Chapitre 41
Et voilà ! Retour à la case départ ! Tu as tout gâché avec Holy ! ENCORE !
Tais-toi...
Adrian voulut bondir hors du lit, mais son corps courbaturé ne lui permit pas cette prouesse. Tout ce qu'il réussit à faire fut de mettre sa dignité de côté et saisir la main tendue de Naomi. Une fois relevé, il se rua vers la porte, mais Naomi attrapa son bras pour le retenir.
— Tu connais Holy. Quand il est en rage, il n'écoute rien, dit-elle en secouant la tête. Si tu le suis, ça ne fera que l'énerver davantage et envenimer les choses entre vous.
— Mais... protesta Adrian, il savait cependant qu'elle avait parfaitement raison.
Naomi lui tapota l'épaule d'un geste maladroit, mais plein de compassion.
— Laisse-lui un peu de temps...
— Un peu de temps pour quoi ? Pour digérer le fait que l'amour de sa vie est un idiot fini qui va sûrement crever dans un mois ? intervint soudain une voix cinglante sur le pas de la porte.
Sasha.
QU'EST-CE QUE CETTE PUTAIN DE GOULE FOUT LA ?!
Nonchalamment appuyé contre le mur, il narguait Adrian du regard. Il débordait d'une classe folle dans son ensemble noir et sa veste en cuir. Adrian ne put s'empêcher de se dire qu'à côté, il devait faire tâche avec ses vêtements en sang et déchirés, sans parler de ses cheveux !
N'importe quoi ! Cet abruti porte du cuir en plein été ! Il n'y a vraiment pas de quoi être fier !
— Qu'est-ce que tu fais là ? l'apostropha furieusement Adrian.
— Je suis venu voir Holy, répondit Sasha, sans cesser de le toiser. Et j'ai bien fait, visiblement.
— Laisse-le tranquille ! gronda Adrian, les poings serrés. Holy n'a pas besoin de toi !
— Bien sûr que si, il a besoin de moi, rétorqua Sasha, le ton désormais dur et accusateur. J'ai entendu votre dispute. A peine remis ensemble et tu lui brises déjà le cœur ? Connard.
QUOI ? C'est sa putain de nuque qu'on va briser !
Alors que son loup hurlait comme un fou, Adrian, lui, était à deux doigts de se jeter sur Sasha. Ce type lui sortait par les yeux, il avait envie de scalper sa face de cadavre arrogant.
— Sasha, stop, intervint cependant Naomi. Adrian a fait ce qu'il fallait.
— C'est ça, rétorqua Sasha, un rictus froid aux lèvres.
Il tourna ensuite les talons et les laissa royalement en plan pour rejoindre Holy.
NON ! Ce sale type doit rester loin de Holy ! Il va essayer de le tripoter !
Adrian lâcha un grognement agacé. Il savait qu'une telle chose n'arriverait jamais, il avait toute confiance en Holy. Mais cela n'empêcha pas la jalousie de prendre le dessus. Cédant aux harcèlements de son loup, il voulut rattraper Sasha pour lui tordre le cou, mais Naomi le retint à nouveau par le bras, le geste désormais ferme, comme si elle savait ce qu'il comptait faire.
— Ce n'est pas en arrachant la tête de ce crétin que tu vas calmer Holy, le rabroua-t-elle. Laisse. Je m'occupe de mon frère et toi, vas prévenir Isaïah et Ava Sinclair pour ton combat contre l'Alpha Suprême. Tu as besoin d'alliés de poids pour espérer contrebalancer son influence et t'attirer le soutien des grandes familles. Si tu as celui des Scaveau et des Sinclair...
— Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne fais pas ça pour le pouvoir et encore moins pour devenir Alpha Suprême ! l'interrompit Adrian, agacé. Tout ça je le fais pour le bien et le bonheur de Holy !
— Très bien. Dans ce cas, je vais m'exprimer autrement, répliqua Naomi sur le même ton et les bras croisés sur sa poitrine en une attitude revêche. Pour le bien et le bonheur de Holy, tu dois rester en vie, d'accord ? Et pour ça, trouve-toi des alliés de poids qui vont assurer tes arrières jusqu'au jour du combat ! Tu ne dois surtout pas rester seul dans ton coin, tu as besoin de tes amis, Adrian. Tu as besoin de ta meute, tu comprends ça ? Que tu le veuilles ou non, les autres Alpha verront dans ce combat une lutte de pouvoirs entre ton père et toi. D'où l'importance d'être soutenu par des familles influentes ! C'est bon où tu as besoin d'un exposé encore plus détaillé pour bien comprendre ?
— Ça va, pas la peine d'être aussi cinglante, grommela Adrian.
Naomi pouvait cependant dire ce qu'elle voulait, il n'avait pas du tout l'intention d'impliquer ses amis dans toute cette histoire. Il ne voulait surtout pas qu'Ava et Isaïah s'attirent les foudres de l'Alpha Suprême. Elle avait toutefois raison sur un point, il devait leur parler au plus vite.
Mais l'idée de s'en aller sans avoir pu se réconcilier avec Holy... Adrian n'en avait pas la force. Il ne supportait pas l'idée qu'ils soient à nouveau en froid. A qui la faute, hein ? A QUI ?
— Ne t'inquiète pas pour Holy, le rassura Naomi, presque avec gentillesse. Il est en colère pour le moment, mais ça va passer. Au fond, il sait très bien pourquoi tu as défié ton père. Il a juste besoin de temps pour... digérer la nouvelle et arrêter d'être fâché.
— D'accord, mais...
Dis-lui de s'assurer que Sasha ne pose pas ses sales pattes sur Holy !
Adrian soupira, les exigences puériles de son loup lui firent lever les yeux au ciel. Holy n'avait pas besoin de Naomi pour remettre Sasha à sa place. Adrian s'inquiétait plutôt de ce qu'il pourrait faire sur le coup de la colère. S'il lui venait l'idée de terminer ce qu'il avait commencé...
— Promets-moi de veiller sur Holy, implora-t-il. Il ne doit plus s'approcher de mon père...
— Pour qui tu me prends ? Bien sûr que je vais veiller sur mon frère ! s'insurgea Naomi en le foudroyant du regard. Et maintenant, va-t-en. Toute La Nouvelle Orléans est sûrement déjà au courant de la situation entre l'Alpha et toi. Tes amis doivent être en panique !
***
Ils étaient en panique.
Ava semblait à deux doigts de lui arracher les yeux.
Ils s'étaient réunis en hâte chez elle, enfermés à double tour dans son bureau pour une discussion tranquille et discrète. Mais Ava était dans un tel état de rage que tout le voisinage devait sûrement l'entendre engueuler Adrian sur ses tendances suicidaires.
— On te laisse deux minutes et toi, tu plonges à pieds joints dans les emmerdes ! Défier l'Alpha Suprême dans un combat de pleine lune ? Tu as complètement perdu la tête !
— C'était la meilleure chose à faire, répéta Adrian, le ton sec malgré lui. A sa décharge, il était vraiment fatigué d'avoir à se justifier pour la millionième fois de la soirée.
Sa réponse ne fit qu'attiser la colère d'Ava.
— On parle d'un combat à mort, Adrian ! Un combat à mort contre l'Alpha Suprême !
Adrian ravala difficilement son impatience.
Ava réagissait exactement comme Holy. Elle ne comprenait pas, elle refusait de comprendre que c'était l'unique option qu'il avait pour se libérer enfin de cet enfoiré mégalo.
— Ava, s'il te plaît ! Je comprends que tu t'inquiètes, mais je sais très bien ce que je fais, d'accord ? Oui, j'ai défié mon père dans un combat à mort ! Oui, c'est l'Alpha Suprême ! Mais je pense avoir toutes mes chances, merde ! Il ne pourra pas utiliser la marque et...
— Tu aurais dû l'achever tant qu'il était en position de faiblesse ! l'interrompit son amie avec véhémence. On t'aurait aidé à effacer les preuves quitte à dissoudre son corps à l'acide !
Très bonne idée ! Il n'est pas trop tard pour le faire !
— Arrête de dire n'importe quoi ! s'écria Adrian, partagé entre l'effarement et la colère. Tu es folle ou quoi ? Tu parles de faire disparaître un cadavre devant un agent fédéral !
Le principal concerné ne réagit cependant pas. Contrairement à Ava qui faisait les cents pas dans la pièce, Isaïah demeurait calme. En apparence du moins. L'ombre dans ses yeux trahissait toute sa colère et son angoisse. Les bras croisés sur son torse dans une attitude faussement nonchalante, il restait silencieux et semblait sérieusement réfléchir à l'idée.
— Tu as raison, finit-il par dire à l'intention d'Adrian, le ton posé, presque calculateur. Tu as toutes tes chances contre l'Alpha Suprême. Mais seulement si tu es au top de ta forme. Pour ça, tu vas prendre quelques jours de repos complet. Ensuite, on va t'entraîner non-stop. On a un mois, c'est un peu juste, mais ça fera l'affaire. On aura besoin de Yann...
— Et d'un endroit sûr pour t'entraîner loin des humains et des fouines de l'Alpha, ajouta Ava, désormais sur le pied de guerre. Magda, aussi, pourrait aider. Elle est assez puissante pour créer une fausse pleine lune. On pourra faire de véritables combats de loups...
