Chapitre 34
Il pleuvait des cordes, la pluie martelait violemment contre les vitres. Et pourtant, l'appartement était plongé dans un silence pesant. Holy n'avait prononcé aucune parole depuis le départ de Naomi. Trente minutes qu'il végétait sur le canapé, roulé en boule et le regard vide.
Sa tête reposait mollement sur les genoux d'Adrian qui lui caressait les cheveux avec douceur. Ils devaient discuter de ce qui venait de se passer, Adrian n'arrivait pourtant pas à ouvrir la bouche. Sa gorge était sèche et ses mains tremblaient. Il ne trouvait pas les mots pour parler de cette période sombre et tellement honteuse de sa vie. Il devait cependant le faire et vite. Holy se croyait responsable de ses conneries. BOUGE-TOI LE CUL ET PARLE !
— Holy ? murmura-t-il en dégageant une longue mèche moite sur son front.
Son bien aimé ne répondit pas. Il se contenta de renifler, la tête désespérément apathique.
— Mon ange... Je suis désolé, je ne voulais pas que tu l'apprennes comme ça. Je comptais te le dire, mais j'attendais juste le bon moment... Holy ? Parle-moi, s'il te plaît.
Mais Holy restait toujours immobile et muet, ses yeux débordaient de chagrin. Le cœur d'Adrian se serra en le voyant toujours aussi bouleversé, il semblait à deux doigts de pleurer.
C'est la faute d'Ava ! Cette folle !
Tais-toi.
Adrian, aussi, en voulait toujours autant à Ava, mais maintenant que l'adrénaline était retombée, il se sentait coupable d'avoir été aussi méchant et odieux envers son amie.
Quoi ? C'est elle qui a été odieuse ! Elle a dépassé les bornes avec Holy !
— Je t'aime, lâcha soudain ce dernier d'une petite voix rauque.
Perdu dans ses pensées moroses, Adrian sursauta, mais se reprit bien vite. Il baissa les yeux pour croiser ceux de Holy dont les iris argentés scintillaient à cause des larmes. Son regard était tellement beau... mais Adrian ne voulait y voir que du bonheur. Il s'empressa de sécher les yeux de son bien-aimé, mais celui-ci le repoussa pour se redresser et le fixer avec tristesse.
— Je t'aime et je suis désolé de ne pas avoir été là pour toi.
Adrian prit ses mains dans les siennes. Sa gorge était nouée, ses yeux le brûlaient.
Ah non ! Je t'interdis de pleurnicher ! protesta son loup et pour une fois, Adrian obéit.
Ce n'était pas le moment de pleurer. Holy était déjà assez mal comme ça, il n'allait pas en rajouter une couche avec des larmes de crocodiles. A la place, il chercha son regard, décidé à capter toute son attention et le décharger de la culpabilité qui semblait l'écraser.
— Holy, ce qui s'est passé... ce n'est pas ta faute. Je suis le seul responsable de mes actes... commença-t-il, Holy lui coupa cependant la parole, le ton partagé entre l'abattement et la colère :
— Tu as failli mourir, Adrian ! Le simple fait d'y penser me brise le cœur !
La culpabilité l'étreignit et Adrian ouvrit la bouche, mais Holy ne lui donna pas le temps de parler.
— Tu as failli mourir et je n'étais pas là, souffla-t-il. Ava avait raison, j'étais trop occupé avec Sasha et je t'ai abandonné. Je suis horrible ! Et dire que j'ai passé toutes ces années à t'en vouloir, à penser que j'étais la victime dans l'histoire, alors qu'en réalité c'est toi qui...
MAIS N'IMPORTE QUOI ! Fais quelque chose !
Tout en parlant, Holy avait ramené ses genoux contre sa poitrine et les avait entourés de ses bras. Sa phrase se perdit dans un reniflement peu gracieux, ses joues étaient humides.
N'en pouvant plus de le voir aussi mal, Adrian l'attrapa par les épaules et l'attira à lui pour une étreinte. Holy tenta de le repousser, mais il refusa de le lâcher. Incapable de trouver les bons mots, il voulait lui faire ressentir tout son amour en le serrant très fort contre lui. Il voulait que Holy comprenne qu'il n'avait aucune rancune. Au contraire, il était heureux et l'aimait plus que tout. Le passé ne devait pas les empêcher de goûter à nouveau au bonheur ensemble.
