Chapitre 37 - Money Money Money !
La pluie tombait sans discontinuer sur la ville. Rafeu et Marie, en bons vigiles, escortaient François et Anna jusqu'à la banque.
Anna, toujours aussi pétillante malgré l'averse, entra la première, suivie de François, un peu nerveux à l'idée de devoir négocier un prêt. Rafeu et Marie étaient un peu en retrait et observaient la scène avec un mélange d'amusement et d'inquiétude.
— Bonjour, nous aimerions parler au directeur, lança Anna avec un sourire désarmant.
La jeune femme à l'accueil, visiblement impressionnée par le charisme de la beauté slave, s'empressa de les conduire vers un bureau vitré. Un homme d'une cinquantaine d'années, costard-cravate impeccable et cheveux grisonnants, les reçut.
— Bonjour, je m'appelle François, commença l'écrivain, mais il fut aussitôt interrompu par le banquier.
— Aaaah, monsieur François ! Bien sûr, je vous reconnais ! J'ai lu vos 2 livres. Un vrai phénomène d'édition !
François, mal à l'aise d'être ainsi mis en avant, esquissa un sourire gêné. Anna, en revanche, semblait ravie de cette reconnaissance.
— Monsieur, nous ne sommes pas là pour parler de ses exploits littéraires, mais plutôt de finances, coupa Anna avec son franc-parler habituel. Il a gagné déjà beaucoup d'argent avec ces deux premiers romans, et il va gagner encore plus avec celui qu'il va sortir prochainement ! Mais à part écrire, François a pour projet une librairie-café rue Sainte-Catherine, et nous aurions besoin d'un prêt de 400 000 euros.
Le banquier, d'abord surpris par cette approche directe, retomba sur ses pattes.
— Un prêt de 400 000 euros vous dites !? C'est une somme importante, madame. Il va falloir étudier votre dossier avec attention. Avez-vous un document solide à nous présenter ?
Et ainsi commença une longue discussion sur les chiffres, les prévisions de vente, les garanties... François, de plus en plus stressé, avait l'impression de se noyer. Anna, au contraire, restait confiante et déterminée.
— Amenez-moi des documents sérieux sinon je ne pourrais pas valider votre projet, même si vos livres se vendent bien et que votre projet a l'air intéressant. Pour l'instant, je ne peux pas vous suivre dans cette démarche.
Anna et François sortirent de la banque, frustrés et bredouilles. Marie et Rafeu les suivaient.
— Comment on va faire pour avoir des garanties, pour justifier des rentrées d'argent, pour être sûr que ça va marcher, s'inquiétait François.
— Il faut vraiment mettre en avant le potentiel du projet et montrer qu'il est bien ficelé, dit Anna. Il faut qu'on détaille le marché visé, qu'on montre qu'il y a une vraie demande pour ce qu'on propose comme produit et comme service.
— Oui il faut qu'on explique comment on va se démarquer de la concurrence, affirma François.
— Il faudrait aussi présenter des projections financières solides, fit Anna, démontrer nos connaissances dans le domaine de l'espace culturel.
— Les gars, se permit Raf, il vous faut des partenariats aussi, des soutiens financiers, des sponsors quoi !
— Il a raison, fit François.
— Vous savez, renchérit Marie, avec une bonne préparation, c'est tout à fait possible de convaincre un banquier.
— Merci du soutien mes amis, leur répondit Anna, enjouée.
Tout en marchant sous la pluie fine qui s'était adoucie, les quatre compères gambergeaient.
— Il faut lui dire au banquier, continua Anna, qu'on veut transformer une librairie existante en un lieu plus vivant, avec un café, un espace pour les enfants, des mangas, des ateliers d'écriture et même un coin détente.
— C'est vraiment un projet intéressant, dit Marie. Pour convaincre la banque, il faudra leur montrer que ce nouveau concept va attirer plus de clients et donc générer plus de revenus.
— Oui, reprit Rafeu, il faut réaliser une étude de marché pour démontrer le potentiel commercial du quartier Sainte-Catherine et mettre en avant le côté novateur du projet, en montrant que ce genre de librairie-café-espace culturel est en plein essor.
Tout le monde était excité par ce projet et les idées fusaient.
