"Bip! Bip! Bi..."

Saleté de réveil! Je me lève péniblement de mon lit et traverse en titubant mon appartement. J'atteins ma salle de bain et prend appui sur le lavabo. Je relève la tête pour me regarder dans le miroir.

"Ma pauvre fille t'a une de ces têtes! On dirait que t'es morte!"

Je rigole nerveusement. J'avais 16 ans quand je suis morte en 1094.Je devrais normalement avoir 918 ans! Dingue! Je me dirige vers ma cuisine et commence à me préparer à manger. Je suis épuisée. Si je ne peux pas mourir de la fatigue j'en souffre quand même. Encore réveillée en pleine nuit par ce même cauchemar. Le jour de ma mort et de celle du reste de ma famille.

On vivait dans l'actuelle Allemagne dans un petit village tranquille. Mon père et ma mère travaillaient aux champs et je restait à la maison pour m'occuper de ma petite sœur Yui. On n'était pas extrêmement riches mais on était heureux tous ensemble...jusqu'à ce jour. C'était le mois de décembre et il faisait extrêmement froid. Ma sœur était tellement frigorifiée qu'elle était aller dans le lit de mes parents pour ce réchauffer. Je voulais la rejoindre mais j'avais jugé que j'étais trop grande pour ça. Et puis je trouvais qu'il faisait plutôt bon et même chaud. Puis une odeur de brûlé me passa sous le nez et je compris. La maison était en train de brûler. Je sortis de ma chambre immédiatement pour prévenir ma famille mais un mur de flammes m'empêchait de passer. Je n'avais pas d'autre choix que de sauter par la fenêtre. Je me jetais de celle ci poussée par l'avancée monstrueuse de l'incendie. J'atterris dans une flaque de boue qui amortit ma chute. Je me retournais vers ma maison pour rejoindre ma famille mais je fut pétrifiée par ce que je vit. Mon habitation n'était plus qu'un immense flambeau d'où s'échappait les hurlements de mes parents et de ma sœur. Terrorisée, j'entendis des cris derrière moi. Tout mon village étais en train de brûler. Puis je vit une dizaine d'hommes à cheval menés par l'un d'entre eux qui riait en tenant une torche enflammée. Il avait mis le feu à mon village! Il avait tué ma famille! Mes amis! Tandis que des larmes coulait à flots sur mes joues je sentis la rage monter en moi. Je saisit un gros bâton qui trainait sur le sol et me dirigeait en courant et en hurlant vers cette homme. Je sauta alors sur une barrière pour me propulser sur son cheval et je lui assena le plus de coups de bâtons que je pût animée par la colère. Soudain je sentis une intense douleur au niveau du ventre. Il venait de m'embrocher avec son épée. Je sentis le temps se ralentir et ma vue devenir floue puis le noir. Je me disais que ça y est, j'étais morte et que je pourrait rejoindre ma famille mais je me réveillais dans la boue. J'avais toujours une plaie énorme dans le ventre mais j'avais surtout la Règle en tête. J'étais devenue un fantôme grâce à la rage que j'avais en moi et je devais maintenant suivre le règlement sous peine de punition (certainement mortelle). Je me devais de survivre. Pour eux.

Je fait ce rêve toutes les nuits et ces souvenirs me hantent. Les flammes devant mes yeux et les hurlements dans ma tête. Je me ressaisit et décide de sortir prendre l'air pour me calmer. Je fit un chignon négligé et me couvrit le corps avec un pantalon que je rentrais dans mes docs Martens et un t-shirt et une longue veste épaisse. Je devais au maximum me protéger du soleil que je craignais plus que tout. Je complète ma tenue avec des mitaines et des lunettes de soleil rondes. Je prends mon sac bandoulière et met ma capuche avant de sortir. Les rues sont calmes en bordure de la ville et c'est pour ça que je m'y suis installée. Je ne pouvais de toute manière pas rester en Allemagne. C'était trop douloureux. Alors je me suis dis "Tiens! Le Japon c'est cool!" et je me suis installée à la périphérie de Tokyo. Au fur et à mesure que j'avance les gens sont de plus en plus nombreux. Je n'aime pas être avec autant de monde. Et SURTOUT en plein jour. Je préfère de loin la nuit. Les gens sont chez eux en train de ronfler alors les rues sont presque calmes. Le soir je peux me balader tranquillement sans craindre quoi que ce soit. De toute manière je suis déjà morte il peut rien m'arriver de pire! Je croise des écolières qui courent car elles sont en retard. Pff! L'école! Ça aussi je n'aime pas ça. J'ai arrêté il y a un moment maintenant et je n'ai aucune envie d'y retourner j'ai déjà bien assez de connaissance. J'ai 918 ans d'expérience quand même!

Je rentre dans une grande supérette histoire d'acheter quelque chose à grignoter. Je me ballade tranquillement dans les rayons quand un gros bruit ce fait entendre. C'est un coup de feu. Les personnes présentes commencent a paniquer et à courir en hurlant dans tous les sens. Un autre coup de feu retentit et tout le monde s'immobilise. Deux hommes cagoulés et armés menacent les caissiers. L'un d'entre eux faire un geste brusque en leur donnant le contenu de la caisse. L'un des braqueurs l'abat sur le champ. Je la sent de nouveau...cette rage. La même que cette nuit où je suis morte. Je décide d'intervenir le plus rapidement possible. Je me jette sur l'homme qui vient de tirer et passe mon bras sous son cou pour le bloquer. Dans la panique l'autre me tire dessus mais je me sers de son complice comme bouclier humain avant de soulever celui ci et de le balancer. Je saisis le canon de l'arme du braqueur restant pour dévier ses balles. Je lui met un coup de pied dans le genou qui le met à terre et un grand coup sur la tête qui l'assomme. Finalement j'ai bien fait de faire partie de l'armée! Je suis plutôt fière de moi quand un troisième homme cagoulé arrive derrière moi et me tire dessus. Je n'ai pas le temps d'esquiver alors, par réflexe je devient transparente et les balles me passent à travers. Je m'apprête à répliquer quand, soudain, une fumée étrange se propage dans tout le magasin. Je comprend immédiatement mon erreur, ma terrible erreur qui va sûrement m'être fatale. En effet je viens de transcrire la Règle. Tout le monde s'écroule et moi même je sens mes paupières tomber. Je m'écroule à mon tour. Avant de m'endormir j'aperçois une silhouette pourtant un masque se diriger vers moi puis c'est le trou noir.