— Tu es là maintenant. Et c'est tout ce qui compte.
— Mais... protesta Holy, Adrian le fit cependant taire d'un baiser.
— Holy. On a perdu tellement de temps à être triste ou en colère, murmura-t-il. Moi aussi je m'en veux, tu sais. Je n'étais pas là pour toi, alors que toi aussi, tu as vécu des moments difficiles.
— Oui, mais ce n'était pas ta faute, le défendit aussitôt Holy. Ton père t'avait marqué !
Adrian sourit tristement à son argument. Son loup, lui, était fou de jalousie à l'idée que c'était Sasha qui avait été là pour Holy pendant toutes ces années. Aaaah ! Je le déteste tellement !
— Toi aussi, ce n'est pas ta faute, mon ange. Tu ne savais pas pour mon père. Ce n'est pas ta faute, tu entends ? répéta-t-il avec douceur et détermination. Je t'aime, Holy, murmura-t-il ensuite en lui caressant tendrement le visage. Je t'aime plus que tout au monde et je ne veux plus que tu sois triste. Ne te laisse pas miner par la culpabilité, s'il te plaît. Ce n'est pas ta faute.
Il l'embrassa à nouveau et Holy ne le repoussa pas cette fois. Au contraire, il chercha le contact en attrapant sa nuque pour approfondir leur baiser. Adrian ferma les yeux et savoura longuement ses lèvres rendues salées par les larmes. Holy se réfugia ensuite dans ses bras en reniflant.
Adrian frotta sa joue contre ses cheveux, ils étaient doux et sentaient si bons... Ils restèrent serrés l'un contre l'autre pendant un long moment, sans prononcer une parole, savourant juste le fait d'être ensemble. Adrian prit ensuite une profonde inspiration pour se donner du courage.
— Ce qui s'est passé... se lança-t-il maladroitement. J'en suis le seul responsable et je n'en suis pas fier. C'était égoïste de ma part. Je n'ai aucune excuse, même si c'était dur.
— Tu.. tu veux en parler ? demanda Holy après une petite seconde d'hésitation.
Oui. Il fallait en parler même si c'était dur. Ils devaient tout se dire. Adrian ne voulait plus que Holy apprenne ses conneries de quelqu'un d'autre et surtout plus de manière aussi horrible.
— Je venais d'être marqué et c'était vraiment douloureux, raconta-t-il après s'être nerveusement passé la langue sur les lèvres. Les marques de crocs sur ma nuque me brûlaient jours et nuits, mais ce n'était pas le pire. Le pire c'était le lien psychique avec mon père : il était dans ma tête, sa volonté m'écrasait. J'avais l'impression d'être un chien, son chien et ça me rendait malade.
Il s'interrompit pour reprendre son souffle, mais surtout pour se remplir les poumons du parfum de Holy. Les effluves de jasmin et de violette lui donnèrent la force de poursuivre son récit :
— J'ai essayé de m'enfuir à plusieurs reprises... pour te rejoindre... mais ce foutu lien m'en empêchait. A chaque fois, les souffrances physiques et mentales étaient terribles. Je ne pouvais rien faire. J'étais condamné à rester avec mon père pour toujours et ne plus jamais te revoir.
A mesure qu'il parlait, Adrian sentit l'angoisse monter. Les souvenirs, sentiments et sensations de cette époque lui tordirent le ventre. Il avait envie de vomir rien que d'y repenser. La bile lui montait déjà à la gorge. Adrian secoua la tête pour se reprendre. Il ne devait surtout pas craquer.
Il faut tout dire à Holy ! Même si c'est dur !
— Ava et Isaïah étaient là, mais je... je me sentais seul. Tu me manquais tellement, continua-t-il d'une petite voix. Je n'arrêtais pas de penser à ce que je t'avais dit, à ce que je t'avais fait... je n'arrêtais pas de me répéter que je t'avais perdu pour toujours et c'était horrible. J'avais si mal, Holy. Mon cœur et mon esprit étaient en miettes. Alors j'ai eu l'idée stupide... d'en finir.
Adrian se tut, la honte et l'appréhension se battaient en duel au creux de sa poitrine. Il eut envie de se cacher le visage derrière ses paumes comme un gamin, mais ses bras entouraient toujours Holy et il ne voulait pas le lâcher. A la place, il enfouit le nez dans ses cheveux d'un geste brusque. Il ferma les yeux, expira lentement pour tempérer sa respiration chaotique.
