Chapitre huit

Nos vies ne sont que d'obscures intermèdes dans les jeux du plus grand  

« Selim ! Monsieur Selim, je vous en prie, revenez ! »

Le petit serpentait entre les militaires de Central. Venu pour voir son père, une fois l'entretien terminé, il avait échappé à la surveillance des gardes censés assurer sa protection. La journée était encore jeune, et ces hommes voyaient déjà leur poste perdu suite à cet incident.

Riful appuya sur le bouton de l'ascenseur qui se trouvait au même étage qu'elle. Dossier sous le bras et son autre main gantée dans sa poche, la brune entra à l'intérieur et désigna son étage. Au dernier moment, la jeune femme fut surprise de voir entrer un garçon de petite taille avec elle. Droit devant, des soldats dérapèrent pour constater sa position.

« Il est avec le général Wicked » souffla l'un d'eux tandis que les portes se refermèrent. « Que faisons-nous ?

— On peut dire que c'est à cause d'elle qu'on a perdu Selim » proposa un second.

« Imbécile, c'est l'une des favorites du Führer, tu veux te faire couper en morceaux ? »

L'ascenseur commença à monter. Selim poussa un long soupir avant de laisser ses épaules s'affaisser. Riful, quant à elle, n'avait pas bougé d'un centimètre suite à la présence de ce dernier.

« Comme on se retrouve, général de brigade Wicked » lança-t-il.

« Pride » lui répondit-elle.

Il lui sembla entendre un léger rire sortir de sa gorge. La seconde d'après, elle sentit quelque chose s'enrouler autour de sa jambe et s'enrouler autour de son corps. Passant par son ventre puis son cou, les immondices atteignirent très vite son visage, non-loin de ses yeux.

« J'ai parlé avec Wrath, aujourd'hui. Il paraîtrait que vous soyez responsable de la chute du cinquième laboratoire. Quelle n'a pas été ma surprise quand j'ai aussi appris que personne ne vous en avez donné l'ordre. » Il ne possédait plus la voix d'un enfant, mais plutôt plusieurs. Elle était dédoublée, signe qu'il ne portait plus ce stupide masque d'enfant innocent et adoptif du Führer.

« L'ordre ? » répéta la brune « Il me semble qu'aucun ordre n'est indispensable quand il s'agit de trahison. »

— Et Wrath a-t-il eu connaissance de cette version ?

— Pas que je sache. »

La jeune femme sentit les liens se relâcher. La lumière restait faible en ce lieu, mais il y en avait assez pour être tuée s'il le souhaitait.

« J'avais un mauvais pressentiment » lui avoua-t-elle « Je rôdais souvent autour pour voir si quoi que ce soit d'étrange s'y déroulait, puis j'y ai vu Envy en sortir et très mal en point. Oh, loin de moi l'idée de lui venir en aide, mais...

— Épargnez-moi votre baratin »la coupa Selim « Nous savons tout les deux que vous fourrez toujours votre nez là où il ne faut pas. Ce qui m'intéresse, c'est le fin mot de l'histoire.

— Le fin mot est simple : les chercheurs étaient devenus trop avides. Nous avions confié cette tâche à des hommes qui devaient se sentir honorés de pouvoir participer à quelque chose de plus gros qu'eux. Au lieu de ça, ils ont décidé d'étudier plus qu'il n'en fallait. Des expériences non-autorisées sur un Homonculus. Alors, de la façon la plus naturelle qui soit, j'ai sorti mon arme et pressé la détente sur le premier homme qui m'a découverte en train de fouiner dans leur bavure. »

Pride ferma les yeux pour réfléchir longuement, mais ne rappela pas ses bras noirs. Toute cette situation l'ennuyait.

« Vous êtes le seul de tous nos sacrifices humains à être sage, vous le savez, général ?

— Ma présence ici le prouve : j'ai suggéré de quitter Briggs pour que vous m'ayez mieux à l'œil.

— Ce qui fait de vous non pas une prisonnière mais une invitée. Ainsi, je vais vous le demander en espérant que vous ne mentiez pas : il y a eu un long laps de temps entre la mort du premier chercher et l'effondrement du laboratoire. Pouvez-vous me dire vous étiez ?

— Ça ? Et bien, il me semble avoir mentionné Envy un peu plus tôt. Il était très mal en point et j'avais peur qu'il fasse des bêtises suite aux dommages subis, alors j'ai décidé de m'assurer que rien ne le trahirait avant de m'occuper du laboratoire numéro cinq. »

Pride était toujours de dos à Riful. Il lâcha un « vraiment ? » résigné, main tenant son menton afin de réfléchir.

« Je vois » opina ce dernier.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent d'un coup à l'étage souhaité par Riful. C'était aussi à cet étage que se trouvait le bureau de King Bradley. Selim en sortit d'un pas pressé tout en relâchant ses ombres.

« Au revoir, Moon/Sun ! J'espère qu'on se reverra quand je reviendrai de l'Est avec mon père ! »

Le général tiqua. Vers l'Est ? Les manœuvres pour le jours promis commençaient donc déjà ? Ce fut avec un visage radieux que Riful lui répondit :

« Avec plaisir, Selim. »

Et Pride tourna les talons définitivement avant de la laisser tranquille. Elle se demandait si Envy ne commençait pas à trop se poser de questions, ou si les autres lui avaient parlé de son comportement plus qu'étrange à son égard. Tout ce que Wicked espérait, c'était qu'il ne débarque pas un jour pour lui demander pourquoi elle faisait ça.

Aujourd'hui, elle mettait son poste en danger et même sa vie pour le maintenir en vie à tout prix. Depuis ce soir dans l'auberge, la brune avait pris ses distances et toutes ses interventions restaient discrètes ou couvertes par le Führer. Bradley se doutait de quelque chose depuis bien longtemps, mais d'un certain côté, ça l'arrangeait de la voir essuyer leurs bavures. Cette situation durerait encore un temps, mais le jour promis, Riful devra choisir un camp entre Briggs ainsi qu'Olivier, ou Père et donc Envy. Et la jeune femme ne savait pas encore de quel côté elle se rangerait.

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