Chapitre 32 - La prisonnière
Pendant que Francois rentrait dormir chez lui et retombait doucement sur terre après ses émotions, Anna allait passer la nuit à l'hôtel Burdigala, sous la protection spéciale de Rafeu et Ponce.
Francois aurait dû être avec elle.
Cela le concernait lui aussi. Mais avec la mésentente de Ponce au téléphone avec son chef, il ne fut pas prévenu...
Anna allait donc passer la soirée et la nuit seule, les deux agents dormiraient à côté.
Elle avait du mal à se faire à cette idée. Être encore privée de liberté, même si c'était pour sa survie, et même dans le plus grand des luxes, c'était difficile à supporter.
Elle ne pensait qu'à s'enfuir et retrouver l'amour de sa vie.
Soudain quelqu'un toqua à la porte. Anna fut terrifiée. Elle pensait que le tueur l'avait retrouvée. Elle se sentit prise au piège. Impossible de s'échapper d'ici. Elle était quand même sous bonne escorte mais la peur était incontrôlable...un bip...le bruit d'une carte qui ouvre la porte...Anna voulait se cacher dans un trou de souris...
Une dame très classe venait juste leur apporter leurs repas en chambre. La pression retomba pour Anna. La dame annonça les menus :
- Messieurs, madame, voici vos repas de ce soir : Haricots rouges mijotés au curry jaune et ses légumes d'hiver, Filet de canard et ses navets glacés, jus parfumé au cascara, Fricassée de volaille du sud-ouest au vinaigre de vin rouge, boulgour.
- Waouh ! firent les 3 convives.
- Et en dessert, reprit-elle, Mont-blanc à la crème de marron, confit de clémentine. Poire pochée Belle-Hélène, sauce chocolat. Fraîcheur acidulée citron, sorbet citron vert. Baba au rhum, fruits exotiques, crème peu montée.
- Hummmm ! s'exclama Ponce. Ça me fait trop envie ! Ça a l'air gavé bon ! Mais pourquoi "peu montée ?" C'est bizarre ça ! Je préfère quand c'est bien monté moi ! Hi hi ! et il fit un sourire pervers très gênant.
- Yes ! On va s'éclater le bide ! dit Rafeu. Et arrête tes allusions salaces Ponpon ! T'es pas sortable toi !
- Les gars, se permit Anna, c'est clair que ça met l'eau à la bouche tout ça mais ... heu ... vous trouvez pas que c'est beaucoup quand même !
- Ben, dit Ponce, je savais pas quoi choisir, alors j'ai tout pris !
- Messieurs, madame, bon appétit !
Elle posa le chariot avec les plats au milieu du salon et se retira discrètement. Tout était sous cloche. Impossible de savoir où était tel ou tel repas. Ils ouvrirent tous les trois des assiettes au hasard et eurent un spectacle grandiose ! C'était un festin de rois ! Les viandes étaient juteuses et les légumes brillants. Les desserts aussi avaient l'air extraordinaire. Les odeurs étaient divines. Les couverts étaient en argent et les verres en cristal !
Ponce et Rafeu étaient ravis et se régalaient gaiement. Anna n'appréciait que moyennement cette débauche de luxe pour 3 personnes aux frais de la princesse. Elle ne voulait qu'une chose : s'enfuir, partir loin d'ici, rejoindre son François qui lui manquait tant et pour qui elle craignait le pire. Elle pensait tellement à lui qu'elle demanda :
- Hé les gars ! Je peux avoir mon portable quand-même ?
Rafeu répondit sèchement :
- Non jeune fille ! Interdit ! On te le rendra quand tu sortiras !
- Mais c'est pas juste, cria-t-elle.
- Oh mais si ! C'est la loi, reprit Rafeu.
- Fascistes ! s'énerva la belle captive.
- Hé ho doucement Anna, lui dit Ponce !
- Tortionnaires !
- Hoo ! s'écria Raf.
- C'est de la séquestration forcée !
- Anna ça suffit ! s'énerva Rafeu comme un père envers sa fille rebelle en pleine crise d'adolescence. Manges ! Profites !Détends-toi ! C'est pour ta sécurité qu'on fait tout ça ! Le temps qu'on arrête celui qui a voulu te tuer.
Les deux hommes dévorèrent alors comme des ogres tandis qu'Anna, mélancolique prit son assiette à la main et vint se coller à la fenêtre pour regarder dehors en picorant à peine, comme un moineau. Du haut du dernier étage de sa "prison" de luxe, elle balayait de ses grands yeux tristes les lumières scintillantes de la ville. Elle se demandait ce que faisait son cher amour, un pincement au cœur.
"J'espère qu'il va bien..."
Elle se perdait entre rêverie et tristesse devant ce spectacle magnifique mais si lointain. La nourriture passait mal. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé"...
- Bon. Anna, lui lança Rafeu. Nous, on a fini. C'était trop bon ! Maintenant on va te laisser. On doit fermer ta porte. C'est pour te protéger. Tu comprends ? Allez ! Bonne soirée ! Bonne nuit !
- Oui ! Allez ! Bonne nuit ma biquette, nous allons nous coucher !! lui fit Ponce avec un clin d'œil qui ne la fit pas sourire.
