Chapitre 56
Le lendemain, Shota se réveilla lentement. Il papillonna des yeux durant une quinzaine de secondes, puis se tourna, fixant le plafond, et essayant de se remémorer les évènements de la veille.
Il s'était endormi en pleine évaluation, puis s'était écroulé de fatigue, sans oublié le fait que Rikimura lui rabâchait qu'il faisait du surmenage et devait se reposer à tout prix. Et pour couronner le tout, ce dernier l'avait surpris encore en train de bosser, et l'a endormi de force.
Il soupira bruyamment, puis se leva pour aller se laver. En sortant de la salle de bain, il croisa Yuji en bâillant, et lui dit d'une voix fatiguée :
_ Bonjour, Ri... Yuji-san.
_ Salut, Shota-kun. Bien dormi ?
_ Mmh.
Le brun rentra dans la salle de bain à son tour, et Shota s'habilla, avant de se rendre dans le salon dire bonjour à Harumi.
L'adulte, sa toilette finie, se rendit dans la cuisine pour préparer du café, et ils prirent leur petit-déjeuner face à face. Rikimura remarqua au bout d'un certain temps que Shota le fixait intensément, alors il lui demanda :
_ Pourquoi tu me regardes autant ?
_ Nan, c'est vos cheveux...
_ Eh bien ?
_ Je ne suis pas habitué. Ils sont plutôt longs.
_ Ah, oui. C'est vrai, mais je n'aime pas les couper trop courts, ni les laisser trop longs. Et personnellement, je préfère les ramener en arrière, comme ça, ça ne me gène pas.
_ C'est vrai que c'est mieux quand vous les ramener en arrière, avoua le noiraud en mangeant une tartine.
_ Je t'apprends à faire pareil, si tu veux !
Après le petit-déjeuner, le brun lui apprit à s'attacher les cheveux de plusieurs sortes, vu que Shota ne les voulait pas courts.
Le week-end passa rapidement, et le dernier lundi avant les vacances arriva. Nemuri et Shota devaient faire un compte-rendu des cours de rattrapages à travers un test, et le directeur devait juger si Aizawa avait tout rattrapé et compris.
Le midi, Nemuri faisait faire une dernière révision à Shota avant le test, tous les deux sur le toit...
_ Hey, Shota-kun ! Tu fous quoi, là ? Lui cria-t-elle, alors que le noiraud s'était mis à faire le funambule sur la rambarde.
_ Je révise en m'exerçant, répondit-il simplement. Tu les poses quand, ces questions ?
_ Tu risques de tomber ! Descend de là !
_ Y a aucun risque. Maintenant, pose ces foutues questions !
Nemuri soupira, puis se mit à lui poser des questions sur ses cours, alternant les matières. Shota y répondait assez aisément tout en marchant sur la rambarde, la concentration à son comble. Mais une question de physique-chimie vint le déstabiliser :
_ Récite-moi les plus grandes familles chimiques et leur position dans le tableau périodique.
_ Il y a... la famille des alcalins... à la première colonne du tableau... Ensuite... la famille... des halogènes... en deuxième colonne...
_ Faux. Les halogènes sont à la dix-septième colonne du tableau.
_ Euh... alors... en deuxième colonne... la famille des... alcalino-terreux.
_ Bien, et ensuite ?
_ La famille des gaz nobles... en quinzième colonne...
_ Faux.
_ Seizième...
_ Faux.
_ Dix-hu...
Il n'eut pas le temps de répondre que son pied glissa et il tomba de l'autre côté de la rambarde.
« Et merde... » pensa-t-il en prenant le bout de son écharpe.
_ Shota-kun !! Hurla la jeune fille en s'accrochant à la barrière.
Shota lança le bout de son écharpe qui vint s'enrouler juste à côté de la main de Nemuri. Puis il tira un coup sec, et remonta aussi vite qu'il était tombé.
Il atterrit peu gracieusement, et épousseta son pantalon. Kayama lui sauta littéralement dessus, légèrement irritée.
_ Non, mais ça va pas ?! T'aurais pu crever !
_ Bah, je ne suis pas mort, donc ça va...
_ Mais t'es con ! Imagine que t'avais loupé ton lancer !
_ Y a pas moyen, je maîtrise déjà assez bien mes bandes...
Il sentit dans sa poche son téléphone vibrer. Il banda les deux caméras aux alentours, quémanda la jeune fille de bien vouloir se taire, et répondit :
_ Oui ?
_ Aizawa, c'est moi, fit la voix de Rikimura à travers l'appareil. Retrouve-moi dans mon bureau pour que je te fasse passer le test.
_ Oui.
Il raccrocha et rangea son portable.
_ C'était qui ? Demanda Nemuri, curieuse.
_ Personne. Viens, on y va.
_ Où ça ?
_ Chez le directeur.
