Chapitre 16

Septembre 2008, La Nouvelle-Orléans

— Adrian, on est censé réviser ! protesta Holy. Tu dois avoir la moyenne cette année !

Adrian ne répondit pas, trop occupé à l'embrasser dans le cou, humant et suçotant sa peau douce et parfumée avec délectation. Les effluves de jasmin et de violette avaient tendance à lui monter rapidement à la tête. Adrian ne put réprimer un soupir de félicité. Son loup, lui, était à l'état de guimauve. L'effet que Holy avait sur eux était fou et vraiment jouissif.

— Tu sens tellement bon, murmura-t-il, le nez toujours niché dans son cou. Ton odeur me rend dingue. Y a des jours où j'ai presque envie de te manger.

— Ah oui ? demanda Holy, le ton à la fois curieux et amusé.

Il délaissa ses livres et cahiers de cours, puis se dégagea de l'étreinte d'Adrian pour lui faire face. Ce dernier rougit comme une tomate, se rendant compte de ses paroles psychopathes, limite perverses. Manger Holy ? Et puis quoi encore !

— Non, bafouilla-t-il maladroitement. Ce n'est pas... Ce que je voulais dire c'est que... euh...

Holy le fit taire en glissant ses doigts sur sa nuque. Le regard rieur, il attrapa le visage d'Adrian entre ses paumes pour prendre possession de ses lèvres. Rassuré, ce dernier grogna de satisfaction contre sa bouche, aventurant aussitôt des mains possessives dans son dos. Ils s'embrassèrent avec passion, les yeux fermés et leurs corps pressés l'un contre l'autre.

Comme à chaque fois, Adrian se sentait pousser des ailes. Les baisers de Holy le faisaient planer, il ne pouvait plus s'en passer. Il ne voulait pas. Son loup non plus. Porté par l'excitation et la béatitude de ce dernier, Adrian lécha soudain le visage de Holy.

Merde !

Il ouvrit de grands yeux catastrophés. Mais quel con. QUEL CON !

— Désolé, je... je sais pas ce qui m'a pris ! balbutia-t-il en tirant un mouchoir de sa poche.

— Non, ça va, Adrian. C'est pas grave, le rassura Holy, amusé. C'est un truc de loup ?

— Ouais, c'est mon loup. Il t'aime beaucoup et euh... il voulait faire ça depuis longtemps, avoua Adrian, le visage désormais si brûlant qu'on pourrait y cuire des œufs.

Il ne s'était jamais senti aussi ridicule de toute sa vie. Holy le prenait sûrement pour un taré.

— Ton loup m'aime beaucoup ? demanda cependant celui-ci.

Il fixait Adrian d'un regard brillant, comme si cette information était d'une importance capitale pour lui et qu'elle le remplissait d'une joie immense.

— Euh oui, répondit Adrian, ne sachant pas trop comment interpréter son attitude.

C'était bon signe. N'est-ce pas ?

— Je suis si content d'entendre ça ! Tu vas rire, mais j'avais peur que ton loup ne m'aime pas.

Holy esquissa une petite grimace gênée. Adrian, lui, était bouche bée.

— Tu plaisantes ? Mon loup est totalement fou de toi ! Il me rendait dingue quand t'étais encore avec Parker. Il n'arrêtait pas de me harceler, il voulait qu'on lui arrache la tête.

Adrian se rendit compte trop tard à quels points ses paroles étaient horribles et dérangeantes. Livide, il se cacha le visage entre les mains en gémissant et se traitant de sombre crétin.

— Désolé, tu dois te dire que je suis un psychopathe !

— Non, je... Si tu veux tout savoir, je trouve cette part animale de toi très excitante.

Ce fut au tour de Holy d'afficher une tête rougissante après cet aveu des plus inattendus. Adrian, lui, ne put s'empêcher de noter dans un coin de sa tête que Holy le trouvait excitant. Cette information le remplit d'un ravissement incongru et il attira son petit ami à lui pour le câliner. Il fourra à nouveau le nez dans son cou pour s'enivrer de son odeur.

— On forme une belle paire de tarés dans ce cas, plaisanta-t-il avant de l'embrasser.

— Oui, acquiesça Holy, riant tout contre sa bouche. Deux adorables tarés. C'est mignon !

***

— Allo, Adrian ! Ici la terre !

— Hein ? Quoi ?

Ce dernier évita machinalement le coup de coude d'Isaïah. Les entraînements avec son père portaient leurs fruits. Les réflexes d'Adrian s'étaient considérablement accrus pour la plus grande satisfaction de l'Alpha. Il était devenu presque impossible de le prendre par surprise. Ça avait ses avantages, surtout avec Ava et ses méchants coups de poings dans les omoplates !

