Chapitre 18

Novembre 2008, La Nouvelle-Orléans

La musique était assourdissante, la maison d'Isaïah pleine à craquer. A croire qu'il avait invité tout le lycée pour son quinzième anniversaire.

Frimeur, songea Adrian en souriant malgré lui.

Passé le cap de sa première lune en tant que loup, Isaïah avait reçu l'autorisation de sa mère pour transformer la demeure familiale en boîte de nuit géante le temps d'une soirée.

Adrian avait abandonné tout espoir de le retrouver dans ce capharnaüm d'adolescents en délire. Il ne savait même pas ce qu'il faisait là. Il avait toujours détesté les fêtes et les mondanités. Si Isaïah n'avait pas été son meilleur ami, il serait resté chez lui, au calme dans sa chambre, plutôt que de subir un tel supplice sonore et olfactif.

Ou peut-être pas.

Adrian couva Holy d'un regard énamouré (surement des plus niais), une main discrètement glissée dans la sienne. Ce dernier sirotait distraitement son verre, balançant la tête de gauche à droite au rythme de la musique. Il avait l'air de s'amuser et c'était tout ce qui importait.

Adrian continua de l'admirer sans pouvoir s'en empêcher, savourant des yeux chaque détail de ses traits angéliques. Holy était si craquant ! Ce soir, il avait rassemblé ses cheveux en une coiffure compliquée composée de tresses et de mèches folles. Le résultat était ravissant et vraiment sexy... Adrian se mordit la lèvre, pris d'une soudaine envie d'embrasser son petit ami.

— Ça te dit de sortir un peu prendre l'air ? lui demanda-t-il au creux de l'oreille.

— Oui, d'accord.

Un petit sourire content aux lèvres, Adrian se fraya tant bien que mal un chemin dans la foule agitée, la main de Holy toujours ancrée dans la sienne. Il l'attira cependant à lui lorsque des gars éméchés les bousculèrent sans ménagement et faillirent les séparer.

Adrian glissa une main possessive sur sa taille pour le garder à ses côtés, avant de reprendre son chemin vers la sortie. Au diable la discrétion pour ce soir. De toute façon, tout le monde était beaucoup trop occupé à boire, danser et s'embrasser pour faire attention à eux.

Adrian poussa un long soupir soulagé une fois dehors.

— Ça va ? demanda aussitôt Holy.

— Ouais, t'inquiète, j'ai juste un peu mal à la tête. Me faut un câlin...

Adrian attira aussitôt Holy à lui pour l'enlacer et nicher son nez dans son cou. Il adorait faire ça : respirer son odeur à plein poumons, taquiner ensuite sa peau du bout des lèvres. C'était devenu sa drogue, un rituel dont il ne pouvait plus se passer.

On ne VEUT plus s'en passer !

— Adrian, tout le monde peut nous voir, protesta son petit ami.

— Et alors ?

— Ils pourraient le rapporter à ton père...

— J'emmerde mon père, répliqua Adrian sans cesser de l'embrasser.

Bon, l'alcool était en train de lui monter à la tête. En temps normal, il n'oserait jamais dire ou ne serait-ce que penser une chose pareille. Mais son père n'était pas là et Adrian avait d'autres préoccupations plus importantes là, maintenant. Toute son attention était concentrée sur la gorge de Holy, sur son épiderme tout doux et parfumé qu'il picora de baisers humides.

Holy était délicieux. Tellement délicieux !

— Adrian, geignit l'objet de tous ses désirs, le souffle désormais court.

Adrian poursuivit cependant ses cajoleries, tout en le plaquant davantage contre lui. Il sentit le cœur de Holy battre la chamade, son corps s'alanguir contre le sien. Il n'en fallut pas plus pour lui donner chaud. Vraiment très chaud. Les gémissements étouffés de Holy n'aidèrent pas à faire baisser sa température. Et comme si ce n'était pas assez, son petit ami (décidément très sexy !) attrapa soudain son visage pour le faire quitter son cou et partager un baiser torride.

Adrian était désormais en feu et ses mains se firent baladeuses malgré lui.

— Non, mais prenez-vous une chambre, les tourtereaux ! lança soudain quelqu'un en ricanant.

Merde alors ! Adrian se décolla de Holy avec toute la mauvaise foi du monde dans l'intention de rembarrer cet imbécile qui osait les déranger, mais son amoureux le prit totalement de court.

— Adrian, ils ont raison...murmura-t-il après une seconde d'hésitation.