- Ouais c'est ça bonne nuit vous deux ! Amusez-vous bien ! leur dit-elle pleine d'ironie.
- Anna, on ne va pas faire ce à quoi tu penses ! répondit Rafeu.
- Ah bon ? s'exclama Ponce.
- Certainement pas ! fit Raf. Et d'une on est en service...
- Pfff ! Et alors !? pesta Ponce comme à son habitude.
- ... et de deux parce qu'on est plus ensemble ! C'est fini ! Je suis avec Marie maintenant.
- Pfffffff ! refit Ponce encore plus fort en s'agitant nerveusement.
Les deux agents sortirent en fermant la porte, mais pas à clé.
Anna dodelina de la tête et se dirigea vers la douche. Elle commença à laisser tomber un à un ses vêtements au fur et à mesure qu'elle marchait. Ponce entra à nouveau et aperçut son effeuillage. Il ne fut pas insensible à la plastique de la belle qui ne portait déjà plus qu'un string.
- Anna ? Il faudrait que ... Oh ! pardon désolé j'aurais dû toquer à la porte !
- Ouais t'aurais dû, Ponpon ! Arrêtes de me reluquer s'te plaît et dis-moi ce que tu veux !
- Bon sang t'es hyper bien foutue en fait ! Il en a de la chance ton François ! T'es gavé musclée en plus dis donc ! Wow !
- Bon ! Ponpon ! C'est quoi ton problème ? fit Anna qui commençait à perdre patience.
- On se lève tôt demain !
- Tôt ? Genre quoi 8h ?
- Ouais ! Si possible ? On déjeune tous ensemble OK ?
- Mouais on verra ! Bon j'enlève mon string devant toi ou tu sors !
- Oui pardon je sors ma belle ! Je sors ! À demain ma biquette !
Anna fit tomber son string à terre et se baladait nue dans la chambre. Elle se recolla dans cette tenue à la vitre, pensant à son homme, le regard lointain ... elle pensait :
"Où es-tu mon chéri ? Que fais-tu ? J'espère que tu vas bien ? J'aimerais tellement que tu sois près de moi en ce moment".
Elle entra dans la salle de bain.
C'était là aussi une débauche de confort et de luxe. Des peignoirs et des chaussons logotés "Burdigala" étaient à disposition, ainsi qu'un sèche-cheveux et un pèse personne. Le miroir était traité "anti buée".
Les produits de toilette étaient estampillés "naturels et biologiques". Il y avait une crème pour le visage "revigorante", une huile de douche "riche en antioxydant pour une peau boostée, douce et hydratée", un gel nettoyant qui "repulpe vos traits en profondeur", un gommage crémeux avec des "ingrédients bioactifs puissants" et un lait nourrissant qui "illumine votre teint !"
- Hé ben ! Quel programme ! Quel faste ! Je savais même pas que ça existait tout ça ! se dit elle en se savonnant tout le corps avec tous ces produits miracles, entourée d'un épais nuage de vapeur brûlante.
Elle laissait ses pensées l'envahir, ses souvenirs remonter à la surface sans les retenir. La librairie, GéGé, Émile, l'incendie, l'hôpital...son François, ses textes magiques...les images tournaient autour d'elle et l'enivraient. Elle sortit, un peu étourdie, se sécha et resta nue dans la pièce. Elle déambulait...pensive... jusqu'à sa chambre et se laissa tomber sur son lit. Des draps de satin rose l'accueillirent, soyeux, glissants, comme une caresse sur la peau. Elle ressentit un désir fou monter en elle et des pensées coquines arrivèrent...elle murmurait tout bas :
- Ah ! François ! ... François si seulement tu étais là ! ...tu me manques ... ton corps, ta voix, tes mains, ta peau, ton sourire, ton humour, ta douceur...Tu ferais à coup sûr référence à Baudelaire et son Invitation au voyage ici : "Là tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté". Moi je ne vois que prison dorée, solitude et angoisse !
Elle le pensait en danger de mort. Il fallait qu'elle agisse ! Qu'elle le retrouve vite ou au moins qu'elle l'appelle pour le faire venir ici avec elle en sécurité.
Elle voulait s'enfuir ! Elle regardait par les fenêtres : c'était vraiment trop haut ! Et pas de toit autour pour sauter comme la dernière fois. Pas de corde non plus pour se glisser en bas. Elle voulut ouvrir la grande porte qui donnait sur le couloir. C'était fermé. Elle ne voyait pas de serrure. Elle se rappela le bip quand la serveuse avait amené les plats. Cela fonctionnait donc avec une carte électronique. Mais qui avait ce sésame ? Ponce ? Rafeu ? Il fallait qu'elle le sache.
La porte de la chambre des gardes n'était pas fermée à clé. Elle profiterait de leur sommeil pour leur chiper la carte et récupérer son téléphone au passage.
Elle se glissa nue sous les draps avec un rictus machiavélique. Elle avait un plan : attendre...prête à bondir...et s'enfuir ! Et penser à s'habiller aussi !
Mais il y avait des choses qu'elle ne savait pas encore et qui allaient la mettre dans une colère noire...
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