Chapitre 58
Le 24 décembre était enfin là. Shota se sentait mal depuis la courte conversation avec le père d'Hizashi. Il ne savait pas quoi faire.
_ Ça te dirait de venir avec moi chez Reg' ? Proposa Yuji.
_ Je ne voudrais pas vous déranger...
_ Tu ne nous dérange pas du tout, voyons !
Rikimura avait essayé de lui parler, mais ça ne marchait pas ; l'adolescent restait toujours renfermé sur lui-même.
Vers midi, Shota reçut un appel de Nemuri, qui lui fit chauffer un peu le cœur :
_ Yo, Shota-kun !! J'ai un peu de connexion, et j'étais trop pressée de savoir ! Alors ?
_ Il n'y a rien à dire, Nemuri, répondit tristement Shota. Son père m'a appelé, et tu te doutes bien de ce qu'il m'a dit...
_ Il est chiant, son père ! Très bien ! On va passer au plan B, alors !
_ Quel plan B ?
_ Envoie un message à Hizashi, et cette fois, ça devrait le secouer un peu.
_ Attend, tu penses faire quoi, là ?
_ Dis-lui que tu l'attendras cet après-midi à un endroit que tu veux, pendant un temps déterminé. S'il ne vient pas au delà de l'heure passée, je pense que tu devrais l'oublier définitivement.
_ C'est du chantage ?!
_ Oui, et au moins, Hizashi-kun devra se débrouiller pour te voir s'il t'aime vraiment !
_ Je ne crois pas que...
_ Shota-kun, il y a des moments où tu ne dois pas abandonner, mais il y a d'autres moments où continuer à lutter sans relâche te fera souffrir encore plus, alors tu dois finir par laisser tomber au bout d'un moment.
Shota ne savait pas quoi penser. Nemuri avait raison : ça ne servait à rien de courir après Hizashi s'il ne cessait de l'ignorer.
_ Je sais que c'est dur, Shota-kun, mais soit tu fais le dernier pas et tu abandonnes s'il n'y met pas du sien, soit tu continues de souffrir inutilement. Je te laisse le choix, même si je sais très bien pour lequel tu vas opter.
_ C'est pas ça, Nemuri...
_ Ce n'est pas à moi de prendre une décision, mais à toi. Je... bip... bip...
L'appel venait d'être coupé brutalement. Shota reçut un message de Nemuri :
De : Nemuri :
Plus, de co, désolée ! Je te laisse faire pour le reste, et joyeux Noël !
Le noiraud soupira, puis écrivit un message très rapidement à Hizashi.
_ Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec moi, Shota-kun ? Demanda Yuji.
_ Non, ça ira, merci. Je dois faire quelque chose.
_ Attendre Yamada. Où est-ce que tu seras ?
_ Devant le grand sapin de la gare. Vous pouvez emmener Harumi aussi, pour ne pas qu'elle reste seule à la maison.
_ Ok. Tiens...
Le brun lui lança le double des clés de l'appartement, et lui dit :
_ Ne rentre pas trop tard, et appelle-moi dès que tu es rentré. Je passerais tes vœux à Reg' et Mat'. Je te laisse, je dois y aller. À plus tard !
_ Merci, et bonne soirée.
_ Ah ! Et Shota-kun, ton cadeau se trouve sur la table de la cuisine, ouvre-le quand tu rentreras !
_ Oui ! Merci.
Rikimura sortit, le chat dans ses bras, et partit chez sa fille.
Shota, lui, mangeait, puis patientait deux bonnes heures, avant de s'habiller chaudement, mettre une grosse écharpe et de sortir en verrouillant la porte.
Dehors, la neige s'était remise à tomber, au plus grand bonheur des enfants. Il se dirigea vers la gare, à trois quarts d'heure de l'appartement de Rikimura.
Puis, arrivé à la gare, il s'assit sur un banc en face de l'immense sapin de Noël lumineux. Et il patienta. Longtemps. Très longtemps.
Autour de lui, il y avait plusieurs couples d'hommes et de femmes, mais aussi deux ou trois couples homosexuels, qui se promenaient ici et là, et observaient le sapin, avant de se diriger vers la plage, main dans la main.
Shota les enviait. Il aurait voulu qu'Hizashi et lui soient là, au milieu de cette foule de couples, ensemble.
***
Hizashi était dans sa chambre, recroquevillé contre son lit, un casque sur les oreilles, à essayer de régler sa montre. La pile de celle-ci venait de le lâcher, et parfois les aiguilles tournaient, parfois, elles s'arrêtaient, et reprenaient leur chemin quelques secondes, minutes ou heures après.
Au beau milieu de sa musique, il entendit la notification de son téléphone. Sans arrêter la musique, il déposa sa montre à côté de lui, déverrouilla son portable, et lut le message qu'il venait de recevoir :
De : Shota :
Hizashi, je ne te le demanderais pas une seconde fois. Celle-ci sera la dernière.
Viens à la gare de Musutafu. Je t'attendrais sur un banc, juste devant le grand sapin. Si à 20h, tu n'es toujours pas là, je considérerais que notre rupture est définitive.
Shota
Le sang d'Hizashi ne fit qu'un tour : il devait à tout prix le voir. Il régla enfin correctement l'heure sur sa montre, puis retira son casque, se leva, son téléphone en main, puis sortit de sa chambre en trombe.
Il était déterminé à sortir, cette fois-ci.
Dans le salon, tous s'activaient pour préparer le repas. Arrivé devant son père, il inspira un grand coup, puis déclara :
_ Papa, je veux sortir.
Tous arrêtèrent leurs activités, observant nettement le blond.
_ Où ça ? Demanda son père froidement.
_ Dehors...
_ Qui vas-tu voir ?
Hizashi ne répondit pas, de peur que tout son courage ne s'envole...
_ Qui ?!
_ Shota !
Tsukasa marqua une pause, puis répondit :
_ Il n'en est pas question !
_ J'aime Shota ! Et ça, tu ne pourras jamais le changer !
_ Ça suffit ! Donne-moi ton téléphone et dans ta chambre !
Le père venait d'activer son alter, et Hizashi ne put le contredire. Il lança son téléphone sur la table et s'enfuit en courant dans sa chambre.
C'en était trop pour Nozomi.
_ Papa... Fit-elle en posant le chiffon qu'elle avait dans les mains. Est-ce que tu es homophobe ?
Son père la toisa du regard, et dit :
_ C'est quoi, le pro...
_ Répond à ma question ! Coupa-t-elle. Est-ce que tu es homophobe ?
_ Oui, je suis homophobe, et j'assume !
_ Très bien ! Tu as le droit d'être homophobe, tu as le droit de partager tes idées si ça te chante ! Mais je t'interdis d'obliger maman et Hizashi à faire de même ! Et toi, maman, tu ne fais rien pour l'en empêcher !
_ Nozomi ! Répliqua le père. Si je fais ça, c'est pour le bien de mon fils !
_ Ton fils est mal ! Quand est-ce que tu vas comprendre ça ?
Et une dispute en plus, le jour du réveillon de Noël en plus.
Mais Hizashi s'en contrefichait. Il en avait profité pour mettre une veste bien chaude, et sortit en passant par la fenêtre de sa chambre, traversant en douce le jardin et le portail.
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