Chapitre sept

❝ L'impuissance est la forme la plus courante de la résignation ❞  

Lorsqu'Envy revint à lui, le soleil filtrait déjà à travers les volets. Il avait subitement ouvert les yeux après de nombreuses heures de somnolence mais ne se rappelait presque pas de sa soirée. Du moins, plus après sa ronde dans le cinquième laboratoire. Lorsqu'il essayait de réfléchir, un mal de crâne horrible le prenait. Se redressant, il constata que son corps était complètement nu et que ses habits trônaient sur le sol. Clignant plusieurs fois des yeux, il passa sa main sur son cou avant de se lever d'un bond et se dirigea jusqu'au petit miroir accroché. Il constata qu'effectivement, il avait quelques suçons. Ce n'était pas la première fois qu'il couchait pour un soir sans lendemain mais il n'avait jamais été celui abandonné dans son sommeil. Il dut se demander une bonne dizaine de fois comment lui, un Homonculus, pouvait se trouver dans un tel état.

Envy récupéra ses habits, à commencer par son bandeau qu'il replaça dans ses cheveux puis son bas. Lorsqu'il le prit, un objet rond et métallique tomba sur le sol dans un bruit assez lourd. Intrigué, sans prendre le temps de mettre son haut, il s'agenouilla pour observer ce qu'il identifia comme une montre d'alchimiste d'état. S'en saisissant, il se rassit sur le lit et la tourna dans tous les sens.

« J'ai pas couché avec le nabot d'acier quand même ? »

Il se laissa tomber sur le matelas et commença à remuer dans tous les sens, agitant ses pieds et jambes comme un enfant. Il jurait de façon incompréhensible, frustré de n'avoir aucun souvenir de la veille et surtout, de ce qui aurait pu le mettre dans cet état. Se tournant, enfouissant son visage dans le coussin, une odeur lui parvint : c'était un parfum féminin qui lui embrouilla un peu plus la tête. À cet instant, il écarta le jeune Elric de ses pensées, rassuré. Si ça avait été lui, il aurait préféré mourir tout de suite plutôt que d'affronter ça le restant de sa vie.

Terminant de s'habiller, Envy sortit de la chambre en cachant la montre dans sa poche, puis descendit les escaliers pour se trouver dans un bar vide, mise à part un homme complètement plein et le serveur qui astiquait certainement les verres de la veille.

« Toi, là. » l'interpella le barman. L'Homonculus arqua un sourcil, s'approcha de lui alors qu'il avait posé un mot sur le comptoir. Le prenant, il lut attentivement les lignes et ses yeux s'écarquillèrent tandis qu'une colère sans nom gagna ses entrailles.

Ce sont les chercheurs du laboratoire numéro cinq qui t'ont rendu comme ça, hier soir.

Il dévisagea l'homme pendant de longues secondes avant de froisser le papier dans ses mains.

« Qui a laissé ça ? » demanda-t-il d'un ton sec. Malheureusement, l'autre ne semblait pas vouloir coopérer.

« Cette personne m'a payée assez grassement pour que je me taise. Du moins, c'est la même avec qui vous avez passé la soirée. »

Sachant qu'il n'obtiendrait rien de plus, Envy tourna les talons et poussa les portes battantes afin de se retrouver dehors, le soleil agressant sa vue. Il en profita pour se faufiler dans la ruelle adjacente afin de prendre une apparence quelconque, histoire de passer inaperçu. Retournant sur ses pas, il serpenta entre les passants, ayant opté pour les traits d'un officier de l'armée qu'il utilisait souvent. Il prit donc le chemin du cinquième laboratoire, bien décidé à aller dire deux mots aux chercheurs, mais lorsqu'il arriva devant, il resta figé : de nombreuses personnes en tenue militaire se trouvaient là et le périmètre était bouclé avec quelques médecins en train de couvrir des corps avec des draps. Il ne restait presque rien de l'endroit.

