Chapitre 15
https://youtu.be/K9jp5VeAj1U
Adrian savait où était Holy. Il n'avait même pas besoin de l'appeler. Il savait parfaitement où le trouver cette nuit. C'était une soirée spéciale après tout : la toute première floraison de leurs fleurs de lune. Et il avait complètement oublié. La culpabilité l'étreignit à cette pensée.
Non, mais quel idiot !
Adrian courut de toutes ses forces, traversant la forêt en flèche. Ses pieds le faisaient atrocement souffrir. Mais quelle idée de mettre des Derbies ! Il n'aurait jamais dû écouter Ava et garder ses baskets... Adrian continua sa course, occultant la douleur. Il devait rejoindre Holy et lui dire... QU'ON L'AIME ! Qu'on l'aime de tout notre coeur !
Son loup exultait. Il était ivre de bonheur et s'imaginait déjà nicher sa truffe dans le cou de Holy, lui mordiller délicatement la peau, puis lécher avidement son visage aux traits si délicats, si parfaits... Mais n'importe quoi ! Arrête avec ce genre de pensées ridicules ! ordonna intérieurement Adrian. On va pas lui lécher le visage !
Leur endroit secret (qui n'était plus aussi secret que ça) n'était plus très loin. A mesure qu'il s'en rapprochait, Adrian sentit le trac l'envahir. Des milliers de scénarios catastrophiques l'assaillirent et dans chacune d'elle, sa déclaration d'amour était un véritable fiasco.
Soudain intimidé, Adrian resta à couvert des arbres une fois arrivé. Il n'avait plus le courage d'avancer et se contenta d'observer en attendant d'avoir l'air moins con.
Holy était bien là. Installé à l'entrée de leur tente cabane, les genoux ramenés contre sa poitrine, il fixait le petit parterre où attendaient sagement les fleurs de lune prêtes à éclore... Adrian avala difficilement sa salive en le voyant. Holy était vraiment... tellement magnifique.
Le clair de lune se déposait délicatement sur ses cheveux et ses longs cils, les faisant presque scintiller dans la nuit. Il se mordillait la lèvre comme à chaque fois que quelque chose le gênait, le contrariait... ou l'attristait. Etait-ce sa séparation avec Parker qui le mettait dans cet état ?
Adrian se figea à cette pensée. Sa détermination s'étiola davantage. Et si ce n'était pas le bon moment pour... pour dire ce qu'il ressentait à Holy ? Il était sûrement encore très affecté par toute cette histoire avec Parker et... N'importe quoi, c'est lui qui a rompu ! Arrête d'essayer de trouver des excuses pour te défiler ! ON DOIT LUI DIRE CE SOIR !
Son loup avait raison, il devait arrêter de faire sa mauviette. Au pire Holy l'enverrait balader et... il n'aurait plus qu'à le supplier à genoux de le garder comme ami. Légèrement rasséréné par ce plan B des plus foireux, Adrian respira un bon coup et pénétra dans la clairière d'un pas qu'il se voulait décidé. Holy bondit sur ses pieds lorsqu'il le vit.
— Adrian ? Mais... qu'est-ce que tu fais ici ?
— Euh salut, répondit ce dernier en grimaçant un pauvre sourire.
Holy ne répondit pas, trop occupé à le dévisager avec des yeux légèrement écarquillés. Il avait l'air confus et paniqué. Adrian ne savait pas quoi penser de son attitude. Ce n'était pas bon signe. Il n'est pas content de nous voir ? se lamenta son loup, faisant écho à ses doutes.
— T'es pas au bal, avec... ?
— Euh non... enfin, si j'y étais, mais... je suis parti, parce que je voulais...
Les mots restèrent coincés au fond de sa gorge. Adrian se sentait tellement stupide. Maintenant qu'il était là, il ne savait plus quoi dire à Holy. Par où commencer ? Il ne pouvait quand même pas tout lui déballer, alors qu'il venait tout juste de rompre avec son copain. Si ?
— Pourquoi tu m'as rien dit ? finit-il par demander sans pouvoir s'en empêcher.