— Adrian...
Holy se dégagea de son étreinte pour lui faire face, Adrian refusa cependant de le regarder. Il garda les yeux baissés, tandis que des flots de paroles sans queue ni tête s'échappaient de sa bouche. Des excuses ? Des suppliques ? Il ne savait plus, il fallait juste qu'il dise quelque chose.
— Je suis tellement désolé, gémit-il en se tordant les mains. J'ai été lâche, mais je te promets que c'était la première et la dernière fois que je... ça n'arrivera plus jamais, je te jure !
Mais pourquoi tu supplies ? Tu as déconné, mais tu t'es repris en main depuis ! DIS-LUI ! Holy comprendra, il nous aime ! Il ne va pas s'enfuir, il ne va pas nous abandonner ! DIS-LUI !
Adrian obéit.
— Après cette monumentale connerie, je suis allé voir un psy, avoua-t-il dans un murmure. J'avais besoin de parler et ça m'a beaucoup aidé. A comprendre, à gérer les angoisses, ça m'a donné la force mentale de combattre ce foutu lien et me détacher petit à petit de mon père. La thérapie m'a vraiment aidé, alors j'ai décidé que je voulais faire pareil pour les surnaturels...
Il finit par lever les yeux, guettant anxieusement le regard de Holy, un commentaire de sa part. Son bien-aimé ne dit cependant rien, il se contenta de l'attirer contre son cœur et le serrer tendrement. Ses doigts s'égarèrent dans ses cheveux, massèrent son cuir chevelu avec douceur et tendresse. Adrian sentit la pression se relâcher, l'apaisement le gagner. Il lâcha un petit soupir et se blottit contre Holy, le seul et unique amour de sa vie.
— Je suis heureux que tu n'aies rien, chuchota celui-ci, sans cesser de le caresser. Tu dis que tu es lâche, mais moi je te trouve courageux. Tu as surmonté tout ça, tu es devenu thérapeute et je sais que tu aides tellement de gens, depuis. Je suis vraiment fier de toi, mon loup. Je t'aime.
— Je t'aime aussi, répondit Adrian, à la fois heureux et soulagé. Et je suis si fier de toi, aussi : tu écris des chansons magnifiques, tu fais rêver des millions de fans à travers le monde... Tu fais partie des personnalités les plus sexy de la planète ! Les gens sont fous de Holy Hell, plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère. Quand j'ai vu ton premier clip avec Moonflowers, je me suis dit "wouah", mais au final, ça ne m'a pas étonné. J'ai toujours su que tu serais une star.
Une superstar !
— N'importe quoi, rit Holy.
Amusé, il attrapa son visage entre ses paumes pour partager un bisou d'abord tout chaste, mais qui dégénéra bien vite en baisers ardents. Adrian se retrouva avec Holy à califourchon sur ses genoux lorsqu'ils durent se séparer pour reprendre leur souffle.
Ils gardèrent leurs fronts collés l'un contre l'autre, sans se quitter des yeux. Le sourire de Holy se fana cependant petit à petit, et bientôt, son regard fut plein d'appréhension et de mélancolie.
— Si j'ai rejoint Moonflowers, ce n'est pas pour la gloire, murmura-t-il soudain, le ton hésitant. Au début, je voulais juste trouver une échappatoire... pour ne plus broyer du noir.
Il s'interrompit pour prendre une grande inspiration. Adrian comprit qu'il se donnait du courage. Que lui aussi s'apprêtait à parler de ce qu'il avait vécu tout le temps qu'ils avaient été séparés.
— Moonflowers m'a aidé. Composer, chanter, faire des concerts, partir en tournée... c'était ça ma thérapie. L'amour des fans... les attentions de Sasha... colmataient le gros trou que j'avais dans le cœur, avoua Holy en baissant les yeux pour éviter son regard.
Adrian ne fit aucun commentaire, même si les allusions à Sasha et ses attentions étaient insupportables. Il souffla imperceptiblement, il n'avait pas le droit d'être jaloux. Et encore moins d'être en colère. Holy n'avait rien fait de mal. Sasha non plus. Lui au moins il avait été là pour Holy... Mais arrête un peu avec ces conneries ! Tu as autant envie de le tuer que moi !
La ferme.
— Je me suis investi corps et âme dans le groupe, continua Holy.