— Et n'oubliez pas de souligner l'aspect social de cette idée, continua Marie, avec les ateliers d'écriture et le coin détente. Ça peut plaire aux banques qui aiment soutenir des projets citoyens. Vous voyez, reprit-elle, avec le bon argumentaire, vous avez de bonnes chances de convaincre la banque de vous suivre.
— Wow ! Merci ! Vous me remettez du baume au cœur ! Vous êtes géniaux, leur fit Anna.
— Et si on arrivait à leur faire une estimation de chiffre d'affaires, pensa François.
— Ben, répondit Anna, si on prend en compte la vente des livres, des café, des éventuels ateliers payants, et même un petit coin avec des produits dérivés, on pourrait tabler sur une augmentation du chiffre d'affaires d'au moins 30%.
— Wow ! Ça va leur plaire ça, à la banque, s'exclama François.
— Après, retorqua Marie, il faut bien leur faire comprendre que le public visé va être très large. Vous allez toucher les habitués de la librairie, mais aussi une nouvelle clientèle avec le côté café, les parents et leurs enfants avec le dessin, leurs ados avec les mangas, les écrivains en herbe avec les ateliers d'écriture, et plein de curieux avec les animations et les soirées événements. En gros, vous allez élargir votre cible !
— Marie, c'est dingue ! T'es une experte en commerce ou quoi ? lui demanda Anna, conquise par ses connaissances et son énergie.
— Un peu, lui répondit-elle avec un clin d'œil. Mon père tient une boutique de fringues dans le centre !
— Ça sera quoi les heures d'ouverture ? demanda Rafeu.
— Ce sera en fonction de la fréquentation attendue, répondit Anna. Mais on pourrait envisager d'ouvrir plus tôt le matin pour le café et les gens qui lisent leur journal. Le soir ça serait bien pour les ateliers d'écriture. De temps en temps on pourrait faire des nocturnes pour des événements spéciaux comme des sorties de livres ou des événements cinématographiques.
— Ou tout simplement des fêtes comme la Saint-Valentin, Noël, ou Pâques ! rajouta François.
— Yes ! Et vous avez déjà réfléchi à la déco ? leur demanda Marie.
— Il faudra, pensa Rafeu, que vous gardiez un bel espace pour les rayons de livres, mais il faudra libérer suffisamment de place pour le coin café, les enfants, et le reste...
— Pour la déco, l'aménagement de l'espace, rétorqua Anna, c'est moi qui m'en chargerait ! On pourra jouer sur les ambiances. Y aura un coin cosy pour les lecteurs, un espace plus dynamique pour le café, un endroit chaleureux pour les enfants... j'aimerais créer un lieu agréable, fluide, et stimulant !
— Anna tu m'épates toi aussi, tu es pleine de surprises, lui avoua Marie.
— Bon les amis, gémit Rafeu, désolé, mais moi je suis claqué avec ma nuit blanche. Anna nous a encore joué les filles de l'air ce matin, et après y a eu votre bar, et puis y a eu votre banque ! J'en peux plus ! Je suis rincé ! Je vais me pieuter !
— Ouais mon chéri moi aussi, lui répondit Marie. On a parlé toute la nuit mon cœur !
— Oh c'est trop mignon ! se moquait Anna. Et moi pendant ce temps-là moi je cherchais à m'évader de cette chambre d'hôtel où j'étais retenue contre mon gré, et François faisait le joli cœur dans un bar avec une pouf !
— Anna désolé mais nous allons nous coucher, insista Raf.
— Mais vous ne pouvez quand-même pas nous laisser tout seuls dans la nature, à la merci de ce tueur sanguinaire qui nous traque, s'écria Anna pleine de provocation.
— Oh Anna ! Tu abuses là...
marmonna Raf.
— On n'a qu'à appeler Ponpon pour les surveiller, proposa Marie en baillant.
— Ouais bonne idée ! fit Anna le sourire aux lèvres, allons voir s'il a pécho le Paulo !
— Ah ouais !? s'étonna Rafeu, tu crois vraiment qu'il va conclure ?
— C'est le Tchkito Raf ! lança Anna, le lieu des amis et des amours...
