Chapitre 43

Hello, me voici enfin pour la suite de Moonflowers :/ 

Désolée du retard, j'ai eu de très gros problèmes de santé (burn out + grosse dépression T_T). J'essaie de me remettre petit à petit à l'écriture... il ne reste plus que 7 à 8 chapitres avant la fin, mais je vous avoue que j'ai l'impression de gravir le Kilimandjaro, avec toutes les tuiles qui m'arrivent et qui m'empêchent d'écrire T_T Du coup, j'espère que ce nouveau chapitre n'est pas trop moche... Bonne lecture !  


Adrian était censé se reposer et pourtant, les jours qui suivirent ne lui en laissèrent pas l'occasion. Il ne pouvait bien évidemment pas rester chez lui à se la couler douce, il devait s'occuper de ses patients. Sans parler de ses louveteaux dont les parents étaient toujours traumatisés par leur rencontre avec l'Alpha Suprême. 

Adrian avait eu beaucoup de mal à les convaincre que fuir n'était pas la meilleure chose à faire. Il leur avait déjà expliqué la hiérarchie et le système des meutes chez les loups-garous, il leur avait déjà parlé de l'Alpha Suprême, de ce qu'il représentait pour les loups... Il avait plus ou moins évoqué sa puissance, sa suprématie.

Il leur avait dit tout ce qu'il fallait savoir... Mais c'était une chose d'entendre parler de l'Alpha Suprême et une autre de se retrouver face à lui.

Il comprenait l'angoisse des adultes, il comprenait leur peur. Il comprenait leur besoin viscéral de protéger leurs enfants, de vouloir à tout prix les éloigner de l'effroyable monstre qu'était l'Alpha... Il les comprenait tellement, mais partir n'était pas la solution.

Où qu'ils aillent, les louveteaux seraient toujours confrontés à des loups-garous plus puissants, ils pourraient se retrouver sous la coupe d'un Alpha brutal et dominateur qui exigerait une soumission totale — corps et âme — de la part de ses Betas...

Adrian avait cependant évité de sortir des arguments aussi horribles, il s'était contenté d'insister sur le fait que toutes les meutes n'étaient pas bienveillantes envers les jeunes loups-garous, surtout ceux qui l'étaient devenus suite à une morsure.

Affalé sur le canapé dans son bureau, Adrian poussa un énorme soupir. Le simple fait d'y repenser le déprimait au plus haut point. Il n'arrêtait pas de revoir les regards angoissés de ses louveteaux, ceux accusateurs des parents... Il lâcha un énième soupir à fendre l'âme, c'était vraiment pitoyable.

— Ne fais pas cette tête. Tu t'en es très bien sorti, le consola Holy. Tu as réussi à les convaincre de rester, non ? De toute façon, tes Betas n'ont pas voulu te quitter, donc...

— Je ne leur ai pas dit pour mon combat contre l'Alpha, marmonna Adrian, la tête rejetée sur le dossier du canapé et les yeux rivés au plafond. Comme un lâche, j'ai préféré leur proposer de rejoindre la meute des Lighthouse à Shreveport (1)...

— Arrête de dire que tu es lâche, si tu ne leur as rien dit c'est pour une bonne raison...

Mais Adrian secoua la tête.

Oui, il avait préféré garder le silence pour éviter une nouvelle vague de panique. Du moins, c'était ce qu'il n'arrêtait pas de se répéter depuis ce matin pour ne pas culpabiliser. En vain. A chaque fois, il en venait à la conclusion que ses Betas avaient le droit de savoir que celui qu'il considérait comme leur Alpha allait peut-être y passer dans un mois... MAIS ARRÊTE DE DIRE N'IMPORTE QUOI !

— Adrian. Je t'interdis de broyer du noir, le gronda Holy dont la tête contrariée apparut soudain dans son champ de vision. Je sais très bien à quoi tu penses et je t'interdis d'avoir ce genre de pensées, tu m'entends ? Tu as promis de t'en sortir vivant !

— Je suis désolé ! s'excusa aussitôt Adrian en se redressant, l'air coupable. Bien sûr que je vais m'en sortir vivant ! C'est juste que... c'est plus fort que moi...

Tu es désespérant !

— Désolé, répéta-t-il en attirant Holy sur ses genoux, ce dernier se laissa faire, malgré son expression toujours aussi mécontente. Pardon, mon ange. Je vais arrêter, OK ? Terminé les pensées défaitistes à la con, je vais investir toute mon énergie dans mon entraînement et comment faire mordre la poussière à mon père. Que des pensées positives en perspectives, plaisanta-t-il, mais Holy ne fut bien évidemment pas dupe.

Adrian s'empressa de chasser le pauvre sourire crispé sur son visage. Holy ne fit aucun commentaire, son air inquiet parlait cependant pour lui. Il effleura sa joue du bout des doigts, se mordit ensuite la lèvre.

— Tu es sûr que... tu vas y arriver ? finit-il par demander d'une petite voix.

