Chapitre 16 : Le Fou Rire

~ Delyth ~

Le cours de Mathématiques se rapprochait à grand pas et il lui manquait encore deux exercices à finir. Elle griffonnait, tenait maladroitement son cahier en équilibre sur son bras. Monsieur Maxwell arriva quand elle écrivit le résultat de l'avant-dernier.

- Noon ! se plaignit-elle en le voyant arriver.

- Eh bien, quel accueil ! ria-t-il. Vous aviez si peu envie de me voir ?

- Non, non, s'excusa maladroitement Delyth. C'est juste qu'il me manque un exo, vous n'auriez pas pu avoir quelques minutes de retard ?

Son professeur ria en ouvrant la porte pour que ses élèves viennent s'engouffrer dans la salle. Il se tourna alors en souriant vers son étudiante rousse.

- Je suis certain que tu as préparé une excuse pour expliquer cela... je t'écoute.

- Ben... je me suis évanouie, hier soir. Et je ne me suis réveillée qu'à l'aube. Oh, et puis, j'avais aussi complètement oublié, c'est aussi à moitié ma faute. J'aurais pu le faire ce matin en arrivant, grogna-t-elle en passant la porte.

Mais son professeur l'attrapa par le coude pour la retenir, la faisant ressortir en marche arrière de la pièce.

- Tu vas bien ? s'inquiéta-t-il.

Maintenant, Delyth en était sûr, Maxwell était l'une des personnes que l'ILIM avait chargé de protéger. Avec un regard de défiance, elle observa ses traits tirés par l'inquiétude.

- Aucun débordement, fit-elle avant de poursuivre en murmurant. Simplement un combat à mort entre deux Lycans, rien de bien inhabituel. Oh et surtout... j'ai fait un massage cardiaque a un mourant, pour la première fois de ma vie. Vous savez quoi ? Il a survécu. Non, franchement, j'ai passé une super soirée. Je ne comprends pas comment j'ai pu finir par m'évanouir, ce n'est pas comme si c'était la première fois que je vivais quelque chose de ce genre, n'est-ce pas ?

En colère et déçue de se sentir fliquer, elle contourna son professeur et traversa le couloir : direction la sortie. Était-ce trop compliqué de lui faire confiance ? À tous les coups, ils penseraient encore que les conflits au sein de cette Meute de malheur était de son fait, alors que c'était des membres eux-mêmes qui étaient venus supplier les deux Draconis de stopper la folie meurtrière de leur Alpha.

Toutefois, elle s'était pas attendue à se faire poursuivre par son professeur alors elle redoubla de vitesse pour dégringoler dans les escaliers. Mais Maxwell, qui était tout sauf humains, profita du fait que personne ne se trouvait dans la cage d'escalier pour faire démonstration de ses tours de passe-passe. En un clin d'œil, il apparut au bas des marches, coupant la route de Delyth, qui sursauta vivement.

- Vous vous... êtes téléportés ? demanda-t-elle, déplorant sa curiosité insatiable.

- Tu aimerais le savoir, n'est-ce pas? fit-il malicieusement en plissant ses yeux en amande.

Evidemment, qu'elle voulait le savoir.

- Moi aussi, j'aimerais savoir de quoi tu parlais, un peu plus tôt. Le combat de Lycanthropes, le massage cardiaque, tout ça est vraiment habituel pour toi ?

Il pencha la tête sur le côté, curieux de connaître ses explications. Son comportement non farouche lui rappela les chats, qui malgré leur réticences, étaient toujours plein de curiosité ainsi que joueurs et surprenants.

- Etes-vous de type métamorphe ? demanda Delyth, curieuse comme un chat, elle aussi.

Surpris, Maxwell eut un temps de pause avant de masquer son étonnement par un sourire mystérieux.

- J'ai une idée ! s'écria-t-il sous l'inspiration du moment. Que dirais-tu de répondre chacun notre tour, chaque réponse nous permets de poser une question. Cela te semble correct ?