— Et des emmerdes ! clôtura François avec cette référence à Aznavour.
Tout le monde explosa de rire.
— Bon on va le chercher, proposa la belle harcelée, vous deux vous rentrez pioncer, et nous on va faire des recherches pour monter un super dossier pour le prêt à la banque !
— Ça marche pour moi ! fit Rafeu d'une voix ultra virile.
— Oh mais il se prend pour Rick Hunter ou quoi lui ! s'exclama Anna. C'était sa phrase fétiche ! Il la disait tout le temps !
— Stop ! Stop ! Arrêtez-vous ! cria Marie au groupe. On y est ! Regardez ! Non mais vous voyez ce que je vois...
Et dans ce bar encore vide à cette heure de la matinée, les 4 amis regardaient à traves la fenêtre Ponce qui s'esclaffait de rire, à gorge déployée, avec le patron.
— Paulo est très tactile quand-même non ? remarqua Marie devant les tapotements de ses mains sur l'épaule ou la cuisse de Ponce.
— Ah non mais c'est clair ! réagit Anna. Il lui fait carrément du rentre-dedans là !
— Non mais oh les filles !s'offusqua Rafeu, vous y allez pas un peu fort là non ?
— Mais regarde par toi-même mon Pierrot, lui balança Marie.
Et Rafeu se surprit à ressentir encore un peu de jalousie, à presque regretter de n'être plus avec lui, de ne plus partager sa vie, d'avoir définitivement tiré un trait sur le passé. Cela le déconcerta, le perturba, quand Marie vint se coller à lui et lui dire :
— Je suis contente pour lui quand-même, je l'aime bien Ponpon tu sais ... il mérite d'être heureux.
— Oui...moi aussi, je suis content pour lui, dit Rafeu d'une voix glacée, comme s'il venait de perdre à jamais quelqu'un de très proche...
Anna comprit Rafeu et lui dit :
— Mon Pierrot ! Marie a raison. Réjouis-toi pour lui ! Tu devrais être content qu'il ait enfin trouvé l'âme-sœur !
— Ou plutôt l'âme-frère ! plaisanta François
Tout le monde éclata de rire, sauf Raf, qui gardait la mâchoire fermée, irrémédiablement.
Ils entrèrent, dirent à Ponce qu'il devait un peu faire son travail de surveillance vu que lui avait bien dormi toute la nuit. Il râla, pesta, fit son caprice attendu d'enfant gâté, puis se résigna à quitter ce bar de l'amour en tapant des pieds de colère et de frustration.
— Mais tu le reverras ton beau mâle alpha Ponpon ! plaisanta Raf.
— Ben j'espère bien, parce que j'en ai pas fini avec lui ! Je vais lui faire sa fête à cet Apollon ! Ça fait très longtemps que j'ai pas niq..
— Ponpon !!! Enfin !!!! crièrent tous ses amis pour l'interrompre.
— Il a fait comme moi je faisais avant ! Il a paniqué, dit François qui voulait faire un bon mot.
— Il a paniqué ! Hi hi ! fit Anna.
— Quoi ! s'évertuait Raf qui n'avait toujours pas compris.
— Il a paniqué ! Pa-ni-qué ! OK !insistait lourdement Anna.
— Ahhhhhhhh ! OK OK OK ! J'ai compris ! T'es drôle Fran-Fran ! Excuse-moi ! Je suis HS ! Faut vraiment que j'aille pioncer Ponce !
— Ouais ! J'ai compris ! gromela Ponpon avec un rictus méprisant.
Allez dormir vous deux ! Moi je vais monter ... la garde ! dit-il en s'adressant à ses collègues mais en fixant intensément l'objet de ses désirs les plus fous. Bon ! On va où Anna ?
— On file chez moi et on va activer la fée clochette de François pour établir un dossier béton ! Et on va l'avoir ce prêt, nom de Zeus !
— Ok ! C'est parti ! fit François, emporté par cet ouragan d'énergie.
***
Et le couple se dirigeait chez Anna, où il venait d'y avoir une intrusion, une tentative de vol d'un objet unique, rare et précieux, d'une valeur inestimable, autant financière que sentimentale.
Un objet que François avait complètement oublié...et qui valait une petite fortune...
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