Ils descendirent les marches, et frappèrent à la porte du bureau du directeur. Celui-ci leur donna l'autorisation de rentrer, puis expliqua brièvement ce qu'il allait faire, avant de donner un test d'une dizaine de pages recto-verso sur toutes les matières sans exception.
Nemuri dût partir, car on l'avait appelé au bureau des élèves. Rikimura dit alors à Shota :
_ Tu as deux heures pour faire tout ça. J'ai prévenu ton professeur d'histoire de ton absence. Bien, sur ce, j'y vais !
Il se leva, laissant tomber involontairement une pile de feuilles par terre, et sortit. Aizawa se leva pour ramasser les feuilles et s'empressa d'ouvrir la porte en disant :
_ Sensei, vous avez oublié vos feuilles !
Mais le directeur n'était déjà plus dans le couloir.
Shota soupira, referma la porte, puis se dirigea vers le bureau en inspectant les feuilles qu'il avait dans la main. C'est avec stupeur qu'il comprit que c'était le corrigé complet de son test.
_ Non ! Je ne dois pas voir ça !
Il reposa les feuilles violemment face cachée, et commença le test. Mais au bout d'une demi-heure, il bloqua sur une question de mathématiques. Ses yeux se posèrent presque automatiquement sur le corrigé, et une pensée de tricherie traversa son esprit.
Mais il secoua vigoureusement la tête en se disant :
_ Il n'est pas question que je triche !
Cependant, sa conscience lui susurra :
« Rikimura ne viendra pas pendant un moment, et tu bloques sur une question plutôt importante. Allez, Shota ! Vas-y ! »
Shota luttait intérieurement pour ne pas céder à la tentation, et il comprit alors une chose : si ces feuilles étaient tombées de la pile du directeur, ce n'était pas par hasard. C'était même totalement volontaire de sa part.
Il savait à quel point le directeur était fourbe, il savait jusqu'où il pouvait aller pour parvenir à ses fins. Il réfléchit encore un peu, mais sa conscience lui murmura :
« Shota, vas-y ! Profite qu'il ne soit pas là. S'il l'a laissé tombé, ce n'est pas pour rien, non ? »
Le noiraud n'arrivait plus à réfléchir correctement, cherchant un moyen de refouler cette envie de tricher.
« Qu'est-ce que tu attends, Shota ? Tu bloques sur une question, juste regarder la réponse de cette question ne te ferait pas de mal~... »
Juste une question...
Lentement, Shota tendit la main vers le petit tas de feuilles.
« Vas-y~... Tu y es presque~... »
Encore quelques centimètres...
Soudainement, il abattit violemment sa main sur le bureau, en répétant inlassablement :
_ C'est irrationnel... C'est irrationnel... C'est irrationnel...
Puis il décida de sauter cette question, continuant le test en sautant chaque question trop compliquée.
C'est au bout de deux heures pile, lorsqu'il eut fini d'écrire son dernier mot, concluant sa dernière phrase, que Rikimura fit irruption dans le bureau.
_ Alors, Aizawa ? Fit-il avec un grand sourire. Pas trop long ?
_ N-non, ça va.
Shota posa ses nombreuses copies sur le bureau en soupirant, se massant les tempes.
_ Sensei, vous avez fait tomber des...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que Rikimura posa sa main sur son visage. Ils restèrent ainsi une minute, avant que le directeur ne le lâche en soupirant.
_ Tu peux y aller, Aizawa. Je te donnerais les résultats dans la semaine.
_ Euh... oui.
***
Le jeudi midi, Nemuri et Shota se rendirent chez le directeur à la demande de celui-ci.
Ils stressaient, craignant que Shota n'ait réussi le test.
_ Aizawa, fit le directeur en lui donnant ses copies corrigées. Tu as eu 47 sur 80.
Shota déglutit en lisant sa copie.
_ Monsieur, demandait Nemuri, inquiète. Ça veut dire qu'on sera exclus ?
_ J'avais dit qu'il devait avoir au moins 50. Et oui, normalement, vous devriez être exclus...
_ Comment ça, normalement ? Intervint Shota.
_ Tu te souviens que j'avais laissé des feuilles tombées par terre, lundi ?
_ Oui...
_ Je voulais surtout savoir si tu tricherais lorsque tu n'avais pas la réponse à une question.
Le noiraud se figea ; alors, il avait bien fait de ne pas regarder le corrigé.
_ Et je pensais honnêtement que tu céderais à la tentation, comme la plupart des gens, même les plus bosseurs. Mais tu as résisté, et c'est bien pour ça que je lève votre punition à tous les deux.
Nemuri était ravie d'entendre ça, mais pas Shota, visiblement. Le directeur lut dans l'esprit du noiraud, qui songeait :
« Cet adulte est vraiment un malade... Le pire fourbe que j'ai jamais connu... »
« Je te remercie du compliment, Aizawa ! » se moqua intérieurement Rikimura, affichant un grand sourire sur son visage.
___
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