Chapitre 12
https://youtu.be/5o1xLa_gR2M
Ce sale petit con.
On a bien fait de lui casser la gueule à cette abomination.
Sa petite gueule de pédé.
Dégueulasse...
Adrian écrasa à nouveau son poing dans la figure de son adversaire. Il sentit les os craquer sous le coup, il ne savait plus si c'était les siens ou ceux de l'autre. Mais qu'est-ce que ça faisait du bien ! Son loup hurlait de bonheur, l'encourageant à frapper encore plus fort. Adrian ne se fit pas prier. C'était tout ce que cette bande de connards méritait.
Il ne savait plus qui criait. Lui ? Celui à qui il cassait la figure ? Il sentait le goût du sang dans sa bouche. Était-ce le sien ? Avait-il mordu quelqu'un ? Adrian ne savait plus.
Le cerveau complètement embrumé par la rage et une excitation à la fois sauvage et sadique, il ne pensait plus qu'à cogner. Encore et encore. Ces sales types devaient payer.
Adrian les avait trouvés sans problème, cette bande de rats traînait toujours au même endroit les vendredi soir. Il avait attendu la nuit alors qu'ils flânaient dans le quartier animé de Bourbon Street. Il les avait coincés dans une ruelle déserte, ne leur avait pas donné le temps de réagir. Comme la dernière fois, Adrian avait foncé dans le tas, mais il savait désormais se battre. Ses adversaires étaient certes plus nombreux, plus âgés et plus expérimentés en tant que loups-garous. Mais ils n'avaient pas été entraînés par l'Alpha Suprême. Adrian si.
Il fit ce qu'il aurait dû faire il y a deux ans lorsqu'ils s'en étaient pris à Holy : leur défoncer la gueule, péter leurs dents. Adrian s'apprêtait à arracher leurs yeux de fouine lorsqu'on le tira soudain en arrière. La voix d'Isaïah explosa par-dessus ses grognements d'animal enragé.
— Adrian, arrête ! Putain, arrête !
Mais ce dernier continua de frapper et donner des coups de pied aux loques humaines sur le sol. Il ne devait surtout pas s'arrêter. Il n'en avait pas envie. Ces types devaient souffrir. Mourir.
TUONS-LES !
— Adrian, calme-toi ! Stop !
Des bras le ceinturèrent par-derrière. Adrian se débattit avec rage, il envoya son coude dans les côtes de son agresseur. Celui-ci lâcha un glapissement de douleur, mais tint bon.
— Naomi, je dirais pas non à un coup de main !
— D'accord, mais tiens-le bien. Il a l'air complètement enragé.
Adrian l'était. Il n'arrivait plus à réfléchir de manière rationnelle, son loup avait pris le contrôle. Grognant et claquant des mâchoires comme un animal, il regarda Naomi Hell s'approcher. Ses yeux verts brillaient dans la pénombre, d'étranges filets de lumière couraient dans ses dreadlocks. Que faisait-elle là ? Avec Isaïah ? Peu importe. À cet instant précis, Adrian avait envie de la tuer. Il voulait effacer l'expression d'ennui et de dédain sur son visage.
Cette morue.
— Fais dodo, petit loup, susurra-t-elle en lui soufflant quelque chose au visage.
Il ne savait pas ce que Naomi Hell lui avait jeté à la figure, mais cela n'eut pas l'effet escompté : Adrian ne tomba pas dans les pommes. Il se sentit juste flageoler, ses jambes le lâchèrent d'ailleurs sans prévenir. Une violente nausée le prit aux tripes.
N'en pouvant plus, il ferma les yeux en gémissant pitoyablement. Quelqu'un le rattrapa juste avant qu'il ne s'écroule au sol. L'esprit désormais moins embrumé, Adrian reconnut l'odeur poivrée d'Isaïah. Il l'entendit se disputer âprement avec la morue. Il n'aurait jamais pensé que son ami oserait un jour parler aussi grossièrement à sa dulcinée.
— Merde alors. Merde ! Ils sont morts ?
— Ce sont des loups-garous, ils vont s'en sortir. J'appelle quand même les secours.
— Attends. Faut d'abord qu'on emmène Adrian loin d'ici !