— Désolé, Isa. Je pensais à un truc. Tu disais ?

— Tu pensais à quoi ? Ou plutôt à qui ?

Isaïah le dévisagea avec un grand sourire moqueur et Adrian rougit malgré lui. Il maudit sa peau laiteuse et cette fâcheuse tendance qu'elle avait de virer si facilement au cramoisi. Isaïah continua de la narguer du regard alors qu'ils s'installaient à une table libre à la cafétéria.

— Raconte ! Pourquoi t'es dans les nuages aujourd'hui ?

— Euh...

Isaïah se pencha vers lui, la tête à la fois conspiratrice et surexcitée.

— Me dis pas que toi et Holy, vous l'avez fait ?

— Mais non ! s'écria aussitôt Adrian, les joues en feu. T'es con ou quoi ? On n'est ensemble que depuis quelques semaines !

— Et alors ? Si tu crois que Naomi et moi, on a attendu des semaines pour...

— Lalalala ! le coupa Adrian en se bouchant les oreilles. Pitié, épargne moi les détails sur ce que toi et Naomi vous faites au lit ! Je veux rien savoir !

— Savoir quoi ?

Pour le plus grand malheur d'Adrian, Ava se laissa tomber à ses côtés. Sans plus de cérémonie, elle s'empara de sa briquette de jus qu'elle entreprit de siroter avec nonchalance.

— Alors ? s'enquit-elle en les regardant tour à tour d'un air inquisiteur.

— Rien du tout !

— C'est Adrian qui fait son puceau effarouché, se moqua Isaïah.

Ce dernier foudroya son meilleur ami du regard alors qu'Ava affichait un grand sourire intéressé. Elle s'installa d'ailleurs plus confortablement, coinçant son visage entre ses paumes.

— Ah oui ? Dis-moi tout, Adrichou ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu veux des conseils ?

— Mais non ! Je veux pas de conseils ! Enfin si... peut-être... mais pas pour ça !

Partagé entre l'énervement et l'exaspération, Adrian dut se faire violence pour ne pas lever les bras au ciel. Déjà que séparément ils étaient insupportables, Ava et Isaïah battaient tous les records lorsqu'ils étaient ensembles. Surtout qu'ils adoraient par-dessus tout le taquiner.

— Vas-y balance, l'encouragea Isaïah.

— J'ai... euh, je voulais savoir si ça vous était déjà arrivé de... euh...

— Oui ? fit Ava dont la tête angélique exaspéra encore plus Adrian.

Il savait qu'elle n'allait plus lâcher. Et puis, c'est vrai qu'il avait besoin de conseils...

— J'ai léché le visage de mon copain, voila ! lâcha-t-il précipitamment, les joues et les oreilles écarlates. Et je me demande si c'est... normal. J'ai léché son visage comme un animal !

Son aveu fut suivi d'un petit moment de flottement, puis Ava et Isaïah éclatèrent de rire. Adrian les fusilla des yeux, mortifié au plus haut point. Voilà ce qui lui en coûtait de demander "conseils" à ces deux abrutis. Il aurait dû se douter qu'ils allaient bien rigoler.

— Arrêtez de vous moquer ! protesta-t-il. C'est pas cool !

— On se moque pas, riposta Isaïah. C'est juste que tes préoccupations sont trop mignonnes !

— N'importe quoi !

— Mais si ! Tu te prends trop la tête pour rien, mec. C'est normal ces petits dérapages, c'est ton loup qui exprime son affection. Et je suis sûr que ton copain trouve ça trop adorable de savoir que ton loup le kiffe à mort. Tu sais, Naomi adore quand...

— Lalalala, je t'ai dit que je veux rien savoir !

Isaïah ricana en réponse. Et comme si ce n'était pas assez, Ava rajouta son grain de sel.

— Ah lala, Adrichou. Prépare-toi parce que tes envies vont devenir encore plus bizarres. C'est ta part animale qui s'exprime et elle sera encore plus forte si ton loup et toi partagez la même attirance pour ton amoureux... dont je ne connais toujours pas l'identité ! C'est qui ?!

— Comment ça si mon loup et moi, on partage la même attirance pour quelqu'un ? s'étonna Adrian, ignorant sciemment la dernière question. C'est pas toujours comme ça ?