— Hein ? Quoi ?

— Viens dormir chez moi cette nuit.

— Quoi ? répéta Adrian, les yeux ronds et incapable de dire autre chose.

Tu as parfaitement bien entendu, crétin !

— Je me disais que... qu'on pourrait rester ensemble cette nuit ? fit Holy, l'air toujours aussi hésitant et les joues désormais très rouges. Est-ce que ça te dit ?

OUI, OUI, OUI !

Passer la nuit ensemble. Holy venait vraiment de lui proposer de dormir chez lui ? Avec lui ? Dormir ensemble dans le même lit ? Dans son lit ?

MAIS OUI, IMBÉCILE !

— Oublie ce que je viens de dire, bredouilla précipitamment Holy, se méprenant sur sa tête de con. Ma proposition est bête, je n'aurais jamais dû te demander une chose pare...

— Non ! protesta Adrian en se reprenant enfin. Enfin si... je veux dire, non... ou plutôt si ! BIEN SUR que je veux dormir avec toi, Holy ! Je veux dire chez toi ! Je veux dormir chez toi. On peut même y aller tout de suite si tu veux. Mais seulement si t'en as envie, hein. Tout me va !

Adrian se tut, le visage écarlate, terriblement atterré par son pitoyable monologue sans queue ni tête. Son loup en rajouta une couche en le traitant de sombre idiot. Son malaise se dissipa cependant bien vite lorsque Holy lui offrit un sourire éclatant. Lorsqu'il se coula contre lui pour effleurer brièvement ses lèvres des siennes, lorsqu'il lui murmura au creux de l'oreille :

— Allons-y maintenant.

***

Adrian n'arrivait toujours pas à y croire. Il était vraiment chez les Hell. Dans leur immense manoir. Dans la chambre de Holy ! C'était surréaliste.

L'Alpha nous tuerait s'il savait !

Son loup était cependant ravi. Fou de joie, même. Il était à la fois honoré et survolté de découvrir enfin la tanière de Holy. Il n'aurait jamais pensé que ça arriverait un jour. Adrian dut se faire violence pour ne pas fureter partout et renifler ses affaires comme un chien surexcité. Il se contenta de tout dévorer du regard, les mains sagement ramenées derrière son dos.

Dans les tons bleus et noirs, les murs de la chambre de Holy étaient recouverts de posters de Moonflowers, son groupe préféré. Les étagères débordaient de livres en tout genre : romans, recueils de poèmes, encyclopédies de fleurs, partitions de musique... Sa guitare reposait précieusement dans un coin. Des petits pots de cactus ornaient son bureau et le rebord des fenêtres. Il y avait aussi des photos partout : Holy avec Naomi, avec sa grand-mère, dans une serre, entouré de fleurs. Holy et lui se faisant des câlins, souriant et s'embrassant. Heureux.

Adrian sourit, il effleura les clichés du bout des doigts, avant de poursuivre son exploration avec émerveillement. Il prit une grande inspiration, la pièce sentait bon. Les effluves de violette et de jasmin n'avaient jamais été aussi fortes. C'était incroyablement grisant et Adrian ne put s'empêcher d'inspirer à nouveau longuement pour se gorger de cette odeur si enivrante.

C'est merveilleux !

— Désolé, c'est un peu le bazar, fit Holy en s'affairant dans la pièce, ramassant fébrilement les vêtements et petites affaires qui traînaient par-ci par-là. Sinon, euh, tu veux prendre une douche ? demanda-t-il ensuite, les joues légèrement rouges. La salle de bains est juste là.

Prendre une douche. Tout seul ou... ? Adrian rougit, il venait de s'imaginer sous le jet d'eau avec Holy et c'était vraiment... chaud. Adrian eut à nouveau très chaud. Il avait effectivement besoin d'une douche. Une douche bien froide pour se remettre les idées en place.

— Ah ? Euh oui ! finit-il par répondre d'un ton qu'il voulait enjoué. Je pue la bière.

— Moi, j'adore ton odeur, rétorqua Holy. Tu sens le chocolat.

Il déposa un bref baiser sur ses lèvres, avant de lui tendre une serviette et des vêtements de rechange, puis lui montra la salle de bains.

Adrian s'y enferma précipitamment, tout en maudissant sa soudaine timidité. C'était vraiment stupide. Depuis l'épisode du placard à balais, Holy et lui étaient désormais intimes, non ? Bon, ils ne l'avaient pas encore vraiment fait, mais leurs câlins n'avaient plus rien d'innocents.