Sa voix était nerveuse, presque suppliante, comme s'il demandait pardon pour ce qu'il allait dire ensuite. Adrian lui offrit un petit sourire qu'il voulait rassurant, malheureusement un peu trop crispé pour être crédible. Holy parut anxieux, Adrian saisit aussitôt ses mains d'un geste tendre, l'encourageant à poursuivre. Rassuré, il continua son récit :
— Grâce à Moonflowers... et Sasha, j'évitais de repenser à ce que tu avais dit à ton père, cette nuit-là : que tu ne m'avais jamais aimé, que tu voulais juste venger Anthony. Au début, j'étais convaincu que tu avais dit tout ça pour éviter la bagarre et me protéger de l'Alpha, mais...
— Je te jure que c'est le cas ! s'écria aussitôt Adrian avec angoisse.
— Je sais, le rassura Holy. Je le sais maintenant. Mais à l'époque... A cause de ton père...
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il a fait ? Qu'est-ce que cet enfoiré t'a fait ?
Adrian se redressa d'un geste brusque. Cela eut pour effet de déloger Holy de ses genoux, mais il était beaucoup trop paniqué et en colère pour s'en rendre compte et réagir. Tout ce qu'il réussit à faire fut de lui prendre la main, mais il tremblait tellement que Holy le couva d'un regard inquiet.
Calme-toi, Adrian. Calme-toi, se morigéna-t-il aussitôt.
Les nerfs et les sens exacerbés par la pleine lune imminente, il se força à prendre une longue inspiration. Ce n'était pas le moment de faire l'animal enragé. Il ne savait même pas ce que Holy allait raconter. Peut-être que ce n'était rien du tout. Son père n'avait pas le droit de toucher à un seul de ses cheveux. Mais s'il avait osé... s'il avait osé... On va le tuer ! IL DOIT MOURIR !
Arrête, gémit mentalement Adrian. Un grondement rauque monta de sa gorge malgré lui, il sentait ses crocs percer ses gencives. La rage de son loup lui donnait un mal de crâne terrible. Ce n'est vraiment pas le moment ! Tu ne vois pas qu'on inquiète Holy ? Tu veux lui faire peur ?
Son loup accepta de se calmer, mais uniquement pour Holy. Si ça ne tenait qu'à lui, ils iraient tout de suite retrouver l'Alpha pour lui arracher la gorge. Adrian prit une nouvelle inspiration.
— Il t'a fait du mal ? réussit-il à articuler. C'est pour ça que tu as quitté la ville sans prévenir ?
Holy se mordit la lèvre sans répondre. Le regard baissé, il se contenta de jouer avec leurs mains entrelacées. Ce ne fut qu'au bout de plusieurs secondes qu'il reprit enfin la parole :
— Cette nuit-là... ton père est venu au manoir, murmura-t-il. Il a débarqué, l'attitude pleine de mépris, et il a dit des choses terribles, Adrian. Il a dit que... que je n'ai jamais compté pour toi, que je t'avais retourné le cerveau avec mes pouvoirs. Il m'a ordonné de rester loin de toi... Que si je ne le faisait pas... il te tuerait. Il a dit... il a dit qu'il préférait te tuer de ses propres mains, plutôt que te laisser batifoler avec une aberration comme moi. Il a dit... il... il m'a regardé droit dans les yeux et il m'a décrit exactement ce qu'il te ferait si j'osais encore t'approcher... C'était tellement abject, Adrian ! C'était si monstrueux que j'ai perdu la tête. Alors je l'ai attaqué.
QUOI ?
— Quoi ?
Adrian n'en croyait pas ses oreilles.
— Mais comment ça tu... bafouilla-t-il, les yeux écarquillés comme des soucoupes.
— J'ai essayé de tuer ton père cette nuit-là, répéta Holy d'un ton égal, presque mécanique. Je n'ai pas réfléchi, je voulais juste qu'il meurt dans d'atroces souffrances. Je voulais le tuer, Adrian, tu comprends ça ? Ses paroles et ses menaces étaient monstrueuses, l'idée que tu aies un père aussi immonde m'était insupportable. Alors j'ai essayé de t'en débarrasser pour toujours. Mais j'ai échoué. Peut-être que j'aurais réussi si Grand-mère ne s'en était pas mêlée ? Je ne sais pas.
Un silence pesant s'abattit à nouveau dans la pièce lorsque Holy se tut.
