C'était un matin de printemps, plutôt frais, ce qui n'était pas pour me déplaire. Comme tous les matins à l'orphelinat, je décidais de me lever plus tôt, aux alentour de cinq heures, afin de m'exercer à utiliser mon pouvoir dans la cour de derrière de l'établissement.

En sortant de la chambre à pas feutrés, je tirai légèrement (sans le faire exprès) sur la couverture d'une des élèves qui traînait par terre. Celle-ci bougea dans son sommeil avant de gromeller quelque chose d'incompréhensible. Je me glissais rapidement à l'extérieur, évitant soigneusement les surveillants et le concierge. Après quelques minutes de marche, je parvins à la cour de derrière, sans avoir croisé âme qui vive.

Je me suis mise à couvert, derrière l'arbre qui offrait une grande zone d'ombre, permettant de me dissimuler en cas de problème.

J'ai donc commencé à utiliser mes pouvoirs, créant des fleurs de glace, enneigeant le sol à un mètre autour de moi, mettant des sortes de guirlandes dissimulées dans l'arbre. Je fredonnais Higway To Hell du groupe AcDc tout en créant divers objets et sculptures de glaces quand j'entendis des pas venir du porche.

-Elle s'est levée, et je ne sais pas ce qu'elle voulait faire mais elle est venue ici, je le sais, je l'ai suivie après qu'elle soit sortie !

La voix criarde de ma chère camarade de dortoir que j'étais persuadée de ne pas avoir réveillée en tirant sur sa couverture.

-Il n'y a personne, Amanda, mais je vais dire au concierge de la chercher. Elle n'a pas du s'enfuir, les alarmes n'ont pas retenti.

Elles s'éloignèrent et je poussais un soupir de soulagement. J'attends quelque minutes qui me semblèrent des heures avant de reprendre les petites sculptures.

Ce serait mignon un petit renard blanc.

Pensais je, avant de créer un renard de neuf et de glace. Le petit être glacial commença à s'animer et à courir autour de moi, avec des petits japements, ce qui me fit rire.

-J'aimerais tellement te garder avec moi. Dis je à la petite créature qui penchez sa tête sur le côté. Je repris : Mais c'est impossible, ils ne doivent pas savoir. Je ne dois pas enfreindre la Règle. Les enjeux sont beaucoup trop grands.

-Mais... Qu'est ce que ?!

Je relevais doucement la tête, les yeux grands ouverts d'étonnement.

De grandes bottes, un pantalon large, un centre rebondi, une chemise à carreaux rentrée dans le pantalon, un visage rougeau et bouffi, de grandes moustaches et un crâne dégarni. Le concierge se tenait devant moi, l'air abasourdi.

-Heu.. Bonjour ? Tentais-je.

-Qui es tu ? Qu'es tu ? Recule ! Sale Monstre !

Il me cracha au visage, et je m'executai en reculant peu à peu. Je m'heurtais contre l'arbre et je ne pouvais plus bouger. Mes membres étaient comme ankilosés.

Qu'allait il m'arriver pour avoir enfreint la Règle ? Quel serait mon châtiment ? Ces questions qui trônaient dans ma tête m'effrayaient beaucoup plus que ce que pourrait me faire le concierge ou les humains. Eux, je pourrais facilement m'en débarrasser mais le Châtiment, non.

Une étrange odeur, inhabituelle, monta à mes narines. Le concierge tomba, et ronfla sur le sol, écrasant au passage mon petit renard de neige. Mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes, et je me sentais glisser vers le sol.

Avant que mes yeux se ferment, je distinguais un homme, masqué, qui s'approchait.

Puis plus rien, le noir.