Autant aborder le vif du sujet. Tant qu'il avait encore un minimum de courage pour le faire.
— Quoi ?
— J'ai vu Parker au bal...
— Oh. Je... c'est pas comme si ça t'intéressait ! répliqua Holy, le ton soudain virulent.
— Mais...
Adrian se tut, frustré. Il ne comprenait pas cette réponse. Il ne comprenait pas, et pourtant les mots jetés avec dureté l'attristèrent profondément.
— Bien sûr que ça m'intéresse, murmura-t-il si bas que Holy ne l'entendit pas.
Celui-ci croisa les bras dans une attitude défensive. Il se rassit, puis se mura dans un silence obstiné. Adrian resta un instant planté sur place, indécis quant à ce qu'il devait faire.
— Je peux ? demanda-t-il d'une petite voix incertaine.
Holy hocha la tête sans un mot et Adrian se laissa tomber à ses côtés sans insister davantage.
Ils restèrent ainsi pendant de longues minutes, Adrian n'osait piper mot. C'était la première fois depuis leur réconciliation qu'il voyait Holy dans cet état. Il semblait à la fois triste et énervé.
Adrian mourait d'envie de dire ou faire quelque chose pour détendre l'atmosphère, mais il avait trop peur de se planter une fois de plus et de rendre Holy encore plus triste. Il se contenta donc de rester à ses côtés, rivant à son tour son regard sur leurs précieuses fleurs de lune.
— Elles n'ont pas encore fleuri, hasarda-t-il, dans l'espoir de lancer la conversation.
— Pas encore, répondit laconiquement Holy. Mais ça va plus tarder je pense.
— Cool.
Nouveau silence. Adrian gigota un instant sur place, ne sachant que faire, puis ramena finalement ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras.
Il n'était pas obligé de se déclarer maintenant. Le plus important était Holy. S'il n'avait pas envie de parler, ce n'était pas grave. Adrian pouvait attendre.
— Désolé d'avoir été aussi méchant tout à l'heure, fit soudain Holy. Je voulais pas...
— Non c'est bon, assura Adrian. T'as pas à te justifier, Holy. Je comprends.
— Non, justement tu comprends pas, répliqua-t-il. Tu comprends rien du tout.
— Holy...
— Ça va, assura-t-il, coupant Adrian dans son élan. Je suis content que tu sois là. J'espère juste que ça dérange pas Ava Sinclair que tu sois ici avec moi et non au bal avec elle...
Quoi ?
Adrian se redressa vivement, alarmé par ses paroles.
— Non, c'est pas du tout ce que tu crois ! Ava n'est qu'une amie, rien de plus, protesta-t-il. Y a rien entre elle et moi. Et y' aura jamais rien, parce que c'est pas avec elle que...je veux être.
Il se tut, étrangement à bout de souffle après ce demi-aveux. Il guetta la réaction de Holy. Mais celui-ci ne dit rien. Il se contenta de se mordiller la lèvre, les yeux obstinément rivés sur les fleurs de lune qui n'avaient toujours pas éclos. Qu'attendaient-elles ? Et lui, à quoi pensait-il ?
— J'ai préféré me séparer de Parker parce que... parce qu'il mérite une personne qui l'aime vraiment, finit par murmurer Holy, toujours sans le regarder. Et cette personne... c'est pas moi.
— Ah oui ? demanda Adrian d'une petite voix rauque.
— Oui. Il se trouve que... que j'aime quelqu'un d'autre.
Tout en parlant, Holy se tourna finalement vers lui et planta son regard dans le sien. Il paraissait à la fois anxieux et déterminé. Le cœur d'Adrian fit un énorme bond dans sa poitrine, alors qu'il se redressait pour se rapprocher de lui, toujours sans le quitter des yeux.
— Holy, je... bafouilla-t-il, incapable de faire le moindre geste, mais celui-ci lui coupa la parole.
— Adrian. Je peux pas être avec Parker parce que... parce que c'est à toi que je pense quand je suis avec lui, murmura-t-il. Et c'est pas juste, n'est-ce pas ? Parker est un gars vraiment gentil et super, il mérite quelqu'un qui ne pense qu'à lui et lui seul. N'est-ce pas ?