Personne à part Naomi et Isaïah n'était au courant pour lui et Holy. Adrian ne voulait pas que ça se sache. Pas parce qu'il avait honte de sortir avec Holy, non. Si ça ne tenait qu'à lui, il crierait son amour pour Holy Hell à la face du monde. Mais il ne pouvait pas. Son père ne devait surtout pas savoir. Ce serait une catastrophe si jamais il venait à apprendre que son unique héritier sortait avec un garçon qui était en plus de ça un Hell ET un dhampire.

Son père le tuerait. Et il tuerait Holy.

— Non, ça peut arriver que tu sois attiré par quelqu'un qui laisse ton loup de marbre. Au pire, il déteste carrément cette personne. Et vice-versa. Mais je rêve ou tu évites ma question là ?

Comme à chaque fois, Ava prit ses grands airs offusqués. Adrian fut sauvé par la première sonnerie qui annonçait les prochains cours. Il détala sans demander son reste.

***

— Joyeux anniversaire !

Adrian posa deux paquets devant Holy, un petit sourire content aux lèvres.

— Deux cadeaux ? Tu me gâtes trop, protesta son petit ami, l'air à la fois ravi et gêné.

— Celui-là, c'était ce que je voulais t'offrir, l'année dernière, avoua Adrian en montrant la plus petite boîte. Je l'avais gardé en espérant pouvoir te le donner un jour...

Holy parut coupable à l'évocation de cet épisode de leur vie.

— Pardon de t'avoir crié dessus ce jour-là. C'était vraiment...

— T'inquiète, c'est du passé tout ça. On est ensemble maintenant, c'est tout ce qui compte.

Adrian l'enlaça par derrière, picora un instant son cou de tendre petits baisers. Holy se laissa aller contre lui en soupirant de bonheur, Adrian adorait le sentir aussi réceptif à ses marques d'affection. A chaque fois, il se sentait le plus heureux des hommes. Et des loups !

Sans cesser de l'embrasser et le câliner, il saisit la boîte et l'ouvrit, découvrant un pendentif en forme de fleurs et de croissant de lune entrelacés. Le tout était orné d'une pierre de la même couleur que les yeux de Holy : d'un bel argenté, un peu irisé. Adrian l'avait commandé sur mesure, Holy Hell méritait un cadeau à la hauteur de sa beauté et sa perfection...

— Ouah, Adrian, souffla l'objet de toutes ses pensées en touchant le collier du bout des doigts.

— Tu aimes ? demanda aussitôt ce dernier, un peu anxieux.

— Oh oui alors. Il est magnifique ! Je l'adore trop. Tu veux bien me le mettre, s'il te plaît ?

— Bien sûr !

Adrian s'exécuta, les mains légèrement tremblantes. C'était bête, mais il y avait des moments où il n'arrivait toujours pas à croire que lui et Holy étaient ensemble. Adrian avait l'impression de vivre un rêve éveillé. Holy était tout à lui. Il pouvait le toucher et l'embrasser autant qu'il le voulait. C'était tellement merveilleux ! Mais tant de bonheur était-il vraiment possible ? Réel ?

Comme s'il avait senti ses doutes, Holy se retourna pour lui faire face et attraper son visage d'un geste à la fois doux et ferme. Adrian se laissa faire lorsqu'il colla leurs fronts l'un contre l'autre, savourant le contact de ses paumes fraîches sur sa peau.

— Je te promets que tout ça est bien réel, Adrian, lui chuchota Holy. Touche-moi, embrasse-moi autant que tu veux. Je suis tout à toi et j'aime ça. J'aime vraiment ça.

Il ponctua ses dires en posant ses lèvres sur les siennes. Son geste plein de douceur et de tendresse chamboula Adrian, balaya toutes ses dernières appréhensions. Le cœur gonflé de joie et d'amour, il approfondit fougueusement le baiser en le serrant très fort contre lui. Holy passa les bras autour de son cou, pressant davantage leurs corps l'un contre l'autre.

Leur baiser devint de plus en plus enflammé et ils basculèrent sur le sol recouvert de couvertures sans cesser de s'embrasser. Adrian se retrouva sur Holy, une main désormais glissée sur sa hanche qu'il attrapa sans pouvoir s'en empêcher pour coller leurs bassins. Il avait l'impression d'être en feu. C'était la première fois qu'ils allaient aussi loin dans leurs embrassades. Le souffle court, Adrian ne put retenir un gémissement, tant c'était grisant.

Son loup hurlait de bonheur et d'excitation. Prenant soudain le contrôle, il aventura les doigts d'Adrian sous le t-shirt de Holy, avide de découvrir et caresser d'autres parties de son corps, de s'en délecter. Holy le rendait complètement fou et il en voulait plus. Encore plus. 




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