Chapitre quatre

Tu as l'avantage sur la colère quand tu te tais 

« C'est une nouvelle fort regrettable, mon Führer. »

Le général de division Wicked avait, ce matin, été convoquée dans le bureau de King Bradley. Celui-ci annonçait la mort de son subordonné Nat Hohenwald retrouvé devant Central très tôt dans la matinée. L'heure du décès fut établie vers une heure du matin mais la cause n'avait pas été déterminée par le médecin légiste. Pourtant, il était clair que ce n'était pas de cause naturelle. 

« C'est indéniable que vous n'y êtes pas étrangère, général. 

— Moi ? » répéta-t-elle d'un air faussement surpris. « Il est vrai que l'aspirant m'a appelée hier soir pour me faire part de ses doutes envers l'armée. Il disait que deux hauts gradés conspiraient contre le pays avant de raccrocher mais je n'avais aucun moyen de le recontacter après ça. » Bradley voyait très bien son sourire collé à ses lèvres. Elle mentait mais ne cherchait pas à le cacher : Riful savait que la mort d'Hohenwald l'arrangeait clairement et qu'il n'y aurait aucunes représailles.

« Retournez à votre poste. » ordonna-t-il en reposant sa tasse de thé sur son bureau. Il avait eu vent qu'Envy était sur les lieux hier soir. Ainsi, il crut d'abord à son œuvre, s'imaginait qu'il avait trouvé une manière bien plus discrète de tuer les curieux mais après avoir vu le corps, ses soupçons s'effacèrent. Il n'eut aucun problème à deviner qui était l'auteure de ce meurtre. Alors que Riful tournait les talons, il décida de l'arrêter :

« Je ne sais pas quels sont vos liens avec Envy, général. » l'interpella-t-il en fermant les yeux. Elle se stoppa dans sa marche, figée à mi-chemin entre le bureau de Bradley et la sortie. « Mais après observation, vous passez souvent derrière les bavures de l'armée où il a été impliqué. D'ailleurs, à chaque fois qu'il apparaît en surface, vous n'en êtes jamais très loin. » La brune resta abasourdie pendant de longues secondes, sentant la tension monter dans son corps. « Je ne vous demande pas ce que vous pouvez bien faire avec lui, même si vous couchez ensemble, c'est votre problème d'avoir des relations sexuelles avec quelqu'un de son type mais surtout, un Homonculus. Sachez simplement... »

Riful déglutit tout en voyant que ses mains tremblaient, moites sous ses gants. Elle entendait jusqu'à son cœur battre dans ses oreilles ce qui la rendait beaucoup plus nerveuse. Chaque mot qu'il disait lui donnait envie de frapper dans un mur voire de lui arracher les yeux mais elle dut se retenir, transpirante et frustrée au plus haut point.

« Sachez que si vous décidez de ne plus obéir aussi sagement qu'avant, je sais désormais où appuyer pour vous faire chanter. 

— Puis-je disposer, mon Führer ?

—Je vous en prie. »

Elle se dirigea vers la porte qui s'ouvrit sur quelqu'un d'autre avant qu'elle ne puisse abaisser la poignée : cheveux blond cendré, yeux améthystes qui la firent se figer. La brune grinça des dents et passa dans un violent coup d'épaule qui fit voler l'homme en arrière, pestant après Riful qui l'ignora.

« C'était qui, elle ? » demanda-t-il à Bradley tout en fermant la porte.

Le général de division accéléra le pas, ne rendant par leur salut aux militaires sur son passage. Elle était perdue dans ses pensées. Même si elle était passée au travers de l'œil du généralissime, maintenant, ça ne marchait plus. Malgré ce qu'il pensait, elle n'entretenait aucune liaison directe avec Envy. D'ailleurs, ce qui inquiéta Olivier, sa consœur, ce ne fut pas la relation que Riful avec lui mais plutôt sa façon de le regarder. Elle savait bien avant que le général Wicked ne le réalise quel type d'attirance elle nourrissait envers l'Homonculus à ses propres dépends. Pourtant, Riful ne l'avoua pas à Armstrong — plutôt mourir que de lui donner raison —, elle nia avec véhémence auprès de la blonde et continua de le faire jusqu'à cette soirée où Olivier reçut un appel de la part de la jeune femme qui pleurait. Elle était très surprise puisque jamais, non au grand jamais, Riful Wicked ne pleurait devant quiconque et certainement pas devant elle. D'ailleurs, celle-ci avoua tout et s'excusa de ne pas avoir pu mener sa mission à bien. Elle lui demandait de la pardonner mais Armstrong se fichait bien de sa mission tout ce qu'elle voulait savoir, c'était ce qu'il s'était passé. Cette nuit-là, comme le général Wicked le lui avait si bien dit... 

« J'ai cédé à l'envie, Mira. J'ai essayé d'y résister, je te jure. Mais c'était bien plus fort que moi. »

Une fois sortie sur le toit de Central, là où le vent battait son plein, elle tira de sa poche arrière un paquet de cigarettes. Elle en sortit une puis la coinça entre ses lèvres, cachant les courants d'air avec sa main tout en cherchant son briquet. Lorsqu'elle réussit à l'allumer, elle soupira de soulagement, s'avançant tout en inspirant la fumée. Riful s'appuya contre la grande rambarde et observa la vue sur la ville en laissant ses pensées dériver bien plus loin qu'ici.

« Ouais. T'es vraiment une belle saloperie, Envy. »

Un rire sortit de sa gorge avant qu'elle ne saisisse sa cigarette entre ses doigts. Elle qui avait promis de ne plus fumer à son propre subalterne, elle se dit subitement que cette décision était l'une des plus stupides qu'elle avait pu prendre.

Si je dois mourir, autant que je sache de quoi.

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