- Vous paraissez soudainement plus jeune que moi... vous êtes toujours aussi immature ? le cassa-t-elle dans son élan.

Maxwell sourit et remonta les marches. Il se retourna et fit signe à son élève.

- Voyons, mademoiselle Kane. Il est l'heure de se rendre en cours, tu n'allais tout de même pas sécher ?

Avec un nouveau rire espiègle, il se rendit dans sa classe. Delyth soupira en le suivant. De toute façon, si elle n'y allait pas, elle s'ennuierait ferme en attendant la pause de midi.

Quelques regards la fixèrent quand elle s'installa aux côtés d'Elyana, comme elle avait, par son comportement, retardé le cours d'une dizaine de minutes. Heureusement, se fussent des regards reconnaissants et des pouces levés qui l'accueillirent.

- Je ne sais pas pour moi, déclara-t-elle à voix haute, mais en tout cas vos autres élèves n'avaient clairement pas envie de vous voir.

Ses camarades, outrés par sa franchise -et vexés qu'elle ait pu ainsi les vendre- se mirent cette fois-ci à la foudroyer de leurs pupilles noires. Elle leva les mains, comme si elle était impuissante. Toutefois, elle pouvait clairement voir les coins de la bouche de Maxwell se relever, comme s'il se retenait de sourire.

- Mais ils ne semblent pas vous connaître, continua-t-elle en fixant le professeur, qui sortait son manuel de son sac. Ils n'ont pas l'air de connaître votre... sens de l'humour si particulier.

Ce coup-ci, elle fit mouche. Leur professeur éclata d'un rire franc qui laissa ses élèves abasourdis. Il leur avait semblé froid, distant et ringard mais jamais il ne s'était montré si... puéril. Il essuya une larme qui coulait de son oeil, comme si riait aux éclats. Delyth n'était pourtant pas particulièrement drôle, mais la situation l'était. Ce n'était pas tant ce que la jeune femme avait dit qui l'avait amusé mais le choc qu'il lisait sur le visage de ses élèves.

- Oh mon Dieu, si vous pouviez voir vos têtes, ria-t-il encore en se tournant face au tableau. Vous avez si peur, c'en est comique !

- Monsieur, l'appela Delyth en levant sa main.

- Quoi, encore ? demanda-t-il alors qu'il tentait de contrôler son fou rire.

- On peut commencer le cours, j'ai réussi à finir ce fameux dernier exo.

Elle leva alors son cahier devant son nez, l'air triomphant. La double page était couverte de ratures, le développement des calculs n'étaient pas droits mais elle avait bien terminé son travail.

Le fou rire de Maxwell était incontrôlable. Dès qu'il arrivait à le stopper, celui-ci repartait en vague. Il demanda à deux élèves de venir écrire les résultats des deux premiers calculs au tableau, mais il souriait toujours. Il posa sa main devant ses yeux, tentant de reprendre son sérieux. Cependant, durant l'heure qui passa, il ne cessa d'étouffer ses rires. Quand les élèves partirent, ils furent un peu moins hostile à lui et à la matière qu'il enseignait.

La jeune rouquine s'arrêta devant son bureau, un air mitigé sur le visage.

- Monsieur, vous savez... il n'y avait vraiment rien de drôle. Vous êtes juste bizarre, lui apprit-elle avant de s'en aller.

Avant qu'elle ne passe la porte, elle entendit résonner un nouvel éclat de rire. Qu'il était facile et amusant de jouer avec le fou rire incontrôlable de quelqu'un ! La simple phrase, aussi peu drôle soit-elle, pouvait tout réenclencher. Un peu comme un feu. Quand un grand feu s'éteignait, il n'en fallait pas beaucoup pour réussir à y allumer une nouvelle gerbe de flammes.

Avec un sourire sur le visage et saisissant le bras d'Elyana, elle se rendit au réfectoire. Ravie d'être parvenue à être de si bonne humeur.

Décidément, Maxwell était quelqu'un de fortement intéressant.

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