10

Les flocons de neige s'abattent violemment sur les fenêtres du dortoir, faisant trembler les carreaux. Sirius les regarde depuis le lit de Remus, meurtrissant ses lèvres de ses dents. La colère est à peine redescendue depuis la veille. Il a été d'une humeur exécrable durant la journée entière. Depuis la fin des cours, il rumine seul, enroulé dans le plaid préféré de Remus. Il songe que cette odeur de cannelle qu'il aime tant, est maintenant celle qui enveloppera Hestia chaque jour.

Peu avant le dîner, James passe la tête par la porte avec prudence, inquiet de se recevoir un objet à la figure. Mais Sirius ne lui jette même pas un regard.

— Padfoot, appelle-t-il.

Pas de réponse. Sirius lui tourne le dos.

— Paaaad.
— T'as pas entraînement, toi ? Soupire l'interpellé.
— Non. D'après les autres, une tempête de neige est pas un temps approprié pour voler.

James se glisse dans la chambre. Sirius n'a pas la force de le repousser quand il s'allonge près de lui. Ils fixent le brouillard blanc au dehors pendant plusieurs minutes avant que James n'ose parler.

— Hey.. qu'est-ce qui s'est passé hier avec Moony ? Demande-t-il finalement.
— De quoi tu parles ? Feint Sirius.
— Tu sais bien.. ta réaction quand il nous a annoncé pour Hestia et lui.

Sirius ne répond rien. James enfonce son coude dans ses côtes.

— T'avais l'air en rogne contre elle, insiste-t-il. Il s'est passé un truc ?
— Non.
— Oh nan.. me dis pas que t'as couché avec elle !
— Non ! Bien sûr que non !
— Avec sa sœur alors ?
— Non plus. Pourquoi est-ce que je dois forcément avoir couché avec quelqu'un ?
— Sa meilleure amie ?

Sirius ouvre la bouche pour protester mais se ravise. James se redresse.

— Padfoot ?
— ..Tu te souviens de la petite rouquine de serdaigle ? Celle avec des tâches de rousseur partout.
Merit ?
— Je croyais qu'elle s'appelait Sophie.
— Non, ça c'est sa cousine de Poufsouffle. Sérieux, Pad, t'en as pas marre de penser avec ton engin ?

Sirius le pousse en riant. James riposte et son adversaire en tombe presque à la renverse.

— C'est pour ça que tu l'aimes pas, Jones ? T'as brisé le cœur de sa copine alors elle t'a fait une misère ?
— Mais non ! Sa copine en avait vraiment rien à faire que je donne pas de nouvelles, si tu veux tout savoir.
— Alors pourquoi ?
— Laisse tomber, Prongs.

Silence. Le sourire de Sirius s'estompe un peu. Le vent siffle et s'engouffre dans une irrégularité de la fenêtre. James frissonne et tire sur la couverture de Sirius.

— Je comprends juste pas pourquoi il nous en a pas parlé avant, dit le Black. On est amis, non ?

James se frotte la tête, mal à l'aise.

— Eh bah.. il nous en a parlé. Pas souvent ni même en détails, mais tu connais Remus. Il ne dit jamais rien en détails. Enfin si, les cours de métamorphose mais..
— Il ne m'a rien dit à moi.
— Tu sais, mec.. t'es pas souvent avec nous ces derniers temps. T'es toujours fourré avec Mckinnon ou une autre fille.. tu penses plus vraiment à nous. Attention, hein, je dis pas que c'est une mauvaise chose que tu t'amuses mais.. c'est plus comme avant. Le sujet est juste venu quand t'étais pas là.

Sirius baisse la tête, coupable. Il ne s'était pas rendu de ce que ses absences s'étaient faites si fréquentes.

— J'suis désolé.

James lui tape dans le dos, souriant.

— C'est rien mec. Tu sais ce qu'on devrait faire ?
— Un bon vieux coup des maraudeurs comme on en fait plus ?
— Exactement ! J'ai appris un tout nouveau sort et je l'ai pas encore testé. Enfin à part sur Peter.

Sirius avait besoin de ça. Des côtes douloureuses et des crampes aux joues à force d'avoir ri, du rire cristallin de James qui résonne à son oreille et de son regard solaire. Il ne s'était pas rendu compte d'à quel point ça lui avait manqué.

— Regarde lui, regarde lui ! S'exclame James en agitant sa baguette.

Un pauvre premier année qui passe par là se prend malencontreusement les pieds dans un fil invisible. Il tente de se rattraper à son camarade, ne réussissant que à les faire tomber tous les deux. Sonné, il jette un coup d'œil en arrière dans un espoir de trouver ce qui a causé sa chute, en vain. Cachés derrière un fauteuil non loin de là, les responsables perdent leurs derniers souffles dans des rires incontrôlés.

— Attends, j'ai une idée, chuchote Sirius en se redressant.

Il brandit sa baguette sous l'œil amusé de James, quand deux jambes surmontées d'une jupe lui barrent la route. Il lève les yeux, prêt à dire ses quatre vérités à cette inconnue qui obstrue sa vue. Son assurance le quitte lorsqu'il rencontre le regard venimeux de Marlène.

— Salut, Marley, se risque-t-il dans un murmure étranglé.
— Viens- par là, grogne-t-elle en le relevant par le col de sa chemise d'un geste habile – Sirius songe à ses années de batteuses avec terreur.
— Ouuh, minaude James derrière eux.

Ils s'éloignent dans un coin de la salle commune, prenant soin que James ne puisse pas les entendre. Marlène croise les bras, un air menaçant se peint sur son visage.

— Je peux savoir ce qui t'a pris ? Demande-t-elle avec hargne.
— Je..
— Le traiter de pédé ? Non mais rappelle moi ce que tu es, Sirius ?
— Mais..
— Et la pauvre Hestia, tu crois qu'elle se sent comment ?

Sirius se tasse sur lui même, honteux. Marlène prend sur elle pour ne pas le secouer comme un prunier.

— Pardon, s'excuse-t-il. C'est juste que.. ça m'a tellement énervé de les voir ensemble que je..
— Et encore une fois, la faute à qui ? Tu as eu mille occasions de lui parler et tu ne l'as pas fait ! Tu croyais quoi, que Remus allait t'attendre sagement toute sa vie ? Porter une ceinture de chasteté jusqu'à ce que monsieur-je-couche-avec-la-moitié-de-Poudlard se décide à avouer ses sentiments ?

Sirius ne peut rien dire à ça. Marlène a raison, il le sait. Elle secoue la tête.

— Grandis un peu, Sirius. Va t'excuser, t'es pas celui qui doit être en colère, là.

Elle n'attend pas sa réponse pour remonter dans son dortoir. Sirius la regarde grimper les escaliers quatre à quatre avant de rejoindre James en traînant des pieds. Il n'a plus vraiment envie de rigoler. Son ami s'est affalé sur le fauteuil qui leur servait de barricade et joue avec le vif d'or qui traîne toujours dans sa poche. Quand il voit Sirius, il lui fait un clin d'œil.

— T'as vraiment une touche avec Mckinnon, toi, lance-t-il d'un air assuré.

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