Dans ce cas, pourquoi Adrian se sentait-il aussi nerveux ?

Et puis merde ! Il secoua la tête en grommelant. Pourquoi il se prenait autant la tête, d'abord ! Ce n'était pas comme s'ils allaient forcément le faire non plus. Holy lui avait juste proposé de dormir chez lui, pas qu'il avait envie de plus.

Bien sûr que si, il a envie de plus ! Et nous aussi !

La ferme ! grogna mentalement Adrian en se déshabillant, avant de se glisser sous la douche. Il actionna l'eau froide, puis entreprit de bien se savonner et frotter partout. Et pendant ce temps, son cerveau (décidément traître) dériva à nouveau vers des pensées angoissantes.

Holy ne l'avait encore jamais vu entièrement nu. Il n'avait encore jamais vu les tâches de rousseur, les cicatrices... et s'il n'aimait pas ce qu'il voyait ?

Arrête de dire des bêtises !

Rappelé à l'ordre par son loup, Adrian termina de se doucher. Une fois propre, sec et changé, il retourna dans la chambre de Holy d'un pas hésitant. Il y retrouva ce dernier en train de se sécher les cheveux avec une serviette. Holy portait un large t-shirt qui lui tombait à mi-cuisse et un short très court, le tout offrait une vue imprenable sur ses jambes couleur caramel.

Adrian avala difficilement sa salive en s'approchant. Il essaya de ne pas trop s'attarder sur les jambes de Holy et encore moins sur ses fesses. En vain. Il est tellement magnifique !

— Euh... fut tout ce qu'il trouva à dire pour signaler sa présence.

— Ah t'as fini ! fit Holy en jetant la serviette dans son panier à linges sales. J'ai emprunté la salle de bains de Naomi pour me doucher. Je me suis dit qu'on perdrait moins de temps...

Il s'interrompit en rougissant, avant de reprendre d'un ton qu'il voulait naturel, mais Adrian voyait bien qu'il était tout aussi nerveux que lui. Vous êtes ridicules !

— T'as faim ?

Oui ! De toi !

— Je peux aller chercher des trucs à manger si tu veux...

NON ! Fais quelque chose ! Embrassons-le !

— Ah, euh, non, ça va. J'ai pas faim pour l'instant, déclara précipitamment Adrian, toujours planté au milieu de la pièce comme un abruti. J'ai... j'ai surtout envie de t'embrasser, avoua-t-il finalement en se passant nerveusement la langue sur les lèvres. Est-ce que je peux ?

— Pourquoi tu demandes la permission ? Tu peux m'embrasser quand tu veux, répliqua Holy.

Oui, mais là c'était différent, Adrian voulait plus que de simples bisous et caresses.

Qu'est-ce que t'attends ?!

Poussé par les remarques exaspérées de son loup, il attrapa délicatement le visage de Holy entre ses paumes pour s'emparer de ses lèvres. Ils échangèrent un premier baiser d'une douceur infinie, puis leurs langues se trouvèrent et entamèrent rapidement un ballet passionné. Et bientôt, leur étreinte se fit de plus en plus fébrile. Les mains d'Adrian se plaquèrent sur les fesses de Holy. Il osa même les malaxer doucement, toujours sans quitter ses lèvres des siennes. Gémissant tout contre sa bouche, Holy l'entraîna vers son lit.

La seconde suivante, Adrian se retrouva les fesses sur le matelas et Holy à califourchon sur ses genoux. L'hésitation et la timidité de ce dernier avait laissé place à une sensualité monstre qui lui fit perdre tous ses moyens. Adrian hoqueta de surprise et de plaisir lorsque Holy ondula sur lui avec indécence, frottant leurs érections l'une contre l'autre.

— Putain, Holy, haleta-t-il, les mains sur ses hanches.

— Quoi ? demanda celui-ci en s'écartant légèrement, l'air inquiet. Ça te plait pas ?

MAIS SI !

— Quoi ? Si ! répondit aussitôt Adrian en le retenant, les doigts légèrement enfoncés dans sa peau. Ça me plait vraiment beaucoup ! Ça me plait même tellement que... j'ai envie de plus.

Les yeux de Holy s'illuminèrent à cette déclaration. Les joues roses et le visage rieur, il se pencha vers Adrian pour chuchoter à quelques millimètres de ses lèvres entrouvertes :

— Moi aussi, j'ai envie de plus. J'ai envie de toi. 




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