— On ? Tu plaisantes j'espère. Il est hors de question que je me mouille davantage pour vos histoires de cabots. Je ne sais pas ce que ton copain a pris ou fumé, mais son loup est complètement déchaîné. Non, mais quel abruti ! Quand l'Alpha Suprême l'apprendra...
— Mais ferme-là, Naomi ! Tu comprends rien, putain ! Alors ferme-là, OK ? L'état d'Adrian n'a rien à voir avec la drogue ! C'est son entraînement qui fait ça ! Je sais pas ce que l'Alpha lui fait subir, mais... c'est en train de le rendre fou ! Tu crois qu'Anthony a toujours été un psychopathe ? Et maintenant, c'est Adrian qui... Merde alors, merde ! Adrian... Ça va aller, OK ? T'en fais pas, on va trouver une solution... un endroit... ton père saura rien de tout ça...
La mention de l'Alpha fit trembler Adrian. Une terreur pernicieuse s'empara de son corps et son esprit engourdis. Il n'avait pas réussi à maîtriser son loup et ses émotions. Il était faible. Lorsque son père l'apprendrait... il le tuerait. Adrian allait mourir.
— Holy. Je veux... Holy, gémit-il avant de sombrer dans le néant.
***
Adrian fut soudainement réveillé par une douleur lancinante dans tout le corps. Il avait l'horrible impression de passer sous un rouleau compresseur ou dans un broyeur. Il sentait ses os se briser en mille morceaux, ses muscles se tordre... Telles des millions d'aiguilles chauffées à blanc, la souffrance le transperça de toute part, lui arrachant un hurlement rauque.
— Adrian !
Cette voix. Cette douce et magnifique voix...
— Holy, recule ! Ne t'approche pas de lui ! Il est en train de se transformer !
— Merde, mais comment c'est possible ? Sa quinzième lune n'est que dans un mois...
— Adrian...
— Holy, arrête !
— Mais lâche-moi, Naomi ! Adrian ne me ferait jamais de mal !
— Mais qu'est-ce que tu en sais, bon sang !
— Lâche-moi ! Tu ne vois qu'il a mal ? Il faut faire quelque chose ! Je dois faire quelque chose !
— Qu'est-ce que ça peut te faire ? intervint Isaïah. Ça fait des mois que tu le calcules plus !
Sa voix dégoulinait de reproches et de ressentiments.
Non ! Adrian voulut se redresser, esquisser un geste, dire quelque chose, expliquer les faits — Holy n'avait rien fait, c'était lui qui... Mais une nouvelle vague de souffrance le submergea dans un océan de supplices insoutenables. Il se tordit à nouveau sur le sol en hurlant sa douleur.
Adrian se rendit alors compte que sa voix n'avait plus rien d'humain, que c'était des rugissements bestiaux qui sortaient de sa bouche. Des hurlements de loups enragés...
Il réalisa avec horreur qu'il était vraiment en train de se transformer ! Son corps se disloquait et son esprit... Son esprit menaçait d'exploser en mille morceaux sous les assauts de son loup.
LAISSE-MOI SORTIR ! hurlait sa part animale.
La panique envahit Adrian. Non, non, non ! Il ne devait surtout pas se transformer ! Il n'était pas prêt ! S'il se transformait maintenant, Adrian sentait que c'en serait fini de lui. Qu'il ne redeviendrait jamais humain, qu'il resterait un monstre pour toujours...
JE VEUX SORTIR !
Une main effleura soudain sa tête, elle caressa ses cheveux (son pelage ?) avec hésitation, puis des bras l'entourèrent franchement. Adrian reconnut l'enivrante odeur de jasmin et violette.
— Holy, non !
Mais ce dernier ignora sciemment les mises en garde de sa sœur et resserra son étreinte.
— Ça va aller, murmura-t-il en berçant Adrian comme un enfant. Ça va aller... T'es pas seul. Je suis là. Isaïah aussi. Et Naomi. On te laisse pas, OK ? Tu peux te transformer. Ne t'inquiète pas, Adrian. Ça va aller. Je suis là et je te laisserais plus tomber. Je te le promets.
Comme par magie, Adrian sentit la panique et la douleur refluer petit à petit, jusqu'à se calmer complètement. Son corps continuait de se transformer et pourtant... il n'avait plus mal. Son loup cessa même de hurler dans sa tête et devint aussi docile qu'un agneau. Il se roula en boule, puis se blottit contre Holy, humant et se gorgeant de son parfum tout doux.
— Holy, murmura-t-il, mais seul un faible geignement s'échappa de ses lèvres.
— Ça va aller, chuchota Holy, sans cesser de lui caresser la tête et les épaules. Ne t'inquiète pas Adrian. Je reste avec toi, d'accord ? Je partirais pas...
Bercé malgré lui par ses paroles, Adrian ferma les yeux et s'abandonna complètement. Maintenant que Holy était à ses côtés, il se sentait bien et ne craignait plus rien.
***
Une brise fraîche se posa sur son visage. Des senteurs de jasmin, de violette et de terre humide l'enveloppèrent. Adrian poussa un petit soupir de bien-être. C'était vraiment agréable, même si ses muscles le tiraillaient un peu. Il ouvrit un œil, repoussa le plaid qui le couvrait, puis s'étira paresseusement.
Adrian se rendit alors compte de trois choses : il n'était pas dans sa chambre, mais dans sa tente-cabane. Il ne portait aucun vêtement ! Et Holy dormait profondément à ses côtés...
Adrian ne savait plus où se mettre. Il était complètement nu avec Holy tout près de lui ! Mais pourquoi se retrouvait-il toujours dans des situations pareilles ?
Ses joues s'enflammèrent, il ramena brusquement la couverture sur son corps. Il se redressa ensuite maladroitement, puis regarda un instant autour de lui, mais ses yeux revinrent bien vite sur Holy. C'était la première fois qu'il le voyait dormir... Adrian ne put s'empêcher d'admirer ses traits si beaux et doux. Une mèche violette tombait sur son front, le piercing au coin de sa lèvre brillait à la lueur du jour. Il était si... tellement... Adrian n'avait pas de mots pour décrire à quel point Holy était... À quel point il...
Holy ouvrit soudain les yeux, dévoilant ses iris argentés. Leurs regards se croisèrent, il y eut un moment de flottement, puis Holy rougit violemment, comme s'il se rendait à son tour compte de la situation gênante dans laquelle ils se trouvaient. Adrian n'en menait pas large. Il avait l'impression qu'on pourrait faire un barbecue sur ses joues et le reste de son visage, tant c'était brûlant.
— Salut, finit par murmurer Holy en se redressant. Comment tu vas ?
— Ça va, répondit Adrian sur le même ton. Il hésita une petite seconde, puis demanda : et toi ? Je ne t'ai pas fait de mal ? Je crois que... je crois que je me suis transformé en loup hier !
— Oui, confirma Holy du bout des lèvres.
Il lui raconta ensuite les événements de la veille. Adrian était parti en trombe après les cours et Naomi avait prévenu Isaïah que son ami était peut-être allé se battre contre des loups-garous plus âgés ET entraînés. Ils étaient allés le chercher et l'avaient retrouvé complètement enragé, en train de tabasser quatre mecs. Naomi avait dû l'assommer avec de la poudre de sommeil pour le calmer. Isaïah avait ensuite appelé Holy qui était vite venu et avait suggéré d'emmener Adrian dans les bois, à l'abri des regards. Ils étaient tous d'accord (mis à part Naomi-la-morue) que personne ne devait surtout le voir dans cet état et encore moins l'Alpha Suprême.
— On t'a emmené ici et puis tu t'es réveillé en hurlant. C'était comme si... ton corps se disloquait, il y avait du sang partout et... t'es devenu un loup. Mais t'inquiète, tu n'as fait de mal à personne ! Tu es resté ici avec nous toute la nuit. Tu as surtout dormi...
Mais ces paroles rassurantes n'eurent aucun effet sur Adrian, désormais livide. Il ne comprenait pas comment cela avait pu arriver. La pleine lune n'était que dans quelques jours, mais surtout, c'était le mois suivant qu'il était censé se transformer en loup pour la première fois !
Alors pourquoi ? Pourquoi ?
— Qu'est-ce qui cloche chez moi ? gémit Adrian en se tenant la tête entre les mains.
