Chapitre 14 - Anna est blessée

François et Anna arrivèrent devant la banque. Ils passèrent un sas de sécurité puis affrontèrent le regard méfiant du vigile qui les dévisageait de pied en cap.

L'inconnu dût arrêter sa poursuite. Il se cacha derrière un arbre en attendant la sortie de ses "cibles".

Cindy et Rodolphe s'étaient rendus compte qu'il avait retrouvé toutes ses facultés et certainement aussi tous ses souvenirs. La "magie" n'opérait plus. Il valait mieux se cacher et éviter de se faire remarquer.

Cindy chercha à prévenir le couple du danger qui les attendait dehors mais elle n'arrivait pas à les joindre malgré plusieurs appels. La banque était trop bien isolée. Aucun réseau ne passait. Elle devait attendre, elle aussi, que les amoureux sortent.

C'était risqué...

Anna et François ne se doutaient de rien. Ils faisaient la queue tout simplement. Ils avaient pris le ticket numéro 22, et aux trois guichets disponibles passaient les numéros 11, 12 et 13...

Ils devaient juste patienter. Anna entama la conversation.

- François ! Avec cet argent on va pouvoir payer notre amende !

- Oui c'est ça ! Après on va directement voir la police. On leur remet le chèque et ils nous enlèvent ces fichus bracelets. Depuis le temps qu'on parle et qu'on en rêve ! Après on sera libres !

- Yes ! Enfin ! Et après on vivra tous les deux dans notre belle bibliothèque de luxe et ce sera le paradis !!

- Oui voilà ! Et on va se marier aussi !

- Oh ouii ! J'ai tellement envie de devenir ta femme et de tout partager avec toi !

Le numéro du prochain client à passer s'affichait sur l'écran numérique géant :

... [CLIENT SUIVANT : N° 14] ...

- Pff ! On a le 22 ! On n'est pas rendus, souffla Anna, pressée d'en finir.

- Ouaip. C'est galère ! Mais allez ! On y est presque ! C'est la fin des tracas judiciaires ! Ça fait du bien, rien que de le dire, sourit François.

- Tu as raison mon chéri ! Y a juste à attendre ! Mais je suis morte d'impatience !

Dehors l'inconnu, tapi dans un buisson, avait mis sa capuche sur sa tête pour se camoufler encore un peu plus.

Cindy le surveillait d'un côté et voyait le couple à l'intérieur de la banque de l'autre.

Elle pensait à mille stratagèmes pour empêcher le pire de se produire sous ses yeux à leurs sortie.

"Plan A :
Je jette des petits cailloux sur les carreaux de la banque pour attirer l'attention de François ou d'Anna ! Oui c'est bien ! Mais le vigile intervient aussitôt, nous plaque au sol. L'inconnu s'enfuit et tue nos deux tourtereaux plus tard. Abandon du plan A !"

Elle chercha autre chose.

"Plan B :
Je pourrais fabriquer encore une potion de mon cru. Là, au sol, y a des fougères et des racines de lys. C'est ma base. J'y ajoute un peu d'écorce râpée de ce marronier et des mûres qui sont à côté, et j'aurais déjà un petit somnifère pour endormir le tueur. Super ! Mais c'est trop long à faire ! Les deux amoureux vont sortir de la banque que je serais encore en train de râper mon pauvre arbuste comme une conne ! Il rigole. Il les tue. Et on a perdu. C'est nul ! Ok !
Abandon du plan B !"

Pendant ce temps les aiguilles tournaient...

... [CLIENT SUIVANT : N° 15] ...

"Plan C :
Mais quelle idiote ! La police est sur place ! Il faut juste leur dire où est l'individu et ils l'arrêteront immédiatement ! Trop facile ! On sauve les deux lovers ! Y a plus d'ennemi. Tout le monde est sauvé ! Ok ! Plan C validé !"

Les 4 agents de police arrivèrent justement sur cette place en courant et en écartant la foule sur leur passage. Les uniformes firent sensation ! Ils avaient l'air de 4 super-héros avec leurs gilets pare-balles ! C'étaient Les 4 Fantastiques !

Cindy sortit du buisson et se jeta aux devants de l'escouade. Rafeu la reconnut et réagit vivement :

- Cindy ? Mais qu'est-ce que tu fais là ? Ne restes pas ici c'est dangereux ! On est en pleine intervention de haute sécurité nationale. Tu pourrais être blessée !

- Super agent Rafeu ! Je sais où est celui que vous cherchez !affirma-t-elle. Regardez !

Elle pointait le doigt vers la cachette de l'ennemi public n°1.

L'inconnu, tapi dans les fourrés, la tuait des yeux.

... [CLIENT SUIVANT : N° 16] ...

