L'huissier


         Sur ce, le jeune homme se précipita vers la sortie, mit rapidement un manteau, avant de sortir en claquant rageusement la porte.

« Eh bien vas-y, et bonne chance pour te chauffer et te nourrir, cria le vieux, avant de grommeler : Il ne tiendra même pas une heure avec ce froid. »

        Malgré tout, il n'y croyait qu'à moitié. Au moment de souper, il n'était toujours pas rentré, et Mr Erdwin pensa « Il est tenace, le bougre. », mais pour lui, il était hors de question d'aller s'excuser auprès de son fils.

        On frappa à la porte. L'homme s'avança lentement en jurant contre son fils. Trois jours étaient passés depuis la dispute, et le vieil homme s'occupait seul de toutes les tâches ménagères, répugnant à engager quelqu'un pour le faire, ce qui était trop coûteux.

« Mr Erdwin ? dit-on à travers la porte, ouvrez, je suis pressé.

        L'interpellé s'arrêta. Il venait de reconnaître la voix de l'huissier qui vivait en contrebas du village. Il se plaqua contre le mur, aux aguets. Cela faisait trois mois qu'il l'évitait, pour ne pas avoir à régler ces dettes. On retoqua à la porte, puis, au bout d'un moment, il entendit un bruit de pas qui s'éloignait. Il resta encore immobile un moment, tendant l'oreille. Au bout d'un certain temps, il décida de se remettre au travail, quand il aperçut le visage de l'huissier qui le regardait fixement par la fenêtre devant lui.

« Ouvrez Mr Erdwin, je n'ai pas que ça à faire.

        Ils étaient assis dans le salon. Le vieil homme, renfrogné, fixait son visiteur d'un air méchant. C'était un homme ayant la quarantaine, blond avec une moustache soigneusement taillée. Il était habillé élégamment, et semblait éternellement fier.

« Que me vaut l'honneur de votre visite, Mr Desgrottes ? Dit ironiquement le vieux. »

L'autre, ne tenant pas compte du ton de son hôte, annonça :

« Je suis venu pour vous informer que si vous ne payez pas vos dettes dès ce soir, je me verrait obligé de saisir tous vos biens.

-Payer... La totalité de ma dette ?

-non, le quart suffira à retarder l'échéance, mais la totalité serait aussi bien acceptée, dit l'homme en souriant. »

Après un moment de réflexion, Mr Erdwin prit un air faussement désespéré en s'écriant :

« Mais, je n'ai pas assez, vous ne pourriez pas...

-Désolé, je ne suis pas ici pour marchander. Vous payez, ou je saisis.

L'avare jura intérieurement. Il n'avait pas le choix.

« Bien, bien. Attendez ici, je vais chercher de quoi vous payer. »

        Le manche de la pelle était gelé. Mr Erdwin creusait rageusement à l'endroit où il avait enterré son argent. A chaque morceau de terre qu'il retirait, il trouvait une nouvelle injure contre Mr Desgrottes. Au bout d'un moment, la pelle heurta quelque chose de dur. Le vieil homme s'accroupit avant de sortir le coffre du trou. Il resta un moment immobile, contemplant le couvercle, hésitant, cherchant une autre solution, puis ouvrit. Il se figea soudain. Le coffre, ce coffre si solide, si bien caché depuis si longtemps... Il était vide. L'homme resta un moment éberlué, sous le choc. Et il se mit à paniquer. Qui ? Pourquoi ? Des centaines de questions le taraudaient, la peur et la colère l'empêchant de bien réfléchir. Il remarqua alors au fond du coffre un papier sur lequel figurait « Je reprends mon dû » avec, une écriture qu'il aurait reconnue entre milles. Son fils. Son fils venait de le voler.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top

Tags: