Chapitre trois

❝ Les fous passent tandis que la folie reste❞  

« Mon général, il y a quelque chose d'anormal dans l'armée. »

Nat Hohenwald était un aspirant qui travaillait à Central depuis un bon nombre d'années déjà, récemment entré sous le commandement de Riful Wicked qui y a été mutée il y a peu. C'était un homme simple mais pas moins intelligent et il se doutait bien que des choses se passaient à l'insu d'un bon nombre de personnes.

Il revenait d'une mission tard dans la nuit, muni d'un téléphone de communication spécial qu'il portait dans un grand sac. Nat avait surpris une conversation entre deux hauts gradés de l'armée à l'extérieur du Q.G. Il s'était donc caché derrière les nombreux arbres et son premier réflexe fut d'appeler son supérieur avant de lui expliquer ce qu'il avait entendu.

« Où êtes-vous, aspirant ? » lui demanda Riful d'une voix calme. « Et qui sont ces hommes ?

— Ce sont... » Mais l'aspirant se tut. Les deux venaient d'arrêter de parler, tendant l'oreille afin de vérifier s'ils entendaient du bruit. Il posa ses mains sur bouche apeuré : s'il se faisait prendre, il n'y aurait pas de procès. Ils le tueraient immédiatement. « Je suis juste devant, là où se trouve la cabine téléphonique. » Et il raccrocha, voyant que le duo avait terminé sa conversation. Ils se disaient qu'ils se retrouveraient le jour promis.

« Le jour promis ? » répéta Hohenwald bouche ouverte. Ça le dépassait, toute cette discussion. Entre sacrifice humain, Homonculus, généralissime, alchimie et immortalité, tout lui semblait irréel. Il savait que certaines choses n'allaient pas, dans Central, mais que les haut-gradés soient impliqués...

L'un des deux hommes était resté sur place, regardant l'autre s'en aller dans le noir. Un sourire étrange déforma son visage et une fois qu'il fut assez loin, son apparence changea. Abasourdi, Hohenwald vit que remplaçant le général de brigade dont le nom lui échappait, il y avait une autre personne qu'il n'avait jamais vu avant. Son premier réflexe fut de prendre son arme accrochée à sa ceinture tandis qu'il se dirigeait vers la cabine pour composer un numéro. Il pointa le calibre vers lui, tremblant de tout son long : il n'avait jamais tué personne. Il ne s'imaginait pas le faire avant un long moment.

« Évitez de vous salir les mains, aspirant. »

Il se tourna subitement pour voir le général de division Wicked, tapie dans le noir. Il ne s'attendait pas à la voir, d'ailleurs. Celle-ci avait la moitié de son visage dévoilée par la lumière lunaire et ne possédait aucune expression définissable actuellement.

« Mon général ! » s'exclama-t-il à demi-voix d'un air soulagé. « Je suis content que vous aillez pu venir-- » Hohenwald se stoppa. Elle venait de pointer une arme contre l'arrière de sa tête sans un seul mot. Son cœur se mit à accélérer dans sa poitrine lorsqu'il comprit qu'il ne pouvait que lever les mains en signe de faiblesse étant donné que son flingue à lui, il le dirigeait vers l'individu droit devant et qu'il n'aurait pas le temps de se tourner qu'elle aurait déjà tiré. « Q-Qu'est-ce que ça signifie ? Mon général...

— Tais-toi et tourne-toi. » Sa voix n'avait son calme habituel. Il put y déceler une teinte de colère mais contrairement aux fois où elle le réprimandait, cette fois-ci, c'était quelque chose de différent. Elle avait l'air de lui en vouloir personnellement et malgré toutes les questions qui se bousculaient en lui, il obéit, lâchant son pistolet au sol.

« Non, je vous en supplie... Dites-moi que c'est un malentendu et que vous ne faites pas partie de leur plan. » lui souffla Hohenwald suppliant. Il adorait profondément sa supérieure pour son sens de la justice ainsi que son organisation sans faille. Elle était quelqu'un de fort qu'il admirait, il espérait pouvoir devenir comme elle un jour. « Vous ne pouvez pas être pourrie, vous aussi... »

Pour unique réponse, elle retira la sécurité de arme. Il déglutit tout en regardant l'homme devant eux entretenir sa conversation téléphonique sans se douter de ce qui se déroulait actuellement. Il semblait bien enjoué d'ailleurs.

« Je n'ai pas le temps de t'expliquer, Hohenwald. Tu étais un bon subalterne. » lui lança-t-elle en soupirant. « Ce n'était pas dans mes plans de t'achever.

— Général, je vous en prie... Pourquoi est-ce que vous participez à une boucherie pareille ? »

Il ne reçu pas de réponse immédiate. Riful se contenta de grincer des dents, baissant la tête. L'entendre geindre comme ça la mettait hors de ses gonds. Elle ne pouvait pas lui expliquer tout depuis le début, il serait même possible qu'il ne comprenne au final et qu'elle ai gaspillé sa salive pour rien.

« Je ne fais partie d'aucun plan. » finit-elle par dire à contrecœur. « Ceux de Briggs ne participent pas à des coups d'état. Si je suis ici, c'est pour une raison bien précise, aspirant. Je récolte des informations à Central et les envoie dans le nord. Nous préparons lentement la guerre qui empêchera le pays de sombrer dans le chaos, mais il a fallu que vous... » Sa voix s'étrangla avant la fin de sa phrase. Il fut soulagé de l'entendre dire tout ça, de savoir qu'elle n'était pas avec eux. « Vous auriez pu tomber sur n'importe qui, Hohenwald, mais il a fallu que par un malheureux hasard, ce soit pile la personne que je m'efforce de garder en vie.

— Quoi ? Mais pourquoi ? Qu'est-ce que cette personne a avoir dans-- ? » Mais il ne put pas terminer sa phrase qu'il commença à suffoquer. Derrière-lui, Riful baissa son flingue puis la rangea dans son port tout en regardant son subordonné tomber à genoux en se tenant la gorge.

« Je déteste utiliser cette alchimie-là pour tuer, sache-le. Mais c'est un moyen bien plus silencieux que ceux que j'ai actuellement à disposition. Je suis désolée, Hohenwald. Ça ne devait pas se passer comme ça mais tu as pointé ton arme sur la mauvaise personne. »

Il atterrit face contre terre, essayant de tendre sa main vers son supérieur qui tournait les talons en remettant ses gants. Il n'eut bientôt plus de force et son bras retomba sur le sol, ses yeux grands ouverts témoignaient de son horreur. Il était mort vite, mais il avait eu le temps de regarder son assassin droit dans les yeux et même avec ça, il ne pouvait pas y croire complètement.  

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