- Comment ça elle sait qui on cherche ! Ça m'ferait mal ! Pour qui elle se prend celle là ! s'énerva Marie.

- Mais si je sais qui vous cherchez je vous dis ! Et je sais où il est ! Et pourquoi tu me parles comme ça Marie !?

... [CLIENT SUIVANT : N° 17] ...

- Que sais-tu de l'affaire qui nous amène ici ? Comment t'es au courant !? T'es dans le coup toi aussi !? Réponds ! C'est un ordre !

- Hola ! Pas la peine de m'agresser Marie !

- Mais je ne t'agresse pas ! Et c'est "Agent" Marie ok ? Alors réponds à mes questions ou j'te fait parler au poste !

... [CLIENT SUIVANT : N° 18] ...

- Mais pourquoi tu me parles comme ça !? Je t'ai rien fait ! Au contraire je t'ai aidée avec ce que je t'ai donné et là je t'aide à interpeller le malfaiteur ! Je t'aide en amour et au travail ! Et voilà comment on est remerciée !? Ah ben bravo !

- Cindy désolée ! Je suis un peu sur les nerfs en ce moment... c'est cette mission... mais aussi notre "petite affaire" qui s'est mal passée...je t'expliquerai après en privé !

- Quoi ? Quelle affaire ? réagit Rafeu. C'est quoi ces messes basses ! Si t'as des trucs à confesser Marie, y a un confessionnal à l'église juste à côté !

- Heu ... non non ! Merci ! Rien à confesser mon père ! balbutia Marie.

... [CLIENT SUIVANT : N° 19] ...

- Marie, continua Rafeu, pourquoi tu lui dis pas que tu me cherchais dans tout le commissariat avec ton lait concentré bizarre et que tu l'as fait tomber dans le verre de l'agent Jean qui maintenant te dévore des yeux !

- Ah... mais ... tu as vu tout ça toi ? T'étais planqué où ?

... [CLIENT SUIVANT : N° 20] ...

- Rafeu ! Marie ! Il faut intervenir là ! Vous réglerez ça plus tard, insista Cindy qui pointait du doigt l'homme derrière l'arbre.

Mais Rafeu avait pour priorité de répondre à Marie.

- J'étais bien planqué derrière une plante verte !

- Comme le gars dangereux que je vous montre là-bas ! leur cria Cindy en le montrant avec des grands gestes.

- Attends pardon Cindy mais là c'est grave ! Pourquoi tu te planquais ? Tu voulais pas me voir ? T'as peur de moi ou quoi ?

- Non Marie ! Mais je voulais pas te croiser c'est tout !

- Ah ouais carrément ! s'énerva Marie.

- Arrêtez vos chamailleries vous deux ! leur hurla Cindy ! Vous avez un terroriste à appréhender et il est juste la-bas bordel ! Vous attendez quoi !?

- Hola la guérisseuse en carton ! Tu te calmes et tu restes tranquille okay ! lui balança Marie qui était montée sur ses grands chevaux !

Cindy sortit de ses gonds.

- Mais comment elle me parle cette greluche ! Elle se prend pour qui la morue ?

Marie dégaina son arme et la pointa sur Cindy.

- Allez ça suffit Cindy ! Je t'arrête pour outrage à agent et pratique d'une activité illicite avec des fausses promesses faites au client !

- Quoi ? Non mais je rêve ! Quelle activité illicite ? L'hypnose est tout à fait légale madame la policière ! Quelles promesses !? De quoi elle me parle ! Elle est pas bien !

... [CLIENT SUIVANT : N° 21] ...

- Ta potion elle a marché, mais pas sur le bon gars ! Faut que tu me rectifies le tir ! Faut que tu me sauves Cindy ! supplia Marie à bout qui rengaina son pistolet dans son holster.

- Mais, Marie, s'étonna Cindy, comment t'as fait pour te tromper de mec !?

Et là Rafeu déclara :

- Je l'ai dit tout à l'heure mais Cindy, t'es trop occupée à vouloir attrapper cet homme poulet ! C'est moi qu'elle voulait séduire avec sa bouteille de lait concentré magique ! Elle me cherchait partout, elle me courait après, elle a trébuché, et la potion est arrivée dans le café de Jean !

- Ahhh ! D'accord ! s'exclama la guérisseuse. Mais c'est qui Jean ? Il doit être trop in love maintenant ! Il va te suivre partout et vouloir t'embrasser comme un jeune adolescent boutonneux devant une jolie dame ! Il doit baver comme un chien ! Ohh j'aimerais bien voire sa tête !

- C'est moi ! répondit Jean placidement. Et je n'ai pas la bave aux lèvres. Je rappelle avoir eu une soudaine et irrépressible envie de Marie c'est vrai. Mais elle m'a mis au sol quand j'ai essayé d'être un peu tactile. Et cela m'a coupé tout désir envers elle.

