Chapitre 19 : Des Retrouvailles Matinales
Le samedi était enfin là ! Certes, il n'était encore que cinq heures du matin mais Delyth était déjà prête pour les retrouvailles. Une robe-pull large resserrée d'une ceinture et des collants chauds vinrent l'habiller et elle descendit se faire un chocolat chaud. Elle y ajouta même quelques petits marshmallow qui flottaient à la surface. Sa tension déjà élevée ne faisait que croitre.
A cinq heures et demi, on frappa à la porte et Delyth s'y précipita. En ouvrant, elle fit face à une paire d'yeux bleus parsemés de touches dorées.
- Camaël, qu'est-ce que tu fais là ?
Il trainait un individu derrière lui, qui ne cessait d'essayer de s'enfuir. Les cheveux noirs raides et les éclats rouges fit lever les yeux de Delyth au ciel.
- Je crois avoir compris... ce n'est pas un intrus, c'est Aron. Il est dans mon lycée, précisa Delyth.
- Je suis désolé, fit Aron, mais hier, tu as oublié de... de...
Il voulut se taire, ne souhaitant pas avouer qu'il n'avait pas eu sa dose de sang et qu'il était complètement en manque. Mais c'était sans compter la présence de l'Angélus, qui contraignait à la vérité quiconque se trouvait en sa présence.
- Tu as oublié de me donner ton sang, il m'en faut.
- Heu... Camaël, tu devrais partir, lui intima Delyth alors que l'Angélus la fixait d'un air surpris.
Mais Camaël n'écouta pas et entra dans la demeure sans y être invité.
- Idiot, c'est un Angélus, il faut éviter de parler quand il est là !
- Je ne savais pas, se plaignit Aron.
Delyth, dépitée, savait bien qu'il n'était pas vraiment responsable. Après tout, c'était elle qui avait oublié le Vampiris vendredi, trop préoccupée par son rendez-vous avec la bande de Lycanthropes.
Alors les deux jeunes suivirent leur aîné, qui dévalait à présent les escaliers jusqu'à une porte blanche, où il entra sans frapper. Delyth et Aron restèrent sur le seuil et ne purent qu'observer en silence, en espérant ne pas trop regretter leur petit accord commun qu'ils avaient passé lundi.
L'Angélus était à peine entré que Cadeyrn s'était réveillé et se tenait debout, près à affronter l'intrus, dans une position de combat tout à fait risible. Il ne portait qu'un boxer et ses cheveux, d'ordinaire bien coiffés avec leurs boucles presque sculptées, étaient à présent en pagaille d'un côté et complètement aplaties de l'autre.
Les deux lycéens ne purent retenir leur rire, tandis que l'Angélus l'observait d'un air critique et quelque peu troublé. Mais ne se laissant pas démonté par la situation comique, il déclara d'un ton solennel :
- Cadeyrn, votre nièce nourrit ce Vampiris de son sang.
Les rires des deux jeunes moururent sur leurs lèvres, à présent crispées d'un sourire navré.
- Répète-moi ça, ordonna l'Incubus. Elle a quoi ?
- Elle lui donne son sang, et il semble accro.
- C'est vrai, confirma Aron malgré lui, se faisant immédiatement prendre un coup de coude de Delyth. Aïe, mais je n'ai pas fait exprès !
Cadeyrn frottait ses yeux encore à moitié endormis et enfila un jean avant de passer en trombe par le chambranle. Il descendit l'étage, ordonnant aux deux jeunes de le suivre.
- Que ce passe-t-il ? demanda Elyana.
Elle venait d'apparaitre, la chevelure impeccable. Sa longue chemise de nuit légère en coton blanc semblait flotter autour d'elle, lui donnant des allures de dames blanches.
- Rien, retourne dormir ! s'écria Delyth avant de descendre les escaliers.
Evidemment, celle-ci ne l'écouta guère et tous se retrouvèrent en bas quand Cadeyrn réveilla Aeddan. Cette fois-ci, Delyth ne stressait plus pour son rendez-vous mais pour la dispute qui allait bientôt éclater. Après qu'Aeddan ait été mis au courant, les éclats de voix jaillirent de toutes parts dans un méli-mélo chaotique. Delyth tâcha de rendre la situation moins dramatique qu'elle ne l'était, proclamant qu'elle savait ce qu'elle faisait.
- C'est totalement faux, râla son oncle, es-tu au moins renseignée sur leur espèce ? Non ! Pas un seul instant tu n'as cherché à savoir ce qu'il se passait quand un Vampiris plongeait dans la dépendance ! Il pourrait en devenir fou, tu veux avoir ça sur la conscience, vraiment, Delyth ?
La jeune femme était confuse et boudait comme une enfant, alors que les larmes s'accumulaient dans ses yeux. Par solidarité féminine, bien qu'elle désapprouva ses actes, Elyana lui caressa le dos, comme pour l'intimer de garder son calme.