Frustré, Envy serra les poings avant de partir d'ici malgré les gens qui l'interpellaient en le voyant courir dans le sens inverse. Tout ce qu'il trouva de mieux à faire fut de retourner à Central, dans le Q.G de l'armée, gardant la montre dans sa poche. Il n'était pas sûr de ce qui avait bien pu se passer, mais au fur et à mesure que les lieux et les visages se succédaient, il se disait que quelqu'un avait vu tout ce qui s'était passé, potentiellement cette même personne avec qui il avait passé la nuit et avait détruit le laboratoire pour le venger. D'une certaine manière, l'endroit ne leur servait presque plus mais il aurait aimé voir le visage de ses bourreaux se décomposer sous la peur.

Après avoir réussi à rentrer dans le Q.G, il déambula longuement les yeux dans le vague tout en cherchant un bureau bien particulier. Des personnes lui parlaient mais il les ignora à plusieurs reprises, continuant sa route jusqu'à la grande porte le séparant de celui qu'il venait voir. Toquant deux fois, il entra sans attendre de réponses puis referma derrière-lui.

« Tu as encore fait des siennes hier soir ou ça n'a absolument aucune rapport avec toi ? »

Se levant de sa chaise, Wrath dévisagea Envy qui ne put qu'arquer un sourcil. Alors qu'il venait simplement lui poser quelques questions, il était agressé : ça l'irritait au plus haut point.

« De quoi tu parles ? » grogna-t-il. Et pour toute réponse, le Führer jeta un journal sur la table, montrant les ruines du cinquième laboratoire qu'il était allé voir de lui-même tout à l'heure.

« C'était toi qui était chargé de la surveillance, donc je te demande si quelque chose s'est passé. »

Envy eut quelques images qui lui revinrent en tête ainsi que le mot de cette mystérieuse personne et la rage s'empara encore de lui. S'il avait été utilisé comme un objet, il aurait bien aimé leur broyer le crâne à tous.

« J'ai rien fait. Ces enfoirés m'ont agressé hier soir, j'ai la mémoire qui flanche. » cracha-t-il en retroussant sa lèvre supérieure pour signaler son dégoût. « Mais je pense savoir qui s'en est occupé. »

Wrath parut intéressé. Sortant la montre d'alchimiste d'état de sa poche, il la déposa sur son bureau et le généralissime la fixa longuement avant d'esquisser un léger sourire. Il se rassit sur sa chaise, croisant les jambes et joignit ses mains devant son visage.

« Je m'occupe de cette affaire. » déclara-t-il sur un ton légèrement amusé. « Quant à toi, tu ferais mieux d'aller vaquer à tes occupations avant qu'on ne commence à te poser trop de questions. »

Envy haussa les épaules mais laissa à regret la montre sur le bureau. Il se dit qu'au final, cette personne garderait le bénéfice du doute à moins de se trahir si jamais elle se souvenait de lui. Il ne resterait pas sans chercher du moins.

De son côté, Riful était arrivée tard au bureau. Elle n'avait presque pas dormi de la nuit et celle-ci avait été agitée en comptant la distraction forte plaisante dans ce bar qui n'était pas du tout prévenue. Saluée par de nombreux soldats, elle n'y répondit que brièvement. Il n'y avait pas longtemps qu'elle s'était rendue compte de la perte de sa montre et après être revenue sur les lieux, assurée qu'Envy était parti, la brune n'avait rien trouvé. L'avait-il prise ou l'avait-elle perdue plus tard, le mystère resta entier jusqu'à ce qu'elle croise le major Stark.

« Mon général ! » l'interpella-t-il tout en tenant des dossiers à la main. « On a déposé quelque chose pour vous toute à l'heure, mais comme vous n'étiez pas là... »

Intriguée, elle entra dans son bureau que lui indiqua le châtain et constata qu'un objet rond était entouré dans du papier mâché accompagné d'un mot plié déposés là, sur ses affaires. Sans trop de surprise, Riful déchira le papier et découvrit sa montre perdue. Des sueurs lui parcoururent le dos, s'imaginant déjà qu'Envy avait pu se souvenir de la soirée mais le mot lui annonça bien pire que ça.

Avec les compliments de l'armée et du cinquième laboratoire, général.

— King Bradley

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