— Quoi ? fut tout ce qu'Adrian trouva à dire, tant la question le prit de court.

Voilà ! A cause de tes conneries, Holy doute de nos capacités ! s'énerva son loup.

— L'Alpha... est-ce que tu crois... est-ce que... tu te sens capable... de le tuer ?

Holy avait désormais le regard baissé et se tordait les mains comme un gamin.

— Je veux dire... c'est ton père. Et tu vas l'affronter dans un combat à mort.

— Je...

Adrian se tut, ne sachant toujours pas quoi dire. Il aurait voulu répondre avec fougue, affirmer à Holy que cela ne lui faisait absolument rien de tuer son père. A vrai dire, oui, une partie de lui en rêvait depuis des années et des années, l'autre partie en revanche... une infime part de lui ne pouvait se résoudre à commettre un parricide.

Adrian avait honte.

Abruti ! Arrête avec ton sentimentalisme à la con ! cracha son loup avec colère. Ce type n'a jamais été un père pour nous, on ne lui doit absolument rien ! ON A LE DROIT DE LE BUTER ! Tu ne peux pas le faire ? Très bien, je vais m'en charger ! C'est avec joie que je vais lui arracher sa putain de tête !

Partagé entre la fatigue et l'agacement, Adrian ravala un soupir. Il n'avait jamais dit qu'il ne voulait pas le faire. Au contraire, c'était justement parce qu'il en crevait d'envie qu'il avait honte. Quel genre de personne rêvait aussi fort de tuer son propre père ?

MAIS N'IMPORTE QUOI !

— Je suis prêt à lui arracher la gorge avec mes crocs si c'est le seul moyen de te protéger, d'être avec toi... avoua Adrian dans un souffle. Tu es le seul qui compte à mes yeux, Holy. Je ferais n'importe quoi pour toi... Absolument n'importe quoi.

Holy ferma les yeux, visiblement accablé. Sa réaction paniqua aussitôt Adrian. Ce n'était peut-être pas la réponse qu'il attendait de sa part ? Et si Holy le prenait pour un monstre ? Et s'il était horrifié ? Ou pire : dégoûté ? Et si... Mais tu m'énerves à la fin !

— Pardon, ce n'est pas ce que je voulais dire... gémit-il avec angoisse.

Putain ! Tu es vraiment pathétique !

Son loup avait sûrement raison, mais l'idée que Holy le prenne pour un monstre... Non, Adrian ne pouvait supporter une telle éventualité. Holy était tout pour lui et si jamais il... si jamais il le trouvait monstrueux... Bordel, Adrian ! FERME-LA !

— C'est pour ça que j'ai essayé de le tuer, déclara soudain Holy, coupant court aux commentaires furieux de son loup. Je savais que tôt ou tard, tu aurais à le confronter, mais... je voulais t'épargner ça. L'Alpha est peut-être le pire des salauds, mais il reste ton père et... je ne voulais pas que tu aies son sang sur les mains. Je voulais te soulager de ce poids, mais je n'ai fait qu'empirer les choses. Je suis désolé...

Adrian ne répondit pas, il préféra coller son front contre celui de Holy. Plonger le regard dans l'océan chatoyant qu'étaient ses iris argentés. Caresser sa nuque du bout des doigts. Réduire l'infime espace entre leurs lèvres et partager un doux baiser...

— Comme c'est touchant, résonna soudain une voix froide sur le pas de la porte.

Adrian et Holy bondirent du canapé comme un seul homme.

Merde. Adrian avait totalement oublié qu'ils étaient sur son lieu de travail. Heureusement pour lui, ce n'était pas un patient qui se tenait dans l'encadrement.

C'était Ariana.

Malheureusement oui ! hurla son loup, en rage. Qu'est-ce qu'elle fout ici !

Adrian ne put cependant lui poser la question, Holy ne lui en laissa pas le temps. Il le tira en effet vivement en arrière et se plaça devant lui dans un geste protecteur qui le prit totalement de court. Les yeux ronds, Adrian regarda son bien-aimé tendre le bras devant lui. La seconde suivante, tous les objets tranchants de la pièce s'élevaient dans les airs pour foncer droit sur Ariana et l'entourer en un cercle mortel.

Cette dernière demeura parfaitement calme. Les mains enfoncées dans les poches de son blazer chic, elle semblait totalement indifférente aux "armes" qui tournoyaient paresseusement au-dessus de sa tête. Adrian percevait cependant toute la tension qui animait son corps. Elle pourrait bondir sur Holy sans prévenir !

Inquiet, Adrian voulut attirer Holy à lui, mais celui-ci le repoussa d'un geste ferme, avant de se placer plus franchement devant lui. Il ne lui accorda pas un seul regard, trop occupé à foudroyer Ariana d'un regard rempli de colère et de menace.

— Du calme, l'infirmier sexy, fit la concernée, agacée. Je n'ai aucune intention hostile.

— Bien sûr, cracha Holy. Un pas de plus et je te jure que ta tête finit en passoire !

