Le lendemain, nouvelle journée de cours. Shota se lavait et s'habillait, et une fois prêt, il mit ses bandes autour de son cou, salua le chat en veillant bien à lui laisser de la nourriture, et décidait de changer de trajectoire pour cette fois.

Au bord de la fenêtre, il sauta dans le vide, et se rattrapa sur le toit d'un immeuble en face. Il repéra au loin le bâtiment de Yuei, et sautait de toit en toit pour y aller.

Il arrivait en quelques minutes à peine. Il atterrit à terre et rentrait dans la grande bâtisse.

Il était le premier arrivé dans sa classe. Petit à petit, les autres élèves arrivèrent, et le calme commençait à s'estomper. Puis son voisin arriva, et Shota pensait qu'il allait l'ignorer, comme les autres élèves de sa classe.

Qu'il était naïf !

À peine Hizashi posait son sac sur sa table qu'il se tourna vers le noiraud et s'écria :

_ Hi, Shota ! How are you, today ?

L'interpellé sursauta, la classe se tut subitement, et forcément, tous les élèves avaient les yeux rivés sur les deux voisins, étonnés de cette proximité soudaine entre le petit orgueilleux et la personne sans doute la plus cool de cette classe à leurs yeux.

Shota enfouit sa tête dans ses bras, les joues rouges de honte, priant intérieurement qu'il arrête de s'adresser ainsi à lui en public. Mais sa prière ne fut pas entendue, puisque le blond continuait :

_ Shota ! Ça te dit de faire le travail d'anglais ensemble ?

_ Anglais ? Fit-il en tournant la tête vers lui. Il y avait un devoir ?

_ Ah oui ! Tu étais chez le directeur, hier, quand le prof l'a dit. Pas grave, on bosse ensemble ? C'est pour demain !

Shota voulait refuser, mais comme tout le monde les fixait, il n'eut d'autres choix que d'accepter. Et évidemment, il s'attira une nouvelle fois la foudre de ses camarades de classe, car ils savaient pertinemment que le blond était bilingue et vraiment doué dans les études, et tous pensaient qu'il profitait juste de la situation.

Le midi, Shota partit à la cantine et s'assit à une table, seul. Il y avait un brouhaha incessant dans cet endroit rempli de mondes.

Du coin de l'œil, il repéra Hizashi, debout au milieu des tables, son plateau en main, à la recherche de quelqu'un visiblement, puisqu'il ne cessait de tourner la tête d'un côté et d'un autre.

Et au moment où leurs regards se croisèrent, Shota retourna illico à son bol de nouilles, pensant que le blond l'ignorerait. Mais contrairement à ses attentes, celui-ci posa son plateau face à celui du noiraud, qui soupira.

_ Ça a l'air bon ce que tu manges ! Fit le blond en s'installant.

_ Pourquoi tu viens manger ici ? Il y a plein d'autres personnes plus intéressantes que moi.

_ Quelle question ! Je voulais déjeuner avec toi !

Un garçon s'approcha de leur table, et, ignorant la présence du petit orgueilleux, s'adressa à Hizashi :

_ Hey, Yamada ! Viens manger avec nous, au lieu de traîner avec ce clochard !

Yamada se leva brusquement en lui lançant un regard meurtrier, et crachait :

_ Shota est mon ami ! Alors, cessez de le traiter de clochard !

Il avait parlé suffisamment fort pour que tous les élèves présents dans la cantine l'entende, activant involontairement son alter. Et à cause de ça, un silence de mort régnait à présent dans la grande salle. Quelques professeurs avaient également entendu les paroles du blond, notamment le directeur, qui avait assisté de loin à la scène, un sourire aux lèvres.

_ C'est bon, Hizashi, dit nonchalamment Shota en finissant son repas. Laisse-le, ça ne me dérange pas.

_ Mais, Shota...

_ On y va, plus tôt on se mettra au boulot, plus tôt on en aura fini.

Et sur ses mots, le noiraud se leva et débarrassa son plateau, sous le regard moqueur des autres élèves, et les chuchotements incessants. Puis il se tourna vers Hizashi, qui n'avait pas fini son plat, toujours debout face à celui qui avait osé insulté son ami.

_ Hizashi, tu viens ? Demanda fermement Shota, provoquant l'indignation de tous.