— Rien du tout ! C'est juste le stress. Isaïah m'a dit pour ton entraînement et...
Holy s'interrompit, il se mordit la lèvre, le regard désormais coupable, mais également blessé.
— Pourquoi tu m'en as pas parlé ? demanda-t-il, la voix devenue murmure.
— Je... je ne voulais pas t'entraîner dans toute cette histoire ! se défendit aussitôt Adrian. Je suis désolé. J'avais trop peur de te faire du mal. Je me disais que c'était mieux que...
— Tu aurais pu me demander mon avis, le coupa Holy. Je croyais qu'on était amis !
On veut être plus que ton ami !
Génial. Son loup était de retour et visiblement très en forme. Adrian réprima un grognement contrarié lorsqu'il commença à s'agiter dans sa tête et exiger de se blottir à nouveau contre Holy. Adrian eut soudain des flashs d'hier soir, il se souvint alors que Holy lui avait caressé la tête et les épaules, qu'il avait glissé ses doigts dans son pelage...
Son loup gémit de plaisir et de bonheur en y repensant. Adrian, lui, se sentit rougir. D'un geste vif, il remonta davantage sa couverture sur le haut de son corps en se flagellant mentalement. Pourquoi avait-il soudain ce genre de pensée, alors qu'il était complètement nu ?!
— Adrian ?
— Oui, tu as raison. Je suis vraiment désolé, Holy, se reprit aussitôt ce dernier, les joues toujours aussi rouges de gêne. Je... j'ai pas réfléchi, j'avais trop peur et... J'ai aucune excuse. Mais je te demande pardon, Holy. Est-ce que tu voudrais bien me pardonner s'il te plaît ?
Adrian le couva d'un regard suppliant, voulut lui prendre la main, mais n'osa pas. Face à lui, Holy se mordit à nouveau la lèvre, sembla hésiter une seconde, puis contre toute attente, ce fut lui qui prit l'initiative en lui saisissant soudain la main.
Adrian frissonna au contact de leurs paumes. Il se souvint brusquement de leur dernier moment en tête à tête. Dans cette forêt, juste après l'enterrement d'Anthony.
— Moi aussi je suis désolé, Adrian, murmura Holy, le regard coupable. On est amis et j'ai même pas essayé de comprendre ce qui t'arrivait. Je pensais que... tu m'évitais à cause de ce qui s'était passé après... après l'enterrement de ton frère. Ça m'avait blessé, alors je... j'ai pris mes distances aussi. Je voyais que t'étais pas bien, mais... j'étais en colère alors j'ai rien fait. Je suis désolé, Adrian. Tellement désolé ! J'aurais dû être là... Hier, j'ai cru que t'allais mourir !
Il avait l'air tellement bouleversé qu'Adrian l'attira à lui sans réfléchir. Holy passa aussitôt les bras dans son dos et ils s'étreignirent très fort. Comme à chaque fois, Adrian enfouit le nez dans ses cheveux tout doux. Il respira son odeur à pleins poumons. Il avait l'impression de revivre, il ne s'était jamais senti aussi bien depuis très longtemps. Il aurait voulu que cet instant dure toujours, mais le téléphone de Holy choisit cet instant précis pour sonner.
Ils se détachèrent l'un de l'autre avec gêne et réticence. Les joues aussi rouges que les siennes, Holy se racla la gorge, puis attrapa l'appareil d'un geste maladroit.
— C'est peut-être Naomi. Elle est partie chercher des vêtements et de la nourriture avec Isaïah, expliqua-t-il d'un ton précipité. Ses traits se figèrent cependant en une petite grimace gênée lorsque ses yeux se posèrent sur l'écran de son téléphone. Ah non, c'est Parker. Il doit être inquiet, je lui ai donné aucune nouvelle depuis hier. Je... je dois répondre.
— Oui, bien sûr. Tu dois rassurer ton euh copain. C'est normal.
Ils échangèrent un dernier regard embarrassé, puis Holy se releva et s'apprêta à sortir de la tente cabane pour pouvoir parler tranquillement à son petit ami (le mot fit hurler son loup). Mais Adrian le retint soudain par le bras, il avait encore une dernière chose à lui dire.
— Merci, Holy, chuchota-t-il. Merci d'être resté près de moi.
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