calleuses à force d'avoir manié son arc, son rire était plus atténué, ses mimiques, bien que semblables, n'avaient rien de ses réflexes de Nephilims qu'il avait cultivé pendant des années. En apparence, il aurait pu tromper n'importe qui, mais en profondeur, cet homme n'était pas leur père. Matthew était Matthew, et Alec était Alec. Alors pourquoi le sorcier à la peau bleue percevait-il à la fois l'un et l'autre distinctement chez lui ? L'âme d'Alec se serait-elle réincarné dans Matthew, tout en restant dormante ? Y avait-il un espoir d'inverser les deux âmes, ou valait-il mieux libérer définitivement celle du noiraud décédé pour permettre au Terrestre de vivre pleinement sans se soucier d'une entité, bien inoffensive, habitant son corps et son cœur ? Le jeune homme secoua la tête pour reprendre ses esprits. Même s'il avait un million de questions en tête, il ne pouvait pas se permettre de les poser maintenant. Ce soir était suffisamment stressant pour son Ayah et pour Matthew pour ne pas rajouter des inquiétudes inutiles. Ils auraient tous le temps d'en parler tous les trois une fois que le Terrestre serait parti, dans la soirée ou même encore le lendemain. Max demanda donc à Matthew ce qu'il désirait boire et leur soirée put commencer dans le calme et la bonne humeur, les garçons jouant le jeu à la perfection pour leur Ayah qui avait l'air plus amoureux et éperdu que jamais.

La discussion allait bon train, sans jamais connaître de temps mort et la soirée s'étirait comme un cours d'eau, les enveloppant tous les quatre dans une bulle quelque peu hors du temps où ne comptait plus que les souvenirs et les projets d'avenir. Au milieu d'une phrase, alors qu'il essayait d'expliquer aux plus jeunes son rôle aux côtés de son père dans le Monde Obscur, Matthew sentit son estomac gargouiller et résonner dans toute la pièce. Rougissant, il gloussa doucement alors que Magnus, satisfait, se laissait à embrasser sa joue et à le mener à table, suivit de ses fils. Grisé par l'alcool qu'il consommait pourtant modérément, ce qui l'empêchait d'être totalement saoul, le Grand Sorcier de Brooklyn se laissait aller à être plus naturel, moins sur la réserve, et plus enclin à profiter pleinement du temps qui leur était accordé. Max et Rafael, passé le choc et l'émotion de la rencontre avec cet homme qui était la copie conforme de leur Dad, souriaient désormais de voir leur Ayah aussi joyeux et amoureux. Ils avaient l'impression, d'une certaine manière, de découvrir leurs pères au premiers temps de leur relation. Certes, Magnus et Alec avaient toujours été très complices et amoureux, jusqu'au dernier jour, mais n'étant pas nés, les deux jeunes n'avaient jamais pu voir de leurs yeux les prémices balbutiants et pourtant adorablement attachants de la relation qui avait uni leurs parents si longtemps. Guidant son petit ami à table, l'Indonésien le laissa s'installer le noiraud et il fila à la cuisine pour terminer la cuisson de son poulet aux épices. Rafael resta à table pour continuer à bavarder avec Matthew tandis que Max prenait les assiettes pour les emmener en cuisine afin d'aider son Ayah à les dresser. L'ayant rejoint, il se planta face à lui et fixa ses yeux dorés comme pour sonder son âme et tâcher de comprendre ce que son père pouvait ressentir. Magnus, qui avait prit l'habitude avec le temps, laissa la puissance de l'empathie de son fils cadet accéder aux secrets les plus enfouies de son âme et ses yeux se gorgèrent de larmes alors que l'entité d'argent qui personnifiait sa magie l'enveloppait comme une couverture se drapant sur ses épaules.

- C'est Dad, souffla Max en souriant doucement, une fois qu'il eut vu ce qui l'intéressait dans le cœur de son père.

- Je ne sais pas, Hatiku, il lui ressemble énormément et j'ai l'impression que c'est lui mais...

- Ce n'était pas une question, Ayah, sourit le jeune sorcier avec émotion. C'est comme de voir double, deux entités et un seul corps...et pourtant elles sont indissociables l'une de l'autre. Matthew n'est pas Dad, et inversement, et pourtant ensemble ils ne forment qu'un...Je ne comprends pas pourquoi ni comment c'est possible, mais il est là, quelque part.

- Tu le penses vraiment, Hatiku ? Je ne suis pas fou d'y croire ? Souffla le plus vieux avec un regain d'espoir.