- Sérieux ? intervint Rafeu, la fille que tu kiffes te plaque au sol et tu abandonnes de suite ? Mais moi j'aurais trouvé ça trop génial et j'aurais cherché à lui montrer ma force en la plaquant au sol moi aussi ! Et je lui serais monté dessus et ...

- Stop Pierrot ! Mais je me trompe ou on dirait qu'il y a quand-même quelque chose entre ta chère Marie et toi ?

Les deux agents se regardèrent bêtement comme deux collégiens pris en flagrant délit de romance.

- Hé bien ... je sais pas trop ... avoua Rafeu, mais j'ai découvert aujourd'hui une nouvelle femme, énergique, forte, courageuse, avec du tempérament, de la poigne ...

Là Ponce n'en pouvait plus.

- Hé ho mes loulous, moi aussi j'ai de la poigne ! s'offusqua-t-il.

- Ponpon ! Le prends pas mal ! râla Rafeu, mais je crois que je tombe vraiment amoureux d'elle !

- Mais tu peux pas me faire ça ! cria Ponce, hystérique, tu es à moi !

Et là Rafeu eut cette phrase sublime :

- Non ... Ponpon ... je n'appartiens qu'à moi.

- Bon on s'en fout de qui aime qui là ! C'est pas le moment ! quelqu'un va se décider à intervenir pour sauver la ville ou quoi ? dit Rodolphe.

" CLIENT SUIVANT : N° 22" !!

- Ah ! Ça y est ! J'ai failli mourir d'ennui ! C'est à nous mon cœur ! dit Anna toute excitée.

Ils se levèrent et furent reçus à un guichet. Leur chèque de 90.000 € était prêt. Il leur fut remis en une minute contre une simple signature. Ils sortirent immédiatement, radieux, le regard plein d'espoir.

- Bon sang mon chéri ! Ça y est ! On est enfin libres ! Je ... Aaaaaaaaarghhhhhh !

Anna sentit s'enfoncer dans son dos une lame froide, lui coupant la respiration. Elle s'écroula au sol.

François était incrédule, figé de terreur. Il croisa le regard du tueur et crut revoir le GéGé de l'escalier avec une balafre au visage. Il tenait fermement un grand couteau qu'on aurait dit en argent tellement il brillait au soleil, et où scintillait aussi le sang pourpre d'Anna.

Marie et Rafeu virent la scène et sortirent immédiatement leurs armes en courant vers l'auteur du coup de couteau en criant :

- Stop ! Police ! Au nom de la loi !Jette ton arme ou on tire !

- Oh mon Dieu ! C'est pas vrai ! C'est ma faute, fit Cindy terrifiée.

L'individu leva la main pour mettre un coup de couteau également à François.

- Oh mon Dieu, non, hurla Cindy.

Marie tira à la vitesse de l'éclair une balle qui vint éclater la lame étincelante en mille morceaux. Ils tombèrent comme une pluie de diamants à côté de la belle chevelure d'or d'Anna, qui suffoquait et perdait beaucoup de sang.

L'individu prit la fuite à toute allure en direction de Pey Berland. Les policiers le poursuivirent en criant à la foule :

- Dégagez ! Police ! Écartez vous !

Jean resta sur place pour comprimer la plaie de la belle mourante. La flaque rouge ne faisait que grandir sur le sable blanc de la place Gambetta.

Quelques badauds regardaient le spectacle en s'extasiant. Certains même filmaient ou prenaient des photos.

- Bande de demeurés ! Vous êtes obscènes ! Vous m'écœurez, leur balança Jean plein de haine.

Rafeu prit sa radio en même temps qu'il courrait après le tueur :

- L'individu a blessé une femme place Gambetta devant La Société Générale ! Envoyez une ambulance en urgence ! Elle a pris un coup de couteau dans le dos et perd beaucoup de sang ! Nous pourchassons l'individu qui file en direction de Pey Berland. On dirait qu'il va rentrer dans la Tour !

Anna respirait de moins en moins bien. Elle crachait maintenant du sang.

François était figé auprès d'elle et ne savait pas quoi faire, traumatisé par le regard de haine et de rage de ce fantôme surgi du passé et par cette agression violente et meurtrière envers la femme de sa vie. Il s'en voulait de se sentir si faible. Il se détestait de ne pas avoir réagi comme un homme, un guerrier. Il se jura qu'il ferait tout pour la protéger dorénavant.

De longues minutes passèrent avant que l'on entende les premières sirènes des ambulances.

Anna ne parlait plus...ne bougeait plus...et ne respirait plus.

... à suivre

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