- Pourquoi faut-il que tu trouves toujours le moyen de t'attirer des problèmes ? bougonna son père en s'asseyant sur le divan, la tête entre les mains.
Face au désespoir de son père, Delyth fondit en larmes. N'était-elle vraiment pas capable de prendre de bonnes décisions et si indigne de confiance ?
- Comprend-les, murmura Camaël en s'agenouillant près d'elle. Ils s'inquiètent pour toi. L'ILIM te surveille et le moindre faux pas de ta part pourrait avoir de grosses conséquences pour toi, comme pour ton entourage. Je vous laisse régler vos mésententes... cependant, vous devriez peut-être écouter ce que ces deux-là ont à vous dire. Après tout, ils avaient probablement leurs raisons pour agir ainsi.
Sur ces mots, l'Angelus partit sans se retourner. Son rôle ici était terminé et il ne voulait pas limiter les gens à l'unique vérité. Il voulait qu'ils soient libre de parler par eux-mêmes en donnant seulement les informations qu'ils avaient besoin de dire, ni plus ni moins.
- Vous m'aviez dit de trouver quelqu'un, pour me fournir l'énergie vitale dont j'ai besoin, renifla Delyth. J'avais déjà réussit avec Aron, alors... je l'ai choisi pour ce rôle-là.
- Et le rapport avec le sang ? demanda Aeddan en haussant un sourcil, en faisant en sorte de ne pas monter le ton de sa voix.
- C'est de ma faute, fit Aron. Elle m'a demandé ce qu'elle pouvait faire en échange... et j'ai voulu qu'elle m'aide. Parce que depuis toujours, j'ai soif... de sang. Mais je suis bien un sang-pur !
Cadeyrn s'avança vers le jeune homme pour le jauger de ses yeux verts.
- Tu avais déjà des problèmes de dépendances avant Delyth ?
- Oui...
- Depuis quand ?
- Toujours, souffla-t-il. D'aussi loin que je m'en souvienne. Je devais constamment me retenir.
- Etrange... tu en as parlé à quelqu'un d'autre, auparavant ? lui demanda Cadeyrn en douceur, changeant subitement de comportement à son égard.
- Seulement à mon père, répondit-il.
- Un Vampiris ?
Il hocha la tête.
- Et ta mère, quelle est sa nature ?
- Un Vampiris aussi...
- Tu en es bien sûr ? Tu l'as déjà rencontrée ? suspecta l'Incubus.
- Pas vraiment, c'est mon père qui me l'a dit.
Cadeyrn sourit d'un air de complotiste et tapota l'épaule du garçon.
- Tu vis avec ton père ?
- Non, il voyage beaucoup... je vis principalement aux dortoirs du lycée. Sinon, pendant les jours fériés et les vacances, quand je travaille à l'ILIM, je loge dans sa maison de Londres, mais elle est généralement vide. Je ne le vois pas souvent.
- Aeddan, peut-il rester ici ? Je pense savoir ce qu'il se passe mais je veux mener mon enquête. Il vaut mieux qu'il reste ici en attendant. Être loin de Delyth pourrait être nocif pour lui. Il a besoin d'aide, ajouta-t-il.
Aeddan se gratta la barbe légèrement grisonnante et finit par accepter, à condition qu'il ne fricote pas avec sa fille.
- Ne t'inquiète pas, fit Delyth, nous n'avons pas ce genre de relation.
Aron acquiesça avec vigueur, rassurant le vieux Aeddan.
******
~ Faël ~
Les Lycanthropes ne tenaient plus en place. Il était encore très tôt mais ils ne purent attendre plus longtemps pour se rendre à la maison victorienne qui se trouvait à peine à un kilomètre et demi de leur domicile.
Il était à peine plus de six heures quand ils arrivèrent devant la porte et ils hésitèrent à toquer, de peur de réveiller les occupants. Mais un bruissement d'ailes étonnamment fort les firent sursauter. Ils se retournèrent sur le qui-vive pour voir un homme à la longue chevelure noire qui semblait ne jamais finir, qui repliait ses ailes toutes aussi noires dans son dos.
- Vous pouvez y aller, ils sont tous déjà réveillés depuis presque une heure.
L'Angelus, sur ses propres conseils, frappa à la porte et entra sans attendre de réponse. Il fallait dire que cette demeure était un peu comme la sienne, bien qu'il n'avait pas besoin d'y dormir. D'ordinaire, il passait son temps sur le toit mais aujourd'hui, il avait besoin de voir sa protégée, Elyana, qui lui paraissait trop stressée ces derniers jours.
Les Lycanthropes hésitèrent sur le seuil, face à la porte ouverte.
- Delyth, fit Camaël, tes amis sont sur le porche.
Une tornade aux cheveux roux fila à toute allure et accueillie les nouveaux arrivants d'un câlin collectif. Elle fermait les yeux, savourant le contact avec leurs bras et reniflant leur odeur, qu'elle avait oublié.
Puis elle se recula pour les observer et son sourire retomba.
- Mais... où est Kasper ? murmura-t-elle.
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