Ariana ne répondit pas, elle se contenta de jauger longuement Holy de son regard vert et froid. Puis ses lèvres se tordirent en une moue dégoûtée. Et Adrian se fit soudain la réflexion qu'elle ressemblait vraiment traits pour traits à leur père. Son loup, lui, était en rage et réclamait la tête de leur chère et tendre sœur au bout d'une pique.

Comment elle ose regarder Holy comme ça ! On devrait lui arracher les yeux !

Mais Adrian ignora son loup, trop occupé à observer sa sœur et essayer de deviner ses intentions. Il ne ressentait effectivement aucune hostilité émaner d'elle, mais si ce n'était pas pour se battre, pourquoi daignerait-elle se déplacer jusqu'à son cabinet ? Adrian avait beau cogiter, il n'en avait aucune idée. Il était cependant certain d'une chose : ce n'était sûrement pas par inquiétude qu'Ariana était venue !

Adrian n'oublierait jamais son indifférence totale la nuit où il avait défié l'Alpha. Ariana n'avait eu aucun geste, aucun regard pour lui, alors qu'il sortait de la maison, blessé et vacillant sur ses jambes, portant tant bien que mal Holy dans ses bras. Elle s'était contentée de le dépasser pour rejoindre leur père, le seul qui comptait pour elle.

Mais on s'en fout, bordel ! Nous on a Isaïah et Ava ! On a notre meute ! ON A HOLY !

Holy...

Adrian attrapa doucement la main de ce dernier, entrelaça leurs doigts, tout en faisant un pas en avant pour se placer à ses côtés. Son loup avait raison, Ariana pouvait aller au diable. Ils n'avaient pas besoin d'elle, ils n'avaient besoin que de Holy.

— Tu ferais mieux de t'en aller, Ariana. Tu n'es pas la bienvenue.

Oui, c'est ça ! Dis-lui de dégager !

Ariana ne bougea cependant pas d'un pouce. Le regard désormais posé sur Adrian, elle semblait réfléchir intensément, sa bouche se tordit en une moue contrariée.

— Je suis venue te rapporter ton téléphone, finit-elle par déclarer d'un ton froid. Et aussi pour te dire que... (elle se tut, se pinça un instant les lèvres et Adrian crut voir un éclair de colère traverser ses yeux) tu n'es vraiment qu'un pauvre imbécile.

QUOI ?

Adrian ne fut même pas surpris par l'insulte. Il ne réagit pas, ignora son loup en colère et préféra se concentrer sur Holy dont il pressa gentiment la main dans la sienne pour l'inciter au calme. Holy ne devait surtout pas transformer la tête de sa sœur en passoir !

Ce dernier souffla un bon coup, mais ses traits restaient crispés de fureur, tandis que tous les objets tranchants de la pièce continuaient de tenir Ariana en joue.

— Comment as-tu osé défier l'Alpha Suprême dans un combat de pleine lune ? siffla celle-ci, la posture raide et les poings serrés. Comment as-tu pu ? C'est tellement pitoyable et égoïste de ta part ! Tu sais très bien que tu ne pourras jamais le battre ! Tu vas juste mourir — crever — dans le déshonneur ! Traîner notre famille dans la boue ! Et tout ça pour quoi ? Pour vivre le grand amour avec ce... cet hybride dégoûtant ?

— Insulte encore Holy et je te jure que tu vas amèrement le regretter, gronda Adrian, dont la colère montait crescendo à mesure que sa sœur débitait ses conneries.

Cette dernière l'ignora, bien décidée à cracher son venin jusqu'au bout.

— Réveille-toi, Adrian ! On n'est pas dans un conte de fées, tu comprends ça ? Il n'y aura pas de fin heureuse pour toi et ton dhampire ! Quand bien même, tu gagnais ce combat et devenais l'Alpha Suprême, les meutes n'accepteront jamais votre relation !

— ET ALORS ! explosa Adrian.

Il s'était juré de garder son calme, il s'était juré de ne surtout pas réagir. Ariana ne méritait même pas qu'il s'énerve, elle ne méritait pas qu'il gaspille son énergie pour une dispute. Et pourtant, voilà qu'il lui hurlait toute sa rage à la figure.

— Mais qu'est-ce que j'en ai à foutre de l'avis des meutes, merde ! Ils peuvent tous aller crever, putain ! Et toi aussi, d'ailleurs ! Allez tous vous faire foutre !

— Adrian...

Ce fut au tour de Holy d'essayer de le calmer. En vain.

Adrian était hors de lui. Il avait la haine. Qu'Ariana le traite d'imbécile, il n'en avait rien à faire, mais qu'elle insulte Holy... non ! Il ne pouvait pas l'accepter, elle n'avait pas le droit de se pointer comme si de rien n'était pour cracher sur l'amour de sa vie. NON !

— Dégage de ma vue avec tes morales et tes préjugés à la con ! Dégage de ma vie ! Je ne veux plus voir ta sale gueule de robot, putain ! DÉGAGE, BORDEL ! 

(1) Ville de Louisiane 


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