— Q-quoi ? baragouina Adrian, toujours aussi raide qu'une statue.
Il n'arrivait pas à croire ce qu'il venait d'entendre. Les paroles de Holy se bousculaient dans son cerveau, s'entrechoquaient contre son crâne, l'empêchant de réfléchir, réagir.
Holy avait rompu avec Parker parce qu'il pensait à lui, Adrian ? Holy pensait à lui !
Fais quelque chose, abruti ! FAIS QUELQUE CHOSE ! hurla son loup, partagé entre l'excitation et l'exaspération. Mais Adrian restait désespérément figé comme un idiot.
Pendant ce temps, Holy continuait de se rapprocher. Lentement, doucement. Les yeux écarquillés comme des soucoupes, Adrian retint sa respiration. Il n'osait pas croire ce qui était en train de se passer. Son cœur menaçait de sortir de sa poitrine, tellement il cognait fort.
Le visage de Holy n'était plus qu'à quelques centimètres du sien, ses iris argentés le fixaient avec intensité. Son souffle roulait désormais tout contre sa bouche, se déposant sur sa peau comme du velours. Et puis leurs nez se frôlèrent. Holy hésita une petite seconde, puis ses lèvres se posèrent sur celles d'Adrian en un timide baiser.
C'était à la fois doux et tendre, c'était... sensuel ? Adrian ferma les yeux, mouvant timidement ses lèvres contre les siennes, le corps frissonnant de bonheur et de plénitude.
Il avait l'impression d'être au paradis.
Mais Holy se détacha soudain de sa bouche, gardant toutefois leurs visages tout proches. Les gestes toujours aussi hésitants, presque craintifs, il effleura la joue d'Adrian du bout des doigts. Le fixa avec encore plus d'intensité, se mordillant à nouveau la lèvre.
— Adrian... c'est avec toi que je veux être, avoua-t-il dans un souffle.
Sa déclaration fut suivie d'un bref moment de flottement. Puis le cerveau d'Adrian se débloqua soudain, réagissant aux paroles de Holy. Les mots déferlèrent dans son crâne, reconnectèrent ses neurones. Holy voulait être avec lui ? Holy veut être avec nous ! Il veut être avec...
— Putain, Holy, moi aussi je veux être avec toi ! chuchota Adrian avec fougue en attrapant son visage entre ses paumes. Il glissa ses doigts dans ses cheveux, sur sa nuque, caressa sa peau d'un geste légèrement tremblant. Si tu savais comme j'en rêve depuis... depuis...
Sa phrase se perdit contre la bouche de Holy. Leurs lèvres se retrouvèrent dans un nouveau baiser, cette fois-ci plus intense, plus passionné. Adrian flottait sur un nuage de bonheur. Son loup, lui, était carrément au septième ciel. Il gémissait, hurlait, en voulait encore plus. Il voulait embrasser Holy, encore et encore. Ne surtout pas le lâcher. Holy choisit cet instant pour nouer ses bras autour de son cou, pressant leurs corps l'un contre l'autre.
Ils ne s'écartèrent l'un de l'autre qu'une fois à bout de souffle. Les joues rouges, ils se dévisagèrent, se sourirent timidement, se caressèrent tendrement le visage.
Adrian se demanda s'il ne rêvait pas. Venait-il vraiment d'embrasser Holy Hell ? Holy partageait-il vraiment ses sentiments ? Mais oui ! Holy est là ! Il nous veut autant qu'on le veut ! Embrassons-le encore ! Oh oui, alors. Adrian ne se lasserait jamais de l'embrasser...
— Adrian, regarde ! Les fleurs sont en train d'éclore !
Heureux comme jamais, Adrian entoura Holy de ses bras, il se blottit aussitôt contre lui. Entre deux baisers et toujours serrés l'un contre l'autre, ils passèrent le reste de la nuit à admirer le spectacle de leurs précieuses plantes fleurissant et s'épanouissant sous le clair de lune.
C'est parfait. C'était merveilleux.
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