Le concerné releva la tête, et vit bien que tous les élèves présents s'attendaient à ce que le grand Hizashi Yamada réplique et donne une bonne leçon au petit orgueilleux qui se permettait non seulement les familiarités avec lui, mais aussi de lui donner des ordres, si c'en était une.

À la grande surprise de tous, le blond se leva, débarrassa son plateau, et suivit Aizawa, légèrement inquiet de ce qu'il pourrait s'ensuivre.

Ils sortirent du self, sous les protestations des élèves contre le noiraud qui n'en avait que faire. Hizashi le suivait, inquiet. Ils se dirigèrent vers leur salle de classe, et comme le blond n'avait pas encore mangé, Shota lui donna une gourde de compote, qu'il accepta.

Durant le trajet, Yamada lui demanda :

_ Shota, ça ne te dérange pas de te faire traiter comme ça ? Surtout par toute l'école, à présent...

_ J'ai l'habitude, répondit-il simplement. J'ai même vécu pire que ça. Et ce ne sont pas des cons irrationnels qui vont me pousser à me suicider non plus.

Le blond ne répondit rien, se demandant ce que Shota avait bien pu affronter de pire que d'être ridiculisé par toute l'école. Il pensait que ça ne l'affectait pas tant que ça, voire pas du tout, alors il préféra ne pas insister.

Arrivés en classe, ils collèrent leur table pour pouvoir travailler. Mais c'était difficile, surtout avec un Hizashi qui ne cessait de dériver ailleurs, au grand désespoir de son ami.

_ AAAHH !! S'écria-t-il soudainement en bondissant de sa chaise. UNE ARAIGNÉE !!!

Il se rua derrière Shota qui manqua de basculer en arrière.

_ Arrête de gueuler ! Répondit Shota en se levant. Elle est où, ton araignée ?

_ Au... Au bout... de ma table...

Shota soupira en voyant la petite bestiole tissant sa toile. Il la prit délicatement, ouvrit la fenêtre et la déposait dehors, avant de revenir s'asseoir à sa place. Mais voyant que le blond était toujours dans son dos, il le rassura :

_ Elle n'est plus là, c'est bon.

Alors, comme ça, Hizashi avait peur des araignées ? Ou bien des insectes en général, puisqu'il s'était mis à scruter attentivement sa table, avant de se rasseoir en frissonnant de peur.

Au bout de dix minutes, ils avaient presque fini leur devoir, et Hizashi semblait s'être remis de sa peur.

Comme Shota avait laissé la fenêtre ouverte pour aérer, une mouche vint, se dirigeant vers le blond, qui ne l'avait pas remarqué.

En la voyant, le noiraud eut une idée derrière la tête, et inconsciemment, il voulait taquiner son ami, dissimulant un rictus et lâcha dans le plus grand des calmes :

_ Fais gaffe, Hizashi, il y a une guêpe qui fonce sur toi.

La réaction qui s'ensuivit fut immédiate : Yamada se leva brusquement en criant, prenant la mouche pour une guêpe, et courut dans toute la pièce, l'insecte persistant à vouloir voler au dessus de lui. Jusqu'à ce qu'il trébuche et tombe par terre, et réalise que ce qu'il pensait être une guêpe n'en était pas une.

Shota, quant à lui, s'était mis à pouffer ouvertement, limite s'il en avait les larmes aux yeux. Hizashi se releva, prêt à lui mettre une raclée, mais en voyant le petit noiraud dans un tel état, il l'observait, un sourire bête collé au visage et les yeux pétillants.

Lorsqu'il fut un peu plus calme, il remarqua enfin le blond, et lui lançait :

_ Pourquoi tu me regardes avec ce sourire niais ?

_ C'est la première fois que je te vois rire franchement ! Fit-il remarquer. Tu devrais rire plus souvent ! 

Aizawa perdit son sourire, baissait la tête et souffla :

_ J'aurais pu si j'étais quelqu'un comme toi.

_ N'importe qui peut éclater de rire comme tu l'as fait !

_ Mais je ne suis pas n'importe qui...

_ Alors je te promets de te faire lâcher ne serait-ce qu'un petit sourire chaque jour !

_ Oh ! J'attends de voir ça.

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