Oui, oui, OUI !
— Non ! intervint Adrian avec force. Vous n'allez rien faire du tout, vous m'entendez ? Je ne veux pas de votre aide ! Vous ne devez surtout pas vous impliquer dans toute cette histoire !
— Qu'est-ce que tu racontes, rétorqua sèchement Isaïah. Bien sûr qu'on va s'impliquer.
— J'ai dit non ! NON ! C'est beaucoup trop dangereux ! Si vous m'aidez, vous serez dans le collimateur de l'Alpha et ses alliés ! Grande famille ou pas, ils vous tomberont dessus !
Arrête tes délires ! Les Scaveau et les Sinclairs sont des familles puissantes ! Ava et Isaïah ne risquent rien ! A part se faire des cheveux blancs à cause de tes conneries !
Tais-toi !
Adrian ferma les yeux, épuisé. Il savait que la discussion prendrait une telle tournure, que ses deux meilleurs amis ne se laisseraient pas écarter aussi facilement. Il s'était préparé et ne comptait rien lâcher. Mais difficile de leur tenir tête avec un mal de tête carabiné.
— Ecoutez, souffla-t-il. Je sais que c'est beaucoup vous demander mais... vous devez rester en dehors de tout ça. Si vous vous rangez à mes côtés, l'Alpha aura un bon prétexte pour vous mener la vie dure si jamais je perds le combat et que je...
— Adrian, le coupa cependant Isaïah, la voix désormais dure et cassante. Ferme-là.
Son attitude nonchalante avait disparu, remplacée par une colère noire qui n'augurait rien de bon. Adrian obéit, conscient d'avoir poussé son ami à bout. Isaïah était connu pour son flegme à toute épreuve. Il ne perdait jamais son sang-froid. Jamais.
Et pourtant, le voilà qui explosait soudain, prenant Adrian, et même Ava, au dépourvu.
— Que ça te plaise ou non, Ava et moi, on va t'aider, tu entends ? On va t'entraîner, te transformer en une putain de machine. On fera tout pour que tu gagnes ce foutu combat ! Tu peux dire tout ce que tu veux, on ne te laissera pas tomber ! On ne te laissera pas mourir. Alors ferme-là. Je ne veux plus entendre tes putains de conneries, bordel !
Hurlant les derniers mots, il saisit Adrian par les épaules pour le secouer comme un prunier. Les yeux écarquillés d'ahurissement, celui-ci n'opposa aucune résistance. Il croisa le regard plus que satisfait d'Ava, debout et bras croisés derrière Isaïah. Rictus aux lèvres, elle estimait clairement qu'il méritait de se faire malmener comme une poupée de chiffon.
Isaïah reprit cependant son calme aussi vite qu'il ne l'avait perdu. Les doigts toujours fermement accrochés aux épaules d'Adrian, il planta ses iris dans les siens, l'air grave.
— La famille Scaveau est de ton côté, Adrian. Les Scaveau te soutiennent à cent pour cent.
— Tu peux compter sur les Sinclair aussi, intervint Ava avec sérieux. Même si tu n'es qu'un sombre idiot, ajouta-t-elle ensuite pour la forme, tout en roulant des yeux exaspérés.
Adrian les dévisagea tour à tour, incapable de trouver les bons mots pour leur répondre.
Une partie de lui voulait protester, leur faire entendre raison, voire même leur hurler dessus. L'autre partie en revanche... l'autre partie voulait les serrer très fort contre lui et leur dire à quel point il les aimait, à quel point il se sentait chanceux de les avoir à ses côtés. S'il écoutait son loup, il se jetterait sur eux pour leur lécher le visage avec toute son affection.
— D'accord, fut tout ce qu'il réussit à bredouiller après plusieurs minutes de silence.
Les traits d'Isaïah se détendirent aussitôt. Son attitude nonchalante retrouvée, il lâcha Adrian, mais après lui avoir filé une grande claque amicale (mais très douloureuse !) dans le dos au passage. Adrian réprima une grimace de douleur tandis que son ami se plantait devant Ava et lui, les mains derrière le dos et la tête à nouveau sérieuse. Une lueur mortelle brillait cependant dans ses yeux noirs. Comme s'il partait en guerre.
ON PART EN GUERRE !
— Maintenant que les choses sont claires, mettons-nous au travail, fit Isaïah, tel un général ralliant ses troupes. Ça fait longtemps qu'on aurait dû s'occuper de ce cinglé. Adrian... j'espère que tu es content. Tu vas enfin pouvoir lui donner la raclée qu'il mérite.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top