Adrian ne savait pas quoi dire. Il était comme assommé par cette révélation. Holy avait attaqué l'Alpha ? Le simple fait de penser à une telle confrontation lui tordit l'estomac. Une sueur froide coula le long de sa nuque. Il ne voulait surtout pas imaginer ce que son père aurait fait à Holy si Ruth Hell n'était pas intervenue. Et pourtant d'horribles images dansèrent dans son esprit.
— Holy... gémit-il, paniqué. Je suis tellement déso...
— Tu n'as pas à t'excuser, Adrian, le coupa Holy. C'est ton père le monstre dans l'histoire, pas toi. Si tu savais comme je regrette de ne pas avoir réussi à le tuer cette nuit-là.
Il parlait d'un ton toujours aussi égal et son regard était froid. Non, il était plein de haine. Une haine féroce qui faisait froid dans le dos. Adrian savait qu'il n'était pas la cible de toute cette rancœur, mais la voir briller avec tant de force dans les yeux de Holy était insupportable.
— Arrête, s'il te plaît, souffla-t-il en attrapant son visage entre ses paumes. Ne dis pas ça, Holy ! Si tu l'avais tué, ça aurait brisé quelque chose en toi. Tu n'aurais plus jamais été en paix avec toi-même ! Moi, je suis soulagé que tu n'aies pas réussi à le tuer. Mon père ne mérite pas que tu gâches ta vie pour lui faire payer de nous avoir séparé. On trouvera un autre moyen, d'accord ?
Non, mais c'est quoi ces conneries mielleuses ? s'écria son loup avec colère. Arrête de raconter des salades : tu sais très bien que ce connard doit crever si on veut être enfin libre et heureux !
Tais-toi.
On doit le tuer, Adrian ! C'est pour ça qu'on s'est entraîné toutes ces années, non ? POUR LE BUTER ! Il faut le faire, on est prêt ! ON PEUT LE FAIRE !
La ferme !
Adrian ferma les yeux, sérieusement fatigué par la rage et la soif de sang de son loup. Il les rouvrit lorsque les mains de Holy se posèrent sur les siennes d'un geste hésitant. Sa migraine s'évapora comme par magie en croisant son regard penaud et un peu honteux.
— Désolé. Tu dois me prendre pour un psychopathe, fit Holy en grimaçant un sourire.
Adrian rit, puis le rassura d'un tendre et chaste baiser sur les lèvres. Il se leva ensuite du canapé et tira gentiment Holy à lui, l'incitant à faire de même. Il savait que toute cette conversation était loin d'être finie, qu'ils avaient encore plein de choses à se dire, plein de sujets épineux à aborder. Mais mieux valait en rester là pour aujourd'hui. Ils reparleront de l'Alpha plus tard.
Mais parler de quoi ? La réponse à tous nos tourments, on la connaît déjà, bordel !
Adrian entraîna Holy vers la cuisine, la chaleur de sa paume contre la sienne était réconfortante. Il essaya d'ignorer son loup en réfléchissant à ce qu'ils pourraient bien cuisiner pour le déjeuner. Peut-être du poulet ? Il avait encore des restes de lait de coco dans son frigo...
L'ALPHA DOIT MOURIR ! hurla cependant son loup, le rappelant à l'ordre.
Ses paroles clouèrent Adrian sur place, il resta un instant figé comme un abruti au milieu de la pièce, puis son corps réagit de lui-même. Ses bras enlacèrent Holy d'un geste presque convulsif, il plongea le visage dans sa chevelure parfumée, tout en se serrant très fort contre lui. Il espéra de toutes ses forces qu'il ne tremblait pas ou que si c'était le cas, Holy ne remarquerait rien.
Pendant ce temps, son loup était gonflé à bloc. Le connaissant, Adrian savait qu'il n'allait pas le lâcher. Surtout lorsqu'il estimait avoir raison. Cet enfoiré doit crever et tu sais très bien comment !
Adrian ravala un gémissement angoissé. Il garda obstinément le nez enfoui dans les cheveux de Holy. Son odeur l'apaisait, elle ralentissait les battements effrénés de son cœur, alors que son loup continuait impitoyablement de le harceler. On doit le tuer ! C'est le seul moyen !
Sans un mot, Holy lui caressa la nuque et le dos avec tendresse.
L'Alpha doit mourir. Pour notre liberté. Pour Holy. Il doit crever !
Je sais.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top