- Non, Ayah, crois moi, tu es loin d'être fou. Et je sais que Rafael doit penser la même chose que moi, sourit-il tendrement à l'évocation de son époux qui parlait avec enthousiasme de sa passion pour les arcs, transmise par son père, à un Matthew admiratif qui souriait d'un air aussi doux que celui d'Alec.

Suivant le regard de son cadet, Magnus sentit son cœur fondre d'amour à la vue du Terrestre et de l'Argentin qui bavardaient joyeusement. Il avait l'impression d'être revenu soixante-dix ou quatre-vingt ans en arrière, quand les garçons en étaient encore à l'adolescence de leur première vie et qu'ils partageaient un dîner tous les quatre. Des larmes d'émotions dans les yeux, l'immortel aux yeux de chat sortit son poulet et pommes rissolées du four et il dressa les assiettes avant de servir tout le monde, avec l'aide de Max. Dire que Matthew, en goûtant le célèbre poulet aux épices du grand Magnus Lightwood-Bane-Fell, était tombé de sa chaise à la renverse relevait de l'euphémisme. Le noiraud avait véritablement dévoré son assiette en quelques secondes à peine et en avait redemandé, au plus grand bonheur de Magnus qui était toujours fier de faire découvrir sa recette. En même temps, après plus de huit cent ans d'amélioration et d'ajustement, son poulet ne pouvait être que divin ! Gloussant doucement en voyant l'effet que le repas produisait sur le mortel aux yeux cobalts, Max et Rafael échangeaient des regards complices tout en discutant avec leurs aînés, entre deux gémissements appréciatifs de Matthew, bien entendu. Vers la fin du repas, après une mousse aux trois chocolats qui avait failli provoquer un orgasme culinaire à ce pauvre Matthew, réchauffant ainsi les sens de l'Indonésien, le Terrestre souriait presque béatement.

- Je me sens bien avec vous trois, avoua-t-il avec un tendre éclat de rire. Je ne me suis jamais senti aussi bien en dehors de ma famille, et sachant que je n'ai plus que mon père, le cercle est restreint. J'ai l'impression d'être une guimauve flottant sur une rivière de chocolat chaud, souffla-t-il rêveusement.

- Ayah, tu as mis quelque chose dans le poulet ? Le taquina Rafael en voyant l'état d'euphorie totale du Terrestre. On dirait qu'il a pris des tranquillisants !

- Crois moi, j'ai suivi la recette à la lettre. Mais c'est vrai que j'ai mis double dose pour ses cocktails et il en a bu beaucoup. Matthew, tu es sûr que ça va ? S'enquit tout de même Magnus en posant une main sur la sienne.

- Tout va bien, mon chat, je pète le feu ! Gloussa le plus jeune qui, ils le réalisaient tous à présent, était un peu trop pompette.

Pourtant, au surnom employé, Magnus sentit ses larmes d'émotion remonter dans ses yeux dorés et il appela Matthew "Sayang", tâchant de voir si le noiraud réagirait, mais rien. C'était l'alcool qui l'avait fait parlé, rien de plus. Réalisant tout de même qu'il était loin d'être sobre, Matthew décida qu'il était sans doute temps pour lui de rentrer se reposer. Il enlaça les garçons qui lui assurèrent implicitement leur approbation pour sortir avec leur Ayah et il les serra contre son cœur avec la force et la tendresse d'un père. Magnus fut celui qui raccompagna son petit ami. Devant sa porte, sur le palier, il prit instinctivement les mains de son petit ami dans les siennes pour les caresser fébrilement.

- J'ai passé une merveilleuse soirée, sourit Matthew en vacillant quelque peu sur place. Tes enfants sont géniaux, je les aime beaucoup.

- Ils t'adorent, confia Magnus avec douceur. Je suis soulagé que vous vous entendiez bien tous les trois et qu'ils acceptent notre relation.

- Je suis heureux, parce qu'en plus d'eux, toi aussi je t'aime beaucoup tu sais, avoua le noiraud en rougissant. Je t'aime, Magnus.

- Aku Cinta Kamu, Matthew, répondit l'asiatique instinctivement.

D'un sourire tendre, les deux hommes joignirent leurs lèvres une nouvelle fois, promesse muette d'un nouvel avenir commun. Matthew, Alec. Alec ou Matthew. L'un ou l'autre ne formaient qu'un, et pour Magnus, le résultat était le même : il était diablement et irrémédiablement amoureux. Qu'Edom le damne, mais il décrocherait la lune pour cet homme. Une mission qu'il allait devoir réussir bien plus tôt que prévu puisque pour avoir le fils, il faudrait convaincre le père, et pour ça, Magnus allait devoir rencontrer le père de Matthew. 

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A suivre...

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